La veille de mon départ, après ma petite check-list, j’attrape mon bon vieux sac de voyage pour commencer à le remplir. “Wow, il se passe quoi, là? On s’en va quelque part?”, me dit-il un peu surpris. “Qu’est-ce que tu crois, on reprend nos vieilles habitudes, tu sais qu’on part toujours une semaine en septembre”, je lui réponds. “Ouais mais le covid? Tu va encore devoit subir le coton-tige dans le pif?” rétorque-t-il. “Y a moins d’astreintes, je suis vacciné et je fais gaffe. Stresse pas”, je luis dis. “Oh ça va faire du bien! Et on va où, comme çà?”, me demande-t-il. “Je t’emmène quelque part entre l’Italie et l’Afrique, on va explorer deux îles minuscules sur la carte du monde, mais leur taille est inversément proportionnelle à leur histoire et leur beauté. Ok maintenant sois gentil et laisse-moi te charger, sinon demain on est encore là…
Mais d’abord, les présentations…
Pour situer Malte sur la carte, c’est pas bien difficile: tu vois la Sicile? OK. Va vers le sud, maintenant; pas trop bas, sinon tu tombes sur l’île italienne de Lampedusa. Disons à une centaine de km à vol d’oiseau de la Sicile, et à environ 300 km des côtes tunisiennes. Il y a là 3 petites îles: Malte, Gozo et Comino, faisant partie d’un archipel. Et pour bien les détailler, tu devras un peu zoomer sur Google Maps, étant donné leur taille; à l’échelle du monde (et même de l’Europe) ce sont des confettis! 246 km² pour Malte, 67 km² pour Gozo et 3 km² pour la microscopique Comino! Il y a quelques autres îlots, mais inhabités. L’histoire de Malte a été riche et intense, mais je ne vais pas te faire un cours approfondi. En vrac, elle a connu plusieurs dominations: les romains, les arabes (tu verras que sicertaines localités se nomment Rabat ou Mdina, c’est pas par hasard), la Sicile… Au 16ème siècle, les ottomans arrivent, mais pas de chance, ils seront repoussés par les fameux chevaliers-hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, autrement dit l’Odre de Malte (créé durant les Croisades siècle pour subvenir aux besoins des pèlerins allant en Terre Sainte, puis transformé en ordre militaire). Plus tard, c’est Napoléon qui déboule (celui-là, alors…), faisant dégager l’Odre de Malte. Les maltais appellent les anglais au secours. Mais là, gros souci: les britanniques se rendent maîtres de malte, en imposant leur langue et leur politique! Malte s’est tiré une balle dans le pied… Elle se relèvera: après plusieurs aléas et un reférendum, Malte obtient l’indépendance en 1964 (mais appartient encore au Commonwealth), et devient une République en 1974. Elle intègre l’Union Européenne puis la zone euro en 2008. Voilà… Tu vois, la vie n’a pas été un long fleuve tranquille dans l’archipel maltais!


L’histoire de Malte a été riche et intense, mais je ne vais pas te faire un cours approfondi. En vrac, elle a connu plusieurs dominations: les romains, les arabes (tu verras que sicertaines localités se nomment Rabat ou Mdina, c’est pas par hasard), la Sicile… Au 16ème siècle, les ottomans arrivent, mais pas de chance, ils seront repoussés par les fameux chevaliers-hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, autrement dit l’Odre de Malte (créé durant les Croisades siècle pour subvenir aux besoins des pèlerins allant en Terre Sainte, puis transformé en ordre militaire). Plus tard, c’est Napoléon qui déboule (celui-là, alors…), faisant dégager l’Odre de Malte. Les maltais appellent les anglais au secours. Mais là, gros souci: les britanniques se rendent maîtres de malte, en imposant leur langue et leur politique! Malte s’est tiré une balle dans le pied… Elle se relèvera: après plusieurs aléas et un reférendum, Malte obtient l’indépendance en 1964 (mais appartient encore au Commonwealth), et devient une République en 1974. Elle intègre l’Union Européenne puis la zone euro en 2008. Voilà… Tu vois, la vie n’a pas été un long fleuve tranquille dans l’archipel maltais!
On y parle quelles langues? Le maltais est la langue officielle; elle a des origines arabes mais s’écrit en caractère latin, avec des influences italiennes et anglaises. La monnaie? C’est ce bon vieil euro.
Tu verras que les anglais y ont bien laissé leur empreinte: les fameuses cabines téléphoniques rouges comme à Londres, la conduite à gauche (çà je t’en parle plus tard), et surtout les prises électriques, de type G, avec 3 broches, comme au pays de Shakespeare! Laisse une petite place dans tes bagages pour un adaptateur, il y a même des modèles “universels” à 4 prises différentes et compatibles dans des tas de pays (pas de placement de produit, à toi de te faire ton idée)!



Son drapeau:


Son hymne:
Son code d’immatriculation:

Bon, reste plus qu’à sortir ma phrase-fétiche: le décor est planté, on peut y aller!
Les Trois Cités.
Après un vol d’environ 3 heures (sans applaudissements à l’atterrissage, ça fait du bien), je peux poser les pieds sur l’île de Malte. Je suis à l’aéroport de Luqa, à 7 km de la capitale, Valletta (la Vallette en français). Les lignes de bus sont efficaces et le réseau quadrille très bien la région, ainsi que toute l’île. Pour l’aéroport, ce sont les lignes commencant par X (X1, X2, X3, X4… on se croirait en plein cours de maths!). Le système de taxis n’est pas mal, bien que je ne sois pas fan de ce transport. On paie d’avance un tarif fixe selon la destination au comptoir de l’aéroport, et on se laisse conduire. Pas de mauvaises surprises une fois arrivé!
Je ne vais pas foncer tout de suite vers Valletta, d’ailleurs je n’y passe même pas mes 3 premières nuits. C’est en face, de l’autre côté de ce long bras de mer, que je vais établir mes quartiers. Sur la carte, avec un peu beaucoup d’imagination ça ressemble à un trident géant. Non, on dirait plutôt la gueule d’un dragon géant, tu trouves pas? Hé ben çà, ce sont les Trois Cités. En fait, ces trois petites villes fortifiées étaient déjà là avant que Valletta ne soit bâtie! C’est ici que s’étaient établis les chevaliers de l’Ordre de Malte et qu’ils repoussèrent les assauts des ottomans. Donc, dans l’histoire de l’île on n’est pas n’importe où ici!

C’est dans la Cité de Bormla, appelée aussi Cospicua, que je poserai mon sac. Mais avant tout, je fais une petite parenthèse pour éclaircir ce petit mystère du double nom des Trois Cités. Isla se nomme aussi
Senglea et Birgu, Vittoriosa. En fait , les maltais utilisaient le premier et les chevaliers de l’Ordre utilisaient le second. Il paraît que c’était pas vraiment le grand amour entre les deux parties, ceci explique celà…
Je suis en airbnb chez Francis, une “pile électrique” de 75 ans qui fait partie de la catégorie des “gars en or”; quelle belle rencontre! Il m’a même accompagné au minimarket 30 m plus loin, et j’ai plus appris sur Malte en l’écoutant qu’en lisant les paragraphes insipides de certains guides. La petite dépendance où je loge est à son image: vieux murs en pierre, grande chambre qui donne sur la ruelle avec un vieux balcon de fer forgé, et même un escalier de pierre en colimaçon pour accéder à l’étage. Spartiate, mais dépaysant et authentique. Bormla, c’est la plus “jeune” des Trois Cités, et la plus grande. Elle est séparée de Birgu par un ensemble de fortifications. Elle n’est pas très visitée (c’est Birgu qui rafle la mise!), et c’est tant mieux; ses petites ruelles fleuries sont d’un calme absolu, et j’y ai peut-être croisé davantage de chats que de touristes!








Pour aller voir la “cité” d’en face, Isla (ou Senglea), il te faudra traverser une rue où les bus et voitures s’en donnent à coeur joie. Alors rappelle-toi bien qu’ici on roule à gauche, ça signifie quoi: qu’on regarde d’abord à droite pour franchir le passage piétons! Ensuite tu passes sur une moderne passerelle piétonne, franchissant l’anse maritime qui se termine en bassin. Ne laisse pas cette rangée de bâtiments abandonnés et décrépis guider ta première impression, et longe les quais. Tu repères ainsi l’embarcadère du ferry qui fait la navette entre les Trois-Cités et Valletta. Au fur et à mesure qu’on progresse, la vue devient sublime: de l’autre côté, c’est Birgu et son fort Saint-Ange qui s’avance comme un éperon dans la mer; en face, les incroyables remparts de Vallette dégagent une vraie impression de puissance. Je pensais avoir tout vu avec Dubrovnik, mais en fait, non…






Et ces petits bateaux colorés, qui ressemblent un peu à des gondoles, c’est quoi donc? Le nom pour les désigner, c’est dgħajsa ou bien luzzu (c’est une manie les double-noms à Malte! En même temps le second nom est plus facile à prononcer). Ça sert essentiellement de bateau-taxi pour passer des Trois-Cités à Valletta, et c’est beaucoup moins cher qu’à Venise, en plus le pilote ne chante pas O Sole Mio avec des tremolo dans la voix…


À l’extrémité de Isla, un petit parc avec une échauguette (* un genre de petite guérite d’observation en avant d’une fortification) offre une vue spectacuaire sur Valletta. Quant à la cité même, elle ne fait pas dans le style “ruelle sinueuse”, c’est plutôt tracé au cordeau, façon quadrillage. Pas de panique, il y a quand-même quelques ruelle cachées et des volées d’escaliers fleuris!
Un détail architectural typiquement maltais va te sauter aux yeux: ces balcons en encorbellement, de toutes les couleurs possibles, majoritairement en bois. Au début construits en pierre ou en fer forgé, le développement du commerce maritime a favorisé l’utilisation du bois pour fabriquer ces petits bijoux, qu’on appelle communément bow-windows. Il y en a déjà pas mal dans les Trois Cités, attends un peu de voir Valletta, c’est la folie pure! Si beaucoup sont amoureusement entretenus, d’autres malheureusement ont une triste mine…







J’ai encore une “Cité” à explorer, et pas la moindre, c’est Birgu, appelée aussi Vittoriosa, “la victorieuse”, en souvenir de cette baston dantesque qui eut lieu ici entre les chevaliers maltais et les ottomans. C’est aussi celle des trois où il y a le plus de trucs à voir. À commencer par le fort Saint-Ange, l’une des plus anciennes fortifications de l’île; il en impose, perché sur son éperon rocheux! Ou encore l’église Saint-Laurent, le musée maritime (encore fermé temporairement, because situation sanitaire) ou le Palais de l’Inquisiteur (oui, les esprits tordus n’ont pas de frontières…). Et toujours ces remparts “bodybuildés” qui ont dû en intimider plus d’un au cours de l’histoire!








Mais ce qu’il y a de mieux à Birgu, c’est ce petit labyrinthe de ruelles entrecoupées d’escaliers, sinueuses comme je les aime! Et comme je te disais plus haut, comme les touristes se concentrent surtout à Valletta, la tranquillité règne toujours ici et la cité appartient encore vraiment à ses habitants. Le linge qui sèche, les gosses qui font des courses en trottinette… Au moins ils n’ont pas à slalomer entre des groupes de gogos avec un gros appareil photo reflex accroché au cou! J’aime beaucoup la couleur jaune si caractéristique des maisons bâties avec la pierre extraite sur l’île (çà je t’en parle plus tard). On pourrait se croire dans une petite ville d’Italie du sud, Italie qui finalement n’est pas si loin que çà!








La soirée s’installe, je sais pas pour toi mais de mon côté je vais entrer dans ce petit resto sympa aux gros murs de pierre, pour mon premier contact avec la cuisine maltaise. Crois-moi bien, elle est très diversifiée, copieuse et goûteuse! On y va pour le 1er round avec une petite entrée: bigilla et ġbejna. Fronce pas les sourcils, voilà la traduction: la bigilla, c’est une purée de haricots avec de l’huile et des morceaux de poivrons. Quant au ġbejna, c’est un petit fromage traditionnel de chèvre, souvent relevé de sel et de poivre noir dans les restos.


Ça démarre bien, non? Le gong du 2ème round retentit, voici le plat principal, sans que ce soit réellement un plat: le bil-gunglien. Là, on m’apporte un gros pain garni de sésame. Euh, un pain, comme çà, sans rien? Non, il faut l’ouvrir, c’est à l’intérieur que ça se passe. Il est garni de ricotta et de viande de porc! Mais attention, celui-là il est copieux de chez copieux! Même moi, épicurien averti, je ne l’ai pas fini complètement! Sans compter que le dessert ne va pas tarder. Île flottante, profiterole? Noon, du local, du maltais je te dis! Ce sera un imqaret , une petite tuerie de pâtisserie fourrée aux dattes et parfumée à l’anis!


Et pour faire glisser tout ce petit monde en douceur, quoi de mieux qu’une bonne bière maltaise? Je te présente la Cisk (prononcer “chisk”), la plus populaire des nombreuses bières brassées sur Malte et Gozo, une petit pils très sympa et rafraîchissante. La version lemon par contre ne m’a pas transcendé…

Del Borgo – Triq (* rue en maltais) San Duminku, 33.
À quelques pas de là, une porte avec un couloir d’entrée plutôt monumental; je vois quelquies petites tables avec des gens qui boivent un verre. J’entre, on verra bien… Au fond du couloir, une vaste pièce avec un billard sert de bar. Singulier comme endroit! Voilà encore une tradition bien maltaise: je me trouve dans le local d’un band-club, autrement dit un genre de fanfare locale qui sort durant les nombreuses fêtes qui s’égrènent dans l’année sur l’île. Un vrai phénomène social ici, il y en a facilement une centaine, répartis sur l’archipel; même le plus petit village a son band club. Parfois bien cachés, souvent confidentiels, le touriste y est toléré mais sans plus; les band clubs appartiennent d’abord aux maltais, donc faut pas débouler ici avec un esprit “tripadvisor”…
Prince of Wales Own Band Club – Triq Il-Milna Kbira (à 20 m de Del Borgo).




Il faut que je place un p’tit mot sur une autre boisson populaire de Malte: le Kinnie. Pas d’alcool, c’est une boisson gazeuse à base d’oranges amères et quelques herbes aromatiques. En bouteille ou en canette, les maltais en sont dingues. La première fois qu’on y goûte, on aime ou on déteste, c’est pas compliqué! Perso, j’ai bien aimé, ça me fait penser à un mix de Spritz et de Schweppes, et la note sucrée de départ s’harmonise super bien avec la petite amertume qui suit…

Valletta.
Tu veux prendre un petit-déj’ pour trois fois rien? Rien de plus facile à Malte. Il suffit de trouver une pastizzeria, sorte de mini boutique “snack à emporter”. Il y en a partout sur l’archipel, et à Valletta et dans les Trois Cités, c’est presque à chaque coin de rue! On y vend quoi? Des pastizzi, gros chaussons feuilletés fourres à la purée de pois ou au ricotta légèrement sucré. C’est le truc à grignoter “made in Malta” par excellence! Et l’argument choc, c’est le prix d’un pastizz (son nom au singulier): 0,40€! Alors deux pastizzi + un café à 0,50€, je te laisse faire l’addition! Un petit-déj’ dans un bar parisien, c’est combien, déjà…?


Aujourd’hui je pars à la découverte de Valletta (La Vallette en français, Il-Belt en maltais). Pour y aller depuis les Trois Cités, il y a le ferry qui fait la navette depuis à Isla. Mais une façon plus originale de faire le trajet est de prendre une dgħajsa, cette gondole à moteur que je t’ai montré hier. Si tu vas sur les quais de Birgu, l’embarcadère est facilement repérable aux deux ou trois bateaux en attente de clients. Une traversée agréable de 5 minutes te conduira au pied des remparts de Valletta. Seulement, pas de clapotis de rames ici, c’est un petit moteur qui fait tout. Cher? Tu plaisantes! 2,50€ le trajet! On est loin de Venise…

Me voici arrivé, je débarque et me retrouve déjà face aux imposantes fortifications entourant la cité. Et la façon d’y accéder est aussi insolite que la balade en dgħajsa. En suivant l’inscription “barrakka lift”, on pénètre dans une cour entre les remparts, où s’élève une construction de métal et de verre: un ascenseur (ce qui explique le “lift”)! Pour 1€ la montée, on se retrouve au niveau des Upper Barrakka Gardens. Ce petit parc agréable, avec sa fontaine et ses arcades, offre un vue démentielle sur les Trois cités! Mais vers midi et 16 heures, il se remplit de monde, qui s’agglutine au bord de la balustrade. Qu’est-ce qui leur prend? L’explication se trouve en contrebas: tu vois cette rangée de canons, pointés vers la mer? C’est la Saluting Battery, une armada de canons vieille de plusieurs siècles qui ont eu beaucoup de boulot par le passé pour défendre la cité. Plus tard, ils ont servi à marquer les cérémonies ou les visites officielles, et à présent, ils tonnent une fois à midi pile, une fois à 16 heures, ce qui attire évidemment pas mal de touristes. Et tu te doutes de leur délicatesse pour être aux premières loges…





Et les visiteurs qui arrivent à Valletta par le bus? Ils ne seront pas déçus non plus! La gare routière n’est déjà pas mal, avec sa grande fontaine au centre. Et pour entrer dans Valletta, la City Gate, c’est stylé aussi! Les anciennes fortifications semblent fusionner avec l’architecture audacieuse du nouveau Parlement de Malte inauguré en 2014, concu par Renzo Piano (qui dans son art, n’est pas un stagiaire du premier jour!).




Valletta est de taille modeste, on est à l’opposé des méga-villes comme Paris ou Londres. Les petites rues adorent se couper à angle droit, et la surface plane n’est pas à l’ordre du jour! Certaines ruelles ont l’air de vouloir plonger dans la mer, alors que d’autres rues montent, descendent, remontent… On dirait parfois un mini San Francisco! Tu te souviens des bow-windows, ces balcons en pierre ou en bois? Tu vas tellement en voir à Valletta, de toutes formes et tous coloris, que tu risques d’en rêver la nuit!






L’ancienne influence britannique est toujours là: les cabines téléphoniques, les boîtes aux lettres… Par contre, si la couleur ocre te déplaît, tu feras pas long feu à Valletta: c’est LA couleur prédominante des édifices et bâtiments de la cité. C’est de la globigérine, une pierre tendre et calcaire extraite dans des carrières sur Malte et Gozo, qui leur donne cette belle et chaude couleur “miel”.






À Valletta, très peu de boutiques de luxe, où le moindre achat coûte un bras. On trouve encore un tas de vieilles boutiques qui ont l’air de venir d’une faille spatio-temporelle tant elles sont désuètes, et les tout petits magasins d’alimentation étalent leurs stands de fruits et légumes sur leur devanture. Quelques kiosques vert foncé, intemporels eux aussi, vendent aussi bien des boissons que des jouets ou des sacs.




Malte est catholique à presque 95%, et la ferveur religieuse est très palpable. Ces petits autels de rue, ces statues m’ont un peu rappelé le vieux Naples. Et même si tu parcours les ondes radio maltaises, tu tomberas inévitablement sur l’une ou l’autre station diffusant des chants religieux ou des prières.



En parlant de chrétienté, l’édifice principal de Valletta, c’est la cocathédrale Saint-Jean. Pourquoi avoir mis “co” devant? Simplement parce qu’il y a une autre cathédrale à Mdina, sur l’île de Malte, et que cette dernière en est la principale et le vrai siège du diocèse maltais. Mais comme aujourd(hui c’est dimanche et c’est son jour de fermeture, je m’y intéresserai demain plus en détail. Je vais plutôt poursuivre jusque St George’s Square, la place principale de Valletta, avec ses jeux d’eau sortant du sol et surtout ce long bâtiment à la façade austère, qui n’est pas n’importe quelle bicoque: me voici face au Palais des Grands Maîtres. Bâti au 16ème siècle, c’était première résidence officielle du fondateur de la capitale Jean Parisot de Valette (tu comprends à présent le nom de la ville) et abrite aujourd’hui les bureaux présidentiels de Malte, ainsi qu’un musée d’armurerie. Juste à côté, la Republic Square, un coin très reposant avec ses rangées d’arbres, sa cabine téléphonique rouge et sa statue de la reine Victoria.






Un mot sur ce qu’on appelle les auberges de langues: ces bâtiments ont été créés pour accueillir les chevaliers de toute l’Europe, qui se réunissaient selon la langue parlée. Exemples: l’auberge de Castille, de Provence, d’Italie… Il y en a d’autres aussi à Birgu.

Presque midi, déjà?! Ça passe trop vite… Je me prends pas la tête, je mange léger. En France, c’est le jambon-beurre, en Italie c’est le panino… Et à Malte? Ici ça s’appelle la ftira, un pain rond cuit au levain et garni d’un tas de bonnes choses, très souvent de la viande ou du thon, avvec des oignons, des câpres et de l’huile d’olive. Porchetta et patates en ce qui me concerne, accompagné d’un shandy, le “panaché” maltais!
The Submarine – Triq Il-merkanti, 42.

Bien mangé pour pas cher, je suis calé et prêt à repartir. J’ai encore quelques trucs à te faire découvrir. Comme les Lower Barakka Gardens, petit parc avec sa fontaine et son petit temple. C’est un peu le “petit frère” de celui en surplompb de la Saluting Battery (upper → haut, lower → bas, fallait pas être prof de logique pour piger). Et juste à côté, le Siege Bell War Memorial et son énorme cloche qui sonne à 21 heures, commémore les victimes de la Seconde Guerre. Valletta a pris cher avec les bombardements intenses qu’ellle a eu à subir. Les points de vue sur Grand Harbour et les Trois-Cités à partir de ces deux endroits sont sublimes!





Les petites rues sont plus calmes dans ce secteur, je crois qu’une fois que les touristes ont vu la cocathédrale et le Palais des Grands-Maîtres, ils sont contents et ils vont pas plus au-delà. Pourtant, tout au bout de la cuité, il y a cet incroyable système défensif, le fort Saint-Elme. Construit au 16ème siècle, il a connu lui aussi le fameux Grand Siège. Beaucoup de morts, tant du côté maltais que du côté ottoman. Il fut une prison à l’époque des français et une caserne du temps des anglais. C’est dire si il a vécu! Il résista plus tard aux bombardements aériens italiens et allemands de la Seconde Guerre. L’endroit est tellement symbolique de Valletta qu’il abrite le musée national de la guerre.








Les cinéphiles reconnaîtront le lieu de tournage du film Midnight Express, réalisé par Alan Parker en 1978, une vision effroyable et sans concession du milieu carcéral en Turquie. Ce pays a d’ailleurs censuré le film durant des années. Le fort Saint-Elme fut choisi pour la prison, après le refus de la Turquie d’accueillir le tournage.
Dans le “langage” des prisons, le Midnight Express (l’Express de minuit) est un terme employé pour désigner une évasion.

Je retraverse la cité dans toute sa longueur pour rejoindre la gare routière. J’ai bien envie d’autre chose que des armes, des forts et de la guerre. Un tour en bus, ça te branche? Ne lève pas les yeux au ciel en disant que c’est affligeant de banalité, et laisse-moi te dire un mot sur les anciens bus maltais. Pendant des décennies, jusqu’en 2011, année du renouvellement total de la flotte, circulaient encore des modèles de bus de vieilles marques anglaises (Leyland, Thames, Commer…). Les chauffeurs avaient le droit de les personnaliser: ajout de peintures, de chromes, de petites statues religieuses, de rideaux… C’étaient finalement les cousins éloignés des bus jeepneys des Philippines.
Ce sont des bus modernes maintenant, c’est vrai, mais certaines associations ont entrepris une campagne de restauration et préservation de certains de ces monuments roulants. Il y en a qui circulent encore, soit pour des mariages, soit pour des tours en boucle d’une heure autour de Vallette (un bus différent chaque jour), pour le prix ridicule de 4€. C’est çà que je te propose! Le truc ne semble pas très connu, il n’y a pas grand-monde; certaines personnes âgées, un brin nostalgiques, font même arrêter le bus à un arrêt, dont le chauffeur s’exécute complaisamment, pour descendre 5 minutes plus tard, à l’oeil… Moi j’ai trouvé çà chouette comme balade!






Ça a été une sacrée journée bien remplie! Là, c’est le soir, je me cherche un petit resto pas trop racoleur, que je trouve pas loin du marché couvert Is-Suq. Tiens c’est vrai, je t’en ai pas parlé, de cet endroit. Pas vraiment un marché, mais une halle couverte avec un supermarché en sous-sol, et au rez-de-chaussée divers petits restos et stands de produits bien d’ici. Bref, qu’est-ce que je vais goûter de bon ce soir? Sans trop savoir, je prends un bragioli. Ah, il arrive: c’est un plat de viande, et copieux, si tu suis un régime, arrête de lire! Ce sont de grosses paupiettes de boeuf, avec du bacon, des morceaux d’oeuf dur, des légumes (pois, carottes, ail…), le tout recouvert d’une sauce tomate au vin rouge. Quoi? T’es pas au régime? Tu as bien raison, carpe diem!
That’s Amore – Triq Il-merkanti, 28.

Il ne me reste plus qu’à revenir à Bormla en prenant, pour le retour, le petit ferry qui fait le trajet entre Valletta et les Trois-Cités (* horaires et prix en lien).
Les alentours de Valletta.
Oh, la petite pastizzeria est fermée ce matin… Tant pis, je mangerai quelque chose plus tard. J’attends le bus de la ligne 2, qui va me conduire à Paola, distant seulement de 4 km de Valletta. Pour les lignes régulières, ce sont de bus plus modernes, un ticket simple coûte 2€, mais vaut mieux faire l’appoint, les chauffeurs n’aiment pas trop les gros billets… Enfin que soit, après 15 minutes de trajet, je débarque à Paola, petite ville “satellite” de Valletta. La ville en elle-même n’a rien d’exceptionnel, quoique la place, qui accueille un petit marché, soit bien animée avec ses petits commerces. Non, si on vient à Paola, c’est pour un rendez-vous avec l’Histoire. Attention, endroit myhtique de Malte: je vais découvrir l’hypogée de Ħal Saflieni!
Alors déjà, c’est quoi un hypogée? Celà désigne une construction souterraine, plus particulièrement une sépulture, voire un temple. L’hypogée de Ħal Saflieni a été découverte par hasard en 1902 par des ouvriers maçons. Ce réseau de galeries et de chambres souterraines descend sous terre à 11 m de profondeur, sur 3 niveaux; on y a exhumé les ossements d’environ 7000 personnes. Résa obligatoire (il y a un quota de 80 visiteurs par jour pour ne pas dégrader les lieux) et visite guidée avec un audioguide, mais explorer ces salles creusées dans la roche, avec les bruits façon “écho”, rend la visite incroyable. Mi-catacombes, mi-sépultures antiques, c’est comme un retour aux sources de l’humanité… Images d’illustration en bas, les photos étant interdites à l’intérieur!


Il est un peu plus de 10 heures, et j’aimerais bien avaler vite fait un truc. Je jette un oeil sur la place de Paola, et dégote une toute petite pastizzeria (qui n’avait même pas d’enseigne, si je me souviens). Dans les pastizzeria on ne vend pas que des pastizzi, il y a aussi des petites viennoiseries, des parts de pizza, et ces petits raviers en alu remplis de pâtes coûtant à peine 3€. En fait, c’est de la timpana, un genre de petite tourte aux macaronis garni de viande et de sauce tomate. La street food maltaise a le chic pour caler même les plus gros appétits, sans dépenser une fortune! Une certaine influence sicilienne, sans doute?

À partir de Paola, je vais rejoindre Valletta par le bus (moins pittoresque qu’une dgħajsa, mais ça m’évite de repasser par Birgu). Je t’avais promis la visite d’un édifice de première importance dans la capitale maltaise, c’est là qu’on va. On va aller voir de plus près cette cocathédrale Saint-Jean!
Il ne faut pas se laisser démonter par son aspect extérieur simple et austère; on n’est pas dans le délire architectural de certaines cathédrales d’Italie ou d’Espagne! De plus, elle est vraiment “enchâssée” dans la ville, pas de vaste “Piazza del Duomo” ici non plus! Mais une fois à l’intérieur, c’est un choc visuel, façon uppercut à la Mike Tyson tellement on s’y attend pas… Par où commencer? J’ai pas des yeux de caméléon, donc une chose à la fois! D’abord le sol, composé d’un vrai damier de pierres tombales (presque 400!), avec du marbre et de l’or, sépultures des chevaliers les plus haut gradés de l’époque. Les premiers “Grands Maîtres”, eux, sont dans une crypte non visitable. Maintenant, levons les yeux vers le haut de la nef: le show continue, gare au torticolis! Ces nombreuses peintures relatent la vie de Saint-Jean-Baptiste. Çà c’est du plafond!






Et on n’en a pas fini, car des deux côtés de la nef, s’alignent encore les chapelles des langues! tu te souviens que les chevaliers se regroupaient par langues; le concept s’est transposé ici, chacune chapelle étant attribuée à une langue. Les décrire une à une? Noon… il me faudrait écrire un carnet à part.






Enfin, last but not least, dans l’oratoire on peut contempler deux oeuvres du peintre Caravage: le “Saint Jérôme écrivant”, et surtout la très réaliste “Décollation de Saint Jean Baptiste”, qui fait dans le glauque avec la signature de l’artiste tracée dans le sang même du supplicié (“Fra Michel Angelo”, preuve de la récente entrée du Caravage au sein des chevaliers de l’ordre)!



Pas loin, près du Palais de Justice dans la Triq Il-repubblika, je suis intrigué par un petit mémorial, avec des bougies, des mots écrits – dont JUSTICE qui revient souvent – et surtout la photo d’une femme. Une femme symbole, une femme martyre: c’est Daphne Caruana Galizia, cette journaliste morte assassinée en 2017 dans l’explosion d’une voiture piégée. Elle avait mené de sérieuses investigations sur l’esprit de corruption et d’impunité qui règne dans les plus hautes sphères sur l’archipel maltais: comptes offshores (des gros friqués qui placent leur argent dans des paradis fiscaux), blanchiment d’argent, implication dans l’affaire des Panama papers… Les derniers mots écrits sur son blog on été “Il y a désormais des escrocs partout où vous regardez. La situation est désespérée”. Cette histoire a secoué Malte et beaucoup d’encre a coulé et coulera encore à ce sujet. C’est çà aussi, apprendre à connaître le pays que l’on visite…


Et maintenant, on va repartir en direction du bord de mer, mais du côté opposé à celui qui regarde vers les Trois-Cités. Et là, il faut avouer que la vue n’est plus du tout la même: les remparts, les vieilles maisons ocre, tou çà est désormais derrière mon dos. Face à moi, c’est Sliema, une ville balnéaire à part entière, et non pas un faubourg de Valletta comme certains le croient. Bon, la vision de ces hauts immeubles modernes et insipides ne m’emplit pas d’enthousiasme, mais il y a peut-être des petites pépites cachées à découvrir? alors, pour y aller, un petit ferry fait la navette entre Valletta et Sliema; il fonctionne aux mêmes horaires et tarifs que son “frère” des Trois-Cités.


Sliema était seulement un petit village de pêcheurs, mais l’expansion démographique et Valletta devenant trop exigüe ont fait que les immeubles ont poussé comme des champignons; Sliema est devenue une grosse ville qui fait un peu office de quartier résidentiel de Valletta. Un front de mer très touristique, avec une floppée d’hôtels et restos, mais quelques vestiges du passé, comme cette vieille tour qui regarde la mer, ou le Fort Tigné, non visitable. En furetant bien, tu trouveras bien quelques vieilles maisons à bow-window, mais ça n’a pas la même magie qu’en face…





Je prends le ferry retour pour Valletta en fin d’aprem, en savourant l’instant d’une dernière soirée à Valletta. Un petit repas du soir, qui me permet de goûter aux pâtes maltaises, quoique l’inspiration de la cuisine italienne soit une évidence. Quand on goûte aux ravjul, on pense forcément aux raviolis de la Botte. Avec de la sauce tomate et fourrés à la ricotta ou au ġbejna, c’est comme si on avait un pied posé dans chacun des deux pays… Une autre bière maltaise, la Hopleaf, servira de lubrifiant à mon appareil digestif. 😊
Nenu, The artisan Baker – Triq San Duminku, 143.



L’île de Malte en voiture: 1er jour.
Je retourne ce matin à l’aéroport, en bus, pour aller chercher ma voiture de location pour 4 jours. C’est le moment que j’attendais pour te parler de la conduite à gauche à Malte, héritage britannique. Conduite à gauche = volant à droite! Quand c’est la première fois, une petite pointe de stress peut s’installer. Je vais déjà te rassurer sur deux points: 1) les pédales, ça ne change pas, embrayage à gauche, accélérateur à droite 2) le dessin de la boîte de vitesses (1ère en haut à gauche, etc…), c’est pareil aussi! Le seul truc à s’habituer, c’est de changer les vitesses à la main gauche, et au pire si on ne le sent pas, on peut aussi louer une boîte automatique! Et la circulation? Mis à part une bonne vigilance dans les ronds-points (les maltais ont parfois le coup de volant assez sec), et certains chauffeurs de bus qui se la jouent “cowboy”, il faut à peine quelques minutes pour être totalement “dans le bain”. À tel point qu’à mon retour en Belgique, sur l’autoroute j’ai été à deux doigts de vouloir dépasser un camion… par la droite! C’est tout moi, çà…

L’avantage de rouler à Malte: les courtes distances! Finis les 100-150 km à se taper comme en Croatie! Inconvénient: l’urbanisation parfois bordélique; un festival de sens interdits, de bifurcations et autres pattes-d’oie; et la signalisation souvent hasardeuse, voire absente sur les petites routes. Alors c’est le GPS, ou rouler “à l’ancienne”, moitié carte routière moitié à l’instinct. Méthode que j’utilise encore pour pimenter le voyage!
Ceci étant dit, il me suffit de 10 km pour atteindre mon premier arrêt, à Marsaskala, une petite ville côtière sympa avec son petit port et les petits bateaux (dont quelques luzzus) se laissent bercer par les flots. Les alentours recèlent quelques petites chapelles et églises cachées dans la campagne.







Je t’entends d’ici: “il a pas encore parlé de ses bouteilles d’eau et des supermarchés”. Et hhopp, j’attrape la balle au bond! Des gros supermarchés comme chez nous, y en a pour ainsi dire pas, excepté quelques Spar qui se comptent sur les doigts d’une main. C’est plutôt des minimarkets de proximité, mais il y a aussi une chaîne de petits magasins appelés The Convenience Shop.

À 5 km à peine (les pompistes maltais doivent s’ennuyer!), le port de pêche de Marsaxlokk est encore un cran au-dessus au niveau beauté et pittoresque. Je me demande même si il n’y a pas davantage de luzzus ici qu’à Valletta! Le long du port, il y a un petit marché avec des petits stands qui proposent un peu de tout, alimentaires ou pas. Le dimanche, vrai jour de marché, celui-ci s’agrandit. J’y ferai un tout par parès, j’ai repéré des petites pâtisseries locales qui m’ont fait de l’oeil… À propos, tu prononceras “marsachlok”, ça t’évitera une entorse de la langue!






Qui dit port de pêche dit poisson, c’est l’occasion de tâter un peu de la cuisine maltaise mettant celui-ci à l’honneur. Ce petit resto sur le quai, avec sa porte en bois, a une bonne tête. Ce sera ici que je ferai ripaille. J’aime bien les soupes de poisson; ici à Malte, c’est l’aljotta, avec du poisson (ben oui), de l’ail et des tomates. Elle est parfois servie avec des croûtons de pain grillé. Alors, dans les menus, tu verras très souvent des plats à base de lampuki: en maltais, c’est de la daurade, servie de nombreuses manières. La plus originale est certainement la torta tal-lampuki, une tourte à base de ….. (* compléter les pointillés, pour voir si tu suis 😈), d’épinards et de chou-fleur.


Sans trop savoir ce que c’est, je goûte un digestif maltais appelé bajtra. Cette saveur ne m’est pas inconnue: en fait, c’est de la liqueur de figues de Barbarie. Ah, les figuiers de Barbarie, cette sorte de gros cactus avec ses fruits rouge-orangé, les figues! De vieilles connaissances, maintes fois rencontrées en Espagne ou en Italie! ensuite, comme promis, je fais un tour au marché, et jette mon dévolu sur un honey ring, une grosse pâtisserie en forme d’anneau, au miel et à la mélasse. Ça me rappelle le bolo de mel de l’île de Madère!

Ta’ Mattew – 66 Xatt is-Sajjieda (sur le port).
Les routes maltaises sont agréables, bordées de temps en temps par des murets en pierre. Les alentours de l’aéroport, alternant usines et zones urbaines insipides, ne sont pas d’une folle gaieté. Heureusement, quelques villages de l’intérieur de l’île ont du charme à revendre, comme Qrendi, un coin très tranquille aux petites rues où les anciennes maisons de pierre couleur miel sont encore décorées de bow windows en bois ou en pierre.




Dans le même style, à 3 km, voilà Siggiewi avec son église Saint-Nicolas, un peu monumentale par rapport à la taille du village. Je regrette de n’avoir pas eu l’occasion de visiter le Limestone Heritage, une carrière reconvertie en musée qui met à l’honneur l’extraction de la globigérine, cette pierre calcaire qui a servi à la construction de la majorité des bâtiments maltais. Il existe encore quelques carrières en activité sur Malte et Gozo.



Et si on allait voir un peu la côte sud de Malte? Elle est plus préservée, plus sauvage parfois, beaucoup moins urbanisée que du côté nord de l’île. Le point culminant de l’île se trouve dans ce secteur, ce sont les falaises de Dingli, qui s’élèvent à 250 m d’altitude. Oui, il faut se dire aussi qu’entre Malte et les Alpes, le combat est inégal… Celà reste néanmoins impressionnant, tout comme le panorama. Quant à la station radar à côté, je suppose qu’elle a ses raisons d’être là, mais c’est quand-même incongru dans le paysage…








À une dizaine de km, Għar Lapsi est un autre endroit étonnant. Bon, déjà il faut le trouver, car la signalétique est assez foutraque comme je le disais plus haut. Comme c’est un lieu-dit, même pas un village ou un hameau, je sais pas trop si le GPS t’aidera. De mon côté, bingo, je trouve un discret paneau m’indiquant la destination à 1,5 km. La route qui descend vers la mer est super belle, l’arrivée l’est un peu moins: un grand parking, deux ou trois restos… Mon instinct m’a-t-il joué un tour? Vais-je trouver des rangées de transats payants, style “rôtissoire à touristes”? Y a qu’un moyen d’être fixé. Je descends vers le bord de mer, et finalement je révise mon jugement. Għar Lapsi, c’est un mini-port de pêche, avec des hangars à bateaux creusés à même la roche. Deux petites piscines naturelles procurent les joies de la baignade. Et ce qui ne gâche rien, l’endroit me semble davantage fréquenté par les familles maltaises que par les touristes “short-casquettes”…




Le sud-est de Malte est encore très préservé et authentique; plein de toutes petites routes qui vont où ça les chante, des petites parcelles agricoles, des vignes (car oui, on produit du vin à Malte, et du bon!), des zones plus arides et pierreuses… C’est même assez verdoyant au printemps, alors qu’en été c’est beaucoup plus sec, presque “brûlé”. Quand on est un peu en hauteur, la mer arrive toujours à se montrer à l’horizon. Finalement, Malte est un peu le trait d’union, entre l’Europe et l’Afrique.
Quelques carrières de globigérine parsèment aussi le paysage, et il t’arrivera peut-être d’avaler un peu de poussière si tu suis un camion chargé à ras la benne de ce matériau. Au moins, à travers les petits chemins défoncés que j’emprunte, je risque pas d’en croiser, ils sont trop gros pour passer! Si même une Peugeot 107 effleure les branches des arbustes avec ses deux rétros, tu imagines bien! Ici et là, un petit domaine viticole, une antique croix de pierre, une chapelle… Et excepté le chant des oiseaux, ce silence, aux antipodes des bars et des boîtes de nuit de Saint Jullian et Paceville, là-bas sur la côte! Pour explorer ce Malte rural, il ne faut rien planifier, il faut se perdre exprès au hasard de ces petites voies oubliées, en méditant peut-être comment tu vas gérer si tu croises un véhicule…













Une journée bien remplie qui va bientôt se terminer, mais vu la petite taille de l’île, je n’aurai que 10 km à faire pour rallier le lieu où je resterai deux nuits. Je passe à proximité de Rabat et Mdina, que je te ferai découvrir demain, promis. Mais me voici déjà arrivé à Mġarr, un gros village tranquille, éloigné des circuits touristiques et où la vie suit son cours paisiblement. Rien à voir, alors? Ah ben si, Mġarr possède un édifice qu’il est difficile de rater: son église, au dôme argenté de forme elliptique qui rappelle la forme d’un oeuf! si on la surnomme Egg Church, c’est pas pour rien! Elle a pas l’air comme çà, mais elle est toute récente: sa construction s’est étalée de 1910 à 1948, et l’histoire est plutôt marrante: son financement a été assuré par la vente d’oeufs provenant des fermiers et des habitants de la région. Tu comprends mieux le nom? L’histoire ne dit pas si les poules pondeuses maltaises ont constitué un syndicat…


En soirée, je vais me balader à pied au milieu d’un paysage rocheux un peu désolé, entrecoupé de quelques sentiers. Il faut dire que la mer est tout près, à 3 km seulement. Elle est en contrebas de ces falaises déchiquetées, moins spectaculaires que celles de Dingli, mais qui offrent des chouettes points de vue sur Ġnejna bay, une petite plage très appréciée des maltais. Quand ils en reviennent en soirée, ça occasionne parfois des petits embouteillages dans Mġarr (quand il faut croiser une voiture avec remorque + bateau, évidemment, ça se fait pas d’un claquement de doigt…). Pas le temps aujourd’hui, mais demain, pourquoi pas, j’y ferai sans doute un tour.






Derrière l’église, un petit resto populaire sert des petits plats maltais, dont une excellente viande de cheval avec une sauce au vin (laħam taz-ziemel en maltais). C’est une spécialité de ce coin de l’île, et c’est même paradoxal, quand on connaît l’influence britannique sur Malte. Oui, chez les anglais, manger de la viande de cheval est toujours un tabou, motivé par des arguments comme la noblesse de l’animal, sa viande prétendument de piètre qualité…
Restaurant United – Triq il-Maghkuba (derrière l’église).
L’île de Malte en voiture: 2ème jour.
Si les petites routes sont aléatoires au niveau qualité, les voies rapides sont nickel. Il y a bien quelques travaux ici et là, mais c’est bien géré, et les courtes distances permettent de rouler sans stress. Un truc qui m’a frappé sur Malte (un peu moins sur Gozo), c’est le nombre de grosses cylindrées sur les routes, étant donné la taille de l’île. Des berlines ou des gros SUV style audi, BMW, Porsche Cayenne… Mis à part la frime et le m’as-tu-vu, je vois pas d’autre argument; ces voitures sont faites pour bouffer des centaines de kilomètres, elles ne peuvent pas exprimer leur potentiel sur des distances aussi ridicules! Enfin, quand on a du fric, on aime bien s’éventer avec ses billets…
Mais voilà qu’apparaît soudain, sur ma droite, une ville fortifiée juchée sur une colline, d’une beauté à faire tomber la mâchoire inférieure jusqu’au sol… Cette merveille, c’est Mdina, indissociable de sa “soeur” Rabat, qui il y a bien longtemps ne formaient qu’une seule et même cité. Pour faire court, elles ont été séparées en deux entités distinctes par les Arabes au 9ème siècle. On comprend mieux la consonnance des noms de Mdina et Rabat, qui nous transportent sans transition en Afrique du nord! Si Mdina a été littéralement customisée avec force remparts puissants et douves profondes, Rabat a gardé un aspect de ville tranquille, peut-être moins “waouw” que Mdina, mais c’est pas pour autant qu’il n’y a rien à y voir! C’est d’ailleurs par là que je vais commencer ma visite.

Rabat a son charme, elle est plus secrète et moins envahie que sa copine Mdina, c’est un régal d’arpenter ces petites ruelles avec le décor habituel des murs couleur miel et des bow-windows. Quelques petits magasins et bars, deux band-clubs, pas de magasins de souvenirs à outrance, c’est bon çà, Rabat marque des points dans mon jugement!





L’imposant édifice religieux au milieu de la ville, c’est l’église Saint-Paul. Sous ses fondations, une grotte, où l’apôtre Paul se serait refugié après son naufrage sur l’île. C’est pourquoi autant de noms de rues, de lieux, se nomment San Pawl sur Malte. Tout près, le musée Wignacourt, ancien palais d’un Grand Maître, abrite une superbe collection de peintures; et on va de surprise en surprise, car sous le palais il y a quoi? Des catacombes, carrément, des cimetières souterrains datant de l’époque romaine! Preuve en est que la cité en a vu passer des siècles!









Au nord de Rabat, ne prête pas attention à ce laid et vaste parking; après le rond-point tu longeras un petit parc assez agréable, et puis… roulement de tambour… voici, sans qu’on y soit préparé, l’étalage de puissance de Mdina, qui nous montre ses intimidantes fortifications, sur lesquelles je suis sûr que plus d’un assaillant s’est cassé les dents! Décidemment, Dubrovnik, Valletta, Mdina… j’aurai bouffé du rempart jusqu’à plus soif! Ceux de Mdina sont de deux types: les murs verticaux sont l’oeuvre des arabes, et les murs inclinés viennent des chevaliers de Malte.





Si Valletta est devenue le coeur de Malte, Mdina en est le berceau, car beaucoup plus antérieure. Les romains, les normands, les arabes, les ottomans… elle en a vu passer du monde! Maintenant ce sont les touristes, et à l’instar de Dubrovnik, Mdina a eu la (mal)chance de servir de lieu de tournage à la série Game of Thrones. Ceci explique celà. Son surnom de “cité silencieuse” ne s’applique que le matin ou le soir, quand les troupeaux sont remontés dans les autocars…
Les ingrédients de Mdina? Des petites ruelles souvent fleuries (ça casse un peu l’hégémonie de la couleur de la globigérine!), des anciens palais, des placettes avec un puits ou une fontaine… et bien sûr la cathédrale Saint-Paul, avec son dôme et ses fresques à l’intérieur.










À l’extérieur de l’enceinte, à côté du petit parc, un petit kiosque permet de grignoter l’un ou l’autre en-cas maltais pour trois fois rien. Voici l’occasion de goûter au qassatat, un peu l’alter ego du pastizz avec les mêmes ingrédients, mais d’une forme différente. Et pour un très bon pastizz à rabat, une belle adresse, une mini boutique où les habitants viennent prendre le petit-déj’ sur le trottoir ou sur un banc en face; ce que j’ai fait le matin en arrivant, d’ailleurs…
Crystal Palace bar (Is-Serkin) – Triq San Pawl, près du grand parking.

Hé bien, après cette matinée riche en découvertes, je peux reprendre la route! Alors, quoi de beau à voir dans les environs de Mdina? Des lieux assez insolites qui, détail marrant, ont un même “fil rouge”: les moyens de transport. Entre Rabat et Dingli par exemple, se trouve un site étonnant, mais vraiment pas évident à trouver, les indications étant laconiques. Je ne la jouerai pas Mister GPS, mais avec un peu de pif tu repéreras les panneaux cart ruts ou Misraħ Għar il-Kbir; dans ce cas tu es sur la bonne voie! Les cart ruts, c’est quoi çà? C’est un ensemble de sillons plus ou moins profonds, creusés dans le sol rocheux à force de passages de chariots ou d’antiques traineaux; le sol étant calcaire, les sillons se sont accentué au fil des siècles. Mais faut dire aussi que c’était en 1000 avant J-C…



Si on revient tout près de Mdina, en contrebas des fortifs tu tomberas certainement sur ce bâtiment à volets rouges appelé Museum Station. Station… comme train station? Tout juste! Peu de visiteurs savent que Malte a eu son réseau de chemin de fer, entre 1883 et 1931. Bon, faut relativiser, il n’y avait qu’une seule ligne de Valletta à Mdina, d’une longueur de 11 km. Peu de vestiges subsistent, mais en cherchant bien, il y a encore un pont à la sortie de Valletta, et à Mdina précisément, l’ancienne gare (bâtiment cité plus haut), et le pont sur lequel passait la voie, maintenant devenue une route. Il y a aussi un vieux tunnel, mais l’accès en est condamné (dommage, pas d’urbex cette fois 🤕).




Après la route et le rail, les airs! À 4 km de Mdina, près de Attard, les mordus de vieux coucous pourront visiter le Malta Aviation Museum. L’emplacement est symbolique, c’est le site de l’ancien aérodrome de la Royal Air Force. Sur trois hangars sont répartis divers vieux appareils restaurés par une poignée de passionnés bénévoles, un peu comme aux “Ailes Anciennes” à Toulouse. Près des hangars se dresse une drôle de petite chapelle, avec un toit de tôle. Et,comme le hasard fait bien les choses, le couloir de décollage de l’aéroport de Luqa passe justement au-dessus du musée! Un lien entre le passé et le présent.









Tu vois, on ne s’ennuie pas une seconde à Malte! Et j’allais oublier de parler de la seule zone boisée de l’île, même si elle a été créée artificiellement comme espace de chasse à l’époque des chevaliers: les Buskett Gardens. Les maltais aiment bien s’y balader, se mettant ainsi à l’ombre du cagnard estival. En surplomb de cette mini-forêt, un palais. C’est le Verdala Palace, résidence d’été du président maltais. Si le drapeau flotte au-dessus, c’est qu’il est là!



À présent, je vais remonter vers la côte nord, pour voir quelle tête elle a par rapport au sud de l’île. Mais je vais faire un arrêt à Mosta, une ville qui n’est pas forcément la plus renversante de Malte, du moins à première vue. Mais quand on la regarde de loin, quelque chose attire inévitablement l’attention: un immense dôme qui se détache du reste de la ville. Tu te doutes bien qu’on va aller voir çà de plus près!
L’air de rien, me voici face à la plus grande église de Malte, et cette coupole, d’une taille phénoménale, est la 4ème plus grande au monde! La Rotunda, telle est son nom, est une jeunette: elle a été construite au 19ème siècle, et ce sont les habitants eux-mêmes qui y ont participé financièrement… et physiquement, car ils ont mis les mains à la pâte , et pas qu’à moitié! Mais contrairement à Mġarr, pas d’histoire d’oeufs ici… 🐔




Si tu as visité le Panthéon de Rome, tu vas clairement voir l’inspiration de l’architecte sur le style intérieur du monument. Lever les yeux vers la coupole donne presque la sensation de vertige; les losanges bleu et or ressemblent presque à une illusion d’optique, c’est vraiment hypnotisant! Et tout çà sans charpente, quand-même! Et près de la sacristie, ne prends pas peur si tu vois une bombe de la Seconde Guerre: c’est une réplique, et une histoire de dingue. En 1942, une bombe tomba, passa à travers la coupole mais n’explosa pas, tout en sachant que près de 200 fidèles étaient réunis pour un office ce jour-là! L’événement fut dès lors appelé le miracle de Mosta. C’est pas peu dire!





La côte nord de Malte. Nous y voilà! Je vais jouer franc-jeu, je ne vais pas trop m’y attarder. L’activité touristique est beaucoup plus marquée qu’au sud. Retour des voies rapides, des ronds-points, des bars, restos et hôtels en enfilade… San Pawl, Qawra et Buġibba sont des nids à touristes estivaux qui s’entassent au bord de la mer comme des fourmis sur un carré de sucre. Pas pour moi, tout çà… Peut-être à proximité de Buġibba, un petit coin plus paisible: des petites salines avec un petit chenal qui rejoint la mer.



Pour retrouver un coin un peu plus authentique, il faut pousser jusque Mellieħa, cette ville perchée au-dessus d’une falaise à presque 100 m du niveau de la mer. Les appartements à touristes cèdent enfin leur place aux vraies bâtisses maltaises, et je revois avec plaisir ces bons vieux bow-windows! L’église a une belle allure, faisant face à la mer avec son petit cimetière attenant. En contrebas de l’église, quelques marches conduisent à un petit sanctuaire dédié à la Vierge, ainsi qu’une petite grotte d’où jaillt une eau prétendue miraculeuse.
Peut-être auras-tu remarqué cette bizarrerie maltaise: deux cadrans, deux heures différentes! Alors quoi, heure d’été et heure d’hiver? Non, ça a ici une connotation religieuse: c’est pour bluffer le Diable en personne. Les maltais pensent que si le vilain cornu connaît l’heure exacte de l’office, il peut venir y mettre le boxon; alors, en affichant deux heures différentes, laquelle est la bonne, Mister Devil? Hé oui, il est bien couillonné… Maintenant, supposons qu’il vienne aux deux heures, que faire? Un troisième cadran…? Bon euh, passons à autre chose…








Aux environs, en allant vers la côte, le paysage est plus sauvage, c’est quasiment la campagne avec ses oliviers, ses petits champs et ses murets. Cet imposant palais abandonné, c’est le Selmun Palace, qui appartenait jadis à une congréation religieuse. Un peu plus loin, on peut explorer les vestiges du Fort Campbell, construit par les britanniques en 1937, mais attention quand-même où on met le pied, c’est pas sécurisé.









Retour sur Mġarr en soirée, d’où je pars pour une petite balade pédestre jusque Ġnejna bay, cette mignonne petite anse qui abrite une petite plage familiale et quelques hangars à bateaux comme à Għar Lapsi. C’est beaucoup plus sympa qu’à Paceville ou Qawra!
Il est temps d’aller manger, et de goûter une autre des grandes spécialités maltaises: le fenkata. Plus précisément, le plat s’appelle stuffat tal-fenek; c’est un ragoût de viande de lapin, mijotée longuement avec de l’ail, des oignons, des tomates et une sauce au vin rouge. C’est un plat-fétiche ici à Malte, même si désormais c’est du lapin d’élevage, la chasse ayant été pratiquée de façon excessive. Chantal Goya a-t-elle déjà chanté sa fameuse chanson en concert sur l’île? Je sais pas, faudrait fouiller sur internet…

L’île de Gozo.
Je suis réveillé d’assez bonne heure par un grondement. Un avion qui vole trop bas? Non, pas à ces heures… Puis je vois un flash et le roulement du tonnerre tout de suite après. Un orage?? Malte ne reçoit pourtant que très peu de précipitations en été et même en septembre (ca peut monter jusque 40°C en juillet-aût!). Mais bon, c’est sûrement une “exception qui confirme la règle”; d’ailleurs hier soir, très loin à l’horizon le ciel était un peu bouché. Un cadeau de l’Italie, peut-être? Marrant, j’ai eu droit au même type de réveil en Sardaigne en 2019, à Carloforte…
Bon, soit, quand je démarrre la pluie a cessé, mais c’est bien tombé, au vu des petits ruisseaux qui filent dans les canivaux en bord de rue! Sur le sujet, je vais lancer une petite mise en garde sur les grandes flaques de flotte qui peuvent recouvrir le revêtement irrégulier de certaines routes, surtout des “deux voies” rapides où vitesse et aquaplanage ne sont pas conciliables du tout. C’est assez exceptionnel en cette période, il fallait que çà m’arrive…
À une quinzaine de km de Mġarr, j’atteins le port des ferries à Cirkewwa, où les bateaux de la compagnie Gozo Channel font le trait d’union entre les îles de Malte et Gozo. Deux singularités: d’abord, le service de navettes se fait 24H/24, les compagnies qui font çà ne courent pas les rues. Ensuite, ne cherche pas de système de réservation sur leur site, il n’y en a pas! On déboule à Cirkewwa, on se dirige vers le ferry (on n’attend pas longtemps, c’est départ toutes les 30 minutes en haute et moyenne saison), et on embarque, c’est rapide, c’est propre. Et l’achat du billet, me diras-tu? C’est là l’astuce chez Gozo Channel, tu ne paies pas à l’aller, mais l’aller-retour en une fois, à Gozo, quand tu fais Gozo – Malte! Bien pensé!
Le trajet dure 30 minutes, avec une super vue sur les falaises des deux îles, ainsi qur la toute petite île de Comino (3 km²), que le ferry longe quelques instants. On débarque sur Gozo au port de Mġarr. Hé oui j’y peux rien, il y a un Mġarr sur Gozo aussi! D’ailleurs, quelques localités ont un homonyme sur les deux îles. Par exemple, l’ancien nom de Victoria, la capitale gozitaine, était Rabat. Ça te rappelle pas quelque chose, Rabat?




Me voici donc sur l’île de Gozo, la petite soeur de Malte, avec ses 67 km². Je vais y découvrir une île plus tranquille, plus “vraie”, moins polluée par l’urbanisation frénétique que j’ai pu voir sur Malte; j’y verrai des paysages ruraux différents, des petits villages, des falaises et des petites plages… Bien des visiteurs ne lui consacrent que quelques heures; moi, j’y passerai la nuit, à tête reposée, et je compte bien profiter de cette journée! Mais avant de t’emmener voir tout çà, je vais prendre un petit-déj’ à Għajnsielem, un village “satellite” de Mġarr, à peine à 2 km. J’aime bien les anciens bars sur l’archipel, même s’ils n’abritent pas tous de band-clubs, il y a toujours cet atmosphère un peu surranée avec les vieux qui se racontent les dernières news, assis sur des bancs en bois à l’éxtérieur, et toujours une petite icône religieuse à l’intérieur…


Un autre avantage de Gozo sur Malte, c’est que les distances sont encore plus courtes! Je n’ai que 5 km à faire pour atteindre Xewkija (ça donne un truc du genre “Chiou-ki-ya”; quiconque me dit “à tes souhaits” est banni de mon site). Je t’ai parlé des similitudes entre les deux îles. Je quitte Mġarr à Malte, je débarque sur Gozo à… Mġarr! Alors ici à Xewkija, c’est un édifice religieux qui va me retransporter à Malte. Regarde-moi cette église imposante, avec ce dôme hors normes, ça ne t’évoque pas quelque chose? C’est presque un fac-similé de la Rotunda de Mosta, non? 75 m de haut, 25 m de diamètre, belle bête! Il a été construit justement pour concurrencer celui de Mosta, avec le même “système participatif” des habitants de Gozo, entre 1951 et 1971. Il fallait vraiment avoir une foi et une motivation sans limites! On peut grimper au sommet grâce à un ascenseur; par contre, l’intérieur est moins décoré que celui de Mosta.




Elles sont bien jolies, les petites routes gozitaines, mais souvent plus étroites qu’à Malte quand on traverse l’un ou l’autre village. Il y a encore quelques gros nuages qui traînent et laissent pisser quelques gouttes de pluie, mais le ciel se nettoie. À 3 km de Xewkija, je vais m’approcher au plus près des falaises de Ta’Cenc, moins hautes que leurs soeurs de Dingli (120 m ici), mais le surplomb au-dessus de la mer et le panorama sont sublimissimes. Sur le petit sentier qui mène aux falaises, observe bien du côté gauche et tu verras des autres traces de cart ruts, comme à Malte. Et attention au bord des falaises, quoique comme on dit, les conseilleurs ne soient pas les payeurs. Preuve en vidéo (je me dis je suis con, parfois…🥴)!





Envie de contempler d’autres falaises? Oui, je peux te montrer çà, si tu me suis jusque Xlendi, une petite station balnéaire qui m’a laissé une petite impression mitigée à cause de ces hauts immeubles qui poussent comme des champignons et qui continuent à grignoter les hauteurs des environs. Désolé pour les grues de chantier sur les photos, donc. Un genre de petit Sliema, j’espère que ce sera la seule exception sur l’île! Maintenant, la petite promenade de bord de mer permet d’avoir une vue extra sur les falaises, c’est déjà cà.






Victoria, la capitale gozitaine, est proche (oui de toute façon tout est proche sur Gozo!), mais elle attendra encore un peu. Je vais d’abord voir Nadur, la deuxième ville de l’île, perchée sur les reliefs les plus hauts de Gozo. La route grimpe légèrement jusque là, mais pas trop d’excitation, ce n’est pas le col du Galibier non plus! N’empêche que de là-haut, le panorama sur Gozo est l’un des plus vastes et intéressants à voir.





Pour manger sur le pouce à Gozo, c’est pas plus compliqué qu’à Malte: les pastizzi et autres qassatat sont là aussi. Par contre, la ftira gozitaine diffère un peu de sa soeur maltaise. Ici elle a la forme d’une petite pizza, garnie de patates, de fromage et quelquefois de saucisse. Et le modèle au-dessus, c’est la pizza gozitaine! Une super petite boulangerie à Nadur propose les deux, on achète son miam-miam tout cuit qu’on peut déguster sur un petit banc tout à côté!
Mekren Bakery – Triq Hanaq (près du petit rond-point).

Une loongue étape de 5,5 km (aurai-je assez de carburant?) m’attend pour rallier enfin Victoria , la capitale de Gozo. Anciennement elle s’appelait Rabat, comme sa soeur maltaise, mais elle est devenue Victoria en 1897, en hommage à la reine du même nom. En même temps ça évite la confusion!
Comme sur Malte, la visite inratable quand on vient ici, c’est la Citadelle, cette cité fortifiée bâtie sur un promontoire par les chevaliers pour se prémunir des invasions. Elle a été rénovée en 2016 pour encore mieux accueillir les visiteurs, avec quelques aménagements modernes qui s’harmonisent malgré tout au décor original. Une fois à l’intérieur de l’enceinte, on se retrouve face à la cathédrale, qui a de l’allure avec sa large volées de marches et les statues des deux papes Jean-Paul II et Pie IX. Les petites ruelles, qui passent parfois sous un porche, sont d’un autre style qu’à Mdina. Pas de voitures ici, tout est piétonnier et c’est tant mieux! La taille des remparts, une fois de plus, montre qu’à l’époque on ne rigolait pas avec les mesures de protection et de défense.