Si tu as parcouru mon carnet précédent, tu te souviens de mon retour à l’aéroport de Sarajevo après mon voyage en Bosnie-Herzégovine. Et je t’avais dit que le voyage continuait. Hé bien, on y est! Nouvelle destination, nouveau pays, un peu plus touristique que sa voisine, celui-là: la Croatie! Un sacré périple nous attend, alors je vais le scinder en deux parties. Déjà, de Zagreb la capitale, à Zadar la maritime, en passant par des lacs, des îles et des petits villages, ce sera déjà pas mal comme programme!
Mais d’abord, les présentations…
Bon alors, avant de se mettre en route, on va parler un peu du pays que je vais te faire découvrir. Situer la Croatie sur la carte est déroutant de facilité. Voici l’Italie. Ensuite tu fais un grand saut au-dessus de la mer Adriatique (prends un bon élan pour pas finir à la flotte), et le tour est joué: tu as atterri en Croatie! Ses “voisins”: la Slovénie et la hongrie au nord; la Bosnie-Herzégovine et le Montenegro au sud; et la Serbie à l’est.

Superficie: un peu plus de 56.000 km² pour environ 4 millions d’habitants. Côté mer, sur la carte ça a l’air un peu bordélique, il faut savoir que la Croatie c’est aussi un chapelet de plusieurs centaines d’îles, de toutes les tailles possibles. La langue officielle est le croate, mais l’anglais ou l’allemand “passent” bien aussi si tu cales dans les langues slaves.
La Croatie a obtenu son indépendance en 1991, elle fait partie de l’Union européenne depuis 2013. Mais elle n’est pas (encore) dans l’Espace Schengen (tu sais, l’accord de Schengen, les pays qui ne contrôlent plus aux frontières intérieures). Mais ça pourrait se faire dans un avenir proche…
Au niveau de sa monnaie, la Croatie n’est pas encore dans la zone Euro (ce sera acté en 2023), mais ça devrait se concrétiser pour 2023. Sa monnaie actuelle est la kuna, divisée en 100 lipa (l’équivalent de centimes). “Kuna” en croate signifie “martre”; cet animal a été choisi comme symbole de la monnaie croate en souvenir d’une époque ou l’on payait en peau de martre (heureusement, ce n’est plus d’actualité!). Dans les coins plus touristiques, on peut aussi payer en euros. Les cartes de crédit marchent bien, sauf dans les coins plus reculés.


Son drapeau:

Son hymne:
Son code d’immatriculation:

Mais pourquoi HR et non pas CRO? Tout simplement parce que Croatie, en croate, se dit Hrvatska!
Arrivée à Zagreb.
Le vol de Croatia airlines, de Sarajevo à Zagreb, ne dure que 50 minutes. J’arrive vers 17 heures, ensuite un bus me conduit en 30 minutes aux abords de la gare principale. Elle n’a rien de spécial, si ce n’est de bien desservir tout le pays, et d’abriter une des anciennes locos de l’Orient-Express (!)
Donc me voilà en terre croate, dans sa capitale: Zagreb! Ce n’est pas une méga-cité comme Londres ou Paris, et elle se divise en deux grandes parties: la Ville Basse (Donji Grad) et la Ville Haute, avec ses deux quartiers, Kaptol et Gradec. Mais ces deux-là, on s’y intéressera demain, pour l’instant je m’installe dans une petite chambre airbnb chez Srdan, un chouette gars 100% zagrebois. Je suis sur l’Ilica, l’artère principale de Zagreb, qui marque un peu la frontière entre les deux “villes”. Un vrai défilé de bâtiments anciens de tous styles, de commerces, ça grouille de vie… Donc, à moins de le faire exprès, tu y passeras au moins une fois! Tu verras aussi les rails du réseau de trams qui viennent de la gare et qui filent vers l’ouest. Les fameux tramways bleus de Zagreb font partie du décor; comme à Sarajevo, tu peux croiser des rames modernes aussi bien que des “reliques”. Autre moyen de transport bien sympa: un petit funiculaire qui relie la Ville Basse à la ville Haute.




Et pour ne pas gâcher le plaisir, je loge à deux pas de la place centrale de Zagreb: la Place Ban Jelačić, avec sa statue équestre, coeur battant de la ville, l’endroit où les jeunes et moins jeunes se donnent rendez-vous, et presque toutes les lignes de trams y passent. Et aujourd’hui, surtout, grosse ambiance: on est en plein “Euro” de foot, et les croates jouent ce soir! Contre les tchèques, si j’ai bonne mémoire. Sur la place, des stands, des boutiques pour acheter maillots ou écharpes, la bière coule à flots dans les gobelets en plastique… La police fait des petites rondes, mais tout çà semble “bon esprit” et sans animosité.


Envie d’une petite bière? Les deux marques les plus consommées, deux petites pils lager bien rafraîchissantes, sont la Karlovačko et la Ožujsko. Il y a de nombreuses autres marques, je t’en ferai découvrir quelques-unes au cours du voyage!


Et pour se détendre après la fête (ou même la continuer), rien de tel que des parcs ou des espaces verts. Ici à Zagreb, il y a tout ce qu’il faut, et ce n’est pas dans la demi-mesure! Depuis la ville Basse jusqu’à la gare, plusieurs parcs s’alignent pour former comme un parterre géant de 750 m de long. Des allées bordées de grands arbres et de réverbères, des fontaines, un kiosque, et même une colonne météorologique. Un endroit idyllique ponctué par quelques beaux palais anciens. Et enfin le “moteur” de ce décor, la vie tout simplement: les couples se promènent, les jeunes se réunissent pour rigoler ou boire une bière, les gosses jouent au ballon…





Pour manger sans se ruiner à Zagreb, il y a une bonne combine: aller au marché de Dolac, à 50 m derrière la place Ban Jelačić. Tous les matins, les producteurs de la région vendent leurs fruits et légumes aux zagrebois comme aux touristes. L’espace extérieur se recouvre de ces fameux parasols rouges qui ont fait la célébrité du marché. Il y a aussi un marché intérieur (charcuteries et fromages entre autres), sur 3 niveaux, avec quelques bars et petits restos qui restent ouverts le soir. J’ai jeté mon dévolu sur l’un d’entre eux pour finir la soirée; les touristes y sont moins nombreux, car leurs vitrines, sans fioriture aucune, ne sont pas faites pour attirer ces derniers, mais plutôt les gens du marché même. Une statue, la Kumica Barica, a été érigée en l’honneur des anciennes marchandes locales, qui marchaient parfois pendant des heures avec leur barda sur la tête pour venir jusqu’ici.




Une journée à Zagreb.
Plein soleil ce matin, ça va être une belle (et chaude) journée! après un petit-déj’ sympa chez Pan-Pek, une petite chaîne de boulangerie populaire à Zagreb, je vais grimper à l’assaut de la Vill Haute, dans sa partie est, en explorant le quartier Kaptol. Des petites rues pavées ou dallées, encore très tranquilles en matinée, mais qui s’animent au fil de la journée avec leur contingent de bars et petits restos. Surplombant le tout, voici l’édifice emblématique de Zagreb: sa cathédrale, qui a vraiment de la gueule malgré cet échafaudage sur une des tours. Elle a connu des épisodes difficiles: diverses destructions durant l’époque ottomane, et des tremblements de terre, comme en 1880 et plus récemment en 2020, ce dernier n’ayant pas fait dans la dentelle… Sur les côtés de l’édifice, de nombreux blocs de pierre ayant fait le plongeon sont répartis au sol en attendant une rénovation.








La jonction avec le quartier Gradec, situé un peu plus haut que Kaptol, se fait au gré de volées d’escaliers noyées dans la verdure et d’un calme étonnant. J’ai bien aimé ce “mini-complexe” pour chats avec ses abris et points de restauration. Il y a encore des gens qui ont un coeur dans la poitrine!








Le “point-charnière” entre Kaptol et Gradec, je dirais que c’est sans conteste la Porte de Pierre (Kamenita Vrata en croate). Cet endroit, plus ancienne porte d’entrée de la ville, a une histoire singulière. Tu te demandes le “pourquoi” de cette petite chapelle, avec ces quelques bancs sur lesquels les habitants, à toute heure, viennent se recueillir avec dévotion. Sache qu’en 1731 il y eut un terrible incendie dans cette partie de la ville; tout partit en fumée… ou presque: un tableau représentant la Vierge Marie s’en tira intact! Et depuis ce temps…


Gradec, c’est le coeur historique de Zagreb. La Ville Haute n’étant pas immense, quelques heures suffisent pour la découvrir. Qui plus est, c’est super calme ce matin. Les croates se remmettent-ils de leurs émotions par rapport au match d’hier 🥴? Peut-être… Quoiqu’il en soit, me voilà arrivé sur la Place Saint-Marc (trg svetog marka) , un des plus beaux endroits de Zagreb. Quiconque me demandera où sont les gondoles subira les foudres de ma contrariété… Non je rigole, tu ne me ferais pas un coup pareil!!
Allez, regarde-moi plutôt ce petit bijou d’église, avec son toit de tuiles vernissées et colorées. Sa beauté ferait fondre même les plus endurcis. Mais apparemment elle n’est pas visitable, car elle est entourée par des bâtiments du gouvernement: le Palais des Bans (le palais présidentiel, rien que çà) et le Sabor (le parlement croate). Quel que soit le pays, pour plomber l’ambiance, ceux-là… 🙄





Face à l’église Saint-Marc, une large rue pavée descend en pente douce. Elle conduit mes pas vers d’autres monuments intéressants, comme l’église Sainte-Catherine et cette massive tour fortifiée, la tour Lotrščak, d’où le panorama sur la Ville Basse n’est pas mal du tout. Tous les jours à midi pile, la tradition veut qu’un coup de canon y soit tiré. Pratique pour les zagrébois qui n’ont pas de montre! La tour est aussi juste à côté des anciens remparts de la ville (une belle promenade à faire entre les arbres et les vieux murs), et de l’arrivée du petit funiculaire qui relie les deux “villes”. Avec seulement 66 m de trajet, c’est un des funiculaires les plus courts au monde!



Il est midi (j’en suis sûr, j’ai entendu le canon!), il est temps d’aller manger un bout. Je reviens sur Kaptol, dans cette petite rue qui fait face à la cathédrale. Je sais pas trop, j’improvise, mais ces terrasses étalées à outrance ne m’inspirent pas… Soudain, j’entrevois une discrète enseigne, sans terrasse, qui me fait passer par une étroite galerie couverte, et me fait arriver dans un joli petit jardin: la cour extétieure de ce petit resto, spécialisé dans les štruklji. Ici, contrairement à la Slovénie, ça ressemble plutôt à un gratin.
La Struk – Skalinska ulica, 5.
Je rentre chez Srdan pour souffler un peu, avant je fais un petit achat au minimarket d’à côté. Tu sais ce que je vais faire, là? Je vais boire du Pipi! Ooh, la tête que tu fais, j’y crois pas! Pas de panique, c’est juste le nom d’un soda à l’orange ultra populaire en Croatie. C’est un peu leur Fanta à eux, quoi! En tout cas la pub télé était kitsch à mort…



Je vais partir cet aprem à la rencontre de lieux un peu moins connus à Zagreb. En suivant la promenade des remparts, après avoir descendu les volées de marches j’arrive sur la rue Mesnicka. Là, tout de suite, l’entrée discrète d’un tunnel. Un super long tunnel, piétonnier. Qu’est-ce que c’est que çà? C’est assez inattendu! Je te présente le tunel Grič (oui ici c’est avec un “n”), un des endroits les plus insolites de Zagreb. En fait, il passe sous la colline de Gradec et a été construit pendant la 2ème guerre mondiale pour servir d’abri en cas d’attaque; cette utilité fut renouvelée (malheureusement) durant la période de guerre des années 1990. Depuis, il est ouvert au public et très utilisé par les habitants. L’autre extrémité du tunnel aboutit à la rue Radiceva. Ambiance unique à l’intérieur, que les claustrophobes éviteront peut-être. Il y avait des effets audio enregistrés qui, je le suppose, retranscrivent le fond sonore du tunnel lors de la guerre. Avec l’effet d’écho et l’exiguïté, c’est pas pour les fragiles… Je vois encore ce gars, sorte de gardien, assis sur sa chaise au milieu du tunnel et qui avait l’air de se liquéfier d’ennui en jouant avec son smartphone (c’était sûrement lui qui s’occupait des effets sonores… DJ Grič, quoi).




Ça tombe super bien de me rerouver sur la rue Radiceva, car le N°34 n’est pas loin, juste en face de ce petit square avec la statue de Saint-Georges. Grimpe avec moi au 1er étage de cette ancien immeuble. On va y faire quoi? Faire un bond dans le passé et retomber en enfance… du moins si comme moi, tu étais gosse dans les années 80! voici le Zagreb 80’s Museum, qui présente la vie à cette période grâce à une scénographie dynamique et très bien faite; c’est présenté comme les pièces d’une maison de l’époque (salon, cuisine, chambre et bureau), on a l’impression de rendre visite à ses grands-parents! Ça m’a vachement ému de revoir ces trucs qui ont bercé ma jeunesse: l’enregistreur à cassettes avec les grosses touches, le téléphone à cadran, l’ordi Commodore 64 (houla, mes premiers cours d’informatique!), les consoles Atari… J’ai adoré!!








En soirée, j’ai trouvé un autre petit resto près du marché de Dolac. Au programme: des ćevapi avec une part de burek (hé oui, ici aussi!), avec une bière que je croyais croate, mais je me suis gouré; la Krušovice est tchèque! Sa texture onctueuse n’est pas sans rappeler la Guiness. Le nom du resto: Bistro Dolac.
BILAN: voilà une capitale dynamique, qui bouge bien, avec un des plus beaux parcs que j’ai pu voir, un centre-ville charmant et pas trop saturé par le tourisme de masse (tu verras qu’à Dubrovnik, c’est pas pareil) et des coins atypiques comme le tunel Grič. Ce premier contact vec la Croatie est plutôt positif, j’ai hâte de poursuivre l’aventure!
Les lacs de Plitvice.
Ce matin, direction l’aéroport pour aller chercher ma voiture de location, qui va avoir beaucoup de boulot durant ces deux semaines! Ce sera quoi? Ah, une petite Fiat 500. Mignonne, spacieuse (du moins pour le conducteur) et confortable; mais ça boit pas mal… Bon, c’est pas un site sur la mécanique, il est temps de se mettre en route, en partant vers l’ouest. Non, je ne visiterai pas la Slavonie, région à l’est du pays. C’est dit. Mais avant de partir vers les lacs de Plitvice, je vais m’arrêter à 25 km de Zagreb (sur les conseils de Srdan), dans une petite ville bien tranquille appelée Samobor. Et dire que je ne suis seulement qu’à 6 km de la Slovénie (souvenirs…)!
Comme d’habitude, un petit arrêt au supermarché pour mes réserves en eau. Alors, qu’y a-t-il comme supermarchés en Croatie? Tu verras principalement comme enseignes Konzum, Plodine, Kaufland… ou, surtout sur la côte et les îles, Tommy Market, avec son logo bizarre de fruit à tête de psychopathe. Franchement, qui a bien pu dessiner ce truc? Quelqu’un qui voulait faire peur aux gosses?




Samobor, c’est une petite ville entourée de collines boisée et de champs. Peu touristique, elle est plutôt visitée par les croates (les zagrébois aiment y aller le weekend), et de toute façon les touristes préfèrent foncer immédiatement vers la côte! Tu ne feras pas une overdose de monuments: une église, un chateau en ruines, c’est à peu près tout. Sa place principale, la Place Tomislav (trg kralja Tomislava), est le centre de l’animation de la ville, avec ses nombreuses terrasses. Et surtout aujourd’hui, avec ces VTT qui passent dans tous les sens et un petit podium avec barrières Nadar! Il y a un genre d’enduro pour les jeunes cyclistes (certains n’ont pas 10 ans), qui s’en donnent à coeur joie. C’est bien de les occuper d’une façon aussi positive!




Le charme de Samobor vient aussi de la petite rivière qui la traverse, la Gradna, avec quelques petits ponts en bois; il y en a même un qui est couvert!



Et si tu as une petite faim et que tu aimes les pâtisseries, Samobor a une spécialité pour toi: la kremšnita, un petit millefeuille à la crème! Un air de déjà vu? Si tu m’as suivi en Slovénie, la kremšnita du lac de Bled en est très proche; à part qu’à Samobor, elle est servie tiède et non froide comme à Bled.

Avant de rattraper l’autoroute, je traverse Slani Dol, un joli petit village entouré de vignes. On est dans une Croatie aux antipodes du tourisme de masse.



Voici l’autoroute. Direction le sud, pour 140 km de trajet (oui, quand-même!). Le réseau autoroutier est étendu, bien entretenu… et payant! Contrairement à la Bosnie-Herzégovine, ici en Croatie c’est un vrai festival de plaques étrangères! Trio de tête: les Allemands, les Autrichiens et, plus curieusement, les Polonais. J’ai aussi vu des codes que je n’avais encore jamais rencontré, comme RKS (le Kosovo) ou NMK (la Macédoine du Nord).
En début d’aprem, me voici donc aux portes d’une des merveilles naturelles du pays, et un des coins les plus visités aussi: le site des lacs de Plitvice (Plitvička Jezera). Parc national depuis 1949, inscrit à l’Unesco en 1979… on n’est pas n’importe où! Pour faire court, ces fameux lacs, au nombre de 16 et de tailles diverses, communiquent entre eux par un réseau d’innombrables cascades. Cet écrin est entouré de forêts.
Le site est plutôt vaste, il y a deux entrées. Si tu viens du nord, ce sera l’entrée N°1, c’est facile, une passerelle piétonne enjambe la route (c’est l’accès aux lacs). On se gare sur un grand parking (payant, ben oui faut pas rêver) et on achète son ticket (les pris c’est ici), à moins d’avoir réservé. En été ils appliquent un quota de visiteurs, je pense. Parce que tu dois bien savoir que c’est touristique à mort en haute saison; les passerelles en bois longeant les eaux ressemblent à des couloirs de métro parisien, et ça bouchonne sec! La chance que j’ai, nous sommes en juin, et c’est encore relativement peinard…
Allez, on y va! Direction cette fameuse passerelle qui franchit la route, avant d’entendre déjà le bouillonnement des cascades et d’arriver à un belvédère qui te donne un somptueux avant-goût de la beauté du site que je vais explorer. Les pontons en bois longent l’eau au plus près, on peut quasiment toucher certaines cascades (il y en a partout), et la couleur de l’eau, je sais pas c’est même pas une couleur tellement elle est translucide; ça fait vraiment un effet miroir avec le paysage!






Pour découvrir les lacs, il y a plusieurs sentiers, indiqués par des lettres de A à K. On peut en choisir un pour en prendre un autre au gré de la balade, c’est comme on veut. Certains sont moins fréquentés que d’autres, il suffit de les trouver, en évitant la propension des touristes à se suivre comme des moutons. non, sérieusement c’est un endroit magnifique, cette communion entre l’eau et la végétation, je crois qu’un peintre du 16ème siècle n’aurait pas fait mieux dans ce jeu de couleurs! Les lacs sont “divisés” en deux parties: les lacs inférieurs (au nord, près de l’entré 1) et les lacs supérieurs, plus nombreux et plus vastes, au sud. Le plus grand peut se parcourir en bateau électrique, et une autre embarcation fait passer d’une rive à l’autre pour explorer le sud des lacs supérieurs, moins visités et plus calmes. Pour repérer les pontons, tu suis les panneaux P1, P2 ou P3.









L’entrée 2 du site n’est pas loin de l’embarcadère. Alors pour revenir au point de départ si on est parti de l’entrée 1, soit on refait le tout à pied en sens inverse (ce qui, par temps chaud, n’est pas l’idéal), soit prendre la navette qui relie les deux entrées, un genre d’hybride camion-tracteur avec des remorques, pour 15 minutes de route. Un ou deux petits restos permettent de manger un bout pour pas trop cher.
Pour dormir dans la région des lacs, tu auras l’embarras du choix. Les hébergements chez l’habitant marchent super bien en Croatie, ainsi que les pansion, ces chambres d’hôtes au style souvent rustique mais confortable. C’est dans l’une d’entre elles, la pansion Mrzlin Grad, que je me poserai cette nuit, près du hameau de Vrelo Koreničko à 20 km des lacs. Super accueil en tout cas, je me vois offrir une bouteille de la bière régionale, la Velebitsko. On aime bien la bière en Croatie! Cette petite maison tout en bois où je dormirai a vraiment du style, idem pour la salle à manger, où je prendrai un petit-déj’ imposible à finir tant il est copieux!






L’île de Krk.
Avant de partir vers ma prochaine destination, le gérant de la pansion m’a suggéré un petit arrêt à Rastoke, à 30 km au nord des lacs de Plitivice. Bon, pourqoi pas? En plus, j’y suis passé hier, mais comme ce petit village est en contrebas d’un pont routier, je n’y ai pas prêté attention! Réparons cette lacune et allons voir çà. Oui, pas si mal! Un décor de maisons en bois, avec la rivière qui saute de cascade en cascade en formant des petits étangs, saupoudré de quelques vieux moulins à eau. Peut-être un rien trop “bien léché”, ça fait plus écosmusée que village authentique. Mais le cadre est enchanteur, dire le contraire serait mentir.






J’atteins l’île de Krk en fin de matinée (après un petit paquet de km!), en franchissant le pont qui la relie au continent. En principe, il est payant (35 Kunas, soit environ 5€), mais aujourd’hui, c’est “bingo” pour moi, pour je ne sais quelle motif, on passe gratos! Ce serait con de s’en plaindre, non?
Alors me voici sur ma première île croate, l’île de Krk, qui est la plus grande en superficie parmi les presque 700 îles (sans compter les îlots) composant l’archipel croate. C’est moins que la Grèce, mais ça force quand-même le respect! On prononce “Keurk”, et tu en verras souvent de ces noms courts, plein de consonnes où les pauvres voyelles n’ont pas droit de cité (c’est quoi cette ségrégation alphabétique??)!
Le paysage, souvent entrecoupé de petits murets de pierre, me rappelle un peu la garrigue du sud de la France. Après quelques km, je fais mon premier stop dans le petit village perché de Dobrinj, oublié par la majorité des touristes qui foncent direct vers le sud de l’île. Après tout, ils font ce qu’ils veulent, et Dobrinj y gagne plus en tranquillité et en authenticité. Plein de petites ruelles fleuries, avec de petites maisons à volets bleus, et un panorama de premier ordre sur l’île! Et tant qu’à faire, une bonne konoba (* un resto traditionnel) face à la place ombragée par une rangée d’arbres, un peu comme une place provençale.









La “capitale” de l’île se trouve à 13 km au sud de Dobrinj. Son nom est aussi logique que facile, c’est Krk. Le “gang des consonnes” a encore frappé, d’autant plus qu’à 5 km d’ici on trouve le hameau de Vrh… Les parties de scrabble en Croatie doivent être marrantes!
Une chouette petite ville fortifiée, avec ses portes de pierre et ses remparts qui ont carrément les pieds dans l’eau et sa cathédrale. Il y a aussi le chateau Frankopan, dont la visite n’est pas indispensable, vu qu’il n’ a pas grand-chose à voir. La vieille ville, toute petite, est un lacis de petites ruelles avec des porches et des impasses, ce n’est pas désagréable de s’y mettre à l’ombre, car ça cogne bien aujourd’hui (comme dans les prochains jours d’ailleurs, sans atteindre heureusement la canicule sicilienne de 2019!).













Je quitte Krk pour continuer vers l’est, en passant près du port de plaisance de Punat. À mon humble avis, la route entre Punat et Baška est la portion la plus belle de l’île, traversant de petits villages assoupis et entourée d’un relief plus montagneux. On pourrait presque se croire en Provence! Et j’arrive à Baška, une petite ville côtière plantée au milieu d’un décor de rêve, entourée d’un massif montagneux très minéral qui donne une perspective géniale aux photos. Sa vieille ville est tout aussi mignonne que celle de Krk, un peu plus calme peut-être, les touristes ayant tendance à s’agglutiner sur la plage!








Pour passer la nuit sur l’île, j’avais d’abord pensé à Baška, mais j’ai changé d’idée pour porter mon choix sur le petit village perché de Vrbnik, à 18 km de là. Pauvre petit i, retenu en otage par 5 consonnes! Mais je ne peux rien faire pour la petite voyelle… Bref, voici un petit village médiéval, presque en équilibre au sommet d’une falaise de 50 m, avec des ruelles tortueuses aux pavés parfois casse-gueule (ça dépend des chaussures évidemment), dont l’une serait une des plus étroites d’Europe avec 40 cm de large. Je conseille aux épicuriens de rentrer le ventre! De toute façon si on croise quelqu’un ça passe pas…
Il y a un petit port sympa en contrebas du village, où quelques bars permettent de de sustenter pour trois fois rien. Un peu de pain avec une assiette de pršut (le jambon que j’avais déjà rencontré en Slovénie), avec un mis mas, une boisson qui va choquer les puristes mais qui marche bien chez les jeunes. En Croatie, on aime bien mélanger le vin rouge avec des sodas, c’est tordu mais c’est comme çà! Un mis mas, c’est vin rouge + Fanta! Bizarre mais buvable. Je crois que Robert Parker ne le mettra jamais dans son guide des vins! Ça m’a fait repenser au kalimotxo (vin + coca) du Pays Basque espagnol.
Buffet Namori – Namori ulica, 2 (sur le port).












Les îles de Cres et Lošinj.
Pour passer d’une île à l’autre, soit de Krk à Cres, pas mal de touristes retraversent le pont, passent par Rijeka pour arriver au petit port de Brestova: presque 90 km! Il existe une solution plus facile: le port de Valbiska, sur l’île de Krk, est à 25 km de Vrbnik. De là, un ferry rejoint le port de Merag, sur Cres, en 20 minutes. On dit merçi qui?
C’est la compagnie de ferries Jadrolinija qui assure la majorité des liaisons inter-îles en Croatie. Pour info, jadro veut dire mer en croate. Ses car-ferries et ses catamarans pour les piétons effectuent des trajets qui vont de 20 minutes à plusieurs heures. Il y a aussi une ligne nocturne Dubrovnik – Bari pour qui voudrait rejoindre la “Botte”. Presque tous les bateaux ont un coin “restauration” pour se faire un petit-déj’ rapide.


Donc, je débarque avec ma petite voiture sur l’île de Cres, la deuxième en taille des îles croates. Elle est reliée à l’île de Lošinj par un petit chenal fermé par un pont tournant. À propos, ne prononce pas “crèsse” comme un touriste béotien, mais plutôt “tsrrèss”, comme dans mouche tsé-tsé, tu vois…
Le paysage? Plus ou moins similaire à Krk, avec les murets de pierres, la garrigue, peut-être plus boisé en certains endroits aussi. Une particularité: un grand lac d’eau douce, le Vransko Jezero, à l’intérieur des terres. Moi, je vais d’abord partir au nord, à travers un paysage plus vaste et plus sauvage que sur Krk. Les points de vue, je ne te dis que çà! Je bifurque vers une petite route qui va devenir très étroite, et dont le revêtement laisse parfois à désirer. Tout celà pour atteindre Beli, un petit village perché telle une vigie, d’à peine 50 habitants. De loin, on dirait un petit village corse dans les montagnes. Petites ruelles qui montent et descendent, vieilles maisons, gazouillis des oiseaux… Tous les ingrédients sont là pour me rendre heureux!









La “capitale” de l’île s’appelle Cres (comme Krk… à Krk, logique!), elle se trouve à 20 km au sud de Beli. Pas trop compliqué de dégoter une place gratuite près du petit monastère à l’ouest de la ville; pas de panique, 10 minutes de marche suffisent à rallier la vieille ville, en passant près d’un endroit bizarre que je n’ai pas pu définir. Chantier naval? Bateaux abandonnés? Ce “Jadrolinija” désossé m’a intrigué…



En tout cas, le petit port de Cres, comme enserré dans une anse et tout mignon avec ses maisons colorées qui évoquent l’Italie, ne laissera personne insensible (ou si c’est le cas, ladite personne a un problème). La grande place triangulaire, avec son revêtement en calade et sa fontaine, est au diapason du charme fou de l’endroit. Et si il fait très chaud (oui, comme aujourd’hui!), il est agréable de se perdre dans le petit réseau de ruelles ombragées derrière le port.








Le temps d’avaler vite fait un petit burek, je reprends ensuite ma route pour bifurquer à droite, 15 km au sud, vers Valun et Lubenice. La route devient un peu plus étroite, livrant de temps à autre des paysages à se décrocher la mâchoire de stupeur. C’est bien boisé par ici, plus que sur Krk. Valun est tout près maintenant, et surprise, un parking gratuit, j’aime çà! C’est tout petit, Valun, c’est un village minuscule avec un petit port, où de vrais pêcheurs s’activent encore en rafistolant leurs filets quand ils ne sont pas en mer. Ça me plaît beaucoup, ce genre de petit “bout du monde”.





Un peu avant Valun, une petite route, vachement étroite (pire que celle de Beli) et bordée de murets de pierre, demande une certaine technique et un sens de l’anticipation pour les croisements entre véhicules. Mais bon, certains touristes n’ont ni l’un ni l’autre, donc gaffe si tu l’empruntes! Où vais-je? Je rejoins Lubenice, à la fois un “nid d’aigle” posé sur une falaise et un hameau d’une vingtaine d’habitants. Un lieu tellement hors du temps, avec ses vieilles maisons de pierre et sa vénérable église, qu’on pourrait presque penser qu’il est abandonné! Des petits sentiers, peu ou pas dallés, font office de ruelles dans le hameau.









La route principale de l’île est un peu sa colonne vertébrale, c’est une voie rapide à deux bandes, avec de longues lignes droites. Dans l’ensemble, l’île e Cres est moins peuplée que sa voisine du sud, Lošinj. Excellente transition pour te dire que c’est là qu’on va maintenant! comme je le disais plus haut, c’est à Osor que les deux îles se touchent presque, reliées par un pont tournant franchissant un étroit chenal. Osor est souvent boudée des touristes, qui préfèrent galoper vers le sud de Lošinj pour se faire griller la couenne sur les plages. Moi je m’y suis arrêté et j’ai apprécié ce joli petit bourg avec ses ruelles fleuries et sa petite église. Tant pis pour les pressés…







L’île de Lošinj est clairement plus peuplée, ça se voit au nombre plus important d’habitations et de petits villages le long de la route. Celle-ci va même longer la mer quelque temps, et un autre pont tournant permet de passer un autre petit chenal qui “coupe” Lošinj en deux. La “capitale de l’île, c’est Mali Lošinj, plus étendue et urbanisée que Cres. Sa vieille ville est très calme et ça n’a rien de surprenant: les plages ne sont pas très loin et ce sont elles qui rameutent les touristes avides de coups de soleil! Celà dit, cette petite anse bordée d’un sentier ombragé offre malgré tout un cadre idyllique!






Les îles de Krk et Cres, qui ont leur ville éponyme, pourraient être un rien jalouses de l’île où je me trouve, parce qu’il y a ici deux Lošinj. À 5 km de Mali Lošinj, voici comme qui dirait sa petite soeur, Veli Lošinj. Ses petites ruelles pavées sont charmantes, et dès qu’on commence à apecevoir un bout de mer, ça signifie que le “clou du spectacle” est imminent! Je suis sur le petit port de Veli Lošinj…. où alors me serais-je téléporté dans un village des Cinque Terre en Italie? Ces maisons colorées, cette église masive rose saumon en surplomb, ce bras de mer étroit… Ah ouais, franchement, ça pourrait faire illusion. C’est d’autant plus agréable que c’est plus calme, car pas mal de visiteurs ne poussent pas plus loin que Mali Lošinj!





Il ne me reste qu’à remonter vers l’île de Cres, où je passe la nuit pour être plus proche de l’embarquement du ferry demain matin. À Osor, file de voitures. Ah ben oui, je n’y pensais plus, c’est l’heure où le pont fait sa rotation pour laisser passer les bateaux, deux fois par jour! Marrant de voir cette queue-leu-leu de mâts passer dans un sens, et puis c’est au tour des autres! Je pose mon sac à Martinšćica, un gentil petit village de pêcheurs hors des sentiers battus, davantage fréquenté par les locaux. J’ai bien aimé sa petite plage de galets et son ambiance loin des turpitudes du tourisme de masse.



L’Istrie: Pula – Rovinj – Poreč.
Départ matinal de Martinšćica, pour rejoindre le petit port de Porozina, tout au nord de l’île, qui me permettra de rallier en ferry Brestova et en même temps, la Croatie “continentale”. Courte traversée (25 minutes) dans un ferry un peu plus vieillot avec des toilettes… à la turque (je vais pas te faire un dessin)!



Je débarque à Brestova, et me voici dans la région de l’Istrie. Sur la carte, l’Istrie ressemble à un triangle inversé, et qui se prolonge via la Slovénie jusqu’en Italie dans la région de Trieste. Direction la pointe sud du “triangle”, à destination d’une de ses villes les plus visitées: Pula.
Avant d’atteindre Pula, il faudra se farcir une zone périphérique reprenant tous les composants habituels, alliant mocheté et monotonie: ronds-points, barres d’immeubles, centres commerciaux… Enfin, une fois que c’est passé, il n’est pas trop difficile de se trouver une place de parking gratuit. Allons voir si Pula est à la hauteur de sa réputation! Une fois arrivé près d’un grand marché couvert, on pénètre dans la vieille ville, pas forcément la plus belle de Croatie, mais malgré tout bien agréable avec ses petites rues et ses maisons colorées. Encore pas mal de petits commerces et une ambiance bien vivante et dynamique.





Le “coeur” du vieux Pula, c’est certainement la Place du Forum, avec ses quelques terrasses de cafés et restaurants qui n’altèrent pas la sensation de tranquillité qu’on peut sentir ici. Et cet antique monument, à côté de l’Hôtel de Ville? Çà, c’est le Temple d’Auguste, bâti sous le règne de l’empereur du même nom, et dans un état de conservation inimaginable! Il me fait un peu penser à un modèle réduit de la Maison Carrée de Nîmes…



Le bord de la mer Adriatique est tout proche, mais pas de quoi casser trois pattes à un canard. Il y a bien un petit port de plaisance, mais au loin la vue sur les grues du port industriel ne fait pas franchement rêver. Par contre, la vue que je vais te proposer maintenant va changer la donne. La “cerise sur le gâteau”, LE monument emblématique de Pula; ça y est le voilà: l’amphithéâtre romain! Je ne peux pas m’empêcher de lâcher un sifflement admiratif. Mais la taille du truc, on est dans le XXXL! Dimensions de la bête, de forme elliptique: 133 m sur 105 m, pour une hauteur de 35 m, sur trois niveaux. C’est l’un des plus spectaculaires édifices de ce genre au monde, qui n’aurait pas à baisser les yeux face au Colisée oux aux arènes de Nîmes! Il a été construit sous le règne de l’empereur Auguste; on peut dire que le gars a réalisé de belles choses! Avec la mer en contrebas, la perspective est superbe. Mais ce serait quand-même une riche idée de rendre les rues piétonnes dans ses alentours immédiats, plutôt que de laisser les voitures le frôler…
Le mois d’août fut nommé ainsi en l’honneur de l’empereur Auguste. Il était auparavant appelé Sextilius, à savoir le sixième mois de l’ancien calendrier Romain.





L’Istrie, c’est aussi un tas de villages médiévaux, perchés, à vocation viticole… Je t’en montrerai quelques-uns bien sûr. Justement, je vais m’arrêter dans l’un d’entre eux, à mi-chemin entre Pula et Rovinj. Ce petit bijou de village médiéval se nomme Bale, il a l’avantage d’être épargné par la frénésie touristique qui touche plutôt la côte. Un régal que de se perdre dans ses venelles fleuries une fois passé son porche fortifié, où on croirait presque être remonté dans le passé.








De Bale, il n’y a que 15 km pour rejoindre la côte adriatique. Et la ville que je m’apprête à te faire découvrir place la barre très haut. Ce n’est pas pour rien qu’on la surnomme “la Perle de l’Istrie”, et c’est probablement la plus belle ville de cette région. Prépare-toi à découvrir Rovinj!
Il est plus judicieux de se garer au nord de la vieille ville; c’est la meilleure façon, en se rapprochant à pied, de prendre en pleine face toute la beauté de l’endroit, qui fera stopper net ta progression tellement l’effet de surprise est efficace. Et je ne peux que confirmer: ces maisons les pieds dans l’eau, ce campanile qui domine tout, le patchwork coloré des habitations… Une dose d’Erbalunga en Corse, une autre du Mont-Saint-Michel, une autre peut-être des Cinque Terre et de Venise, tu secoues le tout dans un grand shaker et tu en sors Rovinj!




Si tu as envie de manger 5 fruits et légumes par jour (la santé avant tout!), il y a un petit marché tous les matins au pied de la vieille ville. En la contournant on arrive sur le port de plaisance avec ses terrasses de restos et ses maisons colorées, qui me rappellent sans cesse cette belle région de Ligurie visitée en 2017. Mais suis-moi, on va maintenant pénétrer dans la vieille ville, qui a eu la chance d’avoir été épargnée par les bombardements de la Seconde Guerre! Des ruelles pavées qui montent, se croisent en tous sens, les vieilles maisons à volets verts… Certaines venelles finissent même au bord de la mer, ça me rappelle un peu Venise parfois. Il faut dire que Rovinj a longtemps fait partie de la République de Venise, comme quoi…








Et ce fameux campanile, qui culmine là-haut tel une bougie sur un gâteau d’anniversaire? C’est celui de l’église Sainte-Euphémie, bâtie au 8ème siècle. Le campanile, fier de ses 63 m de haut, a un air de famille avec son vousin vénitien de la place San Marco. Il a fallu 26 ans pour qu’il soit terminé (c’était pas encore la mode du préfabriqué à cette époque; un campanile ikea, ho et puis quoi encore?)! Superbe panorama de la terrasse face à l’édifice, on s’en doute.



Pour continuer plus au nord, il faudra faire un petit détour pour contourner cette curiosité appelée le Limski Kanal ou Ria de Lim. On pourrait comparer cette formation géologique aux abers de Bretagne. Cette ancienne vallée d’un fleuve, envahie par la mer s’enfonce jusqu’à 11 km à l’intérieur des terres.

Pour clore ce florilège des villes côtières de l’Istrie, avant de partir à l’intérieur des terres, je vais m’arrêter à Poreč, une petite ville sympa (et touristique, on s’en doute), qui a été une ancienne cité romaine. Tu remarqueras justement un truc pas banal avec le nom de certaines rues, qui ont encore des noms en latin comme ulica Decamanus ou Cardo Maximus. Comme on n’est pas encore au pic touristique de l’été, la vieille ville, plutôt petite et qui s’apparente plus à un gros village, est très tranquille. On peut encore voir quelques vestiges des remparts le long de la mer.





Mais la “star” de Poreč, c’est un édifice religieux du 6ème siècle, classé sans surprise à l’Unesco depuis 1997: la basilique euphrasienne. Euh, euphra quoi? Oh, c’est pas bien compliqué: cette église catholique a vu le jour à l’initiative d’un évêque nommé Euphrasius. Elle fait partie d’un incroyable ensemble épiscopal qui comprend également un atrium, un baptistère, un palais épiscopal et un campanile au sommet duquel on peut grimper et profiter d’une vue à 360 degrés sur la ville et ses alentours. L’endroit le plus hallucinant de cet ensemble exceptionnel se trouve dans la basilique: des mosaïques d’inspiration byzantine, d’une beauté pas possible, et très bien conservées.











L’Istrie, de village en village…
À partir de Poreč, je vais à présent aller vers le nord de l’Istrie en pénétrant à l’intérieur des terres. La plupart des touristes, accros aux plages et à la bronzette, s’y aventurent moins. Ils “zappent” par la même occasion tout un chapelet de petits villages perchés, souvent à vocatrion viticole, l’Istrie étant une région-clé dans la production des vins croates.
Le premier d’entre eux où je stoppe s’appelle Buje, posé sur sa colline et entouré de champps de vignes et d’oliviers. Joli tableau, qui ne présage que du bon pour la suite! Entre autres curiosités, une vieille tour fortifiée et deux églises, sans ublier quelques belvédères pour s’en mettre plein la vue! Ah, autre chose: je ne suis qu’à 20 km de Piran, en Slovénie.








À 8 km à l’est de Buje, voici le tout petit village de Grožnjan, certainement l’un des plus beaux de la région. Difficile de résister au charme de ce petit bijou médiéval fortifié, avec des ruelles pavées, des passages voûtés, des vieilles maisons… Et pourtant Grožnjan revient de loin: quasiment abandonné après la Seconde guerre, les maisons vides furent réoccupées par des artistes de tous genres (poterie, peinture…) et le village reprit vie. Heureusement, la présence de ces ateliers d’artistes n’est pas trop étouffante, et il est encore possible de se retouver “seul au monde” dans une petite venelle cachée.








Avant de repartir, je grignote un morceau dans un petit bar avec une bière Laško. Tiens, une slovène? Oui, je vois qu’elle s’exporte bien en Croatie; de même que je verrai souvent du cockta dans les supermarchés. Bref, il est temps de rejoindre mon “étape de dodo” de cette nuit, à 4 km de Motovun, que je t’emmènerai voir demain. Je vais passer la nuit dans un agroturizam, un hébergment à la ferme ou au sein d’un domaine viticole, comme c’est le cas ici. Très beau coin, avec Motovun au loin sur sa butte, les vignes. Aux abords des parcelles jouxtant le domaine, deux ou trois ânes jouent le rôle de tondeuse naturelle. Pourquoi pas? Tranquillité absolue, avec des proprios adorables, mais au niveau de la langue, sit tu n’as pas de rudiments en croate, essaie l’italien, qui en Istrie est quasiment la deuxième langue. En effet, l’Istrie a longtemps appartenu à la République de Venise, ceci explique celà…
Agroturizam Toni – hameau de Brkač, 26a.







Le lendemain matin, après un petit-déj’ d’anthologie comme ces hébergements ruraux en ont le secret, un court trajet de 10 minutes me conduit à ce village perché crânement sur sa butte: Motovun. Lui, c’est un peu la star des villages perchés d’Istrie, celui qu’on cite très souvent en premier. Ça risque d’impliquer une fréquentation touristique un peu trop dense à mon goût. Mais comme il est encore tôt, sait-on jamais j’aurai peut-être la paix…
Pas trop compliqué de se garer, au bord de la route qui y grimpe. De toute façon, les voitures y sont interdites, sauf pour les résidents. J’ai de la veine, je ne croise que quelques habitants, dont le facteur qui fait sa tournée en scooter, qui passe en pétaradant sous un passage voûté. La place principale, avec sa tour fortifiée et son église jaune, ne manque pas de charme. Le remparts et le chemin de ronde offrent un super panorama sur les collines couvertes de vignes et d’autres petits hameaux au loin. Pas loin de la place, j’ai trouvé par hasard une fresque murale sur une façade, qui m’a tout de suite rappelé la Sardaigne.











À 10 km au nord de Motovun, au terme d’une jolie petite route en lacets, apparaît au loin un petit bourg devancé par quelques cyprès au bord du chemin. Après la Sardaigne, la Toscane! Mais non, c’est toujours l’Istrie croate, et ce village, hors des circuits touristiques, c’est Oprtalj! Lui aussi est fortifié, avec ses remparts plutôt modestes, où s’alignent quelques parcelles de cultures en contrebas. Pas mal du tout, cette loggia rouge à l’entrée du village, dans lequel on entre par un porche. Très calme en cette matinée, c’est un plaisir d’arpenter ces petites ruelles pavées bordées d’anciennes maisons. Certaines d’entre elles sont à l’abandon et ont triste mine. que s’est-il passé? Exode rural? Population vieillissante? Je sais pas…





