Chaque année, je pars quelques jours en septembre pour un petit roadtrip, souvent en France. En 2018, j’ai choisi d’aller me balader dans la région d’Aix-en-Provence et la “Sainte-Victoire”, avant de remonter vers l’incroyable canyon du Verdon, puis d’aller ici et là au gré des p’tits villages varois. Allez, on y va?
Un petit arrêt à Martigues.
J’arrive à l’aéroport de Marseille en fin de matinée, le temps de manger un bout et de récupérer la voiture de location, bon ben on peut y aller! Oh, dans un premier temps je t’emmène pas bien loin, juste 25 km à l’ouest pour visiter Venise. Non, je ne me fous pas de toi, attends: je voulais dire la “Venise provencale”, cette petite ville si proche de Marseille: Martigues!
Alors, pourquoi çà, la Venise provencale? Peut-être un peu gros comme comparatif, mais oui, il y a bien quelques canaux qui traversent 3 quartiers distincts (Ferrières au nord, l’Île sur le canal ou île Brescon) et Jonquières au sud); l’étang de Berre jouerait un peu le rôle de la lagune (d’où la vue n’est pas dégueulasse du tout), et les bateaux de pêche, les “pointus” remplaceraient les gondoles. Voilà, le décor est planté.
Pour se garer, il y a un grand parking à Jonquières, ensuite on franchit le pont pour entrer dans le quartier le plus pittoresque de Martigues, son “île”. En longeant le quai Brescon, on rattrape le petit canal Saint-Sébastien, bordé par des petites bâtisses colorées (des anciennes maisons de pêcheurs), où quelques barques dansent nonchalament sur les eaux. Et je dois t’avouer qu’un instant, on pourrait se croire dans le quartier du Cannaregio. Ce coin tout mignon est appelé “le miroir aux oiseaux”. Mis à part le canal, l’île recèle quelques petites ruelles pavées bien sympas, et des quais, on jouit d’une superbe vue sur le quartier de Jonquières.
Clin d’oeil cinéma: c’est à Martigues que fut tourné “La cuisine au beurre” de Gilles Grangier en 1963, avec Bourvil et Fernandel!















Aix-en-Provence.
Je quitte Martigues, direction nord-est sur 50 km, pour rallier une autre destination qui sent bon le soleil, les cigales, les fruits et légumes (ben oui, son marché!), et qui fut le lieu de naissance du grand peintre Cézanne: Aix-en-Provence!
L’accès à la ville n’est pas trop moche, car contrairement à la périphérie de nombreuses villes, ici les platanes te font une haie d’honneur. Du côté de la gare, il y a moyen de se garer pour pas trop cher. Et il ne faut pas marcher trop longtemps pour se retrouver au début de cette longue artère bordée de platanes et de cafés, balisé de fontaines: le cours Mirabeau. C’est un peu les “Champs-Elysées” des Aixois (sans les 8 voies de circulation et la circulation venue des Enfers, bien sûr), né de l’agrandissement de la ville pour remplacer les anciens remparts, ordonné au 17ème siècle par l’archevêque Mazarin (le frère du cardinal, en fait), et du coup faire plaisir aux bourgeois qui réclament une promenade pour y flâner et s’y montrer.
Tu remarqueras le nombre de fontaines assez conséquent en ville, car Aix a une vocation de ville thermale (çà date de l’époque romaine quand-même!). Mais les “stars” du genre se trouvent justement sur le cours Mirabeau. Voici d’abord celle de la Rotonde, la “XXL” de la bande avec ses 32m de diamètre; elle se situe au début du cours, en bas. Ensuite celle des Neuf-Canons, qui ferait bien un tour chez le coiffeur car elle est bien recouverte de végétation; elle servait d’abreuvoir pour les moutons qui allaient en transhumance d’Arles vers les Alpes. La troisième, c’est la fontaine moussue, qui porte bien son nom (deuxième cliente pour le coiffeur??), et qui voit couler le long de son rocher une eau thermale chaude (≃30°C); dans le passé, on venait en chercher pour nettoyer l’entrée des habitations du cours. En hiver, avoir de l’eau chaude, waouh trop bon! Enfin, la dernière, la fontaine du Roi René, avec la statue la statue du roi René (cqfd), en marbre blanc. Il tient un sceptre dans la main droite et une grappe de raisin dans l’autre.
Avant de continuer notre visite, petite question: tu aimes les p’tites douceurs sucrées? Tu goûterais bien un calisson d’Aix? J’en ai acheté une petite boite, prends-en un… Le calisson, c’est un autre symbole de la ville: une petite tuerie en forme de losange, avec des amandes broyées et du melon confit et recouvert de glaçage blanc. La forme de losange du calisson représenterait le berceau de Jésus.









Je vais maintenant faire un tour dans la vieille ville, en empruntant sa “colonne vertébrale”, la rue Gaston-de-Saporta. Une artère très touristique, avec son lot de boutiques de produits régionaux et d’artisanat. Il n’empêche que j’aime vachement la couleur jaune “miel” des vieilles façades, qui rappelle certaines villes d’Italie du sud! Attention quand-même à ne pas trop lever le nez en l’air, pour ne pas foncer droit dans un tourniquet-présentoir de cartes postales…
Alors, elle est pas mignonne, la petite Place de l’Hôtel de Ville? Pas mal de trucs à voir sur si peu d’espace: l’hôtel de ville (tiens donc), la fontaine, la halle aux grains et l’élégante Tour de l’Horloge. Un peu plus bas, la Place d’Albertas a aussi de la gueule, avec sa fontaine et l’hôtel particulier de la famille Albertas, qui ne s’est pas gêné pour racheter les maisons voisines et les faire démolir… Je ne vais pas énumérer toutes les placettes et fontaines sur lesquelles on peut tomber au gré d’une balade das le centre ancien, il faudrait un article entier! Faut y aller au hasard, il fait souvent bien les choses. Il y a aussi des édifices religieux, comme la cathédrale Saint-Sauveur et son curieux baptistère octogonal, et l’église Saint-Jean-de-Malte.
Une visite intéressante pour une ville agréable à parcourir: ville d’histoire, ville d’art (Cézanne y avait d’ailleurs son atelier), ville gourmande (raah, ces calissons!)… Et la réputation de son marché aux fruits et légumes n’est plus à faire!









La Montagne Sainte-Victoire.
Bon, comme l’aprem est déjà bien entamé, il est temps de mettre les voiles vers l’est, pour me confronter à ce lieu mythique de la Provence, si bien immortalisé par le peintre Cézanne (presque 80 toiles sur le sujet, le gars était inspiré!): je t’emmène à la rencontre de la Montagne Sainte-Victoire! Cet incroyable massif montagneux calcaire de 18 km de long culmine à 1011m tient son nom de la victoire d’un général romain lors d’une bataille ayant eu lieu dans le coin. Le meilleur moyen d’en admirer toute la “puissance” est de la longer côté sud, par la petite D17 bordée de champs et de vignes. Même si c’est pas le Mont-Blanc, j’avoue que cette barre rocheuse d’aspect infranchissable, dans le décor, ça envoie du lourd! Je t’emmènerai demain en rando, mais la fin de la journée s’amorce, alors direction mon point de chute pour cette nuit: le petit village de Puyloubier.
Un amour de p’tit patelin blotti au pied du massif et encerclé par les vignes; ses petites ruelles sont bordées de maisons à volets verts ou bleus, une placette avec les sempiternels platanes… Le décor est planté. Et je vais être à l’aise dans cette petite chambre d’hôtes, gérée par Louis et sa femme, qui adoptent d’emblée le tutoiement; on s’installe dehors à trois, et c’est parti pour un petit “casse-croûte” de bienvenue: saucisson, tapenade (* des olives noires broyées avec huile d’olive, câpres et filets d’anchois) et anchoïade (* variante de la première), ajoute à celà une (très) bonne bouteille de rosé et tu frôles le nirvana. Surtout quand son pote le boucher du village débarque inopinément avec madame, on se met à refaire le monde et à profiter des choses les plus simples, un bout de pain, une rondelle de saucisson… Ouille, la bouteille de rosé est vide! Wow, en voilà une deuxième!! Bon, “moderato” quand-même, car ensuite en soirée je vais faire un tour dans le village et les vignes. Les grappes sont déjà belles! Tout au loin, au sud, on devine le massif de la Sainte-Baume… Pour manger, pas grand-chose au village, mais un food-truck “italien” fera mon affaire avec un ravier de pasta al pesto. C’est chouette de reparlerun peu l’italien; le gamin du gérant m’explique toutes les armes de son jouet vaisseau spatial… et voilà que ça finit en “bataille intergalactique” avec mon ravier vide et le vaisseau. Ben quoi, faut que jeunesse se passe, non?












Le lendemain, après un petit-déj monumental, je pars maintenant du côté nord de la Sainte-Victoire. Louis me dit qu’aujourd’hui c’est jour de chasse, alors gaffe en randonnée, les chasseurs ébvitent de croiser les sentiers, mais sait-on jamais… On verra.
Je reviens sur Aix sans y entrer pour bifurquer vers la D10 qui contourne la “face nord” du massif. Des sentiers de rando il y en a quelques-uns dans le coin, moi je vais suivre celui qu’on appelle le chemin des Venturiers, qui était utilisé par les pèlerins pour se rendre au prieuré qui se trouve tout là-haut. C’est un sentier plutôt facile (bon ça dépend des mollets), qui serpente d’abord à la cool à travers bois puis qui va en se rétrécissant. Tiens, au loin, j’ai entendu deux coups de fusil… Pas de panique, c’était LOIN. Au fil de la grimpette le sentier change sa physionomie, il devient plus rocailleux, plus irrégulier dans sa pente; bientôt le fameux prieuré apparaît (la chapelle Notre-Dame-de-Victoire, pour être précis), lieu de sérénité avant la dernière petite montée pour enfin atteindre l’emblématique Croix de Provence, où un panorama sublime attend le courageux randonneur: la Sainte-Baume, le Luberon… rien que çà!













Bon ben faut redescendre à présent! La descente, surtout en terrain rocailleux comme ici, est un peu “technique”, il faut souvent éviter de déraper sur les cailloux instables; mon truc c’est de marcher à petits pas rapides, les chaussures retent moins en contact avec le sol c’est plus stable. On approche de la mi-journée, je vais voir si il y a de quoi se restaurer quelques km plus loin sur la route, au petit village de Vauvenargues. Oui, je dégote un petit bar: un sandwich et une bière , ok ça me va.
Joli petit village pour se reposer après l’effort, avec en point de mire son chateau du 16ème siècle (non visitable). Cet endroit abrita un hôte exceptionnel: Pablo Picasso himself, de surcroit admirateur de Cézanne, eut le coup de foudre pour ce château d’où il pouvait admirer la Sainte-Victoire. Il l’acheta en 1958, âgé de presque 80 ans. Même s’il n’y a vécu que 2 ans (1959-1961), c’est là, sur le terrain de jeu de Paul Cézanne, qu’il a choisi d’être enterré aux côtés de son épouse.
En fin d’aprem je rejoins Puyloubier, où je passerai une deuxième nuit.





On change de département!
Ce matin, je file direction nord sur 50 km par les petites routes, au milieu de beaux paysages boisés et vallonnés. Plus loin, à l’ouest, la rivière Durance suit son cours et au-delà commencent le Vaucluse et le parc du Luberon. Les gorges du Verdon se rapprochent, mais chaque chose en son temps. Il y a encore de beaux petits “spots” à explorer avant de s’y frotter. En même temps, je quitte les Bouches-du-Rhône pour entrer dans les Alpes-de-Haute-Provence. Donc là, je vais faire un stop à Gréoux-les-Bains, un gros village bien provencal et à vocation thermale (d’où “les-Bains”). Les thermes sont un peu excentrés par rapport au centre ancien, sacrément bien foutu avec son lot de petites ruelles et de volées d’escaliers, qui ont l’air de faire le dos rond devant le chateau des Templiers, datant du 13ème siècle. Beau village, sans pour autant affirmer qu’il soit le plus beau de Provence…








A quelques km de Gréoux-les-Bains, voici un autre petit village pas mal du tout, moins touristique que son voisin thermal et par conséquent plus empreint d’authenticité: Saint-Martin-de-Brômes. Les ingrédients “made in Provence” sont là: la petite place, la fontaine qui glougloute, les ruelles avec leurs maisons à volets de bois verts ou bleus, le chant des zoziaux… En surplomb du village, se dresse la La tour de l’Horloge, un ancien donjon.







La route qui va me conduire à Moustiers-Sainte-Marie est superbe, les paysages alternent champs et prairies; et surtout, voilà qu’un élément emblématique de l’identité provencale commence à pointer le bout de son nez: des champs de lavande! Le souci, c’est qu’ici je voyage en septembre, et la floraison de la plante a lieu entrer juin et août. Donc désolé, pas de photo de belles rangées colorées de lavande… (mais pour me faire pardonner, j’en insérerai une de mon voyage de 2009) 😉 Attention, pour ces parcelles de culture parfois de belle taille, ce n’est pas souvent la vraie lavande qui est utilisée mais le lavandin (lui c’est un croisement entre la lavande fine et la lavande aspic, il ne peut pas se reproduire naturellement et doit être bouturé).



Tu sais que la lavande, les moustiques ne la kiffent pas trop? Les provençaux se frictionnent parfois les bras et les jambes avec la plante; et il y a aussi de l’huile essentielle…
Sur la route, je marque un arrêt dans un village au patronyme bien curieux: Allemagne-en-Provence. L’origine de ce nom viendrait de la déesse gauloise de la fertilité (Alemona), qui était vénérée autour du site occupé par l’actuel château, le nom s’est déformé au fil des siècles. Avant il s’appelait Allemagne “tout court” jusqu’à qu’on y ajoute “en Provence” après la Seconde Guerre Mondiale. Le chateau, pour info, est ouvert aux visites. Encore un bien joli petit coin!






Moustiers-Sainte-Marie.
Hé bien ça y est j’ai enfin atteint ce gros village hyper connu, touristique immanquablement, qui est un peu la “porte d’entrée” (ou de sortie selon la direction!) de tout visiteur des gorges du Verdon, j’ai nommé: Moustiers-Sainte-Marie.
Il n’apparaît pas au loin comme les villages perchés du Vaucluse, non, il se fait désirer, il se planque contre son gigantesque rocher… Laisse-moi le temps de garer Titine, de déposer mon sac dans une petite chambre d’hôtes pas trop chère, et je fais les présentations.
On va pas se mentir: je suis entré à l’intétieur d’une carte postale! Imagine-toi un village fleuri, avec des ruelles en calades, traversé par une petite rivière, l’Adou, qui se permet de déconner en sautant de cascade en cascade, en passant sous des petits ponts et frôlant les terrasses de certains restos. Les maisons anciennes aux toits de tuiles s’étagent bien sagement, l’abri du rocher. Et cette église, un petit bijou! En fait, Moustiers-sainte-Marie doit son nom aux moines de l’abbaye de Lérins (Alpes-Maritimes, près de Cannes) qui l’ont fondée au 5ème siècle. C’est, aujourd’hui, un des “Plus Beaux Villages de France”; tu m’étonnes…
On le surnomme parfois la “crèche”. Pourquoi? As-tu remarqué cette longue chaîne qui relie deux pans de rocher, avec une étoile accrochée? C’est de là que ça vient. Plusieurs histoires entourent l’étoile de Moustiers, la plus répandue étant que ce soit un ex-voto d’un chevalier croisé prisonnier des sarrasins qui avait promis, s’il revenait dans son village, d’y suspendre une étoile et sa chaîne en hommage à Marie.
Un autre grand moment est la montée à la chapelle Notre-Dame-de-Beauvoir, qui domine le village. La grimpette peut s’avérer rude pour les non-initiés, la pente est parfois sévère et les gros galets du sentier, à force d’être patinés par les godillots des visiteurs, sont parfois glissants même par temps sec. Quand il pleut, ça doit être casse-gueule, je pense… La chapelle actuelle date du 12ème siècle. Le panorama de là-haut est à la hauteur de ce qu’on attend de lui: exceptionnel!
Et en soirée, une fois la nuit tombée, c’est un délice de se balader dans les ruelles quasiment désertes (on est en septembre, et les visiteurs d’un jour sont déjà partis!) avec le bruissement d’une cascade au loin, ou un chat qui te surprend dans le noir en traversant devant tes pieds…


















Les gorges du Verdon… Que le spectacle commence!
Le point d’orgue de ce voyage de quelques jours, mes enfants, va se concrétiser aujourd’hui! Mais avant d’y foncer tête baissée, on va aller dire bonjour à cette immense retenue d’eau, aux couleurs oscillant entre émeraude et turquoise: le lac de Sainte-Croix, d’une superficie de 22 km² et à cheval entre les Alpes-de-Haute-Provence et le Var. Malgré sa beauté incontestable et son côté sauvage, dis-toi bien que c’est un lac artificiel réalisé dans les annes 1970 dans le cadre de la distribution d’eau et d’électricité dans la région. Et un peu avant le lac, on franchit un pont, trait d’union des deux départements et point de sortie des gorges du Verdon, endroit très prisé des amateurs de photos. Après son passage par le lac, la rivière rejoindra plus tard la Durance.




Nous y voilà. C’est la partie nord des gorges que je vais d’abord te montrer, par la D952 qui va jusque Castellane. Mais petite présentation avant tout, pour savoir à quel “monstre” on va se frotter: les gorges du Verdon (ou canyon) sont les plus grandes d’Europe, carrément. Une entaille qui court sur 21 km, profonde de 700 m par endroits, largeur minimum 6 m au niveau de l’eau, jusqu’à… un maximum de 1500 m entre le haut des deux versants!! Tu comprendras que devant un truc pareil, on ne la ramène pas. Le fait que ce soit un looong travail d’érosion d’une petite rivière, l’esprit humain a du mal à le conceptualiser. Il faut ajoutet que c’est un parc naturel régional depuis 1997, et qu’il n’est pas rare d’y voir évoluer des vautours fauves.
La D952, disais-je, longe la partie nord des gorges. Elles se font d’abord attendre, un peu comme les vedettes du showbiz, la route serpente dans un paysage boisé; ensuite ça y est, le paysage se dégage et offre de belles échappées sur le lac, et les gorges se dévoilent enfin. Ce n’est pas encore la partie la plus spectaculaire, mais le décor minéral et escarpé constitue déjà une belle entrée en matière! Mais voici déjà le petit village de la Palud-sur-Verdon, stratégiquement bien placé pour découvrir le “best of” des gorges. La fameuse “Route des Crêtes” commence à quelques km, et comme elle est à sens unique, le trafic est mieux ventilé, même en été.





La Route des Crêtes commence 2 km après la palud, au niveau de l’auberge des Crêtes (oh, ça a dû cogiter pour trouver le nom). C’est parti. Premier virage, quelques voitures garées et premier belvédère. Je souffle un coup et m’approche de la rambarde… Le choc visuel est brutal, là je suis sur le cul (excuse-moi… ). Non mais franchement, même le mot “gigantesque” parait être un euphémisme. Pourtant j’ai vu les gorges de l’Ardèche, celles du Tarn… mais ici c’est le Tarn version testostérone. Les deux versants du canyon laissent passer, telle une haie d’honneur, la rivière aux eaux turquoises, là tout en bas. Et ces belvédères vont s’enchaîner le long de la route, jusqu’à rejoindre la Palud.










Retour sur la D952, vers l’est, mais avant de rejoindre le versant sud, je vais faire halte à Rougon, ce petit village perché en surplomb des gorges comme une sentinelle. Il est tout petit, blotti contre un rocher où se trouvent les ruines d’un chateau. Ce village me fait penser à une version miniature de Moustiers… Ses rues en pente, ses maisons anciennes et son panorama extraordinaire sur les gorges en font une halte agréable. Autre atout, un petit gîte d’étape qui fait aussi… crêperie (la Bretagne s’exporte toujours bien, on dirait); surtout quand tu prends ton repas au soleil, face aux gorges qui se déploient en contrebas!








En revenant sur la D952, le “Point Sublime” est un des plus beaux points de vue sur les gorges. Par après, il faut partir vers le sud pour rallier le versant sud des gorges qui réservent leur lot de surprises; c’est pas pour rien qu’on l’appelle la “Corniche Sublime”! Ah, autre détail: nous voilà dans le Var!



Alors, le versant sud va-t-il être aussi excitant à découvrir que son voisin d’en face? Sans aucun doute: ça démarre fort avec le “Balcon de la Mescla”, un panorama de dingue sur un célèbre méandre du Verdon, là où ses eaux rejoignent celles de l’Artuby. D’ailleurs, le terme “mescla” signifie “mélange” en référence aux deux cours d’eau qui se rejoignent à cet endroit.
Plus loin , voici l’audacieux pont de l’Artuby, qui franchit la rivière Artuby coulant 180 m plus bas. Des sauts à l’élastique y sont souvent proposés. Et des belvédères, quand y en a plus, y en a encore! Exemples: les points de vue des tunnels du Fayet (creusés dans la roche) et les Falaises des Cavaliers ne sont pas en reste sur leurs copains du versant nord!








Je continue ma route; à ma droite les gorges, pas toujours visibles à cause de la végétation, se déployent dans leur plus grande largeur, je suis au niveau de la Route des Crêtes du versant opposé. Progressivement la route commence à descendre en lacets, et le lac de Sainte-Croix réapparaît au loin. Je me rapproche d’Aiguines, un charmant village surplombant le lac et qui propose son lot de trucs sympas: un centre ancien plein de petites ruelles, un superbe petit chateau avec sa surprenante toiture colorée et des vignes à ses pieds, et l’église qui lui tient compagnie juste à côté. Autant d’atouts auxquels il faut ajouter la “cerise sur le gateau”: une vue hallucinante sur le lac en contrebas!















Là-bas plus loin, le Verdon va bientôt rencontrer le lac, les gorges s’estompent peu à peu. Voilà, le “méga-show” se termine. Clap de fin. Standing ovation pour les gorges du Verdon, sioûplait!!

Pfiouu, quelle journée mémorable! Mais c’est pas tout çà, je vais rejoindre à présent mon étape de cette nuit, en refaisant la route “sud” en sens inverse. entre Rougon et la Corniche Sublime, se trouve un tout petit village, typiquement provençal: Trigance. Une poignée de maisons, autant de ruelles et d’escaliers, tout celà dominé par un ancien chateau devenu hotel-resto de luxe. Mais c’est pas pour moi, j’ai trouvé une chambre airbnb dans une vieille maison du village, tenue par une adorable vieille dame. Un havre de tranquillité et un régal de se balader aux proches alentours. En attendant demain…







Au gré des petits villages du Var…
Durant 2 jours, je vais sillonner le Var, parfois au hasard, pour dénicher quelques pépites de petits villages dont le département n’est pas avare. En quittant Trigance ce matin, 20 petits km suffisent déjà à m’amener à Bargème; et ça commence fort, malgré sa petite taille, il est le plus haut village du Var. Bien campé sur sa colline rocheuse, il est dominé par son château féodal, en majeure partie détruit lors des guerres de religion. Par contre, le donjon et les murs d’enceinte ont plutôt bien résisté. Et que dire du panorama sur le plateau de Canjuers, avec ses champs de lavande et ses prairies… Ben je dirais que c’est dommage qu’il soit occupé en partie par un… camp militaire.










Direction sud sur 20km pour atteindre un autre village médiéval planqué dans la verdure et les champs d’oliviers: Bargemon. Nous sommes dans une petite région appelée la “Dracénie”, du fait que la ville de Draguignan en est l’épicentre. Les platanes, la fontaine sur la place, toujours les volets verts et bleus aux fenêtres… Je ne m’en lasse pas. “Toujours pareil”, dirait le touriste blasé. “Reste chez toi”, lui répondrai-je… Bim!






Superbes paysages boisés et vallonnés, surtout des pins, chênes et oliviers, c’est un plaisir d’y rouler. A peine 5km séparent Bargemon d’un autre village perché, plutôt discret celui-là: voici Claviers, posé sur son petit éperon rocheux. La plupart des ruelles ne sont pas faites pour les voitures, et c’est tout bon pour qui l’explore à pied! J’y ai croisé un ou deux habitants, sans plus. Les touristes sont sûrement encore dans les gorges, je pense… Quelle tranquillité! C’est ici que je vais casser la croûte dans un petit bar qui a l’air de n’avoir pas bougé depuis 50 ans.






Je trouve çà chouette qu’il suffise de faire des sauts de puce de quelques km pour tomber sur un autre village intéressant. Je débarque donc à Callas. Voici encore un village perché sur une colline (à mon avis, ils se sont passé le mot ). As-tu remarqué les maisons hautes et étroites, une disposition différente des autres villages du coin? Je trouve qu’il y flotte comme un air d’Italie.
En fin d’aprem, je pose mon sac cette nuit dans u autre airbnb entre Callas et Figanières. L’aventure continue demain!







Les villages du Var: “Opus” N°2!
Encore du super beau temps ce matin, idéal pour rejoindre ma première étape du jour, à 12 km ouest de Callas, au gré de routes sinueuses et de paysages bucoliques. Et voilà le relief qui change: la route se fait plus étroite et longe des falaises rocheuses, à un moment je passe même sous un tunnel creusé dans la roche. a ma gauche, une petite vallée encaissée: c’est là que coule la Nartuby, qui se paie le luxe d’avoir ses gorges (c’est pas le Verdon, mais c’est l’intention qui compte, non?). Et le voici enfin, ce petit village perché de Chateaudouble, cerné par les falaises des gorges environnantes, qui sera un de mes “coups de coeur” dans le Var! Chateaudouble… Deux chateaux? Exact! L’un en contrebas, près de la rivière, et surtout son collègue qui domine fièrement le petit bourg avec sa tour de guet bien conservée. Vraiment, l’agencement de cette petite “perle” de la Dracénie est étonnante! Et le panorama depuis les ruines du chateau, il est juste démentiel!








C’est fun de passer comme çà d’un village à l’autre sur de courtes distances. 10 petits km, et voilà que se profile Ampus, ville d’eau sans pour autant être thermale, non, en disant celà j’évoque son nombre élevé de fontaines et petits lavoirs; les petites rues, au tracé circulaire (ça rappelle même de loin les “villages ronds” du sud-ouest) semblent converger vers une des placettes les plus mignonnes de la région avec son p’tit bar et ses platanes. Ces arbres sont aussi emblématiques en Provence que les oliviers, j’espère de tout coeur qu’ils ne subiront pas le sort funeste de leurs copains du Canal du midi!
Justement, en parlant de canal… Ampus n’a peut-être pas le Canal du Midi, mais il a le canal de Fontigon; il ne fait que 7,5 km de long pour moins d’un mètre de largeur, mais il affiche vaillament ses 500 ans passés. Il rejoint la Nartuby près d’Ampus, et il joue encore un rôle d’irrigation sur quelques exploitations agricoles.







Après avoir mangé un bout à Ampus, je fais encore un loong🥱 trajet de… 8 km jusqu’au village suivant, qui me laissera un sentiment plus mitigé car il est plus touristique que ses chers confrères varois (quoique en septembre, faut pas trop se plaindre). Celà n’enlève rien au fait que Tourtour soit un superbe patelin avec ses petites rues, ses galeries d’artisans (en fait, c’est çà qui draine les foules), ses fontaines et son ancien chateau du 12ème siècle. Même la Poste se trouve dans un petit chateau à l’entrée du village! Et de l’esplanade près de la Place des Ormeaux, un de ces points de vue qui, par temps clair, porte jusqu’à la Sainte-Baume et le Massif des Maures!













Je sais qu’il y a d’autres villages à découvrir plus à l’ouest, cependant je remets çà à une prochaine occasion et repars en sens inverse pour rejoindre mon point de chute de cette nuit. Je dépasse Bargemon de 13 km pour atteindre un autre village qui “transpire” la Provence par toutes les pores: Seillans. Il est labellisé parmi les “Plus beaux villages de France” (et crois-moi bien que rien que dans le Var, y en a un paquet!). Je vais poser mon sac sur les hauteurs du village, dans une ancienne maison le long d’un petit chemin étroit cerné par la végétation, encore une chambre airbnb chez la très enjouée Dominique.
Seillans est peut-être le village le plus “complet” que j’ai rencontré lors de mon voyage: village perché, anciennement fortifié (les vestiges de ses remparts sont toujours debout), les ruelles pavées ou en calades qui jouent aux montagnes russes, les maisons étagées en gradins, tu saupoudres d’un ou deux lavoirs et de quelques jolies fontaines, en n’omettant pas (soyons fous!) d’y placer quelques discrètes boutiques d’artisans et de bars et restos juste ce qu’il faut pour pas “saturer”; tu remues le tout dans un shaker (un très grand si tu en as un) et tu obtiens cette pépite provençale! Et quand la nuit tombe, qu’on entend résonner ses pas sous un porche et qu’on caresse un chat errant croisé sur une placette, on se sent comme privilégié…











Le lendemain matin, requinqué par un solide petit-déj’ (merçi Dominique), je continue mes explorations, tout en sachant que la fin du voyage se rapproche inexorablement. Bref, je n’ai que 6 km à faire pour me retrouver à Fayence, ancien village fortifié perché sur une colline (ça devient presque un pléonasme concernant les villages varois). On trouve encore quelques vestiges de remparts, entre autres la Porte Sarrasine du 14ème siècle. La Tour de l’Horloge, elle, domine tout le bourg avec une table d’orientation à ses côtés. En contrebas du village un lavoir traditionnel est encore visible. Fayence remplit également haut la main son quota de petites ruelles et de maisons anciennes à volets… de quelle couleur déjà (c’est juste pour voir si tu suis bien 🙂)?





Juste à côté de Fayence – et c’est le cas de le dire, il n’ a que 800 m à pied parcourir -, on peut aller rendre visite au minuscule village de Tourrettes, davantage préservé du tourisme que son voisin, et pour ne pas faire de jaloux, possède aussi sa Tour de l’Horloge.





Mon voyage se termine demain, jour de mon vol retour vers la Belgique. Je rendrai la voiture à Marseille en fin d’aprem et j’y resterai pour la nuit. Mais en attendant, j’ai encore quelques heures à employer à bon escient. Je vais repartir vers les Bouches-du-Rhône tout à mon aise, par les petites routes. J’aurais bien le temps de visiter encore l’un ou l’autre endroit, bon ce sera totale impro. Je vais regarder ce que les panneaux routiers me proposent… Cotignac, Salernes… non, je prévois çà pour un voyage ultérieur. Tiens: “Abbaye du Thoronet”! J’en ai entendu parler, et les abbayes sont des lieux que j’affectionne. Ok j’achète (aïe 😰 c’est l’expression qui a été “déposée” par Jean-Marc Généreux… j’espère qu’il va pas me coller un procès)!
On y parvient en suivant une jolie route de campagne, mais si le parking de l’abbaye n’existait pas, tu ne parierais pas un sou qu’il existe un tel bijou architectural planqué en retrait au milieu des arbres! L’abbaye du Thoronet une abbaye cistercienne du 12ème siècle, elle a deux “soeurs” provencales: Sénanque dans le Vaucluse, Silvacane dans les Bouches-du-Rhône. Le style est plutôt austère et “minimaliste” (on est loin des décos foisonnantes des monastères du Portugal, par exemple), mais très homogène et dégage une vraie sensation de sérénité; le cloître est un peu bizarre, en effet il a une configuration trapézoïdale tout en ayant une diffférence de niveau. Celà viendrait d’un affleurement rocheux lors de sa construction.








J’arrive à l’aéroport de Marseille vers 17H, un petit trajet de bus me conduira à Marseille où je passerai la nuit près du Vieux-Port. Pas de visite? Hé bien non, c’était juste pour reprendre mon vol du lendemain matin. Et comme je suis déjà venu 4 fois dans la Cité Phocéenne… mais je te raconterai çà quand j’en aurai l’occasion (et le temps)!
Un petit voyage de quelques jours bien sympa, plutôt varié au niveau des paysages et de ces villages qui en définitive, ne sont pas des “clones” les uns des autres mais ont chacun leur identité et leur marque de fabrique. Aix-en-Provence, ses fontaines et ses calissons, la Montagne Sainte-Victoire, les villages varois qui rivalisent de charme, et last but not least, les gorges du Verdon qui m’ont littéralement scotché! Que du positif à ressortir de cette découverte d’un p’tit coin de France.
Mais cependant…

J’ai rien contre les motards en général, j’en ai même parmi mes connaissances. Mais sérieux, pour certains (pas tous, dieu merçi), les routes des gorges c’est rouler à donf, se coucher dans les virages et même mordre sur la bande de gauche, au mépris total des autres usagers. Le circuit Paul Ricard organise régulièrement des accès à son circuit pour 4 roues et 2 roues pour qui voudrait se lâcher. Il est à 100 km au sud. 😉
Quelle belle balade! Je ne suis jamais allée dans cette région de France, un jour j’espère :)!
Merçi 😄 tu pourrais le programmer pour 2021, sait-on jamais ? À +
Pendant bien des années, nous allions vers “le Midi”, la Provence, la Côté d’Azur, etc… alors merci pour votre billet qui m’a rappelé beaucoup de souvenirs.