Et me revoilà sur les routes de Croatie! À présent je vais rejoindre la côte de Dalmatie, côte qui sera mon fil conducteur jusqu’à la “Perle de l’Adriatique”, autrement dit Dubrovnik! Mais entre ces deux villes, j’ai encore un tas de beaux coins et quelques superbes îles à te faire découvrir. Alors, même si les journées à venir risquent encore d’être difficiles avec la chaleur, hauts les coeurs et en avant!
Zadar.
Si tu as suivi mes pas à travers la Croatie, dans la première partie du périple (à savoir de Zagreb au parc national de Krka), on s’était quitté alors que je revenais du monastère de Kistanje, pour retourner vers la côte adriatique. Je suis maintenant en Dalmatie, une vaste région qui déborde sur le sud de la bosnie et le Monténégro, mais dont la Croatie possède la grosse part du gâteau. Direction la ville de Zadar!

Pour se garer au plus près de la vieille ville, ô joie, je t’apporte une bonne nouvelle: un grand parking gratuit, à 400 m de celle-ci! C’est pas beau, çà? Même si il semble un peu bordélique et qu’il y a des nids-de-poule, il est gra-tuit! Petite dédicace au gardien du parking de Hum en Istrie (mmh c’est un peu vache).
Bienvenue donc à Zadar, la cinquième ville du pays, ville maritime dans l’âme, qui a bien morflé durant la Seconde Guerre en voyant sa vieille ville majoritairement détruite. On a affaire à une ville fortifiée, dont une grande partie des puissants remparts est toujours debout. On entre dans la vieille ville par plusieurs portes fortifiées, la plus connue étant sans doute la Porte de Terre-Ferme (kopnena vrata), avec les petits bateaux de plaisance qui somnolent dans un petit port fermé, le long des fortifs.



La vieille ville de Zadar n’est pas immense, elle s’avance dans le mer comme une presqu’île, tout en étant séparée de la ville moderne. Cette configuration me rappelle Siracusa en Sicile. Le mieux à faire est de s’y perdre, passer sous un porche, surprendre une église cachée ou une placette, pour bien s’imprégner de l’atmosphère de cette ville touristique certes, mais qui n’a pas encore plié les genoux face au tourisme de masse comme certaines de ses “soeurs” plus au sud!



Même si la Seconde Guerre ne lui a pas fait de cadeau (elle n’en a fait à personne d’ailleurs), Zadar a conservé quelques vestiges de son histoire ancienne. Va jeter un oeil sur la Place des Cinq-Puits (trg Pet Bunara), où se dresse une insolite colonne romaine rescapée d’un temple, tenant compagnie à cinq puits anciens en enfilade (faut pas être Einstein pour piger l’origine du nom de l’endroit!).


À 5 minutes de là, la Place du Peuple (Narodni trg) est encore plus pittoresque, plus vivante avec ses terrasses de cafés, sa loggia et sa belle Tour de l’Horloge. Je me croirais volontiers sur une petite place romaine!


À partir de la Narodni trg, on peut quitter facilement l’enceinte de la vieille ville, en passant sous une autre porte fortifiée; un petit bras de mer, traversé par un passerelle piétonne, sépare les deux Zagreb, l’ancien et le moderne. J’aime bien le contraste! Et si tu souhaites prendre un peu de hauteur, une volée de marches, au pied de la porte, permet d’atteindre une rue qui ferait un peu office de chemin de ronde. C’est vrai que d’en bas, ça fait bizarre de voir des voitures stationnées au-dessus des remparts!




Des vestiges de l’époque romaine dans une ville croate, ça te dirait? Il y a ce qu’il faut à Zadar! On va donc re-pénétrer dans la vieille ville et se diriger vers deux édifices religieux majeurs de la ville: la cathédrale Sainte-Anasatasie, avec son campanile où pour quelques kunas, on peut grimper pour voir la ville en panoramique; et la curieuse église Saint-Donat, de forme circulaire. Elle a été désacralisée et sert désormais de salle de concert, grâce à une acoustique exceptionnelle. “Et les vestiges romains?”, me sussures-tu à l’oreille.. Mais j’y viens, ils sont là, côtoyant Saint-Donat et d’autres bâtiments à l’architecture plus discutable. Ce forum romain est l’un des plus grands de Croatie.




Bon, un petit break pour manger un truc, mais pas de resto ce soir, non. Comme la jeunessse locale, un petit hamburger-frites à emporter, à déguster sur les marches face à Saint-Donat. Un goéland s’approche, vachement intéressé par mon en-cas. Lui, il veut me faire passer un message… OK c’est bon, attrape une frite! Mais sois cool, ne va pas rameuter tes copains (faudrait pas me refaire le coup des moineaux de Ljubljana!).
Je vais faire un tour sur la promenade de front de mer. Celle-ci est magnifique et scintille au soleil, et au loin se dessinent les reliefs de l’île d’Ugljan. Mais voilà qu’une sorte de mélodie, un peu surréaliste, arrive à mes oreilles, en même temps que le ressac de la mer. Comment t’expliquer? Un mélange entre une flûte de Pan géante, un orgue de barbarie et les 5 notes de “Rencontres du Troisième Type”… Oh, c’est bizarre comme sonorité, viens on va essayer d’en savoir plus. Dans le sol, au niveau d’un escalier de marbre plongeant dans l’eau, il y a comme des ouvertures, genre trous d’aération. Hé bien en fait, c’est un méga instrment de musique, un orgue maritime! L’eau s’engouffre et sort par des cavités reliées à ces ouvertures (35 tuyaux sous le sol), qui copient le mécanisme de ce noble instrument. Quoique des orgues de 70 m de long, j’en connais pas beaucoup. Ça fait qu’il joue non-stop depuis 2005. Quel organiste peut en dire autant? Jean-Michel Jarre lui-même peut faire profil bas.





J’ai bien aimé Zadar qui, au final, est une très belle ville qui a su garder diverses empreintes de son histoire, et n’est pas encore asphyxiée par les troupeaux de croisiéristes. Et puis la mer qui fait de la musique, ça ne se voit pas tous les jours! Une petite anecdote marrante pour conclure? En soirée, un attroupement se forme au bord du front de mer, près de l’orgue, ça se bousculerait même un peu pour être aux premières loges, je dirais. Pourquoi donc? Le coucher du soleil, voyons! Mais ces acharnés du clic-clac-photo vont subir un “retour de karma”, car au moment ultime, voici un ferry Jadrolinija, allant je ne sais où, qui passe devant le soleil étant sur le point de disparaître à l’horizon! Oh le scandale! Moi ça m’a fait marrer…
Šibenik – Primošten – Trogir.
Je quitte Zadar de bon matin, pour partir vers le sud en empruntant cette fameuse route appelée la Magistrale, qui longe le littoral croate de plus ou moins près, sur plus de 400 km jusqu’à Dubrovnik. En juin ça va encore, le trafic est fluide, mais au plus fort du mois d’août il peut ressembler à un défilé de chenilles processionaires…
Le premier stop du jour sera pour la petite ville de Šibenik. La plupart des touristes préfèrent la “zapper”, étant trop pressés de rencontrer Split ou Trogir. C’est leur problème, ils ratent par cete occasion une ville paisible, moins courue et qui a plus d’un tour dans son sac pour charmer les visiteurs. Et çà, je vais te le démontrer par A + B!
Pour se garer, il y a ce qu’il faut, pour pas trop cher, près de la vieille ville. Et avant d’y pénétrer, tu verras sans doute cet amusant petit square avec sa fontaine moussue où se prélassent quelques tortues de bonne taille (non, pas le modèle des Galapagos qaund-même…).





La vieille ville de Šibenik est allée au-delà de mes espérances. C’est tout un poème de se perdre dans ce lacis de petits ruelles ombragées (critère important quand le soleil a encore décidé de montrer ses muscles aujourd’hui!), qui passent sous des porches et tournent à angle droit sans prévenir. J’espère que tu ne souffres pas de climacophobie (combien au scrabble pour ce mot?), car des escaliers, il y en a un paquet ici! Au coeur de la ville historique, la cathédrale Saint-Jacques, de style gothique et du 15ème siècle, se repère de loin avec son dôme imposant. La place principale de la vieille ville, avec ses vieilles maisons à volets verts, aurait bien sa place dans un film de cape et d’épée. Le beau bâtiment à loggia sur la place, c’est l’ancien Hôtel de Ville.









En surplomb de la ville, plusieurs anciens forts avaient un rôle défensif pour contrer les invasions à travers l’histoire. Le fort Saint-Michel est la plus ancien, il est possible de le visiter moyennant une bonne grimpette. Mais si on préfère la mer, la promenade de bord de mer n’est évidemment pas à dédaigner. La conclusion de ma visite sera simple: y a pas photo, Šibenik vaut le détour, je ne l’ai pas regretté! Mais en même temps, il ne faudrait pas qu’elle se transforme en “deuxième Dubrovnik”…






Après cette première bonne impression de la journée (et en espérant que ça continue!), je reprends la route, qui longe souvent la mer de très près, laissant apparaître un tas de petites îles et îlots disséminés au milieu des eaux au teintes nuancées, allant du bleu foncé au turquoise. À 30 km de Šibenik, je m’arrête à Primošten, un gros village qui s’avance dans la mer, relié à une petite langue de terre. C’est assez marrant d’ailleurs, car au nord une autre langue de terre, boisée mais non habitée, fait face au village. Ça donne une drôle d’allure sur une carte ou sur une vue aérienne!






La vue sur Primošten, depuis la longue plage, est très sympa: on dirait presque un “petit Rovinj”! On peut faire le tour du village en longeant la mer par un petit chemin piétonnier fort agréable. L’intérieur du village? Les petites ruelles sont jolies, oui, mais peut-être trop “bétonnées”, mais ça n’engage que moi; je préfère quand-même les gros pavés casse-gueule des petits villages d’Istrie…



J’aime beaucoup cette route qui longe la mer au plus près, et la circulation n’est pas trop difficile. Du moins pour l’instant, car ça va se compliquer et “bouchonner” un peu à l’approche d’une ville dont les parkings (payants, grr..) qui bordent la route indiquent un certain potentiel touristique. L’explication est simple: j’arrive à Trogir!
Trogir, c’est avant tout sa vieille ville, une cité médiévale fortifiée pas très grande, avec une position particulière: entourée par deux bras de mer, elle est reliée au reste de la ville par deux ponts. Toutes ces petites ruelles pavées qui se croisent, la Place Ivana Pavla II et la magnifique cathédrale, la promenade de bord de mer er ses palmiers, le le fort Kamerlengo, bâti au 15ème siècle du temps de la République de Venise… Rien d’étonnant à ce que Trogir soit inscrite au patrimoine de l’Unesco depuis 1997! Revers de la médaille, en plein été, c’est vite saturé de touristes et il y a un peu trop de boutiques à souvenirs; ce sera très difficile de se retrouver seul(e), à moins d’emprunter l’une ou l’autre petite ruelle ombragée et hors des sentier battus. Tu comprends pourquoi je voyage toujours en juin?










Je quitte Trogir, et sache qu’à partir d’ici, je ne suis plus qu’à 30 km de Split! Par contre, Dubrovnik est encore à 250 km… Mais chaque chose en son temps, pas vrai? J’ai encore du temps pour découvrir un autre coin digne d’intérêt le long de la côte, une fois dépassé l’aéroport de Split: la région des Kaštela.
C’est quoi donc, çà? C’est un ensemble de petits villages côtiers, qui se suivent, qui ont la particularité de posséder chacun un petit chateau-manoir fortifié, ceux-ci bâtis par les notables de Split et Trogir au temps où les invasions étaient monnaie courante. En même temps, les systèmes d’alarme Verisure n’existaient pas encore… Ils sont construits tout au bord de la mer où quasiment sur l’eau, un peu dans le style du chateau de Chillon en Suisse. Il y a toujours un petit port à proximité, souvent de taille très modeste.






Split.
Les périphs’ des grandes villes se suivent et se ressemblent: des voies rapides, des bretelles de sortie, des zones industrielles qu’on ne toucherait même pas avec un bâton tant elles sont laides… Heureusement, on ne s’y attarde jamais! Et Split mérite déjà un bon point: au nord de la vieille ville, tout en y étant proche, on trouve aisément des places gratuites! Belle entrée en matière, non? Me voilà arrivé dans la deuxième ville de Croatie.
Je passerai la nuit “chez l’habitant”, dans la partie ouest de la vieille ville, très tranquille avec ses ruelles fleuries et ses vieilles maisons. Elle n’est pourtant pas très fréquentée des visiteurs, car c’est un autre endroit qui aimante les foules, un lieu emblématique de Split, grâce auquel elle a été inscrite au patrimoine de l’Unesco en 1979. C’est même, disons-le, une “ville dans la ville” et l’Histoire y a laissé sa marque indélébile. Mais cessons ce suspense insoutenable pour aller découvrir le Palais de Dioclétien!
Si tu ne dormais pas à l’école durant les cours d’histoire, tu sais sûrement que Dioclétien était un empereur romain; il a régné de 284 à 305, a mené la vie dure aux chrétiens, et était originaire de Split. Ce qui explique la présence de cet incroyable palais, où il se retira après son abdication. La taille du bâtiment, en forme de trapèze, est aussi hallucinante que son brillant état de conservation. Les dimensions des côtés varient de 175 m à 215 m. J’ose même pas imaginer le prix d’une nuit en airbnb…





Le Palais est subdivisé en plusieurs parties: les chambres de l’empereur, les locaux pour l’armée, les souterrains, la cathédrale Saint Domnius, le baptistère, le temple de Jupiter… Le centre névralgique de cet ensemble, c’est le péristyle. Impressionnant, avec ses colonnes, c’était le “carré VIP” de l’empereur. Maintenant, rançon du succès, l’endroit est saturé de touristes qui s’assoient sur les marches sans se soucier du passage des autres, et où des faux légionnaires font leur petit show, un peu comme au Colisée à Rome. J’aimerais pas être là en plein mois d’août…
Après la chute de l’Empire romain, les habitants de Salona, à deux pas de Split, fuirent leur cité pour trouver refuge dans le Palais, abandonné depuis un bail! Les nombreuses pièces furet converties en habitations et magasins. Voilà un fait étonnant: le peuple de Salona était chrétien, et ils trouva son salut dans le palais d’un de leurs bourreaux les plus acharnés!





Et les contours du Palais? Moi je dis que des remparts de plusieurs mètres d’épaisseur et quatre portes fortifiées, ça force quand-même le respect! Alors, on a la Porte de Fer (Željezna vrata), la Porte de Bronze (Mjedne vrata), la Porte d’Argent (Srebrna vrata), et la plus célèbre, la Porte d’Or (Zlatna vrata), qui est du côté nord du Palais, dont c’était d’ailleurs l’entrée principale. Il faut prendre un peu de recul pour la contempler! Mais pas trop, sinon tu vas buter contre la statue colossale de Grégoire de Nin, un évêque du 10ème siècle qui, pour ma part, me fait plutôt penser à Albus Dumbledore (Rassure-moi, tu as lu la saga Harry Potter?). Toucher son gros orteil apporte la chance, ce qui explique son état bien patiné! Par contre, regarde-moi son index, on dirait qu’on lui a greffé celui de E.T! Le clocher en arrière-plan, c’est celui de la chapelle d’Arnir.




Mais il ne faut pas se cantonner uniquement au Palais de Dioclétien, Split ce n’est pas que çà! Plein de petites ruelles autour, certaines bien étroites, qui doivent ressembler à des canalisations bouchées en août avec les touristes! Il y a aussi de très belles places, comme la Narodni trg, où on pourrait se croire en Italie (époque vénitienne oblige), et la Voćni trg, avec son ancienne tour vénitienne. À l’ouest, une large artère piétonne dallée (et qui doit bien être glissante quand il pleut!) sépare la zone du Palais et l’ouest de la vieille ville; c’est la Marmontova ulica, très commerçante où, au niveau du marché aux poissons, tu vas froncer les narines. Pas à cause du poisson, non, mais tu vas détecter une vague odeur de soufre, un peu comme quand on débarque à Vulcano en Sicile! Une source d’eau sulfurée passe en-dessous. Il paraît que l’odeur de soufre repousse les insectes. Un mal pour un bien, en somme! Tout en haut de la rue, cet élégant bâtiment à façade jaune, c’est le théâtre national.

Split: la tour vénitienne sur la Voćni trg.






À côté de la Marmontova ulica, une vaste place bordée d’arcades et de façades colorées tranche carrément avec le style “tout en pierre” de la vieille ville: c’est la trg Republike, bâtie dans le souci de rester dans la tradition vénitienne; d’ailleurs son autre nom, trg Prokurative, doit faire “tilt” pour quiconque est allé à Venise et sa Piazza San Marco. Les bâtiments qui l’entourent, c’est comment déjà? Les Procuratie! CQFD!

Cannes a sa Croisette, Nice sa Promenade des Anglais… Et Split, alors? Bienvenue sur la Riva, cette large promenade de bord de mer avec ses palmiers, ses terrasses et ses vieilles maisons. Elle longe le côté sud du Palais de Dioclétien. Et juste après la capitainerie, c’est la gare maritime, la plus importante du pays, d’où partent et arrivent bon nombre de ferries et catamarans reliant les îles mais aussi Ancona en Italie. Il y a là des boutiques, les billetteries des compagnies de bateaux, et une bonne signalétique, avec affichage digital, permet de trouver facilement son quai d’embarquement. Et tu sais quoi? On mettra çà en pratique demain!



Split est une belle ville, aussi bien pour son histoire exceptionnelle que pour la beauté de son front de mer. Mais si tu n’aimes pas servir de boule de flipper à des hordes de touristes pressés et égoïstes (qui aimerait çà, d’ailleurs), le charme risque de vite s’effriter! C’est mieux de venir en basse saison, ou alors de s’évader dans des petites rues plus calmes…
Allez, un bon plan pour manger simple et pas cher? Un genre de petit snack-bar, près de la trg Republike, facilement repérable à ses deux bancs en bois pour s’asseoir et savourer des boulettes ou des petites saucisses style ćevapi, calées dans un pain rond et noyées dans une sauce un peu relevée!
Kantun Paulina – Matošića ulica, 1.


L’île de Brač.
Je n’ai qu’un petit trajet de 15 minutes à faire pour rallier le port de Split, où je trouve facilement ma bande d’embarquement pour le ferry à destination de l’île de Brač. Le port de Split est bien plus grand que les petits ports de Valbiska, Merag ou Porozina où j’ai embarqué précédemment. Plusieurs ferries partent parfois en même temps, d’autres reviennent… Il y a de tout, scooters, voitures, camions, tracteurs aussi, ça arrive! Bref, l’embarquement est rapide et efficace, les pare-chocs des véhicules se touchant presque une fois à l’intérieur du bateau; ma traversée durera 50 minutes.
Je vais t’emmener visiter quelques îles, à commencer ici par l’île de Brač, la troisième plus grande île du pays (40 km de long sur environ 15 de large), la plus proche de Split, et peut-être un peu moins fréquentée que ses voisines “blin-bling” Hvar et Korčula. Et pour prononcer comme un vrai croate, le č se dit “tch”; donc ce sera “bratch”! Une petite particularité, c’est qu’au contraire d’une grosse majorité d’îles croates, où le nom de l’île et de la capitale sont identiques, ici ce n’est pas le cas: pas de ville de Brač!




Débarquement à Supetar, le port principal de l’île pour les ferries. Tout à l’est, il y a Sumartin, pour rejoindre le continent. Rien de spécial dans ce gros village, je me mets donc en route vers la côte nord. Et je dois dire que les paysages, assez variés me séduisent d’emblée: des zones boisées, des champs d’oliviers entourés de murets de pierre sèche, des petites parcelles de vignes… et de temps en temps la mer qui se laisse admirer, en même temps on n’en est jamais très loin!






Mon premier arrêt sera pour le petit village côtier de Postira, avec son petit port (on n’est plus à Split, c’est clair!) et ses maisons de pierre à volets verts. Un endroit d’une tranquillité absolue.




15 km plus à l’est, voici Pučišća (non, débrouille-toi une fois pour prononcer, je vais pas tout faire, non plus), un autre village sympa, en bord de mer aussi, enfin pour être exact il se trouve au fond d’une anse profonde, un genre de “mini Ria de Lim”. Une très jolie configuration, je trouve, et les maisons étagées sur cette petite colline sont d’un bel effet.




Tu verras probablement, sur l’île, l’une ou l’autre carrière où est extraite la fameuse pierre de Brač, une pierre calcaire dont la blancheur fait presque mal aux yeux quand le soleil se réverbère dessus, et qui a la particularité de durcir avec le temps! elle a servi entre autres à bâtir la Palais de Dioclétien, le Reichstag de Berlin, et même des éléments de la Maison-Blanche! On trouve même une école de tailleurs de pierre à Pučišća.
Brač est vraiment une très belle île; c’est marrant, je vois même de temps en temps quelques cyprès, qui confèrent un petit air de Toscane à ce coin de Croatie. Je m’enfonce à l’intérieur des terres, passant par le petit village de Skrip, un peu hétéroclite au premier abord, mais un petit panneau “muzej” conduit à la partie ancienne du village, où se trouve un petit musée d’histoire concernant l’île. Tu remarqueras sans doute aussi ces maisons à la toiture si particulière, toute blanche: elle est faite de pierres et enduite d’une couche blanche de chaux, ce qui permet de rendre le toit imperméable.






Plutôt que de suivre bêtement la côte comme les touristes lambda, moi j’aime toujours bien explorer l’intérieur d’une île, celà réserve à chaque fois son lot de surprises. Le hameau de Dol en est un bon exemple, avec ses vieilles maisons en pierre et aux toits de lauze et ses petites parcelles de vignes, parfois pas plus grandes qu’un potager. On y trouve quand-même un Studenac, un magasin style “minimarket” qui fait partie d’une petite chaîne de magasins en Croatie. On est déjà loin de l’effervescence du port de Split!







Non seulement Dol est un coin magnifique, mais on y trouve une ou deux super adresses pour bien manger, où l’authenticité se retrouve aussi bien dans la cadre que dans l’assiette. La konoba Toni en fait partie. L’agneau à la broche m’a rappelé le jagnjetina de Bosnie-Hérzégovine, et le petit gâteau local, au miel et aux amandes, n’a pas fait long feu face à mon appétit. Avec un petit pichet de vin blanc (produit par les proprios), je savoure l’instant, tout simplement. J’adore l’ambiance: des voisins viennent boire un verre avec le patron, un copain apporte des légumes, le gars qui fait le service a un short en jeans rapiécé et est pieds nus! Imagine-toi çà une seconde dans une brasserie de bobos à Paris…


Allez, on repart! Les routes de Brač sont belles et en bon état, les paysages toujours aussi superbes, quoique un peu plus arides en direction du sud de l’île. Après avoir passé le petit village de Donji Humac, avec quelques carrières de pierre éparpillées dans les environs, on va prendre un peu de hauteur. Il faut savoir que le point culminant de toutes les îles croates se trouve sur l’île de Brač: ce sommet s’appelle Vidova Gora et atteint 780 m d’altitude. Un sentier de randonnée permet d’y accéder, mais une route carrossable monte aussi jusque là-haut. Le panorama est grandiose, on voit même l’île de Hvar au loin, et tout en bas, c’est le gros village de Bol, et cette sorte de triangle sablonneux qui s’avance comme une proue dans la mer, c’est la plage emblématique de l’île, et l’une des plus célèbres de Croatie. Mais je vais t’expliquer tout çà, car c’est là-bas que je vais, et où je pose mon sac cette nuit!




À partir de Vidova gora, la route traverse encore le centre de l’île avant d’entamer une longue descente d’une dizaine de km, ponctuée de quelques virages et, on s’en doute, de jolis points de vue. Et tout en bas, au bord de la mer, c’est le gros village de Bol, un des coins les plus visités de l’île, et c’est vrai qu’il y a de quoi s’occuper. Je continue avec l’hébergement chez l’habitant, dans une petite rue tranquille sur les hauteurs du bourg. Une petite bière de bienvenue, quelques échanges sur mon voyage et ce qu’il y a de bien à voir à Bol… J’aime bien l’accueil des croates, et le fait d’apprendre quelques mots de la langue locale réchauffe encore plus les relations.
C’est un très bel endroit, faudrait être salement aigri pour dire le contraire! Des ruelles fleuries, des vieilles maisons à volets verts (ça semble à la mode en Croatie!), et surtout le petit port de pêche, où des barques de pêcheurs cohabitent avec des petits bateaux de plaisance. Un peu plus à l’est, un monastère dominicain surplombe la mer du haut d’un petit promontoire.








Tu sais maintenant que j’aime bien faire de l’urbex (* pour rappel, visiter des endroits abandonnés). Et ici, à Bol, il y a justement l’ancien hôtel Bijela Kuce, qui bien que n’étant plus de première fraîcheur, est devenu un terrain d’expression pour les artistes “graffeurs” spécialistes du street-art. Ce qui fait que les chambres abandonnées, ouvertes aux quatre vents, côtoient des fresques murales vraiment pas mal du tout! Le contraste est étonnant. Attention toutefois aux morceaux de verre ou de ferraille au sol!








Bol n’a pas fini de me surprendre, car au milieu du village, voilà une curiosité qu’on ne voit pas tous le jours: l’endroit est appelé kuca u kuci, littéralement “la maison dans la maison! Euh, ça veut dire quoi, çà? Pour faire très court, une famille riche a voulu faire bâtir un opulent palais sur un terrain occupé par un modeste paysan. Apparemment tout ce petit monde se connaissait et ne s’appréciait guère, question d’emprunts non remboursés. Alors la famille friquée a commencé à élever les murs de sa bâtisse autour de la petite maison de l’agriculteur qui ne voulait pas bouger. Mais, ô ironie du sort, durant un voyage en bateau pour ramener des matériaux, une tempête monstrueuse décima la smala… Le gars a donc vécu dans sa maison, celle-ci entourée par des hauts murs, le “squelette” d’un palais qui ne vit jamais le jour…





À l’ouest de Bol, une promenade de bord de mer longue de 1,5 km, piétonne et bien ombragée par une double rangée de pins, fait aussi bien le plaisir des touristes que des familles croates. Au début de la promenade, quelques petits stands d’artisanat local côtoient les “marchands du temple” vendant leur camelote made in China. Mais ce n’est pas pour celà que je t’emmène ici. Car tout au bout, il y a une plage. Tu te souviens, ce “triangle” aperçu du sommet de Vidova Gora? Voici la mythique plage Zlatni Rat, autrement dit “Corne d’or”, entourée d’une pinède, qui s’avance dans la mer et qui peut changer de forme suivant les marées. Attention, ce n’est pas du beau sable fin mais des petits galets, les pieds s’y enfoncent différemment, c’est clair. Les couchers de soleil y sont fabuleux.





Cette île de Brač m’a beaucoup plu, avec la végétation variée, les petits villages de l’intérieur de l’île et les petites cités en bord de mer, alternant petites plages et criques bien cachées. Et puis, une plage de forme convexe, on ne voit pas çà tous les jours (ne serait-ce pas sur l’île de Groix en France qu’il s’en trouve une également?)! Je n’irai pas me coucher trop tard, car demain une autre île nous attend, et je démarre tôt!


L’île de Hvar.
Si les îles sont bien desservies entre elles par les catamarans, uniquement pour “piétons”, en revanche les voyageurs motorisés sont un peu plus pénalisés, rares en effet sont les liaisons directes en car-ferry entre les îles voisines, en l’occurence Brač, Hvar et Korčula. Alors pour passer de Brač à Hvar, en général on rejoint Sumartin à l’extrémité est pour rejoindre Makarska, ensuite on va à Drvenik, 25 km au sud, pour prendre un autre bateau jusqu’à Sucuraj, sur l’île de Hvar. Une petite gymnastique compliquée par les laps de temps parfois justes pour rallier Drvenik! Moi je m’y suis pris autrement: retour vers Supetar, puis le port de Split, où j’ai une marge de temps d’une heure (suffisant!) pour réembarquer sur un autre ferry qui lui, va sur l’île de Hvar, à Stari Grad pour être précis. Plus long, peut-être, mais plus efficace, tout est relatif!
Embarquement assez rapide, chaque centimètre d’espace est exploité, mais certains gars qui dirigent les véhicules se la jouent parfois un peu trop militaire… C’est bon, mec, j’ai une Fiat 500, pas la Cadillac du “Corniaud”… Le ferry passe entre les îles de Brač et Šolta, par un étroit chenal, pourtant bien fréquenté car il évite de contourner l’une ou l’autre île citée plus haut. Le trajet dure deux heures.





L’île de Hvar est en vue, débarquement à Stari Grad. Me voici donc sur une des îles les plus touristiques de l’Adriatique en été, une île qui possède bien une ville appelée Hvar, et qui fait 70 km de long sur 12 à 15 de large, ce qui lui donne cette forme super allongée. On dirait le Chili en version réduite et horizontale!
Je ne vais pas foncer tête baissée sur Hvar, je vais faire comme sur Brač, voir la côte nord puis explorer un peu l’intérieur des terres. Je quitte Stari Grad, pour emprunter une route quasiment en ligne droite sur une dizaine de km. C’est d’autant plus curieux que dans sa deuxième partie, jusqu’à Sucuraj à l’extrémité est de l’île, les virages ne vont cesser de s’enchaîner! De mon côté je m’arrête à 10 km de Stari Grad, à Jelsa, petit village tranquille où il fait bon vivre, par exemple en sirotant un verre sur une des terrasses autour du petit port.





À 5 km à peine, Vrboska est un autre petit port tout mignon, à la configuration un peu étonnante. Quand on y pénètre côté sud, un cours d’eau, franchi par quelques ponts, sépare le village en deux. L’ancien petit pont de pierre est très photogénique et a son petit succès! Mais là, je te joue un petit tour, car c’est pas du tout un cours d’eau, c’est un bras de mer très allongé et étroit!





C’est un régal de se balader le long des quais et au hasard de petites ruelles fleuries. Mais sur une place, voilà un édifice plutôt insolite. Une église? Une forteresse? C’est correct sur les deux points, c’est un mix des deux! Voici l’église fortifiée Sainte-Marie, du 15ème siècle, avec son bastion angulaire qui ressemble à la proue acérée d’un navire et ses murs épais de 4 mètres (ça s’attaque pas à la perceuse Black & Decker, c’est évident!). En fait, l’édifice a été “customisé” après une attaque ottomane. Ça a de la gueule!






Le long des quais, quelques petits restos et konobas proposent des produits régionaux, certains produits sur place comme l’huile d’olive ou du vin. L’île possède une tradition viticole bien ancrée, avec des blancs rafraichissants et des rouges bien charpentés sans être trop agressifs. L’ensoleillement exceptionnel dont bénéficie Hvar y est pour quelque chose! Bref, je jette mon dévolu sur une petit konoba discrète et familiale, où la terrasse possède des vignes en espalier en guise de tonnelle. Chaque petite assiette est accompagnée d’un vin au verre en adéquation: poisson salé avec un vin blanc, pršut (le jambon comme en Slovénie) avec un rouge de caractère, et en fin de repas une vieille connaissance: un verre de rakija croate (celui-ci aux figues), appelée ici brandy. Les repas les plus simples sont souvent les meilleurs!
Konoba Nikola – sur le quai nord, avant le petit pont (c’est là où un gros tonneau est posé au bord du quai).


Quittons Vrboska pour aller voir un peu ce qu’il y a de beau à l’intétieur de l’île. Par exemple, un petit tour à Humac, un hameau à demi abandonné mais qui renaît petit à petit grâce à la rénovation de ses vieilles maisons en pierre. La route 116, celle qui relie les deux bouts de l’île, commence à devenir très sinueuse et à grimper une fois passé Jelsa; sacrée scoliose pour la “colonne vertébrale” de Hvar!! Celà dit, les points de vue sur la mer et les îles voisines sont ébouriffantes!




Les paysages intérieurs ressemblent à ceux de Brač, c’est un puzzle de parcelles de vignes, d’oliviers et de zones plus boisées. Et toujours ces fleurs qui débordent des rues, des balcons… Hvar aussi a son lot de petites routes tranquilles et de petits villages oubliés des circuits touristiques, comme Vrisnik, Svirce ou Pitve…







Pour rejoindre la ville de Hvar, c’est à peu près le même topo que pour Bol: une longue descente (les loueurs de voitures sur les îles n’ont pas intérêt à négliger l’entretien des freins!), au milieu d’un paysage à présent plus minéral qui rappelle les collines de Provence. Dès que tu verras cette incroyable forteresse en surplomb (je t’en parle par après) et ces remparts crénelés, tu peux dire “ça y est, je suis arrivé à Hvar”!
La ville de Hvar, c’est le porte-drapeau touristique de l’île. L’endroit est sublime, faut être blasé de tout pour dire l’inverse! La place principale, une des plus grandes de la Dalmatie, offre une superbe perspective sur la cathédrale et son campanile. Tu peux trouver des petites ruelles calmes, mais la vieille ville en général te fera une “piqûre de rappel” comme quoi le spot est très touristique! Quant au port, il est d’une beauté sidérante: l’ancien arsenal et sa loggia, les palmiers au garde-à-vous devant les bateaux amarrés (les gros yachts de luxe t’indiqueront que le lieu est huppé et snobinard), la vieille ville en arrière-plan, le petit monastère au bout de la promenade de bord de mer… Heureusement, pas trop de monde, on n’est encore qu’en juin, je souligne une fois de plus la chance que j’ai.
Ah oui, la forteresse, excuse-moi, j’y viens! Impressionnante, quand on la voit d’en bas! On la surnomme la Forteresse Espagnole car elle a été conçue et commencée au 13ème siècle par les espagnols puis, sous la domination vénitienne, ce sont les vénitiens, on s’en doute, qui ont pris le relais pour la finir. Elle passa un sale quart d’heure en 1579 lorsque la foudre choisit de s’abattre sur les réserves de poudre! Tu parles d’un spectacle son et lumière!











L’aprem est déjà bien entamé, et il est temps de quitter Hvar-ville pour rejoindre mon étape de cette nuit. Ce sera à Stari Grad, distante de 20 km, c’est là que j’ai débarqué ce matin justement. Pour se garer peinard, un tuyau: près du stade de foot, un parking gratuit (yess!!) et tranquille, à 400 m du port.
Stari Grad a l’avantage d’être moins bling-bling et tapageuse que Hvar, qui frôle la congestion touristique en été. C’est plus calme ici, et pour ne rien gâcher le coin est superbe: un petit port au fond d’une anse profonde, où les bateaux sont d’une taille plus modeste que les “monstres flottants” de Hvar. C’est pas pour rien que celle-ci est surnommée la “Saint-Tropez croate”! Ici à Stari Grad, les ruelles pavées de la vieille ville (traduction de Stari Grad, quel heureux hasard!) n’accueillent pas de boutiques à la con et ont gardé toute leur authenticité “brut de décoffrage”. Et même les palmiers le long des quais ont l’air moins prétentieux que leurs copains de Hvar! Quelques terrasses de bars et restos, un ou deux glaciers, mais on a plus de chance d’entendre des cliquetis de couverts et des conversations calmes plutôt que les braillements de touristes torchés du côté de Hvar en fin de soirée… Désolé mais c’est comme çà.








Tu veux encore plus de dépaysement? Si tu vas 1 km vers l’est, tu vas être servi(e). Là on est aux antipodes absolues des turpitudes de Hvar-ville, et c’est une balade, à pied ou à VTT, des plus agréables et étonnates à faire sur l’île. Nous voici au coeur de la plaine agricole de Stari Grad, un coin quasiment unique en Croatie de par son histoire. Des pistes caillouteuses et des chemins de terre se coupant à angle droit, des petites parcelles cultivables (vignes, légumes, oliviers…), des véhicules parfois d’un autre âge (comme ce vieux tracteur et sa remorque de foin, ou cette vénérable Renault 4L)… Ce secteur est inscrit au patrimoine de l’Unesco depuis 2008. Ben oui, ça n’a pas l’air comme çà, mais ce système de parcellisation date du temps où les grecs étaient installés ici, soit depuis le 4ème siècle avant J.C, et n’a pratiquement pas bougé depuis!




Et c’est au coeur de ce paysage un peu “décalé” par rapport à l’ensemble de l’île, que j’ai trouvé une pépite, une konoba bien cachée, à des années-lumière des restos de Hvar. Comment le dénicher? Tu tomberas certainement, le long de la piste principale, sur un mini-aérodrome où sont parqués deux ou trois petits avions. Et avec un peu d’attention tu remarqueras un panneau défraîchi en bois indiquant “Dionis – 500m”. Suis-le et au niveau de l’aérodrome prends ce petit chemin à gauche. Le bonheur se trouve à 200 m! La konoba Dionis: quelques tables et bancs de bois, un grand four à ciel ouvert pour faire cuire viandes et poissons, un accueil sincère et pas guindé pour un sou, tou celà au millieu de nulle part… Cette assiette de “mix” de différentes viandes a été une de mes meilleurs bouffes en Croatie. Même le petit chien qui m’a aboyé dessus en arrivant est devenu mon pote en partant; bon, c’est vrai que je lui ai passé un p’tit bout de saucisse… C’est comme çà qu’on achète ton estime? C’est du propre!
Retour sur Stari Grad en fin de soirée. La nuit tombe doucement, pas d’éclairage sur la piste, pas de bruit. Au loin, des phares, une camionnette rafistolée me croise. Ses feux arrière disparaissent peu à peu dans un nuage de poussière… Et à Hvar-ville, comment ça se passe? Bah, je veux même pas le savoir. En tout cas, cette île de Hvar m’aura tout aussi bien plu que sa voisine Brač, de par sa diversité et ses endroits insoupconnés, que les touristes “fiesta-picole” de Hvar-ville ne verront sans doute jamais!


L’île de Korčula.
Ce matin, je t’emmène au cirque. Je vais te faire admirer un numéro de jonglage. Mais pas avec des quilles, non, avec des car-ferries et des portions de route! Je t’avais évoqué la rareté de certaines liaisons en ferry pour les voyageurs motorisés. Le cas se représente ici: pour une liaison directe Hvar-Korčula, en catamaran ç’est faisable, mais en car-ferry, on l’a encore dans l’os. Retourner sur Split? Non. Alors voilà, départ de Stari Grad pour traverser toute la longueur de l’île, jusqu’à Sucuraj, où j’embarque pour le ferry N°1. Je suis dernier à entrer, on me place en biais pour gagner de l’espace, résultat il me faut sortir par la portière passager! La prochaine fois, pourquoi pas par le coffre?


Le trajet de Sucuraj à Drvenik dure 20 minutes. Ensuite, 30 minutes en voiture pour rallier Ploče, 25 km au sud. Le paysage est plus montagneux, plus aride. Dubrovnik est plus près: 100 km. La côte? Toujours aussi belle, naturellement. Ah, voici le ferry N°2 qui s’amène. Lui, il va me conduire à Trpanj en 15 minutes. Je suis ici sur la presqu’île de Pelješac, cette très longue langue de terre qui frôle presque l’île de Korčula (entre les deux, il n’y a que 2 petits km!). 20 km encore à faire, au milieu d’un paysage somptueux; cetter longue “barre” montagneuse me ferait presque penser au massif de la Sainte-Victoire! J’arrive à Orebić, où la file de véhicules est assez conséquente, ce qui n’est pas surprenant étant donné que Korčula est une des îles les plus touristiques. Ferry N°3, fais ton entrée stp! Et en 10 minutes, me voici sur l’île, non pas à Korčula même, mais à Dominče, distant de 3 km, porte d’entrée des voyageurs motorisés sur l’île. En tout pour tout, pas loin d’une demi-journée! Heureusement que les ferries et les trajets routiers sont bien coordonnés!



On se trouve à présent dans le sud de la Dalmatie, et plus proche de Dubrovnik que de Split. Plus précisément sur l’île de Korčula (tu sais maintenant prononcer le č croate), qui fait environ 50 km de long sur 6 à 8 km de large. Ce n’est pas la plus grande, mais la plus peuplée et une des plus touristiques des îles croates, bien que la majorité des visiteurs ne se cantonnent qu’à sa vieille ville fortifiée. Tu verras qu’elle est très boisée, avec un relief bien prononcé, et il est fréquent d’y voir des oliviers et des vignes.
Je ne vais pas foncer tout de suite sur la ville de Korčula, je vais d’abord aller me balader un peu sur l’île. Un dérisoire trajet de 5 km m’amène à Lumbarda, un village de pêcheurs qui a l’air bien sympa, et à l’écart de la frénésie touristique. Aux alentours, plusieurs domaines viticoles se partagent les nombreuses parcelles de vignes qui produisent le fameux grk (pas de voyelles? Ça y est ça recommence!), un vin blanc sec réputé dans tout le pays.




Je vais maintenant rattraper la route 118, l’épine dorsale de l’île, qui relie Korčula à Vela Luka, à l’extrémité ouest. J’adore toujours autant ce paysage mi-montagne mi-garrigue, mais plus boisé que sur les îles voisines, avec un peu de tout: des feuillus, des pins, et de temps à autre quelques cyprès me demandent comment vont leurs cousins de Toscane. Au centre de l’île, quelques villages pittoresques valent la peine qu’on s’y arrête. Pupnat est de ceux-là, avec ses maisons en pierre et sa vieille église.



Le village de Blato, à 20 km à l’ouest, possède une “haie d’honneur” assez insolite: une double allée de tilleuls longue de 2 km. Les maisons sont étagées sur les collines environnantes, un peu comme un amphithéâtre.





Par manque de temps, je n’irai pas jusqu’à la côte ouest et Vela Luka (les ferries ont vachement accaparé ma matinée); je file donc en sens inverse pour partir à la découverte du joyau de l’île, la raison pour laquelle l’écrasante majorité de visiteurs débarquent sur l’île: la vieille ville de Korčula!
Mais avant d’entamer le sujet, donne-moi une minute pour me garer sans dépenser un rond. Je te donne le tuyau: au dernier rond-point avant la ville, va vers le centre commercial. Oui, il y a un parking souterrain, mais il est payant donc c’est pas ce qui nous intéresse. Sur les côtés du grand bâtiment, on peut s’y garer gratos, ainsi que dans la rue en descente qui le prolonge, avec de la chance. J’avoue avoir un peu hésité, je me suis dit c’est un peu “roulette russe”… Mais après une petite vérif’ en fin de soirée, en y retournant voir, plusieurs voitures y étaient encore. Et je retrouverai la mienne le lendemain sans souci!
Bon, passons aux choses sérieuses et descendons vers la vieille ville. En effet, à partit du parking un long escalier descend jusqu’aux premières ruelles de Korčula. Mais je n’ai pas encore pénétré dans l’enceinte même de la vieille ville, il faudra pour çà que je passe sous la monumentale porte fortifiée, après avoir grimpé les marches d’un large pont-escalier en pierre. Elle est d’une autre pointure que celle de Zadar!


Je te mets en garde, si tu penses avoir Korčula pour toi seul(e), tu vas avaler une pilule amère. La frénésie touristique en été est encore plus dingue qu’à Hvar-ville. Essaie de faire comme moi: évite juillet-août, ça t’évitera de tester les limites de la compressibilité du corps humain… En même temps, sache que Korčula est une ville fortifiée, entourée de remparts et jalonnée de quelques bastions. Tout comme une certaine ville emblématique du pays, qu’on va bientôt aller découvrir. Korčula, on l’appelle parfois la “petite Dubrovnik”, comme de juste. Ça te donne un avant-goût de ce qui t’attend là-bas, dans une mesure décuplée!
Rouler en voiture dans Korčula? Même pas en rêve: elle est entièrement piétonne. Et son plan est assez original: une rue principale (enfin, une ruelle plus large que les autres) coupe la ville en deux. De part et d’autre, un tas de petites ruelles, pavées ou en escalier, montent et descendent à angle droit. Cette configuration est dite en “arêtes de poisson”; les ruelles à l’ouest, rectilignes, laissent circuler le vent frais en été, et les ruelles de l’est sont un peu incuvées, pour protéger d’un vent très froid qui souflle dans cette direction durant l’hiver. Bien pensé! L’idée vient des Vénitiens qui, clairement, ont laissé leur empreinte en Croatie! C’est sur l’axe principal que tu verras l’Hôtel de Ville et la cathédrale Saint-Marc (l’influence vénitienne, comme je te disais) avec son campanile.







En dehors des remparts, une petite rue fait le tour de la ville en longeant la mer, offrant du même coup un beau point de vue sur la presqu’île de Pelješac qui s’étire, si proche qu’on pourrait presque la toucher (enfin bon, c’est une image, faudrait un bras de 2 km 🙄. Ce serait juste pratique pour se gratter le dos…). Quelques tours et bastions ponctuent le parcours. C’est du côté de la Grande Tour du Gouverneur que les points de vue sur Korčula sont les plus sublimes.







En soirée, les touristes d’un jour commencent à partir, pour prendre les derniers ferries. Ça se vide un petit peu, mais les terrasses des restos se remplissent vite; certains sont un peu racoleurs avec leur menu en 5 langues, tout ce que je n’aime pas. J’ai trouvé une petite adresse honnête et pas trop chère, en dehors des remparts et tout près d’un petit port de plaisance. Des petits plats de poisson, quelques burgers, ou même des classiques des Balkans comme des ćevapi et des pljeskavica.
Fish & Go – Ulica Hrvatske Bratske Zajednice 1.
Et je ne peux m’empêcher de glisser un mot sur cette chambre airbnb, dans un petit manoir au coeur de la vieille ville, dont le mobilier des 18 et 19ème siècles appartenait ni plus ni moins au maire de Korčula de l’époque. Un vraie machine à remonter le temps! Si je te dis 35€ la nuit, tu vas dire que je me fous de toi. Absolument pas. C’est autre chose qu’une chambre Ibis, non?

Ston et Mali Ston.
Je retourne au port de Dominče pour la traversée retour vers Orebić. Ce sera ici mon dernier trajet en ferry Jadrolinija! Ensuite, je vais traverser la presqu’île de Pelješac sur toute sa longueur pour continuer vers le sud. À ce sujet, te souviens-tu de l’enclave de Neum, cette petite portion de territoire bosnien qui nécessite un double passage de frontière? Hé bien, on l’a évité! En prenant un ferry de Ploče à Trpanj et en suivant la presqu’île, on s’affranchit des formalités de douane et des files en été. Mais en juillet 2022, ça y est, un pont a été inauguré, permettant de contourner ladite enclave.

J’atteins donc l’extrémité de la presqu’île, rattachée au continent. Au-delà, la route poursuit son cours jusque Dubrovnik. Ce nom attise tellement l’appétit des touristes qu’ils y foncent avec la même vivacité que Beep Beep quand il fait la course avec le coyote; enfin tout est relatif, vu l’engorgement fréquent du trafic en été! Mais avant d’y aller moi-même, je vais marquer un arrêt dans la petite ville de Ston, plutôt paisible et dont la configuration en “damier” se compose de chouettes petites rues fleuries. Un peu à l’écart, une puissante forteresse entourée d’eau, le Fort Kaštio, fait partie d’un système défensif unique en Europe.






Et le système de fortifications qui entoure Ston, c’est pas de la rigolade. Regarde bien cette colline qui surplombe la ville. Tu vois cette longue muraille qui court sur ses flancs, avec cette étrange forme de “W”? Je te présente la muraille fortifiée la plus longue d’Europe, avec ses 5,5 km. Bon, soyons rationnel, elle ne boxe pas dans la même catégorie que sa collègue chinoise, mais elle fait quand-même son petit effet! Ce petit chef-d’oeuvre a été construit entre les 14ème et 16ème siècles, pour contrer d’éventuelles attaques ottomanes (encore?!) et protéger une denrée précieuse produite ici: le sel! Elle relie Ston à Mali Ston, au bord de la mer; sur les 40 tours qui jalonnaient son parcours à l’origine, la moitié a “survécu”. Et, bonne nouvelle, on peut y accéder (moyennant un prix d’entrée de 70 kunas, soit environs 10€), mais la déclivité de certaines marches nécessite de bons mollets. L’effort fourni est cependant récompensé par une série de panoramas sur les collines, la ville et les salines de Ston, dont je te parle tout de suite après.













Les salines de Ston se trouvent au sud de la ville, et elles sont parmi les plus anciennes d’Europe. Elles sont exploitées depuis le 14ème siècle, rien que çà! Il en sort actuellement environ 50 tonnes par an. Bien entendu, il est possible d’aller les voir de plus près et de se balader au bord des bassins. Et la petite voie ferrée ne sert pas à faire rouler une petit train pour touristes, mais les wagonnets qu’on charge de sel.






Une muraille de plusieurs kilomètres, des salines séculaires…. Ston en a-t-elle fini de nous étonner? Hé ben non, car il y a encore sa petite soeur du bord de mer, Mali Ston, là où finissent les fortifications. L’endroit est également célèbre pour ses bassins ostréicoles. Je peux dire qu’après y avoir goûté, l’huître de Ston peut regarder sans baisser les yeux (oui bon, ça a pas d’yeux je sais, c’est une image…) ses cousines de Cancale ou de Marennes-Oléron. Avec un pichet de vin blanc et un peu de pain, c’est un morceau de paradis! Il y a queleque restos à Mali Ston, mais je suis allé 2 km plus loin, au hameau de Hodilje, où une petite famille d’ostréiculteurs propose sa production en diverses préparations: en soupe, gratinées, ou simplement une assiette avec un morceau de citron et quelques glaçons.
Ficović – au hameau de Hodilje (2 km de Mali Ston).







Dubrovnik: Enfin, j’y suis!
Dernière étape symbolique, c’est mon ultime trajet en voiture, laquelle sera restituée sous peu à l’aéroport de Dubrovnik. Le trajet depuis Ston prendra un peu plus d’une heure pour 70 km. Je passe outre la ville, l’aéroport étant encore à 22 km de là; c’est pas tout près, l’air de rien! Et 15 km après l’aéroport, c’est la frontière avec le Monténégro. Pour rejoindre Dubrovnik, ne te ruine pas avec les taxis. Un bus-navette fait plusieurs trajets par jour (souvent en se calquant sur les arrivées de vols), et pour 55 kunas tu es quasiment déposé face à la porte principale de la ville fortifiée. Un conseil: installe-toi du côté gauche, tu auras droit à une première vue plongeante sur Dubrovnik en guise de mise en bouche!
Le bus longe une partie des remparts, qui te donne déjà une première idée de la taille et l’épaisseur de l’enceinte de la ville; on est clairement dans la catégorie “Schwarzenegger”! En général, les visiteurs descendent à la Porte Pile, une des entrées fortifiées principales; l’autre, la porte Ploče, se trouve au sud de l’enceinte.


Hé bien dis-moi, que de chemin parcouru depuis Sarajevo en Bosnie-Herzégovine! Je ne compte plus les kilomètres, les lacs, les îles… Et pour la fin du périple qui se rapproche, on finit vraiment en apothéose avec la plus belle ville de Croatie (je pense qu’il y a pas photo)! Dubrovnik, la “Perle de l’Adriatique”, inscrite au patrimoine de l’Unesco en 1979. Certains en viennent même à croire que c’est elle la capitale croate (ah non désolé les enfants, c’est toujours Zagreb)! Son ancien nom était Raguse, et l’histoire n’a pas toujours été cool avec elle: domination des vénitiens (encore eux!), tentatives d’invasion ottomane… Elle finit par connaître son apogée, son âge d’or aux 15ème et 16ème siècles: la République de Raguse monta en puissance au niveau commercial, et sa flotte possédait pas loin de 200 navires.
Mais le sort s’acharne encore: l’effroyable tremblement de terre de 1667, qui tua 40% de la population et causa des dommages apocalyptiques à la cité, et plus tard les troupes de l’insatiable Napoléon qui mirent fin à la République de Raguse. Dubrovnik réussit peu à peu à se relever et à retrouver un certain faste architectural… mais le pire restait à venir. Cette maudite guerre des années 1990 est passée par là; l’indépendance de la Croatie ayant déplu aux serbes, qui bombardèrent aveuglément la ville en 1991. Dubrovnik a pris très cher, tant sur les dégâts matériels que sur les pertes humaines… Toutes ces horreurs n’ont pas empêché Dubrovnik de renaître de ses cendres une fois de plus. Les nouveaux envahisseurs sont maintenant les touristes!
L’exploration de Dubrovnik se fera demain, il est déjà 17 heures et ce serait un peu court pour s’y lancer tout de suite. En attendant, je vais rejoindre le téléphérique qui grimpe à l’assaut des 410 m du Mont Srđ (cette étrange lettre đ se prononce “dj”, ça donne un truc du genre “serdj”). Là-haut, mis à part cette horrible antenne de télécommunication, se dresse le Fort Impérial, bâti au 19ème siècle, devenu un musée-mémorial qui relate les aberrations de cette guerre de 1991 et la destruction de la ville… Tout aussi aberrant de voir qu’en 2022 certains pays (surtout un) n’ont toujours pas compris!!
Si on vient au sommet du mont Srđ, c’est aussi pour ce panorama de rêve, d’anthologie sur Dubrovnik et ses remparts, ainsi que sur la petite île de Lokrum et la mer Adriatique. Pour mieux en profiter, va vers la petite plate-forme avec la croix en pierre: au moins tu ne seras pas gêné(e) par les cables du téléphérique!





Je redescends en début de soirée, ensuite je mange juste un morceau pour regagner mon mini appart’ airbnb. Ça ne fera pas de tort de souffler un peu pour une fois, après toutes ces aventures! Prépare-toi demain à en prendre plein la vue!
Une journée à Dubrovnik.
Pour la dernière journée complète de mon périple (ben oui le retour c’est déjà demain!), je suis en grande forme. J’espère quetoi aussi, on va en avoir besoin car visiter Dubrovnik va se révéler intense en surprises et émotions! Je sors par la Porte ile pour prendre un rapide petit-déj’, avant d’aller à l’office du tousirmse, à deux pas, pour faire un achat. Tu sais que je n’aime pas toujours les “une-telle-ville-Card”, car c’est pas toujours rentable (souviens-toi Firenze en Toscane). Mais franchement ici, la Dubrovnik Card peut sauver ta visite de la ville et éviter que ta carte de crédit chauffe et finisse par fondre. 250 kunas (33€) pour 1 jour, 300 kunas (40€) pour 3 jours. J’entends certains murmurer “Ah ouais quand-même!”, ce à quoi je réponds que la visite seule des remparts s’élève déjà à 200 kunas! Alors imagine-toi payer les autres sites séparément, la Visa ou la Mastecard va hurler “Laisse-moi tranquille!”.
Bref, il est temps de pénétrer à l’intérieur des murs, pour se retrouver face à l’artère principale de la cité, cette longue avenue dallée qui brille au soleil tellement elle est patinée par les pas des touristes (et potentiellement glissante, fais gaffe!) appelée Stradun. C’est en réalité un ancien canal, qui jadis coupait la ville en deux, et qui a été comblé par la suite. Heureusement le matin c’est encore calme, c’est après que ça se gâte. Le monument circulaire à son début, c’est la Fontaine d’Onofrio, point de rendez-vous principal pour les copains, les amoureux… Si tu as la gorge sèche, bonne nouvelle: son eau est potable.






Joli hors-d’oeuvre pour débuter, non? Parce que là, on va attaquer sans transition le plat de résistance: le tour des remparts! Venir à Dubrovnik sans le faire n’est pas concevable! L’entrée est à gauche de la Porte Pile et se fait en sens inverse des aiguilles d’une montre. C’est parti pour une balade enchanteresse de 2 km de pourtour. Dommage que le temps soit si gris et le ciel si bas. Merçi pour la vacherie, Mister soleil…
Les fortifications de Dubrovnik datent du 13ème siècle; ils ont été remodelés au fil du temps: murs plus épais, ajout de tours et bastions… On est parfois à 25 m au-dessus de la mer! Et ça démarre fort avec cette vue sur ce petit port à l’extérieur des murs ainsi que la Forteresse Saint-Laurent. De l’autre côté, les maisons de la vieille ville s’étalent des deux côtés du Stradun, ce qui fait ressortir la topographie insolite de Dubrovnik: si au sud le relief est plus doux, au nord la déclivité du terrain s’accentue; d’ailleurs dans ce secteur les ruelles sont remplacées par des escaliers. C’est de ce côté-là que je loge justement.

