Après deux ans de restrictions covid, de pass, de masques, de fais-pas-ci fais-pas-cà (sinon-t’as-une-amende!), ça fait un bien fou de revoir la vraie ambiance de marchés de Noêl, où que ce soit. Pour cette année 2022, je vais jeter mon dévolu sur la France, à travers une région pas trop loin de chez moi en Belgique. L’Alsace? Non, encore plus près. Je m’en vais passer deux petites journées en Lorraine, revoir ces deux belles cités que sont Nancy et Metz, où il y a si longtemps que j’ai mis les pieds. Et je ne ferai pas seulement que “passer par la Lorraine avec mes sabots” (ouais, elle était un peu facile, celle-là).
Pour rallier ma première destination, je devrai me manger un long et monotone trajet d’autoroute, où les aires de repos et restos à autocars me font plutôt lever les yeux au ciel d’indifférence. Une fois traversé le Grand-Duché du Luxembourg, ça y est, j’entre en France, par le département de la Moselle. Me voici du même coup dans la région historique de Lorraine, qui depuis 2015 a fusionné avec l’Alsace et la Champagne-Ardennes pour former la région du Grand Est.


La Lorraine est victime de quelques préjugés un peu “courts”, entre autres celui de n’être qu’une succession de sites industriels, encore en activité ou abandonnés en friches grises et tristes. Alors oui, il y en a un paquet du côté de Thionville ou Uckange, néanmoins l’âge d’or de la sidérurgie lorraine est révolu, ayant pris un sérieux coup dans l’aile à partir des années 1960. Mais la Lorraine, ce n’est pas que cà! Elle est considérée comme une des régions les plus boisées de France (après les Landes et le Var), excusez du peu!
Bref, toujours est-il qu’après un long trajet (j’ai quand-même fait une pause à mi-chemin), je peux enfin quitter cette foutue autoroute pour dépasser Nancy d’une trentaine de km et sillonner de jolies peties routes, au milieu d’un paysage de douces collines, de prairies et de vergers à mirabelliers, la mirabelle étant LE fruit emblématique de la région, se déclinant aussi bien en confitures qu’en liqueurs. Ça caille sévère dehors, on est dans les -10°C, et il a neigé les jours précédents. Le routes sont dégagées, mais un superbe manteau blanc recouvre la campagne. La voiture va pouvoir souffler un peu avec mon premier arrêt; les marchés de Noël attendront, je vais voir un peu ce qu’il y a de beau à voir aux alentours de Nancy et Metz!
Entrer dans Lunéville n’a rien d’extraordinaire: une route passante, un ou deux ronds-points… Mais voici un parking, qui change la perception de la ville en un clin d’oeil puisqu’il fait face à un immense chateau. Le nom de Lunéville aura certainement allumé un petit voyant dans la tête des fanas de chateaux français. Cette merveille du 18ème siècle fut bâtie par Léopold Ier, duc de Lorraine, et devint par après la propriété de la “superstar historique” de la région: Stanislas Leszczyński, roi polonais en exil et beau père du roi Louis XV, rien que çà. Stanislas a surtout contribué à l’embellissement des vastes jardins. Le résultat global se passe de commentaire; c’est pas pour rien que la chateau de Lunéville a été surnommé le “Versailles Lorrain”! On peut le visiter, bien évidemment. Et puis le parc sous la neige, avec le chateau au loin, sous le ciel bleu, c’est carrément un rêve éveillé!









Et la ville en elle-même? Pas vilaine du tout, j’avoue. La vieile ville comporte quelques belles rues pavées bordées de vieilles bâtisses parfois opulentes. Étonnante aussi, la monumentale église Saint-Jacques, de style baroque, avec ses deux tours et son horloge démesurée. Même si le chateau se taille la part du lion, aller se balader dans les rues de Lunéville n’est pas du tout une activité superflue!





Hé bien, c’était une belle entrée en matière pour cettre courte virée! Je quitte Lunéville pour un saut de puce de 6 km, je voudrais voir de plus près un monument, perché sur une colline, que j’ai aperçu au loin tout à l’heure. La petite route étroite qui y mène grimpe sur 700 m à peine, mais pour rappel on est en décembre et il a neigé! Et ce chemin n’a pas été dégagé, aors j’y vais mollo; c’est plutôt la descente que j’appréhende!
Me voici au sommet de la colline du Léomont, et ce monument, c’est un mémorial de guerre rappelant les combats intenses et acharnés que se livrèrent français et allemands en septembre 1914. C’est roublant de s’imaginer que des paysages aujourd’hui si calmes et bucoliques ont pu être l’épicent d’une telle boucherie insensée… Et plus d’un siècle après, où en est-on dans le monde? Suffit de suivre l’actu, malheureusement…



Bon ben finalement la descente de cette petite route s’est bien passé; en roulant au pas et en “mordant” dans la neige fraîche, au moins j’ai évité de me retrouver au milieu d’un champ! Je pars maintenant à 20 km à l’ouest de Lunéville, en passant par Varangéville, qui a la particularité de posséder l’unique mine de sel gemme encore exploitée en France. Et dire que ce sel trouve son origine dans la mer qui, il y a des millions d’années, s’étendait jusqu’ici! Dingue, non?
J’arrive à Saint-Nicolas-de-Port, une petite ville tranquille le long de la Meurthe (ah oui, on est ici en Meurthe-et-Moselle). Ce qui attire l’oeil tout de suite, c’est clairement cette imposante basilique gothique à deux tours, presque disproportionnée pour une ville si modeste. Bon, si elle est là, y a une raison. Creusons un peu.
Saint Nicolas… ça dit quelque chose à tout le monde (du moins je l’espère)! Bien sûr, le saint patron des enfants sages, et en même temps de la Lorraine! Alors, le rapport? Au 11ème siècle, un lorrain, Aubert de Varangéville, dérobe une phalange de la dépouille du grand saint qui se trouvait à Bari, en Italie. Voler une relique? Hou le vilain garçon! Mais c’est ainsi que la légende commença: au fil du temps, les pélerins affluent de plus en plus nombreux, et comme une première église devien vite trop petite, il s’agit donc de bâtir un édifice religieux à la hauteur du succès du bout de doigt… Ainsi commença la construction de cette fantastique basilique au 15ème siècle (oui, il aura fallu quelques temps!). L’intérieur est aussi impressionnant qu’en-dehors. La phalange, elle, se trouve dans un genre de “bras reliquaire” incrusté de pierres précieuses. Pour la voir, il suffit d’insérer 1€ pour faire se lever un petit volet automatique (qui n’est certainement pas d’époque, on s’en doute).






LA LÉGENDE DE SAINT-NICOLAS: “Un soir d’hiver, 3 petits enfants s’en allèrent glaner aux champs. Ne retrouvant plus leur chemin, frigorifiés par un vent glacé, les 3 petits enfants trouvèrent refuge dans une cabane en bois, où habitait un boucher. Une fois la porte refermée, leur sort était scellé. Le boucher tua les 3 petits enfants, les découpa en morceaux, puis les plaça dans son saloir pour en faire du petit salé. 7 ans plus tard, Saint-Nicolas frappa à la porte et demanda l’hospitalité. Désirant manger un petit salé, le boucher, démasqué, avoua son crime. Le grand Saint alla s’asseoir sur le bord du saloir, leva trois doigts et récusitta les trois enfants.” (* un peu gore, mais au moins la fin est heureuse!)

De l’Alsace à la Lorraine, il n’y a qu’un pas. Saint-Nicolas-de-Port en est un bel exemple. Sur deux ou trois cheminées d’habitations et aussi sur un poteau, j’aperçois des nids massifs faits de branchages. Un peu trop gros pour des moineaux, me dis-je. L’oiseau concerné ici est emblématique de l’alsace-Lorraine: la cigogne, bien sûr! Un enclos a même été créé en 1994 pour faciliter sa réintroduction; vu le nombre de naissances, il faut croire que çà marche!





Cett petite ville est vraiment bourrée de surprises! Et voilà encore une autre pépite: le musée Français de la Brasserie, implanté au sein des anciennes Grandes Brasseries de Saint-Nicolas-de-Port. Le site fermera ses portes en 1986, suite au rachat par le géant Stella-Artois. Menacée de démantèlement, un effort collectif de la région a permis de classer en 1988 la grande tour de brassage, construite en 1931, avec son vitrage Art Déco si particulier. Dire qu’elle a failli disparaître aussi durant la Seconde Guerre, à cause d’un excité à petite moustache qui aimait bien lever le bras droit…


La maison cossue à côté abritait les locaux administratifs. Elle fait partie du musée depuis 1988, et montre aux visiteurs des objets anciens liés au monde brassicole: bouteilles, verres, affiches publicitaires…





Le clou de la visite, c’est évidemment la grande tour de plusieurs étages, là où se passait toute l’alchimie du brassage de la bière. Certaines parties sont d’ailleurs encore en restauration, mais celà ne nuit pas à la visite qui se veut passionnante. Les grandes cuves en cuivre, la salle de machines avec son compresseur de dimensions monstrueuses et sa roue de 4 tonnes, ces tuyaux qui partent dans tous les sens… Toute cette machinerie est un mélange de majesté et de nostalgie. Le parcours continue avec quelques anciennes machines à embouteiller, des cuves de fermentation et un exemple d’ancienne charrette de livraison. Plus anecdotique, ces toilettes à la turque cachées dans le recoin d’un étage, et ces deux trous béants tout au sommet de la cage d’escaliers (attention il y a quelques marches!); ils étaient destinés au passage des câbles d’un ascenseur, mais le projet n’a pas abouti. La fin de la visite se conclut en beauté avec une dégustation d’un délicieux breuvage houblonné.













12 petits km me séparent encore de la ville principale de Meurthe-et-Moselle, où je passerai la nuit. J’y étais déjà venu mais ça date, c’était en 2005… Me voilà donc arrrivé à Nancy. Hé ben c’est pas de tout repos de pénétrer dans la ville, il y a une circulation assez intense, je suppose que ce sont les retours du boulot! Et qu’est-ce qu’il peut y avoir comme sens interdits et feux de circulation (qui se sont ligués contre moi en passant au rouge dès que je m’approche d’eux 😒)! Enfin j’atteins le parking de la Place Carnot, pas trop cher, où je laisserai la voiture, n’ayant pas envie de la laisser coucher dehors par ce froid polaire!
Je ne te ferai pas un cours détaillé sur l’histoire de la ville, ce serait un peu long. Mais sache que le V.I.P. historique de la cité affiche son prénom un peu partout: enseignes de restos, de bars, d’hôtels, il a sa rue et sa place. Je l’avais évoqué à Lunéville, tu te souviens? Oui, c’est Stanislas, roi de Pologne et duc de Loraine, le beau-papa de sa majesté Louis XV! L’aboutissement ultime de sa renommée n’est qu’à 300 m de mon lieu d’hébergement. Le bijou dans son écrin, la perle dans l’huître: voici la Place Stanislas! Mon dieu que je suis heureux de revoir cette merveille d’harmonie et de symétrie, une des plus belles places de France! aves ses pavés, ses fabuleuses grilles en fer forgé recouvertes de feuilles d’or et la statue du bon Stan’, bienfaiteurd e la Lorraine, il n’y a rien d’étonnant au fait qu’elle soit classée à l’Unesco, et qu’elle ait été élue “monument préféré des Français” en 2021! La place a été construite en 1751 sur décision de Stanislas en hommage à son gendre Louis XV qui l’avait fait Duc de Lorraine. La reconnaissance familiale a du bon!
(* les photos on été prises un peu plus tard dans la soirée, pour sublimer le contraste avec les illuminations de la place).




Au-delà de la Place Stanislas, un arc de triomphe monumental donne accès à la Place de la Carrière, où justement se tient un des marchés de Noël de la ville, avec quelques chalets et surtout la Grande Roue, qui permet d’avoir une vue extra sur les deux places illuminées. J’y ferai quelques “tours de roue” en me demandant ce que je ferais si jamais elle subissait un quelconque souci technique, en restant bloqué là-haut par ce froid cinglant… Mais bon, c’est le genre de pensée qui ne dure que deux secondes!





À l’extrémité de la Place de la Carrière, commence la vieille ville de Nancy, treès agréable avec ses petites rues pavées et ses bars populaires. La basilique Saint-Epvre est l’un des plus beaux édifices religieux de la ville, d’une hauteur impressionnante de presque 100 m. C’est une “jeunette”, puisqu’elle a été bâtie dans le courant du 19ème siècle. Sur la place éponyme, la pâtisserie Adam est un excellent plan pour déguster quelques petites tueries sucrées, comme le gâteau Saint-Epvre, mélange diabolique de meringue aux amandes, de crème au beurre à la vanille bourbon et à la nougatine pilée.
Tout au bout du “vieux” Nancy, la porte de la Craffe est tout ce qui reste des anciennes fortifs datant du 15ème siècle.






Ça me fait chaud au coeur de revoir cette belle ville de Nancy; 17 ans d’écart avec ma première visite, tu parles d’un bail! Je vais maintenant rallier la place charles III, un endroit toujours bien animé où se trouve aussi un grand marché couvert. Mais en cette période, c’est le marché de Noël principal de la ville qui a pris ses quartiers ici, avec ses chalets illuminés et son petit manège. Il y a du monde, certes, mais je m’attendais à une foule un peu plus dense. Le fait qu’on ne soit que vendredi soir y est peut-être pour quelque chose, c’est surtout les weekends que les choses deviennent sérieuses! Allez, un verre de vin blanc chaud (ça change une fois du rouge!) pour se réchauffer, un bretzel fourré, un cornet de marrons chauds… Cette ambiance donne vraiment une sensation de joie, de bien-être, où tous les soucis sont expédiés à l’autre bout de la Terre… J’aime!



Le lendemain matin, un redoux des températures en vue? Hé ben non, même pas en rêve. Un léger brouillard a même décidé de se poser sur la région. Avant de partir, je vais porter un dernier regard sur la Place Stanislas, qui revêt un aspect mystérieux avec cette brume et cette grisaille, d’autant plus qu’il n’y a pour ainsi dire personne à cette heure. Deux croissants et un petit café dans une boulangerie, et c’est reparti pour d’autres découvertes!



Avant de rejoindre Metz, j’ai encore le loisir d’aller à gauche à droite explorer la Meurthe-et-Moselle. Te souviens-tu quand je t’avais dit qu’il suffit de tourner la tête ne fut-ce que deux secondes pour repérer un lieu intéressant ou insolite? C’est le cas à l’instant avec le petit village de Dieulouard, que j’aurais pu zapper si je n’avais aperçu cette grosse tour ronde fortifiée, laquelle fait partie d’un ancien château contre lequel des anciennes maisons s’adossent. Joli décor avec la petite église à côté, pour un petit village un peu hors des sentiers battus!






Je me trouve maintenant plus ou moins à mi-chemin entre Nancy et Metz, plus précisemment à Pont-à-Mousson, une petite ville sympa traversée par la Moselle. Alors, quoi de beau dans le coin? Lunéville a son château, nancy sa Place Stanislas… Ici à Pont-à-Mousson, c’est une abbaye: la fameuses abbaye des Prémontrés, bâtie au 18ème siècle sous le règne du duc de Lorraine Léopold Ier (oui, celui du château de Lunéville!) et entourée de superbes jardins en bord de la Moselle. L’intérieur en est de toute beauté: le grand cloître, le réfectoire, certaines salles où sont souvent installées des expos temporaires… Des escaliers somptueux, où sont accrochés des lustres du même acabit, relient les étages entre eux. Ne t’étonne pas de voir, au 1er étage, un couloir avec des panneaux “chambres N°… à N°…”, et de voir des gens prendre un petit-déj’ au réfectoire: l’abbaye est aussi un lieu d’hébergement, un peu huppé sans doute, mais l’expérience est certainement unique. Elle n’est pas non plus figée dans le temps, c’est un vrai centre culturel accueillant des expos, des événements, et même souvent des mariages, qui occasionnent malheureusement une privatisation partielle de certains endroits de l’abbaye; c’est pour celà d’ailleurs que je ne puis te faire voir l’intérieur de l’église…









Un tour en ville n’est cependant pas à dédaigner, mais attention en plein hiver, beaucoup de petites rues sont quelque peu délaissées question neige et verglas! C’est sur la Place Duroc, surprenante avec sa forme en triangle et ses arcades, que s’installe chaque année le marché de Noël. Dommage qu’elle ne soit pas 100% piétonne, qui plus est les feux de circulation à ses abords provoquent quelquefois des mini-bouchons! sous les arcades, plein de petits commerces, de bars et de resto, dont l’un très sympa et très apprécié des locaux, qui tourne depuis 1975.






Et quand tu te baladeras en ville, regarde bien au sol, surtout les plaques d’égout. Elles ont quoi de spécial, me diras-tu? Oh non, elles ne sont pas en or, mais sache que tu marcheras sur les mêmes plaques dans presque 70 pays différents! C’est à Pont-à-Mousson qu’elles sont fabriquées, depuis presques deux siècles. Et si elles sont rondes, c’est par par fantaisie, mais par sécurité: avec un diamètre légèrement plus grand que celui du trou, elles ne risquent pas de tomber dans le trou et de blesser un ouvrier qui travaille en-dessous!


Et enfin… tu as envie de jouer un peu?

Alors, 50/50 ou coup de fil à un ami? Roulement de tambour…

Même sans çà, je suis persuadé que tu le savais!
Metz n’est plus très loin, une trentaine de km tout au plus. J’ai encore le temps de me balader et découvrir un ou deux coins intéressants. Petit changement: bye bye la Meurthe-et-Moselle, me voici dans le département de la Moselle. La campagne sillonnée de petites routes est vraiment belle. Ils semblent bien loin, les sites industriels démesurés…



Un petit arrêt à Gorze, un “village-rue” bien agréable aux maisons anciennes serrées les unes contre les autres (par ce froid, rien d’étonnant), avec son église Saint-Etienne du 13ème siècele et son palais abbatial. J’adore la sérénité de ces petits villages, d’autant plus qu’en décembre c’est pas la grande foule!




En arrivant à Jouy-aux-Arches, à 10 km de Gorze, je remarque un gros pilier solitaire en bord de route. Un reste de pont, peut-être? Pas tout à fait, ce sont ici les vestiges d’un aqueduc, dont les arches s’étirent sur la gauche du cours de la Moselle. C’est une partie de ce qui reste d’un ancien aqueduc romain, qui fournissait Metz en eau au départ de Gorze, sur une longueur de 22 km dont une partie souterraine. Il passait au-dessus de la Moselle, et traverse encore le village (dont le nom est facilement explicable!), où des arches sont encore visibles. Les endroits insolites ne manquent pas en Lorraine, pour le plaisir des voyageurs curieux!







Allez, plus que 5 petits km pour faire mon entrée à Metz, le chef-lieu de la Moselle! J’espère qu’il ne faudra pas encore se coltiner une ribambelle de feux rouges et une circulation au pas d’homme… Hé ben non, ça roule plutôt bien, et puis je n’ai pas à pénétrer dans le centre-ville, laissant la voiture au parking souterrain de la vaste Place de la République (où un des marchés de Noël est installé)!
Alors avant toute chose, on prononce “Mess” (explication ici) et les habitants s’appellent les messin(e)s. Je ne vais pas te faire le coup de Jean-Pierre Foucault deux fois, non plus! Certains préjugés la font passer pour une ville morose, seulement connue pour son équipe de foot; j’ai compris, il va encore falloir balayer ces conneries d’un revers de main! Et ce sera chose facile, tu verras, quand on voit la richesse des monuments et l’intégrité architecturale des bâtiments de différentes époques, Metz ayant été relativement épargnée par la Seconde Guerre!
Je loge dans le sud du centre historique de Metz, ça a changé depuis 2005, davantage de rues sont piétonnes à présent, c’est chouette. Pour commencer ma balade en ville, ça me paraît inconcevable de ne pas aller revoir la “pépite” absolue de Metz (je n’aurai que 500 m à faire): sa cathédrale Saint-Etienne. Haute, imposante, magnifiquement ciselée, cette merveille gothique du 13ème siècle est souvent citée parmi les plus belles cathédrales de France. Je valide complètement! L’accès en est gratuit, pas question de bouder son plaisir pour entrer admirer une des nefs les plus hautes de France (42 m, 2ème position après la cathédrale d’Amiens), mais si attention à ne pas choper un torticolis! Car il faudra encore lever les yeux sur les incroyables vitraux (record de surface vitrée en France, avec 6500 m², respect), dont certains ont été réalisés par Marc Chagall, ce qui n’est pas de la petite bière… Dommage qu’une partie extérieure de l’immense édifice soit encore en travaux, mais le résultat final tiendra du sublime, c’est une évidence.







Jouxtant la cathédrale, la Place d’Armes accueille un des marchés de Noël, c’est là qu’est installée la Grande Roue qui, malgré sa taille, semble toute riquiqui face aux dimensions de sa prestigieuse voisine!




Il y a du monde dans les petites rues piétonnes ce soir, mais on est samedi, ceci explique celà. J’imagine qu’à Nancy, ça doit être pareil, pas comme hier où elle m’a paru quelque peu assoupie. Par contre, le froid est encore plus mordant; vais-je croiser des ours polaires ou des manchots? Allons, faut pas faire sa chochotte, quand on pense que quelques jours après aux Etats-Unis, ça ve descendre jusqu’à -55°C… 🥶🧊🥶
Je descends à travers les anciennes rues pavées, jusqu’à cet endroit assez romantique où la Moselle se sépare en plusieurs bras, franchie par des ponts de pierre et des passerelles. Voilà la Place de la Comédie, où se trouve l’Opéra-Théâtre, le plus ancien de France encore en activité, et le Temple-Neuf, un édifice protestant qui ne date que du 20ème siècle. Ici aussi se tient un marché de Noël… et il y en a d’autres encore!








Les illuminations de Noël sont vraiment belles, la ville a bien fait les choses! Je remonte vers la Place Saint-Jacques, où est installé un… devines quoi? J’ai pas besoin de le dire, je pense. Un double alignement de jolis chalets proposent des articles d’artisanant et des spécialités à manger et à boire. Ça tompbe bien, j’ai une petite dalle. Alors, voyons… Oh, une petite portion de choucroute en ravier (l’Alsace n’est pas si loin)? Adjugé! Avec l’incontournable vin rouge chaud, agrémenté d’un petit “plus” ici, puisqu’on y ajoute souvent de la liqueur de mirabelle. Les deux se marient très bien, ça change tout niveau arôme et saveur!



Parmi les nombreuses places disséminées à travers la ville, laquelle pourrait prétendre au titre de la plus belle? Selon l’avis de beaucoup (le mien inclus), ce serait bien la Place Saint-Louis, celle justement où je fais mon entrée. Datant du Moyen-Age, sa forme étroite et allongée, ses hautes maisons à arcades et à façades ocres lui donnent incontestablement un petit parfum d’Italie, qui pourtant se trouve à un bon 700 km de Metz! Anecdote marrante: son nom provient d’une bourde. En 1707, un curé du quartier fait don d’une statue de Louis XIII à la place; mais petit souci, à la réception de la statue, les habitants se trompent, confondant Louis XIII et Louis IX, autrement dit Saint Louis! Bon allez quoi, on ne va pas chipoter pour une différence de 4 “Louis”, et celà n’enlève rien à la beauté des lieux!
Le marché de Noël est au diapason de l’endroit, avec une ambiance indescriptible, où les odeurs de pain d’épices se mêlent à celles du vin chaud, où les flonflons du vieux manège de chevaux de bois rivalisent avec les airs enjoués d’une fanfare (qui peut aussi bien enchaîner “Despacito” après un air de Noël), où les gens retrouvent la gaieté, le bien-être, presque l’extase qui existaient avant l’apogée de cette sombre “période covid” et ses foutues restrictions… Je déguste un petit verre de jus de mirabelle chaud (c’est original) en écoutant la musique. Ah, qu’on est bien… Il m’a vraiment bien plu, ce marché de la Place Saint-Louis!



Avant de regagner mon petit hôtel (hé non pas d’airbnb cette fois), je fais un dernier crochet pour voir le marché de Noël de la Place de la République, sans doute un peu moins romantique que celui-là d’où je viens, mais qui comporte quelques atouts comme le grand sapin et la pyramide, tous deux parés de mille lumières, et surtout, la Skyliner, une alternative insolite aux traditionnelles grandes roues: voilà donc une tour composée d’un mât et d’une immense “cabine” circulaire qui emmène son petit monde à une hauteur de 80 m! Pour faire simple, je dirais que c’est un peu la grande soeur de la Gyrotour du Futuroscope (qui ne fait “que” 45 m).


Un dernier petit mot sur Metz: qu’est-ce donc que ce dragon représenté sur certaines façades, qu’on retrouve même jusque dans la cathédrale ou suspendu telle une enseigne en surplomb d’une rue? Le petit nom de cette bestiole peu engageante, c’est le Graoully. Des restos, des bars, des boutiques portent son nom.
Pour faire court, au IIIème siècle, la bébête caractérielle avait pour hobbies de cracher du feu, de dévaster ce qui l’entourait et de gober un messin de temps en temps. Tu parles d’un pedigree… Alors, un super-justicier à l’horizon? Oui!! Voici Saint-Clément, évêque de Metz, le face-à-face peut commencer. Le dragon est stoppé net d’un simple signe de croix, Saint-Clément enroule sa tunique autour du cou de la bête et l’embarque sur les rives de la Seille, où elle fut noyée. Fallait pas emmerder Saint-Clémént, Graoully… Plus prosaïquement, la légende du Graoully a été inventée par Paul Diacre, historien et poète du 18ème siècle.



Ça m’a fait du bien de changer d’air avec cette petite virée de 3 jours, sans faire de trajets à rallonge, dans une région peut-être un poil sous-estimée mais qui mérite qu’on s’y attarde, et pas seulement qu’en période de Noël. Nancy et Metz rivalisent de beauté, et les petites villes et villages de la région recèlent leur lot de bonnes surprises. Le covid n’aura pas tué l’esprit de Noël!

Accès débloqué ! Merci pour ce périple riche en petits bonheurs.
Vive 2023 pour lire vos prochaines virées. À bientôt.
Merçi beaucoup. Mon programme de 2023 est déjà bien fixé. Mais chut, ne vendons pas la mèche trop vite !
Si tout va bien, au printemps on passera à Nancy, mais il manquera la neige 😀. Vous avez fait de belles photos.