Le sud de la France… oui j’avoue, c’est plutôt vague comme dénomination! Je ne savais pas trop quoi mettre comme titre. Alors pour ce petit voyage de septembre, l’action va se passer dans le sud-est du pays, essentiellement en Provence. Mais pas dans la Provence des champs de lavande et des mas entourés d’oliviers; non, je vais plutôt t’emmener dans des décors plus montageux: la vallée de la Roya, le parc du Mercantour, les gorges de Daluis et du Cians… Entre Alpes-Maritimes et Alpes-de-Haute-Provence, avec une incursion dans le Var, une virée courte, certes, mais qui promet d’ête intéressante!
Sospel et la vallée de la Roya.
Pour démarrer ce petit voyage de la meilleure façon, atterrir à l’aéroport de Nice m’a semblé la meilleure option. De là, je récupère ma voiture de location; cette fois je ne suis pas passé par une agence “classique”, c’est devenu la folie au niveau des prix… Non, je vais tester Getaround (anciennement Drivy); pour faire simple, c’est un peu le Airbnb des voitures, louées en grande partie par des particuliers. C’est vachement moins cher, même avec un rachat de franchise, et certains véhicules disposent d’un genre de QR code apposé au pare-brise pour pouvoir les déverrouiller via l’appli sur smartphone. C’est rare que je fasse un coup de pub, mais une fois n’est pas coutume. Il fait beau, mais cette énorme barre noire nuageuse, au loin sur la mer, ne me dit rien de bon… Je ne sais pas trop dans quelle direction ça bouge.
Ok c’est bon, le proprio m’a remis les clés (une petite Fiat Panda, petit modèle sympa), je peux y aller! Donc je suis dans le département des Alpes-Maritimes (06), en région Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA pour les intimes). Mon premier arrêt, à 50 km de Nice, sera pour Sospel, un village tout joli niché dans la vallée de la Bévéra, du nom de la rivière qui le traverse et en même temps, le coupe en deux. Les ingrédients de base qui fleurent bon le midi de la France sont bien là: les ruelles pavées qui zigzaguent comme çà leur chante, les maisons colorées aux volets verts, les placettes et les fontaines… Avec le soleil, du moins pour l’instant!










Le vieux pont fortifié, qui relie les deux parties du village, a été détruit et reconstruit plusieurs fois au fil des siècles. C’était un ancien pont à péage, et jusque dans les années 1960, la tour abritait encore un commerce. L’autre édifice emblématique de Sospel, c’est la cathédrale Saint-Michel, dont la taille imposante peut susciter l’étonnement par rapport à la taille du village. Un étonnement qui fait vite place au ravissement suscité par la beauté architecturale de la Place Saint-Michel. En effet elle est très belle, il faudrait être aigri jusqu’à la moelle pour oser dire le contraire!










Comme entrée en matière, Sospel n’était pas mal du tout! Avant de repartir, je dégots une boulangerie avec une poignée de chaises en terrasse, pour manger simple et pas cher: un part de pissaladière (une “tuerie” niçoise composée de pâte à pain, d’oignons et de pissalat, une sorte de pâte d’anchois ou de sardines), ainsi qu’une part de tourte aux courgettes. Presque en face du vieux pont, que demander de mieux?
À 20 km au nord de Sospel, le paysage de montagne s’affirme de plus en plus. En contrebas de la route, voilà qu’apparaît un gros village, qui s’étire le long d’une rivière. Cette rivière, c’est la Roya, qui serpente au milieu de la vallée du même nom. Les derniers contreforts des Alpes sont tout proches, et l’Italie ne se trouve qu’à quelques km à vol d’oiseau (d’ailleurs, jusqu’en 1947, la région était encore italienne).
Mais cette vallée de la Roya, même sans la connaître, on en a forcément entendu parler dans les médias. En octobre 2020, elle a vécu un cauchemar éveillé, elle a plongé en enfer. La monstrueuse tempête Alex a laissé l’apocalypse derrière elle, avec force pluies diluviennes et crues d’une violence inouïe. 10 morts, 8 disparus, une vallée défigurée, des maisons éventrées… Depuis, la vallée panse se plaies, se reconstruit. Travaux routiers avec circulation alternée, reconsolidation des berges, nouveaux ponts… Deux ans après, il y a encore un boulot monstre. Je suis en admiration devant la ténacité et l’optimisme des habitants de cette vallée sinistrée, un peu à l’image de ce qui s’est passé à Vaison-la-Romaine en 1992. Standing ovation.
Le village dont je parlais plus haut, traversé par la rivière, c’est Breil-sur-Roya. Ce petit bourg médiéval s’étire le long d’un méandre de la Roya, et régale les visiteurs d’un festival de ruelles étroites, de porches sombres, de vieilles maisons avec des lampadaires accrochés aux murs. Mais ça sent un peu aussi le Piémont italien, tellement proche en même temps… J’aime bien ce cadran solaire avec l’inscription Fugit Tempus, “le temps passe vite”. C’est tellement vrai (surtout quand on voyage)!















J’avais des appréhensions sur cette masse nuageuse au large de Nice tout à l’heure. Hé bien ça y est, elle s’invite sur la vallée de la Roya! Les premières gouttes commencent à tomber alors que j’arrive au niveau de Fontan, où je bifurque pour rejoindre mon prochain arrêt. Cela va crescendo, et quand je vois une lueur fugace, je comprends tout de suite. Un orage, allons donc! Je vais attendre dans la voiture que ça passe. Ça ne sert à rien de grincer des dents, ça paraît si futile, en imaginant la boule au ventre que doivent avoir les habitants de la vallée à l’approche d’un orage.



Le petit village perché de Saorge est une des pépites du département, et classé parmi les plus beaux villages de France. Je valide entièrement: c’est même plus que perché, il est carrément accroché à son piton rocheux, et les maisons ont l’air de dégringoler en cascade jusque dans la vallée. Je ne pense pas qu’il ait besoin de Stéphane Bern pour se faire de la pub… Saorge, médiéval jusqu’au bout des ongles, est un labyrinthe de ruelles qui montent, descendent, se transforment en escaliers ou en passages couverts un peu inquiétants. Après une bonne pluie, ça peut salement glisser par endroits, alors on évitera les semelles “peau de banane”! Un peu excentré du village, le monastère du 17ème siècle offre une vue à se damner sur le village.













La route suit le cours de la Roya, qui fait toujours l’objet de gros travaux de réfection. Cette année 2020 a été bien funeste pour la région. Tout en profitant d’une petite accalmie météo, j’arrive à Tende, à 14 km de Saorge. Le décor ici aussi est plutôt spectaculaire, le village étant bâti en amphithéâtre sur un affleurement rocheux. Il ne manquerait plus que la mer tout en bas pour que Tende ait un petit air de Bonifacio en Corse!
La vieille ville est bien belle, ayant tout ce qu’il faut pour plaire: les ruelles et escaliers, les vieilles bâtisses aux toits de lauzes, les petites fontaines cachées… En son coeur, se dresse la collégiale Notre-Dame-de-l’Assomption, dont le clocher semble avoir un lointain air de famille avec celui de l’église de Saint-Tropez! Et ce pan de mur qui se dresse vers le ciel, à côté d’un campanile, qu’est-ce donc? C’est tout ce qui reste du chateau des Lascaris, édifié au 14ème siècle et détruit par les troupes de Louis XIV. Le campanile en faisait partie et s’appelait la Tour de l’Horloge. Détail insolite: l’intérieur de l’enceinte est devenu le cimetière de la ville.












Je repars à présent en sens inverse, direction mon lieu d’hébergement pour cette nuit. Un peu avant Fontan, je bifurque vers une toute petite route, la D42, qui va me conduire très haut au-dessus de la vallée. Ah, elle est gratinée celle-là, avec ses virages serrés comme c’est pas permis et son étroitesse qui rend impossible tout croisement par endroits! Et ça grimpe, ça grimpe… Pour corser encore un peu plus l’affaire, des pierres sur la route indiquent des chutes potentielles. Hé ben moi, j’adore genre de routes (là c’est mon “moi” barjot qui s’exprime).
C’est dans le hameau de Berghe-Inférieur que je pose mon sac. Une poignée de vieilles et solides maisons de pierre, accrochées sur une colline boisée, des chataîgniers tout autour, avec une vue plongeant et vertigineuse sur la Roya, tout en bas. Un genre de “mini-Saorge”, moins connu et cependant plus authentique. Ton esprit perspicace aura peut-être déduit qu’il existe certainement un Berghe-Supérieur; en effet, il se trouve à 3 km et est encore plus haut perché! C’est au gîte Le Berghon que je passerai la nuit; enfin presque, moi ce sera une petite chambre d’hôtes, dans une vieille maison du village très bien aménagée. Après un chouette petit repas du soir, j’explore un peu Berghe et les proches alentours. Pas longtemps cependant, voilà encore un orage qui ramène sa fraise. Bon dieu, j’espère que c’est pas parti comme çà pour toute la semaine!












Le parc national du Mercantour.
Après un solide petit-déj’ tel que les gîtes en ont le secret, me voilà reparti, revenant vers Sospel pour poursuivre mes aventures. Je vais emprunter la route du col de Turini, qui relie Sospel à la vallée de la Vésubie et culminant à 1607 m. Le nombre de virages serrés est en adéquation avec la diversité des points de vue sur les montagnes boisées. Une curiosité sur la route: la chapelle Notre-Dame-de-la-Menour, dont l’escalier d’accès passe tout bonnement au-dessus de la route. Le col de Turini est aussi un “saint-graal” pour les fanas de course automobile: c’est l’un des passages mythiques du rallye de Monte-Carlo.








Je ne m’attarderai pas au sommet du col, c’est un peu trop touristique avec les boutiques un peu kitsch et les véhicules en tous genres (voitures, camping-cars) plutôt nombreux, sans compter les motards et les cyclistes. Je vais descendre vers la vallée de la Vésubie, en passant par La Bollène et Roquebillière. Le décor montagneux devient de plus en plus majestueux. Il faut dire aussi que j’ai pénétré dans le fameux parc national du Mercantour, créé en 1979 et à cheval entre les Alpes-Maritimes et les Alpes-de-Haute-Provence. Cette zone de 685 km² est un vrai festival de paysages plus époustoufflants les uns que les autres; le Mercantour a un caractère clairement alpin, avec une touche méditerranéenne très prononcée. Ce tréléscopage d’influences promet d’être très intéressant.

Et voici un bon exemple de cette mixité de caractères avec Saint-Martin-Vésubie, surnommé comme de juste la “petite suisse niçoise”. C’est vrai qu’on pourrait facilement se croire dans un village au coeur des Alpes, mais on est aussi seulement à 70 km de Nice. La couleur des maisons et des volets, l’église au clocher à bulbe, la rue principale piétonne et sa rigole centrale… tout celà fleure bon le midi!













Je quitte Saint-Martin-Vésubie pour entamer la route de la vallée de la Tinée, qui rejoint Valdeblore et Saint-Sauveur-sur-Tinée. Non loin de Valdeblore, je fais un petit stop à Saint-Dalmas, un petit village tranquille entouré d’un suberbe décor de montagne. Je reprends ma route, en grinçant des dents de temps à autre car je retrouve un des fléaux des routes du sud: les motards. J’en avais déjà parlé lors de mon voyage dans les gorges du Verdon. J’ai l’impression que leur seul but est de coller au cul des voitures (j’ai çà en horreur 🤬) et de les dépasser le plus vite qu’ils peuvent. Vous voulez pas aller faire mumuse sur des circuits, çà nous ferait des vacances! Fin de la parenthèse et du coup de gueule (j’espère que j’ai pas plombé l’ambiance, du coup).






Après Saint-Sauveur-sur-Tinée, la petite route M30 se rétrécit un peu, grimpe à tout va et multiplie les virages (sans être aussi tordue que la D43 de Berghe, heureusement). Attention aux chutes de pierres, tellement imprévisibles; j’ai jamais entendu un caillou crier “atentioonn j’arrive droit sur ton pare-briiise!!!”. Bref, mon petit bonhomme de chemin m’amène à Roubion, dont j’ai déjà une vue intéressante quelques km avant. C’est un vieux village de montagne, station de sports d’hiver en saison, accroché à une falaise et protégé par une énorme barre rocheuse. Au menu, des ruelles escarpées, des escaliers, des fontaines, et les ruines d’un vieux chateau en surplomb. Il y a même un petit “plus” à Roubion: ses portes peintes, évoquant les métiers d’autrefois ou les scènes de travaux des champs. Ça me fait repenser aux portes peintes de Funchal, sur l’île de Madère.
Je me pose au petit resto l’auberge du Moulin pour manger un morceau: assiette charcuterie/fromage du coin, accompagnée d’une bière brassée à Saint-Martin-Vésubie. Un moment bien agréable, surtout que la météo est bien plus clémente qu’hier!

















Je poursuis ma route en passant par le col de la Couillole (oui, il s’appelle comme çà), situé à 1678 m d’altitude. On est déjà un peu plus haut qu’au col de Turini. Pas de tsoin-tsoin touristique ici, c’est plus austère, plus dénudé: un panneau, une plaque commémorative et ça s’arrête là. Le col de la Couillole a marqué le Tour de France de 1975, avec le duel au sommet entre Merckx et Thévenet, ce dernier ayant finalement l’avantage suite à une défaillance du “Cannibale” (attention, je te rappelle que je suis belge…).




Les 8 km de descente du col de la Couillole m’amènent à Beuil, un autre petit village médiéval sympa doublé d’une petite station de sports d’hiver. J’aime bien son architecture montagnarde et ses maisons qui ont parfois jusqu’à trois étages. Une petite station-service permet de ne pas avoir de mauvaise blague si on ne fait pas gaffe en parcourant les petites routes de montagne; d’ailleurs il y a du passage à Beuil, le village est psitionné stratégiquement: la D30 (celle d’où je viens) rejoint la vallée de la Tinée, la D28 va d’un côté vers Valberg, de l’autre vers les gorges du Cians. C’est justement ces gorges que je vais maintenant traverser.








Les gorges du Cians et la vallée du Var.
C’est donc par la D28, en venant de Beuil, que je fais mon entrée dans les gorges du Cians, du nom d’un petit affluent du Var. Je ne savais pas trop à quoi m’attendre, mais je dois reconnaître que l’effet “waouh!” est garanti. Des parois de schiste rouge, déchiquetées, tourmentées, au milieu desquelles la route serpente tant bien que mal. C’est parfois si étroit, si encaissé qu’on frôle presque la roche et que le ciel n’est plus visible! Certains petits tronçons de route abandonnés sont remplacés par des tunnels. On peut quand-même s’y aventurer à pied, avec une bonne dose de prudence au vu de la taille des pierres qui ont dégringolé sur la route. Si on s’en prend une sur le crâne, même une boite entière de Doliprane ne suffira pas plus… Les paysages s’élargissent au fur et à mesure qu’on descend vers la vallée du Var.









Voici la fin de la D28. À partir de là, à droite c’est vers Digne, à gauche vers Nice. Moi je prends à gauche, en longeant un “petit” fleuve de 115 km qui finit sa course près de Nice: le Var, qui longe le parc du Mercantour et, bizarrement, ne traverse pas le département du même nom (* la clé du mystère ici). La route est très agréable et la vallée bien large, et me fait d’abors arrêter à Touët-sur-Var. Bon, au premier regard, rien de spécial. Mais levons la tête vers la haute paroi rocheuse à gauche de la route: de hautes et étroites maisons anciennes, serrées les unes contre les autres, semblent littérallement collées à la falaise, comme un jeu de légos emboîté à la verticale; c’est même encore plus impressionnant que Saorge! On dirait qu’elles se retiennent de tomber.
Son petit surnom de “village tibétain” n’est pas usurpé, même si je n’y ai croisé aucun moine priant ou agitant des cymbales. Il faudra avaler quelques volées de vieilles marches pour déambuler dans la vieille ville haute, avec ses ruelles et son église Saint-Martin, bâtie au-desus d’un petit torrent visible à travers une grille à l’intérieur de l’édifice.









Toujours en suivant le cours du Var, me voilà à Villars-sur-Var, qui domine le fleuve mais de façon nettement moins spectaculaire que Touët-sur-Var. Il n’en reste pas moins agréable à explorer avec ses ruelles, son joli lavoir et un beau panorama sur les montagnes. Le côté “italien” que j’ai vu dans la vallée de la Roya commence à s’estomper… Une curiosité: son monument aux morts, non pas accolé à l’église mais se trouvant à l’intérieur une chapelle.







Après Villars, la vallée du Var commence à s’encaisser davantage, dans un paysage montagneux un peu plus aride et minéral. Mais il continuera sa course vers la mer sans moi, car je bifurque pour remonter le cours de la Tinée, elle-même affluent du Var. au fur et à mesure de ma progression vers le nord, les montagnes se reboisent, jusqu’à retrouver ces forêts de feuillus qui les recouvrent dans la vallée de la Tinée. Peu avant Saint-Sauveur-sur-Tinée, je prends une petite route, que j’ai failli louper car située quasiment à la sortie d’un tunnel. Ah, mais je la reconnais, c’est une partie de cette même route qui m’avait conduit de Saint-Dalmas à Roubion! Je prends une autre petite route qui va me conduire à mon étape de cette nuit; ça grimpe, et le cours de la Tinée, tout en bas, ressemble à un long serpent qui va rejoindre le Var 20 km plus au sud.


Je pose donc mon sac à Rimplas, encore un petit bijou de vieux village haut perché au-dessus de la vallée de la Tinée. Il reste néanmoins à l’écart de l’agitation touristique, se trouvant en retrait de cet axe routier qui relie les vallées de la Tinée et de la Vésubie. Ce qui en fait un oasis de tranquillité, au gré de ses ruelles biscornues, ses passages couverts et cette amusante petite rigole d’eau vive qui dégringole à travers tout le village. Même la petite église est à croquer! Un tas de petits sentiers de randonnée fera le bonheur des amateurs de marche. Moi j’ai jeté mon dévolu sur une curieuse piste, où subsistent des vestiges de revêtement en béton. Serait-ce une ancienne route carrossable abandonnée? Je n’en sais pas plus…
En tout cas, la nuit sera paisible dans ce petit hôtel rural, solide bâtisse en pierre un peu en retrait du bourg. Et le petit resto du village, le Pous Café, est une quintessence de convivialité, d’authenticité et de bonne bouffe, comme on n’en voit plus que très rarement (ces raviolis à la tomme, c’était de la bombe!). Une dernière errance à travers les ruelles sombres et silencieuses (hé oui en septembre la nuit tombe vite!) avant une bonne nuit de repos… Car demain mes guibolles vont avoir du boulot!













Une rando dans les Mercantour…
Hier soir lors de ma balade à pied, j’avais repéré au loin un ouvrage fortifié. Je vais aller voir celà de plus près ce matin. Le fort (ou ouvrage) de Rimplas a été construit dans les années 1930 et faisait partie des ouvrages de la Ligne Maginot. Il est visitable, et juste à côté on trouve des petites attractions pour enfants et un chateau gonflable. Une cohabitation insolite…



Je n’ai pas encore pris de petit-déj’, à partir de 9 heures c’était un peu tard pour moi. En passant par Saint-Sauveur-sur-Tinée, je repère un petit bar tranquille, le genre de petit rade de village où quelques locaux viennent s’envoyer un petit café avant d’aller au boulot. J’aime bien cette ambiance détendue et conviviale. Deux petits croissants et un café noir, excellente méthode pour bien démarrer cette journée!
L’itinéraire que j’emprunte, je l’ai déjà fait hier: je repasse par Roubion et Beuil. C’est en passant par les gorges du Cians et la vallée du Var que j’ai effectué une “boucle” jusque Rimplas. À Beuil je prends cette fois la direction de Valberg, que je passerai sans m’arrêter. Cette station de sports d’hiver n’a pas vraiment de charme avec son parking XXL et ses immeubles modernes. Je poursuis en traversant Guillaumes, un petit village auquel on s’intéressera demain étant donné que j’y repasserai. Oui, je préfère avancer pour ne pas débuter ma randonnée trop tard; j’ai encore une trentaine de km de grimpette “motorisée” avant de mettre mes mollets en action.
Le paysage devient vraiment grandiose; c’est le Mercantour dans toute sa splendeur, avec des forêts de conifères, des pâturages et des sommets. La beauté des montagnes, qui commencent à se dénuder de végétation, est sidérante. Et tiens donc, revoilà le Var, que je vais longer sur quelques km! Il prend sa source à Estenc, tout près d’ici. La route se rétrécit ensuite et resserre ses lacets, la végétation se raréfie et le décor se fait vraiment plus dur, plus minéral. Voici une stèle et un petit parking. Mon but est atteint: voici le sommet du col de la Cayolle, à 2326 m d’altitude, qui joue au funambule entre les Alpes-Maritimes et les Alpes-de-Haute-Provence. Et une cayolle, c’est un petit chalet d’altitude dans les alpages. Clin d’oeil culture générale!







Je laisse donc la voiture sur le parkking pour une bonne partie de la journée; quelques véhicules y sont déjà garés. Du col, plusieurs sentiers partent dans toutes les directions. OK c’est parti. Petite dose de suspense: je ne te dirai pas tout de suite où je vais. Pas de réciminations, c’est comme çà 😏. C’est plutôt du facile: le sentier est fait de cailloux, avec de temps en temps un passage sur des grosses pierres, dont certaines un peu branlantes; attention donc où on pose le pied! le sentier s’éloigne bien vite de la route, et les quelques arbres qui s’accrochent encore à ces espaces rocailleux et presque peés vont bientôt se faire très rares au fur et à mesure de la montée.






Il y a vraiment peu de monde sur ce parcours, c’est étonnant. Pour l’instant, si j’ai croisé deux personnes, c’est vraiment un maximum. Où les randonneurs sont-ils bien passés? Oh, c’est pas plus mal; je ne peux ressentir que plus intensément le gigantisme du paysage, le silence presque angoissant, interrompu peut-être par quelque cri d’oiseau de montagne dont je ne sais même pas le nom. La progression est facile, la pente étant plutôt douce si je compare avec le dénivelé plus raide du Mont Olympe en Grèce (auquel je me suis frotté il y a 3 mois d’ici)! Le décor est fabuleux; les arbres ont quasiment disparu, c’est maintenant un paysage râpé avec des champs de pierres et des touffes d’herbes qui se couchent sous le vent.







Ah, ça monte un peu plus fort; c’est normal, je suis sur le point d’atteindre le sommet de la crête rocheuse du Pas du Lausson. Ça fait déjà deux heures de marche, l’air de rien. Enfin je suis en haut, au milieu d’un paysage pelé et venteux qui ressemble à une steppe. Quelques panneaux indiquent diverses destinations de rando et le temps nécessaire pour y aller. Mais je vais te montrer quelque chose: accompagne-moi vers le bord de cette arête rocheuse pour regarder en contrebas. Le mystère est dévoilé: voilà le lac d’Allos. C’est là que je t’emmène.
Il est magnifique vu d’ici, n’est-ce pas? Le lac d’Allos se trouve à 2225 m d’altitude, et c’est le plus grand lac de montagne entièrement naturel d’Europe. Il n’est pas immense (900 m en longueur, 600 m en largeur), mais sa beauté presque irréelle compense ses modestes dimensions. Quand on le voit tout en bas, on se dit “ça y est, on y est presque”; trompeuse impression: il y a encore une bonne heure de marche, par un sentier en descente qui fait une grande courbe jusqu’à ses rives. Courage, le plus gros morceau est fait!





La descente se fait à l’aise, dans un environnement toujours aussi exceptionnel. J’aime bien ces petits panneaux demandant de ne pas “couper en ligne droite” dans les courbes du sentier, pour ne pas abîmer la flore. Mais bon, des cons y en aura toujours… Au niveau d’une mignonne petite rivière franchie par une passerelle en bois, les marcheurs se font d’un coup plus nombreux. Je comprends pourquoi: le point de départ préféré des randonneurs, le parking du Laus, n’est qu’à une heure de marche facile, pour un trajet de 4 km. Quand je pense à mes trois heures de marche et mes 9 km depuis le col de la Cayolle en passant par le Pas du Lausson…
Les arbres refont leur apparition, surtout des conifères, de façon encore clairsemée, entourant le lac comme pour mieux le garder. Et le voilà enfin, comme un bijou dans son écrin, au milieu des montagnes. Je ne suis pas mécontent de cette longue mais si belle marche jusqu’ici. La petite chapelle Notre-Dame des Monts surplombe le lac. Un refuge permet d’y passer la nuit et de se restaurer, avec des belles assiettes de fromage et charcuteries à toutes heures. C’est un endroit très convivial, où l’accueil est débordant de sincérité, où les snobs et les “je-pète-plus-haut-que-mon-cul” ne sont vraiment pas les bienvenus. Quoi qu’il en soit, çà fait un bien fou de se poser un instant et reprendre des forces.







Le retour se fera par une autre voie, via le col de la Petite Cayolle. Enfin ça fait encore 6,5 km pour deux bonnes heures de marche. Le sentier grimpe en lacets, sans trop de difficultés, jusqu’à la Petite Cayolle, en passant près d’un tout petit lac de montagne. Pas grand monde non plus par cette variante. Un genre de petite stèle en pierre indique les différentes directions. ais je n’ai même pas besoin d’y regarder: au loin, en contrebas, j’aperçois le serpent de bitume de la route, ainsi que le refuge du col de la Cayolle. Le parking est tout proche maintenant, il n’y a plus qu’à emprunter la dernière descente. Par contre, la météo change brusquement; une barre nuageuse progresse assez rapidement, j’appréhende la suite. Et j’ai raison: j’entends un roulement de tonnerre, et je reçois les premières gouttes 10 minutes avant d’arriver au parking! Les vannes s’ouvrent toutes grandes au moment de démarrer du col. J’ai été chanceux, à une heure près j’aurais été douché copieusement!
Tu ne bouderas pas ton plaisir, bien sûr, de faire quelques pas en ma compagnie:
Je passerai la nuit à 20 km au sud du col de la Cayolle, dans le petit village de Saint-Martin-d’Entraunes, longé par le Var. Mais je te ferai visiter demain, car c’est le déluge! Vaut mieux pas rouler trop sec dans les virages. J’arrive à destination, dieu merçi mon hébergement, un mix entre gîte d’étape et hôtel à l’atmosphère d’antan (avec des vieux carrelages et du plancher qui craque), n’est qu’à 20 m du petit parking le long de la rue. Je téléphone pour bien m’assurer que la porte est ouverte, car les 20 m, je les ferai en sprintant sous l’orage! Pour ce soir c’est bon, je ne bouge plus. Je ferai un bon repas en soirée et me coucherai pas trop tard. C’était une super belle journée.
De Guillaumes à Entrevaux.
Ah, la météo est bien meilleure aujourd’hui! Voilà l’occasion, avant de repartir, de faire un petit tour dans le tout petit village de Saint-Martin-d’Entraunes. Un petit endroit bien tranquille, longé par le Var, qui n’est encore qu’à ses premiers kilomètres de parcours.





Comme promis hier, je fais un arrêt à Guillaumes, au pied de la route du col de la Cayolle. Entouré de montagnes, ses petites ruelles sont encore calmes en cette matinée. Guillaumes est aussi longé par le Var (décidément, lui et moi on peut plus se quitter!). Dans le lavoir du village, plusieurs panneaux explicatifs retracent l’histoire du village. Aux alentours proches se cachent les ruines d’un chateau bâti au 13ème siècle. Mais je n’ai pas eu l’occasion d’aller le voir de plus près.








Après avoir quitté Guillaumes direction sud, la route fait son entrée au milieu de gorges impressionnantes, aux parois vertigineuses et aux roches de cette couleur rouge si caractétistique. C’est un peu la version XXL des gorges du Cians. Bienvenue au sein des gorges de Daluis.
Et quel est le cours d’eau qui a entaillé si profondément ce canyon? Le Daluis? Mauvaise réponse, Daluis est le nom d’un village. On vient de quitter Guillaumes, là. Et c’est comment déjà, le fleuve qui y passe? Le Var, oui c’est çà! C’est lui qui franchit les gorges de Daluis. On peut dire qu’il aura été mon fil rouge durant une partie de mon voyage! La route traverse plusieurs petits tunnels à sens unique, souvent bien étroits, la voie opposée étant en-dehors. Les paysages sont fantastiques. Je vais m’arrêter un instant pour aller voir le pont de la Mariée, qui surplombe les gorges à 80 m de hauteur. Joli nom, triste histoire: en 1927, un tout jeune couple, en voyage de noce dans le coin, a voulu visiter les gorges en soirée. Une heure plus tard le jeune époux débarque à Guillaumes dans un état second, déclarant que son épouse s’est penchée pour regarder les gorges et a fait une chute fatale. Les conclusions de l’enquête furent l’accident, mais encore maintenant il y a toujours du doute et de la suspicion quant à la version de l’époux… Une ligne de tramway franchissait le pont autrefois.









La sortie des gorges de Daluis me fait entrer dans les Alpes-de-Haute-Provence, et retrouver la nationale qui relie Nice à Digne. J’ai l’impression que le Var, s’étant pris d’affection pour moi, continue à m’accompagner en longeant la route. C’est celle-là même justement que j’ai empruntée récemment pour passer par Touët-sur-Var.
Et voici qu’apparaît, dans un méandre du fleuve, de puissantes fortifications enserrant une vieille cité, ainsi qu’une citadelle très haut perchée. Ça me semble très prometteur, tout çà! Je m’apprête à explorer une des villes fortifiées les plus intéressantes de Provence: Entrevaux.



Pénétrer à l’intérieur des fortifs d’Entrevaux, c’est commencer un voyage dans le passé. On franchit le Var par la Porte Royale, un incroyable pont fortifié avec pont-levis, dont les ouvertures dans les tours servaient à balancer des projectiles sur les envahisseurs. Ça ne se fait plus, dieu merçi! Il y a de quoi rester bouche bée devant ces remparts d’apparence indestructible qui épousent si bien les contours du cours d’eau. Entrevaux a été fortifiée au 17ème siècle par LE spécialiste de cet art, Mister Vauban lui-même.






La meilleure façon d’explorer Entrevaux, c’est d’y errer sans plan de ville, de s’y perdre. J’avais une appréhension sur la surfréquentaion touristique éventuelle, genre défilé incessant de touristes en autocar, comme au Mont-Saint-Michel, mais au final non. Je dois dire qu’il fait plutôt calme (le mois de septembre y étant sûrement pour quelque chose), ça ne fait que renforcer le plaisir à déambuler dans ces ruelles tortueuses, parfois comme figées dans le temps. Des escaliers, des fontaines, des portes à linteaux, des anciens commerces fermés… Vais-je croiser Vauban en personne? Tout serait possible…








Tout au bout de la ville fortifiée, la cathédrale Notre-Dame-de-l’Assomption a été construite au 17ème siècle et intégrée aux fortifs. Même ses façades sont plutôt austères, l’intérieur n’est pas mal du tout. Au-delà, commence un sentier pavé qui monte en zigzags jusqu’à “la cerise sur le gâteau”: la citadelle, perchée à plus de 150 m au-dessus de la ville. Sa consolidation est également signée Vauban. Elle a servi de prison pour des prisonniers allemands durant la Première Guerre mondiale. L’effort en vaut la chandelle: la vue de là-haut est géniale!







Une petite spécialité locale: la secca, une viande de boeuf séchée, coupée en fines tranches façon carpaccio, qui ressemble un peu à la viande des Grisons. Avec une petite bière locale, la Cordoeil, c’est simple, pas cher et délicieux! Sur la Place du Planet, le petit resto Le Ménéstrel est une petite adresse sympa.

Je quitte Entrevaux pour continuer encore un peu parallèlement au cours du Var. Une voie de chemin de fer longe la route, quelquefois elle la traverse; c’est l’itinéraire du fameux train des Pignes, qui relie Nice à Digne-les-Bains, qui s’arrête notamment à Touët-sur-Var, Entrevaux, Annot, Saint-André-des-Alpes… ou par exemple à Puget-Théniers, encore un vieux village sympa idéalement situé entre les gorges de Daluis et celles du Cians.



Pourquoi le “train des Pignes” ?
Deux hypothèses: 1) autrefois, dans les années 30, les trains à vapeur étaient si lents que les voyageurs pouvaient se permettre de descendre en marche pour ramasser des “pignes”, le nom des pommes de pin en provençal. 2) lorsque la locomotive n’avait plus assez de charbon, les machinistes utilisaient des pignes comme combustible. (* pour la N°1, est-ce un fait avéré ou une “galéjade” provençale? On sait pas trop…).
L’après-midi s’achève doucement, il est temps de rallier mon étape de cette nuit, à une dizaine de km de Puget-Théniers, par une très belle route de montagne, dans la vallée de la Roudoule, du nom plutôt marrant de cette petite rivière qui va se jeter plus bas dans le Var. Je quitte un “Puget” pour en retrouver un autre: Puget-Rostang. C’est un petit village perché et isolé, où les ruelles dallées alternent avec les escaliers anciens et les passages voûtés. Excellent “spot” pour se ressourcer au calme et souffler après le Pas du Lausson et le lac d’Allos! Et demain? Hé bien on redescend vers la côte. Mais chaque chose en son temps, n’est-ce pas?









Retour sur la côte varoise.
Je vais aujourd’hui descendre vers le département du Var, en passant par Entrevaux et Castellane, en longeant du même coup le lac de Castillon. Les petits villages varois que j’avais visité en 2018 (Trigance, Bargème…) sont si proches! Mais je vais plus bas que çà, via un tas de petites routes départementales aux paysages variés. Les panneaux “Fréjus – Saint-Raphaël” commencent à apparaître. Mais moi je vais me diriger vers un autre “saint”, une destination qui te fera certainement froncer les sourcils de perplexité vu qu’elle ne correspond pas vraiment à ma façon de voyager. Et pourtant… c’est pas du bluff, je t’emmène réellement à Saint-Tropez!
Qu’est-ce qu’on n’a pas dit sur “Saint-Trop”: des embouteillages apocalyptiques en été, des hébergements aux tarifs à 3 chiffres, du bling-bling, de la frime… il ne faut pas frelater la réalité, c’est bien comme çà ici. Ce tranquille petit port de pêche, qui n’avait rien demandé, s’est retrouvé un endroit à la mode, où il faut être vu, par l’entremise d’auteurs littéraires ou d’acteurs/actrices de cinéma. Les Brigitte Bardot, Roger Vadim, Eddie Barclay et sa clique… ils ont refaçonné Saint-Tropez en une petite Mecque pour célébrités; alors tu imagines aisément que ça va attirer du monde, que ce soit paparazzi ou touriste. C’est comme çà, on ne peut plus inverser les choses. Mais je vais te montrer ma version de Saint-Tropez, à l’écart des foules et des grosses barquettes pour riches.

La route de Sainte-Maxime à Saint-Tropez fait le tour du golfe du même nom, et même en septembre, des petits bouchons se forment encore. Mais me voilà enfin arrivé au niveau du grand parking du nouveau port, où je vais laisser mon carrosse pour le temps d’une visite. J’étais déjà venu, mais ça fait un petit bail, c’était en 2010! Mais à l’époque, le musée que je suis impatient de visiter n’existait pas encore; son bâtiment, oui. Un bâtiment emblématique de la ville: la mythique gendarmerie de la saga defunésienne! Elle a abrité la véritable brigade de gendarmerie nationale de Saint-Tropez de 1879 à 2003. Ouvert en 2016, le musée de la Gendarmerie et du Cinéma est évidemment dédié à la série mythique des 6 films relatant les aventures de la brigade de choc de Saint-Tropez; on y trouve des pièces telles que des costumes ou encore la malle de voyage de Cruchot lors de son voyage à New York. Le musée traite aussi de l’histoire du cinéma à Saint-Tropez, et de la vie tropézienne dans les années 60-70. Tu auras deviné que je suis fan inconditionnel de l’immense acteur!








Le duo De Funès/Galabru aurait bien pu ne pas exister! Le réalisateur Jean Girault voyait plutôt Darry Cowl ou Francis Blanche pour camper le maréchal des logis-chef Cruchot, estimant que de Funès n’était simplement pas assez connu. Le refus des deux premiers choix porta bonheur à l’acteur. De même qu’à la base ce devait être Pierre Mondy qui devait jouer l’adjudant Gerber, mais Jeanne de Funès a apposé son veto à ce que son mari retrouve Pierre Mondy sur grand écran…
Mon hébergement, une jolie maison d’hôtes, est un peu excentré dans un quartier calme, à 15 minutes à pied du centre. Événement rarissime pour moi, la nuit dépasse un peu les 100€, mais c’est pas pour une fois. Près du port, les tarifs décollent aussi vite que la fusée Ariane, donc je suis encore chanceux… Allons maintenant revoir Saint-Tropez, ce village aussi contrasté qu’ambigu, que je n’ai plus vu depuis 12 ans, comme ça passe! Et me voilà bien vite sur la Place des Lices, où se tient un marché provençal les mardis et samedis. Ombragée par de grands platanes, elle reste un refuge pour les vrais tropéziens qui viennent y disputer des parties de pétanque. Ça reste encore assez authentique (ça va pas durer, crois-moi), et même si on y trouve quelques restos, ils ne sont pas trop racoleurs. Il y a même une adresse sympa pour manger sur le pouce, du genre fougasse tomates-anchois et une part du dessert local, la tarte tropézienne, un gâteau brioché avec du gros sucre et de la crème pâtissière au milieu.
La Tarte Tropézienne – à l’angle du Boulevard Vasserot et de la Place des Lices.



De la Place des Lices, en passant par les ruelles, je rejoins le vieux port de Saint-Tropez. Cette massive chapelle rose à l’entrée sud du port, c’est en fait un musée: le musée de l’Annonciade, installé dans la chapelle Notre-Dame de l’Annonciade, dont il tire son nom. Il présente des collections de peinture des 19ème et 20ème siècles.
Hé bien ça y est, je le revois enfin, ce vieux port, véritable épicentre touristique de la petite ville. Il faut reconnaître que cet alignement de maisons colorées le long des quais, aux tons sublimés en soirée par le soleil couchant, est de toute beauté. Mais sans faire le rabat-joie, ça s’arrête là. Les boutiques de luxe alternent avec les terrasses “m’as-tu-vu” (comme la pâtisserie Sénéquier, tout de rouge vêtu, avec ses petits-déj’ qui coûtaient déjà 15€ en 2010, alors en 2022 j’en parlerai même pas). Et surtout, tu sens cette odeur insistante? Celle du bling-bling et du fric à pleines liasses? Oh, elle vient à coup sûr de cet étalage de yachts méga-luxueux, dont certains, je pense étaient déjà là en 2010! Le plus pathétique, c’est en matinée, quand l’équipage récure le pont et fait briller ls parties métalliques du bateau. Il y mettent du coeur, même s’ils savent que la barquette de leurs riches patrons ne bougera que très rarement. En soirée, les touristes viennent les admirer, en état de quasi pâmoison, espérant apercevoir l’une ou l’autre célébrité… Quel cirque, je lancerais bien une poignée de cacahuètes à bord d’un de ces rafiots hors de prix. Bon, tu te doutes que je ne vais pas m’éterniser ici!







Pour respirer un peu et échapper à toutes ces “paillettes”, rien de tel que de se perdre dans la lacis de ruelles de la vieille ville. C’est un Saint-Tropez plus tranquille, plus authentique. Alors oui, dans certaines rues on n’est pas tout seul, il y a des bars et des restos, mais en furetant bien on peut tomber sur une vieille ruelle pavée et fleurie ou un vieux commerce qui résiste encore. La Place aux Herbes, avec son petit marché, est très jolie et pittoresque. Mais la pièce maîtresse de ce coin de la cité est la superbe église Notre-Dame de l’Assomption, au clocher coloré qui préfigure déjà certains édifices religieux d’Italie.








Mais le Saint-Tropez que je préfère, celui que je voulais revoir 100 fois plus que le reste, c’est le vieux quartier des pêcheurs, la quartier de la Ponche. Au-delà de la tour fortifiée du Portalet, un petit passage pavé le long de la mer conduit à deux petites plages mitoyennes de sable plutôt granuleux, entourées de vieilles maisons roses et ocres. Des vestiges de remparts, dont la tour Vieille, sont encore visibles. Disparus les crâneurs sur leurs yachts, envolés les flots de touristes à l’affût d’un V.I.P quelconque. Peu de monde ici, le coin est d’une grande sérénité. Si Saint-Tropez a une âme, pour moi elle doit se trouver ici.
Au-delà de la Ponche, la citadelle du 17ème siècle, sur sa colline, est l’élément fortifié le plus important de la ville; son donjon abrite le musée d’Histoire Maritime. On y trouve aussi le cimetière marin (un cimetière marin se trouve toujours face à la mer, le plus connu étant celui de Sète), qui abrite les sépultures de quelques têtes connues comme Roger Vadim, Eddie Barclay (Edouard Ruault de son vrai nom), ou encore Pierre Bachelet, dont les corons du nord qu’il a tant aimé et chanté, se trouvent pourtant à la belle distance de 860 km de Saint-Tropez!






L’obscurité tombe si vite en septembre, c’est pas croyable! Encore une petite errance dans le vieux Saint-Trop’, un bref crochet par le port où c’est toujours le même zoo, et je peux regagner mes pénates de cette nuit à mon aise. J’espère que ma version de Saint-Tropez t’incitera toi aussi à sortir un peu des sentiers battus!

Retour vers Nice – la boucle est bouclée!
Déjà le dernier jour, ça passe à une de ces vitesses! Avant d’attraper mon vol retour en fin d’aprem, j’ai encore le temps de faire quelques petites découvertes. Je vais quitter Saint-Tropez, mais auparavant je tiens à faire un petit crochet de même pas 2 km pour atteindre un petit chemin, où se cache un discrète chapelle, entourée de pins et d’oliviers: la chapelle Sainte-Anne. Bâtie au 17ème siècle en guise de remerçiement pour avoir épargné la ville d’une épidémie de peste, elle abrite des ex-votos consacrés aux marins tropéziens. Le panorama sur la ville et la baie vaut vraiment la peine de monter jusque là! Pour l’anecdote, c’est ici, dans “le gendarme se marie”, que Cruchot épouse sa chère Josefa (ma biiiche).



Et maintenant, où vais-je bien aller? Revoir un de ces petits villages des alentours que j’avais exploré en 2010… Oui, mais je ne peux pas les voir tous, ma journée n’est pas à rallonge. Gassin, Grimaud, Cogolin? Non, je vais choisir Ramatuelle, à 10 km d’ici. Ce petit village médiéval est certes moins connu que son illustre voisin, mais il y gagne en authenticité et en sincérité. Des ruelles qui passent sous des porches, des fleurs qui débordent d’un peu partout, des petites ateliers sympas d’artisans, des placettes… La frénésie du vieux port est déjà si loin!
Les fans de cinéma feront un tour au cimetière de Ramatuelle pour saluer la mémoire du grand acteur Gérard Philipe, fauché en pleine gloire en 1959, à 36 ans, par un cancer. Il venait à Ramatuelle durant l’été dans la maison de sa belle-famille. Il a été inhumé dans son costume du Cid.

