Si je te parle d’un pays où l’Art et l’Histoire vont de pair avec de magnifiques paysages? D’un pays connu aussi bien pour ses sites antiques que ses innombrables îles? D’un pays réputé également pour sa fantastique cuisine? Je t’ai mis ma puce à l’oreille? Hé bien oui, accroche-toi bien, car durant trois semaines je vais te faire découvrir cette contrée exceptionnelle qu’est la Grèce. Athènes, le Péloponnèse, Corfou, la Grèce “continentale”… Programme de fou, voyage de rêve. Let’s go! J’articulerai ce périple en 3 carnets… faudra bien çà!
Mais d’abord, les présentations…
Bon, comme je le fais systématiquement dans chaque carnet, on va faire connaissance avec le pays dans lequel on va évoluer durant 3 semaines! Situer la Grèce n’a rien de compliqué: prends d’un côté le sud de l’Italie (pointe et talon de la Botte), et de l’autre la vaste Turquie. Tu vois le pays entre les deux? On y est! Les pays frontaliers: Albanie.Bulgarie.Macédoine du Nord.Turquie. Autre constatation: quel paquet d’îles, surtout à l’est du pays “continental”! On dirait le résultat d’un paquet de chips tombé au sol! Il y en a pas loin de 6000, toutes tailles confondues, et un peu plus de 200 sont habitées. Elles sont regroupées en “familles” selon leur situation: îles Cyclades, Saroniques, Ioniennes, Dodécannèse… et, last but not least, la Crète!



Sa superficie est d’environ 132.000 km2, pour 10,7 millions d’habitants. La religion y est orthodoxe à 98%, et sa langue officielle est le grec (rien que l’alphabet, les déclinaisons et les intonations, c’est déjà une épreuve d’apprentissage!). autre chose: mets-toi bien au diapason, en Grèce c’est un décalage d’une heure de plus. Midi en France et en Belgique = 13 heures en Grèce!

Son drapeau:

Son hymne:
Son code d’immatriculation:

Pas banal pour un pays, la Grèce compte deux fêtes nationales. Le 25 mars commémore le début de la guerre d’indépendance et l’insurrection contre l’Empire Ottoman en 1821. Le 28 octobre, c’est ce fameux jour de 1940 où la Grèce a refusé l’ultimatum fixé par l’Italie de Mussolini, qui souhaitait occuper une partie de la Grèce. Du même coup, le pays est entré dans la Seconde Guerre mondiale. On s’en souvient comme le jour du “non” (Ochi Day, ochi = non en grec).

Voilà, le décor est planté, on peut y aller! (je me demande si je ne vais pas faire déposer cette phrase, moi…).
Athènes: 1er jour.
Un vol à destination d’Athènes depuis la France ou la Belgique dure 3 heures, sans compter l’heure de décalage. Me voici arrivé à l’aéroport Eleftherios Venizelos d’Athènes! Pas si vieux que çà (inauguré en 2001), mais vachement étendu avec ses couloirs qui ont l’air de ne jamais finir! Pour rallier la ville, le plus simple, c’est le métro; la ligne 3 démarre de l’aéroport et passe par le centre d’Athènes. Un brin de patience quand-même, le trajet dure environ 40 minutes, et un billet coûte 9€.

Pour ma part, je descends à la station Monastiraki, du nom de ce quartier on ne peut plus central à Athènes et faisant face à l’Acropole. C’est dans une de ses ruelles que j’établirai mes quartiers durant trois nuits, en “airbnb”, où je serai plus ou moins au calme. Me voilà donc à Athènes, capitale de la Grèce, à l’histoire intense et palpitante. Je ne te ferai pas d’exposé d’histoire façon Stéphane Bern, mais je t’expliquerai quelques trucs lors de la visite des monuments.
La place Monastiraki, c’est un peu le coeur d’Athènes, mais un coeur qui bat à 120 pulsations/minute tant ça grouille de monde et d’animation, surtout en soirée. Petis groupes musicaux improvisés, marchands ambulants de fruits… faut parfois jouer des coudes pour se frayer un chemin! En faisant un tour à 360 degrés, on voit que c’est un drôle d’assemblage: la station de métro avec ses colonnades, une mosquée, la petite église de Pandanassa, autrefois un monastère, d’où le nom du quartier… Et en même temps, des bâtiments modernes, des bars et des restos, ainsi que des commerces de tous genres. Monastiraki, c’est aussi le fameux marché aux puces. Les petites boutiques d’artisans et d’antiquaires (il y en a encore de véritables, en cherchant bien) côtoient les boutiques de souvenirs “plastoc made in china” et de vêtements pas chers et ringards (un T-shirt “It’s Sparta!” à Athènes?? C’est sérieux, là?). Le meilleur côtoie le pire, comme tu le vois.




Je pars me balader dans les rues d’Athènes, dans le secteur entre les places Monastiraki et Syndagma. Tu retiendras vite les noms de certaines rues très passantes: Ermou, Mitropoleos… Elles sont très commercantes, les bars alternent avec ici un petit supermarché, là une boulangerie… Les grandes enseignes y ont aussi pignon sur rue, ça dénature un peu l’ensemble. Et la circulation? Houla… on touche du doigt un des gros points noirs athéniens! C’est infernal et anarchique: le flot de voitures ne se tarit jamais, les taxis font du forcing, les deux-roues n’ont rien à envier à leurs homologues italiens… Cacophonie et bordel garantis, te voilà prévenu(e)!
C’est aussi l’occasion de découvrir quelques particularités propres au pays, comme ces petites églises et chapelles parfois enchâssées sous des immeubles modernes; j’en verrai également à Thessaloniki. C’est un contraste saisissant! Ou encore ces petits kiosques, qu’on trouve partout à Athènes, aussi bien que dans la moindre ville grecque: les periptera. Ils sont vraiment multifonctions, on y vend presque tout: cigarettes, bonbons, glaces, boissons (les grands frigos sur les côtés sont immanquables), des journeaux, des cables USB… Et j’en passe. Certains vendent même des préservatifs, rends-toi compte!






En chemin, quelques édifices religieux attirent l’oeil, comme la petite église Panagia Kapnikarea, et la cathédrale de l’Annonciation, sur la Place Mitropoli.


Tu sais quoi? Je n’ai pas encore eu l’occasion de manger un bout, alors je testerais bien l’une ou l’autre spécialité sucrée du pays! Seulement attention, les pâtisseries grecques sont très sucrées, et si tu n’aimes pas le miel, ça va poser un gros problème… Mais quitter la Grèce sans en avoir goûté un seul dessert, qui allie miel, noix, cannelle et autres épices, serait un sacrilège. Et les miels grecs sont fabuleux! Par exemple, regarde-moi ce petit ravier de loukoumades, ces petits beignets ronds enrobés de miel; enfin non, pas enrobés, ils sont presque noyés dans une couche épaisse de miel! ah, ça bourre bien! Mais il y a encore un peu de place pour un kataifi, dont l’intérieur rappelle le baklava avec les amandes et la pistache, et l’extérieur, plutôt marrant, est réalisé avec une pâte spéciale qui prendra l’aspect de vermicelles. Tout celà recouvert de sirop ou de miel. Ça en fait des calories, je sais. Mais le Dr Dukan n’était pas derrière moi! 😁
Lukumades – Eolou,21 ET Chatzis – Mitropoleos, 5.


La fin de la rue (odos en grec) Mitropoleos coïncide avec une vaste esplanade agrémentée d’arbres, de bancs et d’une fontaine: c’est la Place Syntagma, la plus vaste d’Athènes, très animée mais moins saturée que la Place Monastiraki; sa taille y fait beaucoup, j’imagine. Au moins les enfants peuvent s’ébattre en se courant après et en jouant au foot! C’est aussi l’endroit idéal pour savourer une pâtisserie de Chatzis (oui exact, ça sent le vécu). Juste en face, se dresse l’ancien Palais Royal, devenu le Parlement en 1935. Devant ce bâtiment, la tombe du Soldat Inconnu est gardée en permanence par deux gardes, qui sont relevés toutes les heures. Mais la relève du dimanche, celle de 11H, est plus particulière. C’est pourquoi je te demande un peu de patience et d’attendre demain pour te donner plus de détails sur le sujet (tout l’art du suspense!).


Entre la Place Syntagma et le Parlement, une large artère, vraie débauche d’intense circulation, contourne la ville par l’est. Et le feux verts piétons ne durent pas bien longtemps… sans compter qu’il faut faire gaffe aux tramways qui longent cette voie! Un peu d’espace vert, ça ferait du bien, çà. Ça tombe super bien, le Jardin National est pile à côté du Parlement. Ah oui, il est superbe, ce grand parc de 15 ha (en fait, c’est l’ancien Jardin Royal), avec ses grands palmiers, son tunnel de verdure ombragé et ses innombrables variétés de fleurs et plantes! Quand le soleil tape, c’est agréable de s’installer sur un banc à la fraîche! Familles athéniennes, joggeurs, touristes, tout ce petit monde se croise en harmonie.





Au-delà du parc, s’étend un vaste espace où trône un ancien temple aux 15 énormes colonnes. C’est un ancien temple dédié à Zeus (le number one des dieux grecs), appelé aussi l’Olympieion. Le résultat final devait être colossal, mais il est resté inachevé. Et actuellement, il est nettement moins cool entouré d’échafaudages… En face du site, la Porte d’Hadrien est un arc de triomphe bâti juste à l’endroit où se rejoignaient l’ancienne et la nouvelle Athènes. L’empereur Hadrien a fait de belles choses pour la ville, en lui donnant des monuments et en étendant la superficie d’Athènes. Merçi Hadri!




Les alentours du Jardin National regorgent de surprises. Tu veux de l’impressionnant, du géant? Ça se passe derrière le parc, qu’il faut contourner. Attention les yeux, voici le stade panathénaïque. Il a une longue histoire qui date de 2500 ans; ce n’est pas le stade originel qu’on voit ici, car au fil des siècles il fut abandonné et son marbre servit à la construction. Des fouilles au 19ème siècle ont permis de retracer sa forme et de le faire renaître de ses cendres. Les premiers Jeux Olympiques modernes s’y sont tenus en 1896. Certans viennent y faire des petits “100 mètres” entre potes ou faire un jogging, tandis que les touristes se prennent en photo sur les marches du podium. Il y a aussi un petit musée avec d’anciennes affiches des eux et des torches pour raviver la Flamme Olympique.




Unité de mesure utilisée en Grèce antique, le stadion représentait 200 mètres. Les pistes de course faisaient cette distance, avec une ligne de départ à chaque extrémité. depuis, les terrains de sport ont pris ce nom (stadion qui est devenu stade).



Il est temps à présent de se diriger vers un quartier emblématique d’Athènes: Plaka. C’est un des coins les plus pittoresques d’Athènes, aux antipodes des rues congestionnées par le trafic entre Monastiraki et Syntagma. Des ruelles pavées, des escaliers, des fleurs aux balcons… Le problème, c’est que “pittoresque” rime bien souvent avec “touristique”; alors pour espérer flâner seul(e), même pas en rêve, à moins d’y aller de bon matin ou de s’égarer dans des ruelles moins courues. Oui, il y a du monde, les restos débordent parfois exagérément sur les ruelles, les boutiques sont racoleuses… Ben oui, c’est comme çà. Heureusement, ce n’est que dans quelques rues; les touristes sont comme les fourmis, ils suivent toujours le même chemin!





Quelques monuments d’intérêt, comme l’église russe Agios Nikodimos (entre Syntagma et Plaka), et le monument de Lysicrate, appelé aussi Lanterne de Diogène. C’est le seul rescapé d’une série de ces monuments érigés dans le quartier. Ils étaient bâtis pour rendre hommage aux lauréats des meilleures pièces de théâtre (en l’occurence ici, Lysicrate).




Mais aux abords de Plaka, existe un mini-quartier encore plus pittoresque, et étrangement moins fréquenté. Il est presque accolé aux puissantes murailles de l’Acropole, en haut desquelles flotte le drapeau grec. Je t’invite à pénétrer dand le quartier Anafiotika. Bon sang sommes-nous encore à Athènes, ou aurait-on franchi une faille spatio-temporelle? Des escaliers étroits, des maisons blanchies à la chaux et aux volets bleus, de le végétation qui déborde de partout… Une impression d’être aux Cyclades? Pas si bête comme ressenti: Anafiotika a été bâtie par des maçons et des tailleurs de pierre venus de l’île cycladique d’Anafi au 19ème siècle pour reconstruire la ville en partie détruite pendant la guerre d’indépendance et construire le Palais Royal. Ils y ont reproduit l’architecture de leur chère île. Ah, mal du pays, quand tu nous tiens…











Je redescends tranquillement vers Monastiraki en soirée, mais j’ai encore envie de marcher un peu. Bon, je vais emprunter la rue Athinas, longue ligne droite de 1 km que les livreurs en deux-roues prennent pour la ligne droite du circuit du Mans, et où les voitures montent le volume de l’autoradio à en faire péter les vitres. Heureusement que les piétons ont encore droit à un trottoir! Cette rue rejoint une autre place emblématique d’Athènes: la Place Omonia. Les visiteurs s’y aventurent peu, celà dû à l’insécurité qui y régnearait le soir et la nuit. C’est vrai que c’est un melting-pot de classes différentes, des athéniens, des sans-abris, des vendeurs à la sauvette… Autrefois l’endroit était connu pour ses maisons closes et ses sex-shops aux alentours. Mais faut pas tomber dans la parano non plus, et se retourner toutes les 5 secondes… Côté esthétique, je te dis pas: un grand rond-point avec une fontaine au centre, une circulation encore plus déjantée que sur le rond-point de l’Étoile à Paris, des immeubles pas beaux… Pas la joie.


Mais il y a plein de petits endroits pour manger pas cher aux alentours, et voilà l’occasion de te présenter l’en-cas le plus célèbre du pays: le souvlaki! Il a fait partie de la majorité de mes repas simples et rapides en Grèce, et les combien n’ai-je pas vu de grecs eux-mêmes, en train de s’en dévorer un dans la rue! Venir en Grèce sans y goûter une fois est inconcevable!
Seulement, il y a souvlaki… et souvlaki! D’abord, le pita giros, où la viande de porc ou de poulet, accompagnée de frites, de crudités et de tzatziki (vachement meilleur que la mayo!), est enveloppée dans un pain pita. La viande est découpée en petits morceaux genre lamelles, sur une broche qui tourne (d’ailleurs, giros signifie “qui tourne” en grec). Les kalamaki, ce sont des brochettes de viande cuite, souvent servies avec du pain pita. Et… le kebab, me diras-tu? Chez nous, c’est l’égal du giros grec, mais en Grèce, c’est de la viande hachée et non pas en lamelles! Merçi de ton attention pour ce petit cours de souvlakiologie.



Et avec une petite bière, c’est le pied! Super, je peux caler ma petite rubrique “bières du pays visité”! elles sont pas mal du tout, les bières grecques. Le trio de tête: Alfa, Mythos et Fix (petite préférence pour cette dernière, qui a une version brune nommée “Dark”), puis d’autres marques comme Vergina, Zeos et une foule de petites bières artisanales très réussies. Particularité “à la grecque”: quand on est servi au verre, le verre est souvent mis au congélateur avant d’être rempli de bière.




Athènes: 2ème jour.
Quel contraste au petit matin dans Monastiraki! Volets clos des boutiques, quasiment personne dans les rues, la place s’éveille doucement… Pareil pour Plaka, que je traverse sans être gêné par les tables de resto. Tu verras probablement, le matin ici et là dans Athènes, des vendeurs postés à côté d’une petite charrette débordant de pains en forme d’anneau et garnis de graines de sésame. Ce petit délice de la street-food grecque s’appelle le koulouri, il fait office de petit-déj’ chez beaucoup d’athéniens, qui viennent s’en avaler un accompagné d’un petit café. Il peut être sucré ou garni de fromage. Ça cale son homme, je confirme.


Et on va où, comme çà si tôt? Découvrir un lieu qui sera noir de monde dans deux heures; un lieu, non, disons LE lieu qui représente au mieux Athènes. Paris a sa tour Eiffel, Rome le Colisée… Athènes, c’est l’Acropole. Cette colline sacrée, on la voit de Plaka, de Monastiraki, de Syntagma… Je n’en détaillerai pas toute l’histoire, il faut savoir en gros que l’Acropole, qui avait initialement un rôle défensif, est devenu un lieu de culte dédié à la déesse Athéna durant l’Antiquité. Les siècles ne l’ont pas épargné: guerres, pillages, tremblements de terre, la totale! Les monuments et les ruines qui ont traversé le temps n’en demeurent pas moins fantastiques à découvrir, et on pourrait même ressentir un certaine attraction, un “magnétisme”… à condition d’y venir dès l’heure d’ouverture. Ce que j’ai fait, tu l’auras deviné!



Deux accès possibles: l’entrée principale, qui devient vite pénible quand les groupes se ramènent, et une deuxième entrée (celle que j’ai pris) près du théâtre de Dionysos, plus tranquille. Côté tarifs, il faut savoir qu’il existe un billet groupé à 30€ , très intéressant et rentable, qui reprend plusieurs sites antiques d’Athènes incluant l’Acropole.
En passant près du théâtre de Dionysos et l’Odéon d’Hérode Atticus (un amphithéâtre qui accueille encore des représentations), on a déjà les murailles de l’Acropole en arrière-plan. Murailles qu’il faudra franchir par une petite grimpette qui n’a rien d’insurmontable. On se rapproche du “saint des saints”. L’entrée est majestueuse au possible: la Porte Beulé, avec ses hauts escaliers et ses deux tours carrées, donnent accès aux Propylées, voie d’accès monumentale vers la partie la plus sacrée de l’Acropole. À droite des Propylées se dresse le petit temple d’Athéna Nikè.






Là, on entre vraiment dans le vif du sujet, c’est le coeur, l’âme de l’Acropole. Le colosse de marbre nous fait face, avec ses 70 m de long sur 30 m de large et ses 46 colonnes. Le voilà enfin, ce monument mythique: le Parthénon. 20.000 blocs de marbre furent nécessaires pour assembler ce gigantesque Tetris! Le Parthénon avait une double fonction: il servait à entreposer le trésor de la ville et abritait une immense statue d’Athéna sculptée par Phidias et entièrement recouverte d’or. Et dire qu’à l’époque, il était polychrome: il était peint en bleu, rouge, vert et or. Difficile à croire de nos jours, hein? Tout comme il est aussi ahurissant de voir ces foutus échafaudages depuis tant d’années, et que c’est pas demain la veille qu’ils seront démontés…






Pour “ressentir” les lieux, ça va devenir compliqué: les touristes affluent de plus en plus, comme une nuée de pigeons à qui on lance des graines; je ne vais plus trop m’éterniser! Cependant, j’ai encore le temps de contempler l’Erechtheion, ce temple est l’élément le plus sacré de l’Acropole: c’est ici qu’Athéna fit apparaître un olivier, suite à sa querelle avec Poseidon pour savoir qui serait le dieu protecteur de la ville. L’élément le plus célèbre est son portique constitué de 6 colonnes représentant des jeunes filles, les Caryatides. Cependant, ce ne sont pas les originales qu’on voit sur l’Acropole, mais des reproductions (les vraies se trouvant au musée de l’Acropole)!




Et naturellement, la vue à 360 degrés sur toute la ville d’Athènes récompensera largement l’effort de la montée. Demon côté, moi je redescends, c’est déjà saturé de touristes et il n’est que 10 heures… J’ai même entendu une caryatide me chuchoter “on peut descendre avec toi? On n’en peut plus, c’est trop, là…”


Je retraverse Plaka, il y a déjà une belle file à la billetterie de l’Acropole. Mais à proximité de Monastiraki, un autre site antique est plus empreint de tranquillité et moins couru: l’Agora romaine. Attention à ne pas la confondre avec l’Agora antique, quasiment à côté, dont elle est en fait une extension quand celle-ci est devenue trop petite pour abriter les activités commerciales d’Athènes. L’endroit est vaste, il en reste une porte monumentale et un méli-mélo de colonnes de toutes tailles. Dire que durant l’Antiquité , c’était une ruche, pleine de maisons et de boutiques! La star du site, c’est la Tour des Vents, de curieuse forme octogonale et qui était multitâches: horloge à eau, cadran solaire et girouette.








Je n’ai pas visité l’Agora antique, mais on peut en voir une partie depuis la rue Adrianou, au sud de Monastiraki. Si l’Acropole était un lieu de culte, l’Agora étai l’épicentre d’Athènes, aussi bien au niveau social, culturel, commercial mais aussi des fêtes religieuses ou des manifestations théâtrales. De nos jours, le site a une allure insolite, traversée par une ligne de métro en partie à ciel ouvert. Qu’en auraient pensé les athéniens de l’Antiquité?
Entre l’Agora et Monastiraki, les vestiges de la Bibliothèque d’Hadrien laissent les visiteurs sur leur faim: il ne reste pas grand-chose de cet immense bâtiment comosé de 100 colonnes créé pour abriter la vaste collection de livres que l’empereur possédait. Il devait y en avoir des bouquins là-dedans!




Tu te souviens ce dont je t’ai parlé hier? La relève de la garde au Parlement, 11 heures? C’est le moment d’aller voir çà. Oh, je repasse devant la pâtisserie Chatzis; sa vitrine me fait les yeux doux. Aguicheuse, va! Je me laisse tenter, j’achète un petit truc: un galaktomboureko, gros dessert à la pâte feuilletée garni de crème pâtissière et semoule. La Grèce est un paradis pour les becs sucrés!

Mais il se passe quelque chose entre la Place Syntagma et le Parlement. La circulaton est interrompue, la police est là; Une foule grossisante s’amasse face au Parlement. Tout çà pour une relève de garde? Oui, mais celle du dimanche à 11 heures est vraiment spéciale… Voilà qu’une fanfare se fait entendre, jouant un air militaire de cadence assez lente. Et voici enfin qu’arrivent ces fameux gardes: les evzones. Leur tenue vestimentaire est étonnante: un béret rouge, un gilet brodé, et surtout cette jupe plissée (oui, tu as bien lu!), appelée fustanelle et des bas de laine blanche. Leur marche est très particulière, avec d’amples mouvements de bras et de jambes. Ce bruyant claquement caractéristique sur le sol vient de leurs chaussures appelées tsarouchia, pesant 1,5kg chacune et dont la semelle est ornée de 60 clous en métal. J’aimerais pas trop me faire marcher sur l’orteil… Il faut savoir qu’ils gardent la tombe du Soldat Inconnu 7 jours sur 7, 24 heurs sur 24. Ce ne sont pas des militaires professionnels mais des jeunes Grecs qui accomplissent leur service militaire obligatoire. Par contre, de vrais militaires en treillis les entourent et veillent au moindre petit “accroc”, que ce soit un touriste trop collant ou la rectification d’une partie du costume mal ajustée, même si ce n’est que de quelques millimètres! La gestuelle des jambes lors de la relève est vraiment surréaliste!


Dès qu’ils revêtent leur uniforme, les evzones ne sont plus autorisés à parler. En cas de problème, ils tapent le sol avec la crosse de leur arme pour qu’un supérieur leur vienne en aide. Et ça va même plus loin: ils communiquent par un système de clignement de paupières. Un clignement = oui, deux clignements = non, et trois clignements = je ne sais pas. Si l’un d’entre eux chope une poussière dans l’oeil, je sais pas comment ça se passe…
L’air de rien, il est déjà midi. L’occasion d’appronfondir un peu plus mes connaissances en cuisine grecque! Un petit resto un peu excentré, pas trop touristique et proche du musée de l’Acropole. Alors, qu’est-ce qu’on va goûter? Sans trop savoir, je prends un bouyourdi; pas compliqué, c’est une feta rôtie au four sur un lit de tomates. Ensuite, je crois que tout le monde connaît la moussaka, ce “millefeuille de viande hachée (de mouton), de tomates et d’aubergines recouvert d’une sauce blanche, et parfois avec du fromage. Bien préparée, c’est autre chose que du plat réchauffé de supermarché! Dommage qu’elle ait une réputation de “plat à touristes”…


Et comment ne pas parler de la Grèce sans évoquer l’ouzo? À l’instar du pastis provençal ou du raki turc, l’ouzo est une boisson alcoolisée à base d’anis ou de fenouil, qui titre entre 38 et 50 degrés d’alcool. Il se boit avec des glacons et quand il est mélangé avec de l’eau, il devient blanchâtre et opaque. Une institution indéboulonnable en Grèce, et combien de fois verrai-je à la terrasse d’un bar de village, des groupes de papis grecs siroter leur petit verre d’ouzo (ou de tsipouro, mais celui-là je t’en parlerai plus tard)?
Sphika – odos Kontouli, 15.

Comme je le disais, le musée de l’Acropole n’est qu’à 400 m à pied du resto. On a affaire ici au musée le plus visité de Grèce, et son architecture tranche radicalement avec les vénérables monuments de l’Acropole voisine! Cet immense trapèze d’acier, de verre et de ciment aux formes futuristes se fond relativement bien dans le décor. Et son aspect reste sobre, comme pour mettre en valeur son prestigieux “contenu”. En faire une liste me demanderait une nuit blanche, mais il y a quelques stars comme les vraies caryatides ou des reproductions des frises du Parthénon, dans la galerie spectaculaire du 3ème étage avec sa baie vitrée qui fait face à l’Acropole. La scénographie du musée est bougrement bien pensée, et même au rez-de-chaussée, une partie du sol est en verre transparent, ce qui permet d’apercevoir les fouilles SOUS le bâtiment! Il est d’ailleurs soutenu par 94 colonnes, pour qu’on puisse approcher ces fouilles au plus près. Certaines parties du Parthénon se trouvent au British Museum de Londres, résultat d’un pillage irréfléchi au début du 19ème siècle. Plus de détails ici.









Pour une journée vachement remplie, c’en était une! Je reviens vers Monastiraki par le Peripatos, un chemin qui fait le tour de l’Acropole. Je vais souffler un peu, avant d’aller manger en soirée aux alentours de la Place Omonia. Pour quelques euros, des souvlakis façon brochettes et une bière valent mieux que n’importe quel resto gastronomique! Sur la Place Kotziá (là où se trouvent la mairie d’Athènes et la Banque Nationale), il y a de l’animation: un genre de concert, avec un petit stand distribuant des mini-canettes de bière. Je vais écouter un peu de musique, tiens. Les couleurs arc-en-ciel indiquent aisément que c’est un truc LGBT. C’est bien, l’ambiance est bon enfant. Alors, franchement, les préjugés de certains esprits étroits…


Athènes: 3ème jour.
Je vais m’offrir une journée un peu plus cool qu’hier, après cette orgie de visites de monuments antiques. En guis d’en-cas matinal, j’achète deux petits tiropita, des petits feuilletés au fromage qui rappellent un peu le burek; les grecs avalent çà en deux minutes avec un petit café, c’est une alternative au koulouri. Je vais ensuite longer les rues Adrianou et Ermou, le long de l’Agora, pour aller voir le Cimetière du Céramique, site archéologique d’un ancien cimetière au sein d’un ancien quartiersde poriers et céramistes. Ce n’est pas forcément le site le plus connu d’Athènes mais il montre une autre facette de la vie athénienne de l’époque.



À quelque 100 m de là, une longue fresque murale s’étire le long de la rue Pireos. Les fresques et les graffiti de tous genres sont devenus une tradition et une marque de fabrique dans cerains quartiers athéniens, comme celui d’Exarchea. Après la grave crise financière de 2008, des habitants ont extériorisé leurs frustrations par des tags et slogans virulents. De fil en aiguille, le street-art symbolique a pris le pas, empreint de créativité tout en gardant la force des messages. Celà m’a parfois fait penser aux fresques d’Orgosolo en Sardaigne. Quelques exemples avec “Les mains en prière”, avec les mains vers le bas, comme si Dieu lui-même priait pour sauver la ville d’Athènes; ou encore “Le sans-abri” et “Tous les chiens vont au Paradis”…








J’avais pensé un instant au musée archéologique, mais non finalement je vais le zapper (on ne peut jamais TOUT voir!) pour partir explorer un des endroits les plus vivants, les plus animés d’Athènes: les halles! C’est très facile de les trouver, elles sont à mi-chemin entre les places Monastiraki et Omonia. Le coeur des halles, c’est ce grand marché couvert qui se partage en deux grands secteurs: les poissons et les viandes. Bruits, images et odeurs garantis, difficile de faire plus authentique et plus brut: les relents de poiscaille, les tentacules de poulpe, les têtes de moutons ou de cochons, les bouchers qui règlent leur compte à des carcasses avec des couteaux que tu n’imagines même pas dans tes cauchemars, les cris, les altercations parfois… J’en ai vu quelques-uns, de marchés couverts, mais celui-ci a des “vibrations” vraiment particulières!




Et les alentours ne sont pas en reste! Les fruits et légumes, les produits laitiers, les boucheries où pendent du plafond des dizaines de jambons et autres saucisses… et surtout ces petites boutiques, où des sacs remplis à ras bord d’épices et des étals de fruits secs dégagent leurs saveurs puissantes jusque dans la rue. Même le “non-comestible” a sa place avec des petits magasins de tapis, de composants électroniques…





Et c’est au milieu de cette ruche que se planque une taverne aussi authentique que discrète. Tu peux arpenter la rue 10 fois sans la voir; en même temps c’est normal, elle n’a ni vitrine ni enseigne! En fait, cette taverne est cachée dans un sous-sol, à l’angle des rues Sokratous et Theatrou! Une volée de marches usées conduit dans cet endroit aux airs d’autrefois, avec ses grosses barriques de vin (qui ne sont pas décoratives, elles contiennent vraiment du vin), ses tables avec nappes à carreaux, sa petite cuisine ouverte à côté d’un antique frigo, et surtout le patron, figure locale, avec sa moustache blanche et son air bourru. Pas de menu, deux ou trois plats par jour, c’est tout. En général : un plat de poisson (j’ai pris les sardines grillées), une viande en sauce et une soupe de légumes. Ah, et on parle pas anglais ici, ça se fait à la “gestuelle”!
Taverna Diporto – angle rues Sokratous et Theatrou.


Pour cet après-midi, je vais prendre la ligne 1 du métro depuis Monastiraki, direction… la mer! Attention, pas question de grandes plages de sable ni de parasols; la façade maritime au sud d’Athènes est à 10 km du centre, et le plus grand port du pays s’étend sur son bord. C’est le Pirée (Piraeus), qui est une ville à part entière avant d’être un port de commerce et de plaisance, point de passage obligé pour les voyageurs qui partent vers les îles Cyclades ou Saroniques, ou même la Crète! De nombreux ferries de diverses compagnies partent et arrivent ici, dans un ballet bien orchestré. Chaque quai d’embarquement, selon les destinations, commence par un E (E1, E2, E3…) et les billetteries pour les cartes d’embarquement se trouvent à l’entrée du port. Je vais justement y acheter un billet aller-retour pour une île. Laquelle? Patience, ce sera pour les deux jours à venir (en même temps c’est noté dans la table des matières… super, je me suis grillé tout seul 😳)!
Sinon, la ville en elle-même, c’est pas l’extase: voies de circulation rapide pour circulation intense et frénétique, bâtiments sans charme… Peut-être quelques ruines antiques à l’ouest du port, un petit parc et le théâtre, mais à part çà. À 3 km, la marina Zea est un port de plaisance circulaire où cohabitent les yachts et les bateaux de pêche.





Retour en soirée sur Monastiraki, avant d’aller manger encore une fois dans le quartier des halles. C’est l’occasion d’ouvrir une parenthèse sur quelques particularités des bars et restos à Athènes. Pas mal de bars abritent aussi des tas d’écrans devant lesquels sont des gens sont très concentrés; ce sont des parieurs, certains de ces établissements étant “hybrides”, voués à la consommation et aux paris sportifs! Les grecs sont très joueurs, en général. Et dans certains restos, une musique lancinante et un chant nostalqique, presque religieux, qui pourrait rappeler le fado portugais, se font entendre à l’intérieur. C’est le rebetiko, apparu durant la guerre gréco-turque de 1919-1922, où de nombreux réfugiés d’Asie mineure ont trouvé refuge à Athènes; ce chant, c’est un peu leur “spleen”, leur mal du pays qu’ils extériorisent, accomppagné d’un violon, d’une guitare ou encore de l’emblématique bouzouki, qui ressemble à un luth à long manche et qui a une sonorité incroyable. Le blues grec, en somme.
Et j’ai même découvert par hasard ce chant traditionnel grec de 1927… qui va forcément parler aux cinéphiles, surtout aux fans de Quentin Tarantino:
Après cet intermède musical, il est temps d’aller se sustenter. L’endroit est étonnant, c’est un mix entre boucherie et resto; quelques tables sont installées à même pas deux mètres des saucisses qui pendent accrochées au plafond. La taverne Diporto (celle de tout à l’heure à midi) est à 50 m plus loin. J’aime bien le concept, et ça reste encore assez familial. Sinon… c’est ma dernière soirée à Athènes, et demain on part pour de nouvelles aventures!
Karamandilika – angle rues Evripidou et Sokratous.

BILAN: mitigé, voilà le mot juste. La valeur historique d’Athènes est indéniable, l’Acropole, l’Agora et autres monuments ont été le berceau d’une civilisation et ont traversé les siècles avec plus ou moins de chance. Mais l’Acropole en plein milieu de journée, c’est comme un assaut d’envahisseurs modernes et parfois indélicats (les touristes) qui se répète jour après jour… Quant à la ville, on la dit animée et vibrante; oui, mais ce serait plutôt les vibrations des moteurs de scooters et des voitures, et les coins plus calmes, quand il y en a, sont plutôt craignos et délabrés (certains coins d’Exarchea et d’Omonia ne sont pas des modèles de propreté!). Néanmoins, le quartier de Plaka au petit matin, les allées secrètes du Jardin National, ou même la blanche Anafiotika, pas si fréquentée… autant de petits oasis de tranquillité qu’il faut découvrir!
L’île de Hydra.
Départ ce lundi matin, je m’engouffre dans la station de métro de Monastiraki, direction, comme prolis, le port du Pirée. Y a pas le feu au lac, le départ du bateau n’est qu’à 09H30. J’ai le temps de repérer le numéro de quai (dans mon cas). Je fais cette traversée avec la compagnie Hellenic Seaways, à bord d’un bateau rapide qui me rappelle les aliscafi des îles Eoliennes en Sicile. Tiens, les sièges sont attribués, comme en avion. Ah bon, je pourrai pas m’asseoir où ça me chante?
Et ma destination dans tout çà? J’y arrive. Elle fait partie des îles Saroniques, qui sont les plus proches d’Athènes. Leurs noms: Hydra, Spetses, Egine, Poros, Angistri. Des jolis noms, hein? Je suis parti pour une traversée de deux heures sur la mer Egée, dans le golfe Saronique. Je t’emmène passer deux super journées sur l’île de Hydra!

Un petit arrêt intermédiaire pour débarquer une partie des passagers sur l’île de Poros, avant d’accoster enfin sur Hydra! D’entrée, l’arrivée dans le port d’Hydra est déjà un moment sensationnel, qui préfigure déjà le fait que cette petite île (20 km de long, maximum 3-4 km de large) a un statut à part dans le club des îles grecques, tous groupes confondus! Malgré sa topographie aride (elle est beaucoup moins boisée que ses voisines Poros et Spetses), elle recèle un bel inventaire de beautés naturelles aussi bien à l’intérieur des terres que sur ses côtes.
Et surtout, elle est peut-être la seule île grecque sans voiture. Ni auto, ni scooter pétaradant… Tu imagines même pas le contraste “jour-nuit” comparé à la folie d’Athènes! Seules exceptions: un ou deux véhicules de secours et la camion-poubelle. Pour se déplacer dans l’île, on fait fonctionner ses guibolles, point. Quelques balades à cheval sont possibles, et la foule de petits ânes sympas, qui ont leur “ânodrome” (euh, il est dans le Larousse, ce mot-là..?) le long du port. Il servent à transporter les bagages des hébergements situés en hauteur, car ça grimpe dur sur Hydra! Transports de matériaux, de fruits, d’eau douce (approvisionnée par bateau-citerne car pas de source sur l’île, et les anciens puits se sont taris)… ils sont multitâches, et je pense que leurs propriétaires en prennent vraiment soin. Jamais ils ne laisseraient un gros touriste hilare de 110 kg monter sur le dos de leur bête, juste pour une photo à la con…



Le port de Hydra est une merveille, où les maisons anciennes cohabitent avec les terrasses de restos, de même que les yachts tiennent compagnie aux barques de pêcheurs. Le retour de pêche de ces derniers est souvent attendu par des petits affamés à 4 pattes et aux oreilles pointues. Hydra est une île à chats, et tu en verras plus d’un se baladant sur le port ou faisant un roupillon à l’ombre d’une ruelle. Une fois au bout du port, retourne-toi: les maisons blanches ou ocres, qui ont l’air de dévaler des collines environnantes, les ruines d’un ancien fort, des fortifications qui ont encore leurs canons… Quel tableau de maître! Rançon du succès, Hydra est très touristique, et certaines boutiques pourraient lorgner vers le “chic”. Mais il suffit, comme tu le verras, de se perdre dans les ruelles du village ou sur les sentiers de l’île pour se retrouver seul au monde; les touristes n’aiment pas quitter leur “cocon de protection”!






La petite église est bien mignonne, et de l’autre côté du port, les perspectives sont tout aussi percutantes de beauté. Au-delà, un chemin côtier rejoint le petit port de Vlychos, mais on s’y rendra demain, promis. L’odeur des pins, le chant des cigales, la senteur iodée de la mer…. c’est le pied! Et Hydra recèle son petit lot de surprises, comme cet ancien moulin à vent ou la statue d’un dauphin chevauché par un enfant.






Quant à la petite ville d’Hydra, bien sûr elle n’est pas en reste! Des petites ruelles pavées ou dallées, des maisons blanchies à la chaux aux toits rouges, des bougainvillées qui débordent des murs et des orangers sur des placettes… Certains de ces aspects s’apparentent déjà à l’architecture cycladique. Prendre un plan pour s’y diriger? Ridicule! Il faut s’y perdre, tourner une fois à droite, une fois à gauche, monter cette discrète volée de marches. Plus on grimpe, plus on a l’impresion d’être seul; les touristes ont souvent la flemme de grimper (car oui, il y a du beau denivélé sur Hydra!) et préfèrent se cantonner au port. Tu croiseras plus facilement un gentil papy qui prend le soleil sur sa chaise en paille, ou un chat qui se la coule douce en faisant la sieste…














Il est environ 17 heures, j’ai le temps pour me faire une petite rando sympa d’environ 2 heures. Pour trouver ce petit sentier qui démarre à l’est de la ville, il faut longer le petit stade de foot et repérer une petite église jaune. Quelques volées d’escaliers après, commence un sentier caillouteux et en pente douce, pente qui s’accentuera au fil du trajet, avec quelques marches taillées dans la roche. La montée n’est pas hyper difficile, mais c’est mieux d’avoir le pied sûr pour franchir certaines grosses pierres plantées en plein sentier! Maintenant, retourne-toi et contemple-moi ce panorama de rêve sur la ville aux maisons blanches avec leurs toits roses, et la mer.ayu soleil couchant, c’est encore plus magique! Puis le paysage change, le paysage devient plus aride, et les petits murets de pierre rappellent la présence autrefois d’anciennes parcelles de cultures et de vignes.






Le sentier va s’élargir peu à peu, jusqu’à devenir une petite piste. À un moment, sur la droite apparaît une sorte de terrasse en pierre, où je vois un paysan à moustache blanche, accompagné de son âne, tirant sur une corde et remonter un antique seau rempli d’eau. Ah çà, un puits? Sans doute alimenté par les eaux de pluie, car il peut y avoir de beaux orages en Grèce! Puis il repart, monte sur son âne avec cette pose caractéristique, non pas à califourchon mais les deux jambes du même côté. Il vit certainement dans une ferme isolée, plus haut. Autre image d’une Hydra plus rurale, plus authentique. Face au puits, le petit monastère Moni Agias Triadas sur son promontoire, sorte de mini Mont-Sain-Michel qui a un oeil sur la mer, un oeil sur les montagnes. À 1 km plus loin, le monastère Agios Nikolaos est encore habité par quelques religieuses; il fait son petit effet de surprise avec, à son entrée, une croix, une ancre et une barre de navire. De là, on a une super vue sur la côte nord-est de l’île.






Une autre piste descend en zigzag jusqu’à la petite baie de Mandraki, plus confidentielle que la ville avec son petit port et sa mini-plage. Autant te prévenir, il y aura un sale petit moment à passer, car la décharge publique de l’île longe cette piste sur environ 300 m ; de plus, avec le vent, il arrive que des sachets en plastique viennent s’accrocher aux broussailles; pas très bucolique comme environnement! J’ai l’impression que Hydra a des lacunes dans sa gestion des déchets. Dieu merçi, ce n’est qu’une surface minuscule par rapport à l’île entière.
Une petite taverna, entourée de quelques pins et jouxtant une petite chapelle, sera l’endroit choisi pour mon repas du soir. L’occasion de goûter au tzatziki grec, genre de yaourt épais de brebis, assaisonné de concombres (râpés ou en purée, ou en fines tranches), d’huile d’olive, d’oignons et d’ail, et parfois avec de la menthe. Un plat de viande en sauce (ils aiment bien les sauces en Grèce!), avec une bière et pour finir en beauté, un tsipouro: voilà encore un immanquable dans la famille des alcools grecs. C’est une eau de vie de raisin qui ressemble beaucoup au raki crétois, tout en possédant une petite saveur anisée. Il est servi dans un petit verre à liqueur, sans glaçons.





Retour sur le port de Hydra par une chouette promenade de bord de mer de 2 km; bordée de quelques maisons particulières et d’une église comme accrochée à la paroi rocheuse. Je ne me couche pas tard, demain c’est rando, et un peu plus costaud qu’aujourd’hui!




Randonnée sur l’île de Hydra.
Je me mets en route assez tôt ce matin, vers 7H30, pour être à la fraîche un peu plus longtemps. Ici je vais quitter la ville par le sud-est. Progressivement, les dernières maisons s’estompent; je passe à côté d’une petite ferme où quelques abris rudimentaires abritent chèvres et poules. Après, ça va grimper, en lacets, d’abord sur une piste plutôt facile, et en même temps la beauté du panorama sur Hydra et le port vont se sublimer un peu plus chaque fois. Je ne croiserai que quelques ânes, conduits par un vieux bonhomme énergique, qui descend certainement sur la ville pour aller au boulot, et un moine assez jeune, tout de noir vêtu avec un sac à dos (pour rappel, religion orthodoxe en Grèce). Nous nous saluons l’un l’autre. Tu entendras souvent “yassas” ou “kalimera”, qui veut dire bonjour en grec.




Les volées de marches de pierre disparaissent pour faire place à un sentier pierreux beaucoup plus irrégulier; il est bientôt 9 heures, le soleil commence déjà à cogner; heureusement une petite brise me rafraîchit encore pour le moment. Celà durera-t-il? En attendant, me voici arrivé au monastère Profitis Ilias (Prophète Elie en grec), bâti au 19ème siècle et qu’on peut visiter, en étant vêtu décemment (pantalon ou short cachant les genoux pour vous messieurs, épaules couvertes et robe de longueur respectable pour vous mesdames). À 100 m de là, le petit monastère Agia Eupraxia est habité par quelques religieuses.






Après un petit passage à travers une petite zone boisée (si rare sur l’île!), une fourche propose 3 options: continuer vers le sommet de l’île, le Mont Eros (595 m d’altitude), rallier le hameau d’Episkopi au sud de l’île, ou un autre sentier, plus “aléatoire” à suivre car il arrive qu’on perde sa trace durant quelques temps, qui va longer l’est de Hydra. Tu t’en doutes, j’ai pris le plus aventureux des trois. Le sentier devient très pierreux, je profite encore d’un peu d’ombres grâce aux arbres, mais ça ne va pas durer. Presque sans transition, la mer apparaît, tout en contrebas, et un sentier en descente et tout en cailloux n’attend plus que moi!



Je me trouve maintenant en plein cagnard, sur un sentier délicat à négocier en descente, car les petites pierres roulent facilement sous les semelles et occasionnent petites glissades et déséquilibres qu’il faut rétablir vivement. Tomber sur le dos, en plein sur une pierre en saillie, c’est pas vraiment souhaitable, étant donné que je ne vais croiser personne durant deux heures! La mer s’étale plus bas, ce côté de l’île est inhabité, quelques petites églises et chapelles blanches égrènent malgré tout le paysage. Par moments le sentier disparaît, sans logique; il faut savoir le retrouver “à l’aveugle”, il n’est jamais bien loin. Le thym sauvage et l’iode marin embaument l’air.




Le sentier perd peu à peu son côté sauvage, redevient plus facile, et des petites fermes disséminées commencent à apparaître au milieu d’un paysage aride, où quelques oliviers résistent vaillamment. Les panoramas sur la côte valent aussi l’effort. Le sentier traverse quelques propriétés, permettant un droit de passage, il faudra probablement franchir l’une ou l’autre barrière en défaisant une corde nouée, et bien sûr faire l’opération inverse une fois la barrière franchie. Cependant, à une de ces barrières, je m’échine à défaire un noeud qui ne doit pas exister dans le monde réel; le proprio s’entraine-t-il pour le championnant mondial du noeud de cordes… ou est-ce juste pour emmerder son monde? Toujours est-il que tant pis, je l’enjambe. Mais je le redis, je n’ai rencontré âme qui vive pendant un sérieux bout de temps!




Il fait chaud, le sentier est long et ma bouteille d’eau se vide inexorablement, malgré mes mini gorgées. Je ne sais pas trop où je suis par rapport à la ville, je cherche un repère car en principe je dois relier le sentier emprunté hier. Soudain, après une longue montée sans ombre (je crois comprendre pourquoi ce sentier suscite peu d’engouement!), j’aperçois au loin le monastère Agios Nikolaos; ça y est, je me retrouve! Et pas loin d’ici, il y a le puits! Mais se servir comme çà, juste pour une bouteille, alors que les locaux s’en servent certainement pour leurs bêtes, ce serait sans doute pas correct… Par chance, je m’apprête à croiser un paysan juché sur sa mule qui en vient justement. En toute humilité, je lui explique par gestes mon souhait de me désaltérer en montrant la bouteille. Et la chance me sourit, ça ne pose visiblement pas de problème, pourvu que je remette le seau et la corde à leur endroit initial! L’eau est fraîche et me semble limpide. Petit moment de bonheur, quelle joie, une heure de plus et j’allais pisser du sable…
Il ne reste plus que l’étape de la descente jusqu’à Hydra; les muscles des cuisses commencent à bien tirer, et je n’ai pas mangé depuis mon départ. Allez, un souvlaki vite fait et une bière (je sais, l’alcool déshydrate, mais j’ai quand-même avalé un litre d’eau d’un trait là-haut!), et je retourne reposer mes guibolles qui l’ont bien mérité, durant l’après-midi, à mon hébergement (et avec la clim’ c’est d’autant plus délectable).
En début de soirée, je suis reparti. Tout à mon aise, en passant par d’autres ruelles que celles d’hier, je rejoins le petit chemin côtier qui m’amène au petit port de Vlychos, avec sa petite plage, sa poignée de maisons et sa petite chapelle. Il y a là aussi un vieux pont de pierre d’une arche, dont la présence semble un peu étrange en ces lieux. C’est ici que la taverna Marina sert des spécialités grecques depuis de nombreuses années. L’occasion est excellente pour goûter à cette fameuses salade grecque, une des entrées les plus emblématiques d’un repas en Grèce: tomates, concombres, olives et huile d’olive, accompagnés inévitablement par du fromage de brebis feta, en morceaux ou en petit bloc; la feta grecque a une texture en même temps ferme et moelleuse, avec une légère pointe de salé et d’acidité. Par la suite je goûte au pastitsio, genre de millefeuille de pâtes et de viande hachée, qui m’a beaucoup rappelé le timpana maltais.
Il ne me reste plus qu’à revenir tranquillement le long de la mer, jusqu’au port de Hydra, pour savourer cette fin de soirée pas encore trop chaude. Quelques petits bateaux rouges sillonnent les flots à vitesse assez soutenue. Ce sont des bateaux-taxis, qui emmènent les touristes vers les plages de l’île, aussi bien qu’à Vlychos ou Mandraki. Je ne joue pas au couche-tard, le ferry du retour part demain à 07H20. En tout cas, je garderai un grand souvenir de cette île magnifique, considérée à juste titre comme l’une des plus belles îles grecques. Mes jambes également, pour une autre raison, c’est sûr!













Dans “l’Odyssée” de Homère, le Cyclope Polyphème (celui qui a emprisonné Ulysse dans sa grotte), berger de son état, fabriquait un fromage de lait de brebis assez proche de la feta, selon la description de l’auteur. Les grecs aiment à penser que le géant à un oeil est l’inventeur de la feta! Pour conserver le savoir-faire des fabricants de feta, la Grèce a obtenu de l’Union Européenne une Appellation d’Origine Protégée (AOP) en 2002 pour sauvegarder son emblématique fromage. Alors désolé, la Salakis, au bon lait de brebissse, n’est pas une feta grecque AOP…
Le canal de corinthe et Némée: premiers pas dans le Péloponnèse.
Comme je le disais plus haut, le ferry pour le retour au Pirée part assez tôt, ce qui me fera arriver à destination vers 09H20. Un dernier regard sur le port de Hydra et j’embarque. Voilà une journée “charnière” de ce voyage, c’est aujourd’hui que je prends ma voiture de location pour deux bonnes semaines. Pour plus de facilité (et éviter de refaire une heure de métro pour l’aéroport!), je me la fais “livrer au port du Pirée. Arrivée au port donc, un gars jeune à l’air sympa m’attend au débarquement avec une pancarte où mon nom est écrit; formalités habituelles, caution… comme d’habitude, quoi. Une petite agence grecque pas trop chère. Oh, pour une fois, une voiture blanche! Tant mieux! J’ai jamais bien pigé pourquoi les voitures de location sont souvent noires dans les pays chauds… Ok alors, on peut tailler la route!
J’appréhendais la sortie du port du Pirée et l’entrée sur la voie rapide, mais grâce aux feux de circulation, ça se fait en douceur. Petit arrêt dans un gros supermarché un peu en retrait (bouteilles de flotte, tu connais le rituel). Alors, les supermarchés en Grèce? Oui, il y en a, quelques “chaînes” existent, comme AB Market, Bazaar ou MyMarket, mais bien souvent ce sont les minimarkets de proximité et bien sûr les periptero qui leurs volent la vedette!




Une fois sorti de l’enchevêtrement de voies rapides de la région d’Athènes, ça roule mieux. Direction l’ouest, à 75 km d’Athènes. Le nom de Corinthe te dit forcément quelque chose? Peut-être les raisins, peut-être les “épîtres aux Corinthiens” de l’Apôtre Paul? Un canal, aussi… On a parfois du mal à le visualiser, mais quand on en voit une imge, on fait “aah oui, c’est çà, je connais!”. C’est cette merveille bâtie par la main humaine qu’on va aller voir de plus près!
Donc me voilà sorti de l’autoroute, à proximité de la ville de Corinthe (Κόρινθος / Kórinthos). Pour la plupart des localités, je te donnerai la version en grec et “latinisée”… par rapport aux panneaux routiers qui, parfois, ne sont qu’en caractères grecs. Je passe sur un pont métallique, un de ceux qui franchit le mythique canal. L’endroit est touristique, peu s’en faut: des boutiques, quelques restos… Tu me laisses 10 minutes pour manger vite fait deux ou trois souvlaki brochettes? Oups, le gars a eu la main lourde sur le sel… Enfin que soit, allons voir sur le pont ce qui nous attend.
Même si l’image de ce canal est archi-connue, le voir réellement laisse bouche bée. Il ne fait que 6 km de long, mais sa configuration est unique: c’est une profonde et très impressionnante tranchée de 80 m de profondeur sur seulement 25 m de large! On dirait un coup de hache gigantesque, tracé au cordeau , où les plus gros navires passent presque au mètre près de chaque côté des parois! Pas de bateaux aujourd’hui, car il y a des travaux sur ses bords, en haut, et de la terre tombe parfois dans les eaux.

Il relie le golfe de Corinthe (mer Ionienne) et le golfe Saronique (mer Égée), et du coup voici la région du Péloponnèse evenue une île (si on ne tient pas compte des ponts!). L’idée du canal ne date pas d’hier: la première tentative de percement date du règne de Néron! Mais le projet fut abandonné à sa mort faute de financement, puis repris plus tard (c’est le cas de le dire), en 1882. Mais là aussi, la poisse s’en mêle: la Société internationale du canal maritime de Corinthe fait faillite suite au scandale de Panama. Ah ben zut alors, on fait quoi? Finalement c’est une société grecque qui finira le canal, qui sera inauguré en 1894. Et maintenant, on peut même y faire du saut à l’élastique!


Et à l’autre extrémité, il y a quoi de beau? Les vestiges d’une antique voie pavée, la route de Diolkos, un autre truc de fou: c’est par là que les bateaux franchissaient les deux golfes par voie terrestre, par un système démentiel de rampes, de cordes et d’huile de bras! Elle suivait plus ou moins le tracé actuel du canal. Et aussi un pont submersible, qui s’enfonce sous l’eau pour laisser le passage aux navires.





Je quitte le canal de Corinthe pour aller vers le sud, et je fais en même temps mon entrée dans la région du Péloponnèse, une des régions les plus connues du pays, mais pas forcément la plus touristique. Comme expliqué plus haut, le creusement du canal de Corinthe en a fait une île. Une région très étendue pour une densité de population pas très élevée; d’ailleurs, mis à part Patras, les grandes villes ne s’y suivent pas! Et la diversité des paysages, je ne te dis que çà: des côtes rocheuses découpées alternant avec des plage, les plaines arides, presque désertiques du Magne, les forêts montagneuses du centre… Sans oublier un vrai festival de sites antiques, non pas des moindres: Mycènes, Épidaure, Olympie… Crois-moi, on va pas s’ennuyer! Et puis, “Péloponnèse”, le nom est si joli, tu trouves pas?


Je me trouve dans le nome de l’Argolide; le nome est l’équivalent du département ou de la province. Je descends à 40 km de Corinthe, dans la région de la ville de Némée, qui n’a pas trop d’intérêt, mais qui fera hausser les sourcils aux fans de mythologie. Némée… une histoire de lion, c’est çà! Ce fut le premier des 12 travaux d’Hercule, à savoir filer une raclée à cette bestiole psychopate qui terrorisait la région, et la dépiauter, carrément!
Pas de lion aperçu dans le secteur, mais un magnifique paysage de vignobles s’étalant à travers les ondulations des collines et petites montagnes; la région de Némée possède une longue tradition viticole, produisant des vins grecs très réputés, avec des cépages grecs comme d’autres plus répandus comme le Chardonnay ou le Merlot. Un paquet de domaines viticoles propose la visite de leurs caves, dégustation à l’appui (c’est un peu pour çà qu’on y va, quand-même!). Oui, les vins grecs m’ont positivement surpris! Pour les caves où je me suis arrêté, c’est ici.





Mycènes et Nauplie.
Du vin grec à l’Histoire avec un grand H, il n’y a qu’un pas, ou plutôt une vingtainde de km qui vont me conduire sur les traces d’une cité antique de premier ordre, plus ancienne que l’Acropole, et à laquelle des noms prestigieux, tels que Persée ou Agamemnon, sont associés: Mycènes! Son emplacement n’est déjà pas mal, les nombeux vestiges, de taille souvent considérable, étant dispersés sur les flancs d’une colline entourée de champs d’oliviers. Le fait que Mycènes soit inscrite au patrimoine de l’Unesco (en 1999) n’a rien d’étonnant.


Mycènes possède deux sites distincts, séparés de 300 m . L’entrée au sein du site principal ne se fait pas par la petite porte; voici une des portes antiques les plus célèbres de Grèce, et elle ne fait pas dans la demi-mesure; c’est la Porte des Lionnes, monumentale à souhait, même si les deux têtes en bronze des deux félins ont disparu! Les énormes blocs composant les murs sont au diapason de l’ensemble; on les appelle murs cyclopéens car Persée, fondateur de la cité, aurait demandé un coup de pouce aux fameux cyclopes pour monter ce méga-tétris de blocs de 10 à 20 tonnes. L’histoire ne dit pas si Polyphème leur faisait des sandwichs à la feta à la pause-déjeuner… Sur les côtés de l’entrée, on en voit encore le système de fermeture.



Une fois passée la Porte des Lionnes, on tombe sur deux formations en cercle qui abritent de nombreuses sépultures, ainsi que les maigres ruines du palais royal. Dans la partie haute du site, un escalier encastré dans les remparts donne accès à une ancienne citerne. Et à côté du musée, la Tombe du Lion, en-dehors de l’enceinte de Mycènes, se trouve au fond d’une cavité dont la coupole s’est effondrée il y a bien longtemps.






Le site est touristique, bien sûr, mais beaucoup moins congestionné que l’Acropole d’Athènes. J’ai juste croisé un autocar de tourisme qui partait justement, et les quelques visiteurs étaient bien “disséminés” sur le site, ce qui a procuré un certain agrément. Par contre, au loin le ciel est bien noir; va-t-il tomber quelque chose? On verra… En attendant, allons voir le second site, qui ne contient en fait qu’un seul monument, mais quel monument: le fameux Trésor d’Atrée, appelé aussi tombeau d’Agamemnon. L’entrée de cet ancien tombeau royal est incroyable, on dirait une construction égyptienne! Et ce linteau qui surmonte la porte, croirais-tu qu’il pèse la bagatelle de 120 tonnes? Ah, on se demande comment ils ont fait…
Et Atrée, qui c’est? C’était le papa d’Agamemnon, en plus d’être un modèle de délicatesse: pour se venger d’avoir été fait cocu par sa femme Érope et son frère jumeau Thyeste (ah ouais quand-même!), il fit tuer et cuire (!) les fils de Thyeste, autrement dit ses neveux (!!!) et les servit à leur père lors d’un soi-disant banquet de rabibochage. Si moi j’avais vécu à l’époque et qu’il m’aurait invité à une bouffe, j’aurais dit “euh non, pas le temps, j’ai des trucs à faire, là…”. Heureusement que l’émission Top Chef n’existait pas à l’époque!


LES TROIS ORDRES ARCHITECTURAUX EN GRÈCE.
L’ordre dorique: le plus dépouillé, sans base et comportant en moyenne 20 cannelures.

L’ordre ionique: des moulures à la base et des volutes.

L’ordre corinthien: le plus “chargé”, le plus riche en décorations, avec un chapiteau décoré de feuilles d’acanthe.

La capitale de l’Argolide n’est plus très loin, distante d’environ 25 km de Mycènes. Je rejoins en même temps les côtes du golfe argolique, et me voilà arrivé à Nauplie (Ναύπλιο / Náfplio). Les routes sont détrempées, en effet la région vient d’essuyer un orage qui, heureusement, s’éloigne déjà. Pour se garer, aucune excuse possible, étant donné la taille démesurée du parking du port, qui a le mérite d’être gratuit!
À Nauplie, on n’est plus dans les dimensions tentaculaires d’Athènes, mais il faut reconnaître que la première perspective visuelle, en venant du port, fait son effet: la vieille ville est comme blottie au pied d’un imposant rocher, au sommet duquel a été bâti le Fort Palamède au 18ème siècle par les vénitiens. Il se trouve perché à 216 m de haut et se visite, à condition d’avaler sans broncher les 913 marches qui y conduisent!


Et cette vieille ville, c’est tout un poème! Un poème de style italien, je dirais, car ces petites rues qui se croisent à angle droit, ces maisons colorées, ces escaliers défraîchis et ces placettes animées me font replonger dans mes voyages à travers la “Botte”! La domination vénitienne est bien passée par là, ainsi que les invasions ottomanes expliquant la présence de mosquées. J’ai même eu le plaisir de ressortir mes notions d’italien en m’offrant un bon gelato à l’Antica Gelateria di Roma.
Nauplie est touristique, bien sûr, mais pas à outrance. La vieille ville ne s’est pas changé en Disneyland pour touristes amateurs de souvenirs made in China, elle appartient encore à ses habitants. Un signe ne trompe jamais: les gosses du quartier se jouent une partie de foot sur la Place Syntagma (la place principale); j’imagine même le même tableau sur la Place Monastiraki…












Elle en réserve des surprises, cette charmante Nauplie, pas forcément la plus connue des villes grecques, mais qui a plus d’un tour dans son sac: si je te disais qu’en 1827, elle est devenue la première capitale de la Grèce en 1827, au terme de la Révolution grecque qui dura 5 ans et qui mit fin à la domination des turcs? Hé oui. Ça n’a pas duré longtemps, Athènes reprenant ce rôle en 1934, mais quand-même, c’est pas mal pour une petite ville côtière! D’ailleurs, viens, on va faire un tour en bord de mer. Tu vois ce petit îlot avec un fort posé dessus? C’est la forteresse Bourtzi, construite par les vénitiens (encore) et qui fut le siège de la grèce indépendante durant un petit laps de temps. En se retournant, on a un autre angle de vue sur le fort Palamède… et sur certains immeubles modernes qui font mal aux yeux…






Il est possible de faire le tour de la vieille ville et de longer la mer par un agréable petit chemin côtier, avec des petits tunnels marrants creusés dans la roche. Ne t’inquiètes pas des grilles éventuellement fermées, un petit passage (“bidouillé” par les locaux?) les contourne systématiquement! Retour dans la vieille ville, où je me trouve une petite taverna tranquille pour un petit plat de boulettes en sauce (ils aiment bien çà, en Grèce) avec du riz. La nuit tombe, il fait doux, je me balade encore un peu au bord de l’eau.
Antica Gelateria di Roma – 3, odos Farmakopoulou.
Taverna O Noulis – 22, odos Moutsouridou.



À Nauplie, on peut aussi visiter le musée du komboloi. Tu verras certainement des grecs, de tous âges, égrener les grains d’un genre de chapelet. C’est celà, un komboloi. Il n’a pas de connotation religieuse, il sert simplement à se relaxer ou pour passer le temps en s’occupant les mains. Les grains ne sont pas fixes, ils glissent librement le long de leur ficelle. Les komboloi 4-5 € sont en toc et certainement pas fabriqués en Grèce. Il faut compter un minimum de 25€ et la plupart contiennent de l’ambre.

Et après ma nuit à Nauplie, quelle sera la suite de ce sacré voyage? Ah, il faudra faire preuve d’un peu de patience! Je suis loin d’en avoir fini avec le Péloponnèse, et quand je le quitterai, c’est pour continuer de plus belle vers d’autres régions, d’autres paysages… En attendant, Athènes a suscité en moi des sentiments très divers, Hydra m’a clairement charmé, et ce premier contact avec la région du Péloponnèse a été riche en découvertes. Tu restes avec moi, ok? J’ai encore un million de choses à te montrer! 😉 🇬🇷
“Vous devez comprendre ce que les marbres du Parthénon signifient pour nous. Ils sont notre fierté. Ce sont nos sacrifices. Ils sont notre plus noble symbole d’excellence. Ils sont un hommage à la philosophie démocratique. Ce sont nos aspirations et notre nom. Ils sont l’essence de la grécité”.
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