Voyage en Italie 2017 – 2ème partie: de Venise à Florence.

Souviens-toi, à la fin du premier opus de ce périple en Italie, je t’avais invité à pénétrer dans la gare centrale de Milan. On va un peu utiliser le réseau ferroviaire italien pour rallier cette ville mythique, la “Cité des Doges”, en un mot: Venise! Après on partira vers la capitale toscane, Florence, en passant par Padoue et Bologne! Allez, ne traînons pas, je me suis déjà occupé de ton billet de train…

VENISE.

Arrivée à Venise – Le Grand Canal.

Ma prochaine destination fait rêver les voyageurs: en route pour Venise! Mais pas en voiture, cette fois! Quand je visite un pays, j’aime bien aussi découvrir les transports intérieurs: bus, trains… Voilà l’occasion d’embarquer dans un “Frecciarossa” (“Flèche rouge” en italien), le cousin italien du TGV, qui atteint aussi ses 300km/h sans se faire prier; il y a aussi les “Frecciargento” et les “Frecciabianca” (leur couleur est facile à deviner, je pense). L’opérateur ferroviaire du pays s’appelle Trenitalia. Attention, comme en France, on doit composter son billet! Au moins chez moi en Belgique, pas de compostage 😏.

2H30 plus tard, après un passage en gare de Venise-Mestre, le train roule vers son terminus en longeant la lagune des deux côtés; il y a une route en parallèle du chemin de fer, mais l’arrivée “romantique”, c’est plutôt une vue sur des zones industrielles! Le train s’arrête enfin en gare de Venise Santa Lucia. Je retiens mon souffle; ça y est, je suis à Venise!

Appelée aussi “Cité des Doges” ou “Sérénissime” (* un titre onorifique généralement utilisé envers les princes, mais aussi pour les doges), elle est la capitale de la Vénétie (on l’aurait deviné) et a un passé maritime glorieux, ayant fait concurrence dans ce domaine avec les “républiques maritimes” de Gênes et Pise. Elle est entourée de nombreuses îles (pas loin d’une centaine, paraît-il) réparties dans sa lagune.

Avant de sortir de la gare, je rencontre mon hôte Airbnb Stefano qui m’attend au bout du quai; remise des clés, explication sur l’itinéraire pour arriver à la maison. OK, on peut y aller. Premier contact visuel avec Venise, son Grand Canal et ses nombreuses embarcations… je ne suis pas déçu, c’est grouillant de vie! Hé oui, comme je m’y attendais, énormément de monde, il y a même des préposés avec des petites charrettes à bras pour porter les valises! A croire que certains démontent leur maison pour partir en vacances! Mon logement se trouve dans le quartier de Cannaregio, dans le nord de la Cité, et j’emprunte la rue piétonne qui m’y mènera. Mon dieu, quel procession de touristes! La surfréquentation est flagrante! Mais j’ai de la chance, au niveau du Campo Santa Maddalena (* campo: l’équivalent d’une “place” à Venise), je longe un petit canal tranquille, une ou deux ruelles et me voilà déjà loin de la foule, dans une vieille maison vénitienne typique où je dormirai 3 nuits (40€ la nuit, promis juré)!

Retour vers la gare Santa Lucia pour m’acheter un pass de transports ACTV (la compagnie qui gère les transports à Venise): libre circulation à Venise et vers les îles 1 jour: 20€, 2 jours: 30€, 3 jours: 40€. J’ai pris pour 3 jours, et c’est vite amorti si on l’utilise assidument (et judicieusement!) . Sinon, il y a des autres “pass” touristiques: pour les musées 20€, ou les églises 12€, ça dépend de ce qu’on veut visiter.

Le grand moment est arrivé. Face à la gare, je vais embarquer dans un vaporetto, l’équivalent d’un bus sur l’eau, pour parcourir le fameux Grand Canal. C’est le plus connu de Venise, il mesure près de 4km de long et ressemble à un “S” inversé. Ce sont en quelque sortes les Champs-Elysées vénitiens!

Un arrêt de vaporetto.
Cabine de pilotage d’un vaporetto.

La ligne de vaporetto N°1 est la plus connue, elle parcourt le Grand Canal, permettant ainsi d’admirer tous les palais qui le bordent. Les multiples arrêts, ou devrais-je dire débarcadères, sont marrants, ce sont des pontons flottants avec des bancs en bois pour attendre et des machines à composter. Des fois, ça, tangue bien, ça en met certains mal à l’aise! Durant 40 minutes, je vais assister à un majestueux défilé de palais, plus somptueux les uns que les autres; véritable vitrine de la réussite de commerçants fortunés, les palais vénitiens sont surtout bâtis en briques, un matériau léger intéressant par rapport au sol fragile de la lagune.

Et justement, l’immense majorité de Venise repose sur un ensemble incroyable d’énormes pilotis de plusieurs mètres de long enfoncés dans le sol boueux de la lagune! Cependant, les bases de ces bâtiments commencent à être sapées par le remous incessant de l’eau, dû à l’intense circulation sur le Grand Canal. Et je le confirme, c’est un va-et-vient pas possible de vaporetti, de petits bateaux-taxis (* 110€ la course depuis l’aéroport, ça te dit?), de gondoles (çà j’y reviendrai plus tard!!)… Tout se fait sur l’eau: police, pompiers (hé oui!), ambulances… et même les services funéraires pour le cimetière San Michele, qui est sur une île! Mais comment font-ils pour ne pas se rentrer dedans? On compte pas moins de 177 canaux, surpassés de plus de 400 ponts, c’est dire! Sur certaines photos, tu remarqueras aussi la présence de ces poteaux colorés, qui ressemblent à des sucres d’orge géants, enfoncés dans l’eau devant certains palais. Ce sont des “paline”, peints aux couleurs des grands familles propriétaires des palais et qui servaient à l’amarrage des embarcations.

On passe sous le pont du Rialto et bientôt on aperçoit la Piazza San Marco et sa basilique, puis le canal s’élargit pour entrer dans la lagune. J’aperçois aussi une autre cause du ressentiment des vénitiens à l’encontre du tourisme de masse: les paquebots de croisière, ces monstres (au propre comme au figuré!) flottants de presque 300m de long, qui défigurent le paysage et abîment la lagune en passant par exemple par le canal de la Giudecca. Je comprends qu’ils puissent en avoir marre. Une illustration ici. Mais ça a changé depuis 2019, ces patapoufs des mers accostant à Porto Marghera, plus excentré de la Cité. Il était temps d’y penser, dis donc…

Venise: le Grand Canal.
Venise: le Grand Canal.
Venise: le Grand Canal.
Venise: le Grand Canal.
La Piazza San Marco depuis le Grand Canal.
Vue sur l’embouchure du Grand Canal.
Oh le joli gros bateau! Comme je voudrais être à bord… NON, JE DÉCONNE!!
Un tour en vaporetto sur le Grand Canal.

Ambulance à Venise:

Pompiers (vigili del fuoco) à Venise (un p’tit air de cavalerie américaine, non?):

Les quartiers Castello et Cannaregio.

Je descends à l’arrêt “Arsenale” pour commencer mon exploration de Venise, me voici dans le quartier de Castello, à l’est de la Cité. Bien qu’il soit le plus vaste “sestiere” (* quartier en italien) de Venise, on est loin ici des foules de San Marco, les touristes s’y aventurent moins et le Castello reste un coin encore authentique où il est possible de croiser quelques vrais vénitiens! C’est un labyrinthe de petites ruelles qui partent dans tous les sens, avec çà et là une placette, une église, des petits commerçants (vénitiens ceux-ci, pas chinois comme dans les coins à touristes) et des bars où les vieux du coin se font une partie de cartes. Laisse tomber ton plan de ville, ici ça se parcourt à l’instinct, ton guide c’est le hasard. Toutefois, il y a toujours les repères du Grand canal d’un côté et la lagune de l’autre. Pas besoin de semer des cailloux comme le Petit Poucet…

Pourquoi “Castello”? Celà vient de la forteresse du 8ème siècle qui se trouvait à l’emplacement de l’île Saint-Pierre, et il a été le siège religieux de la ville jusqu’au 9ème siècle. Tiens, je parlais des ruelles étroites, pourtant c’est à Castello qu’on trouve la rue la plus large: la Via Garibaldi mesure 17m de large, et c’est la seule avenue de la cité des doges à porter le nom de “via”; elle est encore très vivante avec des petits commerces, des petits bars… Et les petites rues adjacentes sont garanties “vénitien pur jus”! On voit des gamins jouer au ballon, du linge qui pend aux fils qui vont d’un côté à l’autre de la rue (pour récupérer le linge, ça se fait avec un système de poulie!).

C’est aussi le quartier de l’Arsenal, un titanesque chantier naval de 25 hectares, datant du 12ème siècle. C’est ici qu’étaient fabriquées les navires des flottes militaires et marchandes de Venise. A son apogée au 16ème siècle, il employait jusqu’à 16.000 personnes! Il avait même sa propre fabrique de cordages. Pionnier du travail à la chaîne, l’Arsenal pouvait ainsi fabriquer une galère par jour s’il le fallait. C’est aujourd’hui en partie une zone militaire, on peut en voir juste l’extérieur, il ne se visite pas. Son entrée via le canal est bordée de deux tours imposantes et l’entrée “terrestre” est un portail en forme d’un arc de triomphe avec des statues de lions.

Venise: quartier de Castello.
Venise: quartier de Castello – entrée de l’Arsenal.
Venise: quartier de Castello.

Le quartier de Cannaregio, qui jouxte le Castello à l’ouest, est un autre quartier encore habité par des vrais vénitiens et qui reste, dans l’ensemble, assez calme (si on fait exception de la sortie de la gare Santa Lucia!). Je prends toujours autant de plaisir à errer de ruelle en ruelle, franchissant un porche ou un pont surplombant un petit canal. Mais certains espaces sont plus ouverts, plus aérés que dans le Castello. Je disais “canal”, mais en fait seuls 3 canaux ont droit à ce titre : le Grand Canal, le Canal de Cannaregio et celui de la Giudecca. Tous les autres sont plutôt des “rii”, pluriel de “rio”.

Le Cannaregio, c’est aussi une grande page de l’Histoire de Venise avec son quartier juif, le “ghetto”. Le nom est d’ailleurs entré dans le langage usuel. Au début, les Juifs étaient d’abord interdits d’habitation à Venise mais considérés comme marchands au même titre que les autres commerçants. Plus tard, au 14ème siècle, une charte autorise les Juifs à s’installer moyennant finance, et au 16ème siècle, ils s’y installent pour de bon. A cause de la population croissante et l’interdiction d’habiter en dehors du ghetto, furent construits des immeubles très hauts, pouvant atteindre 7 étages, une exception à Venise (Ça rappelle les immeubles génois). Le Ghetto Nuovo étant devenu trop petit, on ajouta comme extension le Ghetto Vecchio (ah bon,le Vecchio après le Nuovo? Ben oui, c’est comme à Paris avec le Pont Neuf…). C’est encore un quartier très traditionnel encore bien vivant, avec des synagogues, des juifs en kippa et des enseignes en hébraïque. Mais bien qu’on puisse y évoluer librement, il ne faut pas venir ici par voyeurisme! Sur la place du Campo di Ghetto Nuovo se trouvent le poignant mémorial de l’Holocauste et le museo Ebraico.

Quoi d’autre dans le Cannaregio? Au hasard, la chiesa (église) della Madonna dell’Orto, une merveille gothique où est inhumé le peintre Le Tintoret; ou la Ca’ d’Oro, un des plus beaux palais vénitiens dont la façade, à l’origine, était recouverte d’or et de marbre, rien que çà! Venise est vraiment une cité pleine de surprises, même où on ne s’y attend pas: un banal supermarché Despar peut devenir un objet d’admiration… quand il est installé dans un ancien théâtre à la déco restée telle quelle! ah, et encore, accessoirement: pour rappel, c’est dans ce quartier que je passerai 3 nuits!

Venise: quartier de Cannaregio.
Venise: quartier de Cannaregio.
Mon logement Airbnb se cache dans la petite ruelle qui part à droite… (*)
Venise: quartier de Cannaregio.

(*) Tu vois sur la petite place, cette sorte de margelle de puits? C’est une vera da pozzo, et pourtant il n’y a pas de nappe phréatique d’eau douce dans la lagune! Mais les vénitiens, pas cons, ont trouvé une astuce: autour du puits, il y a des grilles d’évacuation d’eau pour récupérer l’eau de pluie, dirigée vers une citerne où du sable au fond joue le rôle de filtre. Fort heureusement, par après, à partir du 19ème siècle, la construction d’un aqueduc facilita grandement la vie des vénitiens!

Venise: quartier de Cannaregio le ghetto juif.
Venise: quartier de Cannaregio – le ghetto juif.
Venise: quartier de Cannaregio – Mémorial de l’Holocauste
Des supermarchés dans un ancien théâtre, j’en connais pas beaucoup!

Alors que dans le reste de l’Italie, une rue se dit “via, à Venise ça se dit “calle”. De même qu’il n’y a qu’une seule “Piazza”, la Piazza San Marco, les autres étant appelées “campo”. Autrefois, les campi (pluriel de campo) étaient en terre battue et on y cultivait des potagers, d’où le nom qui signifie “champs”. Maintenant, ils sont parfois bordés de petits bars et servent de terrain de jeu aux enfants vénitiens!

Le quartier San Marco.

Ce matin, il fait un peu gris, j’espère qu’il ne pleuvra pas! Et le programme de la matinée sera “intense”, car je vais me diriger vers l’épicentre touristique de Venise, à savoir la Piazza San Marco, sa basilique et son Palais des Doges! Mais avant toute chose, je vais traverser le Grand Canal. En vaporetto? Non, il y a moyen de le franchir juste en 2 minutes, avec un “traghetto”! C’est un genre de grande gondole collective à deux pilotes, qui sert de bateau passeur entre les deux rives. La traversée se fait debout (mais quelques places assises au cas où on doute de son sens de l’équilibre), et le passage coûte 2€. Les traghetti sont toujours très utilisés au quotidien par les Vénitiens, et un peu méconnus des touristes, ce qui en soi n’est pas un mal…

Je longe le Grand Canal à pied, en passant par le Pont du Rialto, le plus connu (et le plus photographié!) des ponts vénitiens, avec sa forme de dos-d’âne et ses boutiques. Sa première mouture était en bois, il fut rebâti en pierre au 16ème siècle. Ses deux plate-formes reposent sur des milliers de pilotis à 8m sous l’eau! J’espère que c’est du solide, quand je vois les hordes de touristes qui s’y pressent et se battraient presque pour faire le meilleur selfie (…)

Je pénètre dans le quartier San Marco, et les touristes deviennent plus nombreux. Et voilà les premiers “groupes-parapluies”! Oui, j’appelle ainsi les troupeaux qui suivent aveuglément un(e) guide qui brandit bien haut un parapluie, un drapeau ou que sais-je encore… Le guide plongereait dans le canal, qu’ils suivraient sans se poser de questions. Le tourisme de masse asphyxie réellement Venise! Franchement, je suis bien heureux de voyager en solo!

La Piazza San Marco se rapproche; sur les quais du Grand Canal, les gondoles sont alignées, les gondoliers attendent les touristes en mal de romantisme. Pour info, le trajet coûte … 80€ les premières 30 minutes, puis 20€ par quart d’heure! Alors il vaut mieux être à 4 ou 6 qu’à deux. Il paraît même que certains gondoliers peu scrupuleux demandent un supplément pour pousser la chansonnette! Non mais sérieux…

Si tu veux devenir incollable sur ce véritable emblème de Venise que représente la gondole, c’est par ici:

La partie ferrée de la proue d’une gondole – qui ressemble à un peigne géant – sert à faire contrepoids avec le gondolier à l’arrière, et sa forme n’a rien de fantaisiste: les “dents” symbolisent les six quartiers de la Cité, et celle de derrière, qui ressemble à un cran d’arrêt, représente l’île de la Giudecca. La “courbure” au-dessus de la première dent, c’est le Pont du Rialto.

Nous y voilà! La Piazza San Marco me révèle enfin ses charmes, avec ses bâtiments à arcades qui abritent des boutiques chics et certains cafés (surtout un) aux tarifs dignes d’un film de science-fiction: j’ai vu un chocolat chaud 10€, supplément de 6€ pour…l’orchestre qui joue!! Dire que dans le Castello tu peux avoir un spritz pour 2€… Face à moi, le campanile et la basilique m’invitent à me rapprocher encore, tout en slalomant entre les touristes, les vendeurs de stupides babioles et les pigeons (les vrais!) qu’en principe on ne peut plus nourrir. Mais va faire comprendre çà aux touristes…

Et la voilà enfin, cette magnifique basilica San Marco, avec ses cinq portails surmontés de mosaïques bouleversantes de beauté, relatant la vie de Saint-Marc, dont les reliques se trouvent dans un sarcophage dans l’édifice. Sa construction en croix avec 5 coupoles lui donnent même un air byzantin. Mais le gothique lui occasionne une surcharge des ornementations. A côté, le campanile, avec ses 98m de haut et son “ange-girouette” au sommet, est le meilleur spot pour avoir un panorama d’enfer à 360 degrés sur la Cité et sa lagune. On accède au sommet via un ascenseur. Le campanile a été reconstruit à l’identique suite à son effondrement en 1902.

Venise: Piazza San Marco.
Venise: Pont du Rialto.
Venise: campanile Piazza San Marco.
Vue du haut du campanile.
Venise: île San Giorgio Maggiore.
Venise: basilica Santa Maria della Salute.

Juste à côté de la basilique se dresse l’emblématique Palais des Doges ou Palazzo Ducale, avec sa façade très “style oriental”. Son architecture est étonnante: les colonnes d’apparence fragile soutiennent un ensemble massif, çà fait bizarre visuellement. Le palais abritait les appartements du Doge (*premier magistrat de la République de Venise) et les institutions politiques de Venise. On entre dans la cour intérieure, avec son “Escalier des Géants”. C’est par là que les personnalités entraient dans le palais. Ensuite, après avoir gravi l’Escalier d’Or, on parcourt une série de salles et d’appartements richement décorés. Le clou du spectacle, c’est la Salle du Grand Conseil: 50m de long, 25m de large! On y voit les portraits des premiers 76 doges de Venise… sauf un, celui de Marino Falier, recouvert d’un voile noir, suite à sa tentative de coup d’état. La tentative ayant échoué, il est décapité. Ça rigolait pas à l’époque!

Après ce luxe ostentatoire, le ton change sans transition avec les prisons aux couloirs et cachots exigus; les conditions de détention n’étaient pas une sinécure: fournaise en été, glacière en hiver. La liaison entre le Palais et les prisons se faisait (et se fait encore) par le très connu Pont des Soupirs (Ponte dei Sospiri), les soupirs en question étant ceux de désespoir des prisonniers! Ben oui, désolé les amoureux! Plus loin, à l’embouchure du canal, le Ponte della Paglia (Pont de la paille) doit son nom aux bateaux chargés de paille qui s’arrêtaient ici. Tout à côté, beaucoup de gens ignorent la curieuse sculpture de Noé qui a l’ai un peu… pompette. Etonnant!

Venise: Palais des Doges (Palazzo Ducale).
Venise: Pont des Soupirs.
Venise: vue à travers une ouverture du Pont des Soupirs (!).
Wow, l’ami Noé a un verre dans le nez…

Le quartier Dorsoduro.

Quittons maintenant San Marco pour franchir le Ponte dell’Accademia, pour pénétrer dans le quartier de Dorsoduro. C’est un quartier qui s’étend sur la partie sud du Grand Canal et englobe l’île de la Giudecca. Il y a pas mal de grands musées par ici: Ca’Rezzonica, Gallerie dell’Academia, musée Peggy Guggenheim… Pour les amateurs d’art, de peintures, c’est le paradis! Mais c’est également un quartier plus tranquille, avec des canaux plus larges, où les troupeaux téléguidés ne viennent pas (ils préfèrent saturer San Marco!). Moins de gondoles, mais beaucoup de petits bateaux privés à moteur; c’est un peu la “voiture” des vénitiens! Mais il est quasi midi, j’ai la dalle.

Me voici justement longeant le Rio (*canal) San Trovaso, et une “osteria” minuscule me fait de l’oeil. De nombreux crostini à emporter, et pas de places assises, les sièges ici c’est le parapet du canal. Je me choisi un petit assortiment de crostini, genre de petits toasts, recouverts de plein de bonnes choses (fromage, viande, légumes…). Et enfin je goûte le fameux Spritz, la boisson-apéro incontournable ici à Venise: c’est un mélange de vin blanc (du Prosecco) avec de l’eau gazeuse auxquels on ajoute de l’Aperol (à base d’oranges amères et de gentiane) qui lui donne sa couleur orangée. Une rondelle d’orange vient couronner le tout. Il en existe aussi au Campari ou au Cynar (alcool d’artichaut, hé oui!).

Le mot spritz viendrait de l’allemand “sprutzen” (en français: asperger). Au 19ème siècle, l’Etat-Major de l’armée autrichienne se trouvant en Vénétie demandaient à leurs hommes de diluer les vins de vénétie, jugés trop méchants en alcool, avec de l’eau gazeuse. Plus tard, ce sont les vénitiens eux-mêmes, trouvant le breuvage un peu trop fade (les goûts et les couleurs, hein), qui décident donc d’y ajouter un alcool amer style Apérol ou Campari.

Osteria al Squero – Fondamenta (* quai) Nani, 944 – quartier Dorsoduro.

Quel bonheur de grignoter le long du canal, assis sur le parapet, juste en face du squero San Trovaso, un des plus anciens chantiers de fabrication et réparation de gondoles (chantier étant la signification de “squero” en vénitien). On en fabrique ici une dizaine par an.

Seulement 3 ou 4 permis de gondolier sont délivrés chaque année. Pour l’obtenir, les candidats doivent suivre une formation approfondie après avoir passé un examen rigoureux. À l’heure actuelle, seules 400 gondoles sont autorisées à circuler dans Venise. En tout cas, je n’ai pas aperçu de “gondoles-écoles” dans la Cité…

Quoi d’autre à voir dans le coin? La Punta della Dogana, l’ancienne douane de mer (désormais un musée) où les bateaux devaient s’amarrer avant de continuer vers le Rialto; c’est le point de confluence entre les deux grands canaux de Venise; ou encore l’impressionnante basilica Santa Maria della Salute. Et de l’autre côté du canal, se trouvent l’île de la Giudecca, avec son prestigieux hôtel Cipriani (je ne préfère pas évoquer ses tarifs), et l’île San Giorgio Maggiore, avec sa basilique et son haut campanile.

Venise: quartier Dorsoduro.
Venise: quartier Dorsoduro.
Venise: le squero San Trovaso.
Venise: le squero San Trovaso.
Venise: île de la Giudecca.
Plan 3D Punta della Dogana.
Assortiment de crostini avec un bon Spritz!

Les quartiers San Polo et Santa Croce.

L’après-midi, je me balade au hasard dans les quartiers de San Polo et Santa Croce, qui se trouvent dans la “boucle” du Grand Canal; ces deux quartiers, plus animés et fréquentés que le Dorsoduro, constituent géographiquement le centre de Venise. San Polo est relié à San Marco par le Pont du Rialto, et abrite le marché du même nom, le plus célèbre de la Cité. Tout près, se trouve l’église supposée la plus ancienne de Venise, la chiesa San Giacomo di Rialto. Santa Croce, le plus petit “sestiere” de Venise, à l’ouest de San Polo et longé par le Grand Canal; c’est là qe se trouve la gare Santa Lucia. Il doit son nom à la croix où le Christ fut crucifié. En s’égarant dans les petites rues plus calmes il est encore possible de dénicher des petits commerces d’alimentation et des petites cours où le linge sèche aux fenêtres. Mais beaucoup de visiteurs ne font que transiter par San Polo et Santa Croce, tout pressés qu’il sont de découvrir San Marco! Tant pis pour eux, du coup…

C’est encore un quartier plein de surprises, avec des beaux palais et des édifices religieux comme la basilica Santa Maria Gloriosa dei Frari, avec son campanile le deuxième plus haut de Venise. L’épicentre de San Polo est le Campo (la place) San Polo, deuxième en superficie après la Piazza San Marco. C’est curieux de voir un espace public si vaste, si aéré alors que les venelles étroites et les maisons hautes donnent parfois une impression parfois un peu oppressante. Des petites terrasses de cafés, des gosses qui jouent et les mamans qui papotent, nous sommes aux “antipodes” de San Marco! En allant vers Santa Croce, je passe devant une boutique réputée de masques de carnaval; des produits authentiques, pas des “chinoiseries” à deux balles made in tu-devines-où!

Venise: Santa Croce.
Venise: Campo San Polo.
Venise: Campo San Polo.
Venise: Campo Santa Margherita.
Venise: chiesa San Giacomo di Rialto.

Après cette journée intense, deux petites heures de repos dans le Canaregio avant de repartir. La soirée s’amorce déjà, j’ai trouvé un tout petit resto dans une mini-ruelle de San Polo, pas loin du Rialto. Je vais goûter une spécialité locale: le foie de veau à la vénitienne (fegato veneziano); un délice composé de foie avec des oignons et du vin blanc. Accompagné d’un petit verre de Soave (un p’tit blanc de Vénétie), et en dessert, des “bussolai”, petits biscuits sablés à tremper dans un verre de Vin Santo, un vin de dessert de Toscane que je retrouverai en plusieurs occasions… Si je crie haut et fort qu’on mange et boit bien en Italie, tu seras d’accord avec moi? Je n’en doute pas.

Cantina do Spade – Calle Do Spade, 859 – quartier San Polo – https://cantinadospade.com

“Fegato veneziano”.
Vin Santo et “bussolai”.

Le crépuscule s’installe, je “traîne” un peu dans le Dorsoduro et je me retrouve au Campo San Barnaba, avec son puits et son église (un air de déjà vu? C’est celle qui appparaît dans “Indiana Jones et la Dernière Croisade”!). Un bar avec terrasse près de l’église, pas de touristes (il y a même des gens du coin qui viennent prendre un verre en bateau, en s’amarrant le long du canal!), je savoure un “Bellini”, un savoureux cocktail vénitien à base de Prosecco et de purée de pêches blanches. J’ai presque des frissons tellement je suis bien…

Venise: chiesa San Barnaba.
Les petits bateaux amarrés, ce sont les clients du bar où j’étais…

L’île Murano.

Venise, ce n’est pas que San Marco et le Grand Canal. La ville fait partie d’une vaste lagune de 550km², qui compte plus d’une centaine d’îles. Certaines sont aisément accessibles en vaporetto et se visitent! C’est à la découverte de certaines d’entre elles que je t’emmène.

Ce matin, j’embarque pour une des plus courues, l’île de Murano. Il faut se rendre aux “Fondamente Nove”, une série de quais au nord du Cannaregio, et prendre la ligne de vaporetto N°12. Le trajet dure 10 minutes, et l’espace de navigation dans la lagune est bien plus dégagé que sur le Grand Canal; il y a néanmoins pas mal de trafic, avec des bateaux de tous genres: taxis, transports de marchandises… mais pas de gondoles! Mais les vaporetti ont un genre de balisage à suivre, fait d’une double rangée de pieux, regroupés par 4 ou 5, appelés “bricole”, servant à indiquer la profondeur navigable du chenal.

À ma droite, j’aperçois la petite île San Michele, qui est très particulière: en effet c’est le cimetière de Venise, facilement reconnaissable avec son mur d’enceinte et ses cyprès qui dépassent. Voici certainement l’un des seuls cimetières au monde où les défunts sont transportés en bateau (ça casse un peu le romantisme des gondoles…).

Voilà, l’île Murano est en vue! Le débarcadère, près du phare, donne tout de suite accès au petites rues de l’île, coupée en deux par un large canal traversé par un unique pont. Deux autres canaux plus petits serpentent dans Murano, c’est un régal de se balader le long de leurs quais bordés de maisons anciennes colorées et reliés entre eux par des petits ponts en dos-d’âne. Comme édifices religieux, la Basilica Santi Maria e Donato se partage l’île avec la chiesa San Pietro Martire.

Si tu as visité Venise avant moi (oui, j’ai vu quelques carnets!), parmi les boutiques de la ville tu as sûrement remarqué des boutiques un peu snob qui vendaient des objets de verre à des prix plutôt élevés. Eh bien c’est le verre qui a construit la réputation de Murano. Au 13ème siècle, les souffleurs de verre de Venise furent obligés par le Sénat de s’installer à Murano, en effet leurs fours étaient une source potentielle d’incendie et pouvaient ravager la Cité qui, à l’époque, construisait beaucoup en bois (cependant Ikea n’existait pas encore…).

Cette industrie verrière, prisée par l’Europe entière durant des siècles, alimente plutôt de nos jours la manne touristique vénitienne! Pour un(e) jeune, un stage à Murano comme souffleur de verre, c’est un peu comme passer sa license de conduite en Lamborghini! Les ateliers de souffleurs de verre sont toujours présents, il y en a qui sont ouverts à la visite. Sérieusement, c’est passionnant de les voir à l’oeuvre. Parfois, il y a même des gradins installés dans l’atelier pour que tout le monde profite bien du “spectacle”. Ensuite, passage obligé par la boutique! On n’est pas forcément contraint d’acheter, mais si ça te tente… Atention, la carte bleue peut chauffer très vite!

En complément, l’excellent et passionnant musée du verre de Murano, installé dans un ancien palais, te fera découvrir des pièces d’une finesse et d’une beauté telles qu’il faudrait se pincer pour se dire que non, on ne rêve pas, c’est bien l’esprit humain qui a créé ces merveilles. Maintenant, si tu veux acheter par exemple un service à verres en cristal, tu fais comme tu veux, mais vérifie quand-même le “plafond” de ta carte de crédit…

Dernière chose, petite adresse sympa pour manger: La Perla Ai Bisatei – Campo San Bernardo, 7.

Vue sur les Fondamente Nove.
Les doubles rangées de “bricole” pour baliser le trajet des vaporetti.
Atelier de verrerie à Murano.
Tours d’une verrerie.

Les îles Mazzorbo – Burano – Torcello.

À présent il est temps de reprendre le vaporetto 12 qui poursuit sa route vers une autre île très visitée: Burano. Enfin, disons que les “touristes” foncent tête baissée vers cette dernière, en négligeant tout à fait qu’elle est reliée par un petit pont en bois à une autre île, beaucoup plus discrète: Mazzorbo. Moi, c’est ici que je débarque, d’autant plus que le vaporetto s’y arrête avant Burano!

Nous ne sommes que trois à poser le pied sur l’île, et encore les deux personnes sont des habitants du petit village de l’île. Le ressenti est étonnant: la sérénité, le calme absolu avec les quelques maisons colorées qui se mirent dans le canal, les parcelles de vignes et les prairies aux alentours, et cet étrange vieux campanile abandonné un peu plus loin. Et pour rallier Burano, finalement pas besoin de bateau: une pont de bois relie les deux îles.

Île Mazzorbo.

Une fois franchi le petit pont, me voici sur l’île Burano. La transition est brusque avec le retour des visiteurs en nombre! Mais il faut reconnaître que cette île, même si elle est fréquentée, a un côté moins touristique, moins “étouffant” que certains coins de Venise; c’est très agréable d’arpenter ses quais le long de ces petits canaux avec des barques “garées” le long, comme des voitures dans une rue. Pas de boutiques de souvenirs extravagantes non plus, Burano est vraiment chouette à découvrir.

Mais l’atout “séduction” de Burano, sa carte-maîtresse, ce sont ces petites maisons, avec leurs façades bariolées de couleurs vives unies ! Rouge, jaune, vert, rose, bleu… Quel arc-en-ciel! La petite histoire raconte que ce sont les femmes qui peignaient les maisons afin que leurs maris, partis à la pêche, puissent reconnaitre leur maison au loin. Et aujourd’hui encore les habitants ont obligation de les repeindre chaque année. Impression visuelle au top! Même si deux ou trois maisons par ci par là sont assez délabrées.

Si on s’éloigne un petit peu de l’épicentre du village, on trouve des petites rues plus calmes. La chiesa San Martino est connue pour son campanile qui penche à cause d’un ancien tremblement de terre (Hé, la Tour de Pise, tu as de la concurrence!). Un mot encore sur la spécialité de Burano: la dentelle. Cete tradition remonte au 16ème siècle, quand les femmes de pêcheurs, habituées à repriser les filets, décidèrent de se diversifier avec la confection de ces dentelles.

Île Burano.
Île Burano.

Après Burano, partons découvrir une île à seulement cinq minutes de vaporetto: l’île Torcello! Voilà une île bien singulière, presque inhabitée (une vingtaine d’habitants maximum), coupée en deux par un paisible canal qu’on peut longer à pied. Je dois dire que c’est un peu déroutant de savoir que Torcello fut l’île la plus peuplée de la lagune (jusqu’à 20.000 âmes au 10ème siècle!), avec un port prospère, et que c’est dans cette île que les Romains s’installèrent en premier pour fonder, au 6ème siècle, ce qui sera la Cité de Venise.

Alors quoi, que s’est-il passé? A partir du 12ème siècle, la lagune s’envasa progressivement. Puis la malaria chassa de très nombreux habitants vers les îles voisines de Burano et Murano, voire vers Venise. Et c’est maintenant quasi une “île-fantôme”… Très peu d’édifices ici, sauf la cathédrale Santa Maria Assunta, le plus ancien édifice de la lagune , connu pour ses mosaïques, et la chiesa Santa Fosca, de forme octogonale.

Île Torcello.

Petit aparté pour te parler d’une autre calamité à Venise (autre que les touristes 🤡). Qui dit Venise dit canaux et lagune, qui dit canaux dit eaux stagnantes, qui dit eaux stagnantes dit… 🦟🦟 moustiques!! Ces petits salopards (dont les psychopathes de l’espèce, les “tigres”) s’en donnent à coeur joie par ici! Alors, tu as doublement intérêt à mettre un répulsif efficace dans tes bagages avant de débouler dans la Cité des Doges! Accessoirement, moi je prends un mini-flacon d’huile essentielle de lavande, c’est pas trop leur trip…

L’après-midi bien entamé, il est temps de prendre le vaporetto qui me ramènera à Venise en 40 minutes. Je profite de ma dernière soirée pour retourner me balader dans le Castello, où je déniche une petite trattoria au hasard (en italie c’est un petit resto pas cher). Je saisis l’occasion de goûter une autre spécialité vénitienne, les “spaghetti al nero di sepia”, autrement dit des pâtes recouvertes d’encre de seiche. C’est assez curieux visuellement, car l’assiette est presque noire, mais le goût de la mer en fait oublier l’aspect!

La nuit est tombée. Je contemple une dernière fois la Piazza San Marco illuminée (et toujours aussi bondée), ensuite je m’offre en “apothéose” la remontée du Grand Canal en vaporetto; quand il fait noir, et que les palais sont éclairés, ça donne une touche encore plus magique! Dernière nuit à Venise…

BILAN: Sublime Venise! Elle m’a vraiment charmé, ensorcelé même! On peut maudire ces hordes de touristes parfois bien incivils, ces foutus bateaux de croisière qui détruisent la lagune, mais on ne peut pas détester les canaux, les quartiers populaires, la lagune… La Ville voudrait néanmoins, à long terme, attirer (beaucoup) plus de touristes dans le Castello ou le Cannaregio, des quartier encore bien vénitiens, histoire de désengorger son épicentre… Ne commets pas cette aberration, Venise, c’est comme si tu te tirais une balle dans le pied, et une autre dans le coeur des vrais vénitiens…

“Venise, c’est comme manger une boîte entière de chocolats à la liqueur d’un seul coup.”
Truman Capote (1924-1984), écrivain américain.

Padoue.

Je quitte Venise aujourd’hui matin, et je rejoins la gare Santa Lucia pour embarquer dans un train régional, à destination d’une petite ville 40km au sud-ouest: Padoue! Il faut à peine 30 min de trajet pour rallier la gare de Padoue, qui est assez excentrée du centre-ville; alors soit on marche 2 km, soit on prend un tram ou un bus (le réseau de la ville est bien maillé et efficace).

Padoue (Padova): Bien peu de personnes savent la situer sur une carte, mais tout le monde a déjà entendu ce nom. C’est une ville de pélerinage, voué à Saint-Antoine, qui est mort ici, et dont le corps repose dans la basilique du même nom. Par contre, il naquit au Portugal, dont il est le saint patron.

La voilà justement, cette basilique. Le style de l’édifice est un peu hétéroclite: roman, gothique, byzantin… A l’intérieur, rien de vraiment grandiloquent, mais l’endroit vibre d’une ferveur, d’une dévotion pour le Saint, dont le tombeau est touché respectueusement chaque jour par des dizaines de fidèles (du moins c’était comme çà en 2017…). Ses reliques se trouvent un peu plus loin, vers le choeur. Au-delà de la basilique se succèdent trois cloîtres. Et à une dizaine de minutes de marche, l’abbaye Santa Giustina côtoie l’immense Prato della Valle, qui est une des plus vastes places d’Italie.

Basilique Saint-Antoine-de-Padoue.
Prato della Valle.
Abbaye Santa Giustina.

Il faut savoir aussi que Padoue abrite une université réputée, fondée en 1222. C’est la deuxième plus ancienne du pays après celle de Bologne. Son siège se trouve dans le Palazzo Bo. Galilée y a enseigné. Autres chefs-d’oeuvre de Padoue, la Chapelle des Scrovegni, bien que d’aspect extérieur simple, possède des sublimes fresques de Giotto. Ou encore le Musée des Eremitani, occupant un ancien couvent, qui abrite une riche collection d’archéologie et d’oeuvres de peintres italiens.

Sinon, le centre-ville, pas très grand, est très avenant (malgré une petite pluie qui tombe depuis une demi-heure!); en zigzaguant à travers de petites rues pavées j’atteins la Piazza delle Erbe, séparée de la Piazza della Frutta par l’imposant Palazzo della Ragione. Les deux places sont bordées de belles arcades, et sur la Piazza de l’Erbe se tient tous les matins un marché très animé. Attends, c’est pas fini, car un peu plus loin, voilà la Piazza Duomo et sa cathédrale, qui ne joue pas les stars ni par sa taille, ni par sa façade (par ailleurs inachevée). On est loin de la magnificence du Duomo de Milan! De plus, la basilique Saint Antoine lui vole un peu la vedette… Elle possède cependant un beau baptistère accolé à son flanc.

Padoue: Piazza della Frutta.
Padoue: Piazza dlle Erbe.
La Poste en Italie.
Supermarché “PAM”.

Je reprends la direction de la gare, mais avant je m’arrête dans un petit bar sans fiortures pour m’offrir deux “tramezzini”, des petites tartine triangulaires (originaires de Turin) garnies d’un tas de bonnes choses: viande, fromage, crudités… Et un p’tit café par dessus! Ah le café italien, c’est tout un poème! Expresso, ristretto, macchiato (un nuage de mousse de lait), et surtout le capuccino, servi dans une grande tasse et recouvert de lait chauffé à la vapeur pour le faire mousser! Bon, on y va, le train va bientôt arriver!

Et ce court extrait… j’ai pas pu m’empêcher:

“Le Gendarme se marie” – Cruchot et soeur Clotilde.

Bologne.

Ma prochaine destination se trouve à 120km au sud de Padoue, dans la région d’Emilie-Romagne; c’est d’ailleurs son son chef-lieu: Bologne, “la Rossa” (la rouge) à cause de ses nombreux toits de tuiles rouges ou “la Dotte” (la savante) en référence à son université, la plus ancienne d’Europe. Il faut dire que Bologne, bien souvent on n’y fait que passer en coup de vent, elle a pourtant de beaux attraits touristique, mais reste un peu délaissée. C’est clair qu’avec Venise et Vérone au nord, et Florence au sud, elle reste un peu sur le banc de touche.

Première impression: une ville très vivante et agréable, c’est normal pour une ville universitaire, et il n’y a pas trop de touristes (pas de “groupes-parapluies”, yess!!). Autre chose qui saute aux yeux du visiteur: les rues sont bordées d’arcades, presque partout! Des arcades colorées, de tous styles, en pierre ou métalliques! Au total, 40km d’arcades! Dingue, non? Ces arcades ont permis aux propriétaires, à partir du 13ème siècle, d’accroitre la superficie de son logement et d’obtenir un loyer, aux étudiants d’être logé, et aux passants d’être protégés de la pluie et du soleil!

Un petit break pour avaler une petite spécialité d’ici, la piadina, un genre de galette fourrée d’ingrédients variés (fromage, charcuterie, légumes…) et pliée en deux. Ça cale bien, ça cherche pas les complications, c’est bon, quoi.

Mais voici déjà la fantastique Piazza Maggiore, la vaste place principale de Bologne. J’aurais aimé te montrer la Fontaine de Neptune, mais elle était en restauration. Mais d’autre édifices ne sont pas en reste, comme le Palazzo del Podestà avec sa tour carrée, et SURTOUT sa pharaonique basilica San Petronio! Ce colosse avait pour intention de dépasser la basilique Saint-Pierre de Rome en taille (carrément!), mais l’édifice demeura inachevé. Celà saute aux yeux tout de suite avec sa façade à moitié recouverte de marbre polychrome. En 1530, un certain Charles-Quint y fut couronné empereur. Quant à l’intérieur, il est immense, mais ce qui fait aussi la réputation de San Petronio, c’est cette célèbre fresque de Modena (15ème siècle) représentant une scène de “l’Enfer” de Dante. Plutôt glaçant quand on s’attarde sur certains détails… Près de la place, le Palazzo Archigimnasio est un ancien site de l’université avec un ancien “théâtre anatomique”, entièrement conçu en bois.

Bologne: basilica San Petronio.
Bologne: Piazza Maggiore.
Bologne: Fontainde de Neptune (* photo d’illustration).

J’adore me balader dans cette ville, qui foisonne de superbes bâtiments et d’édifices religieux. Et cependant elle ne me donne pas l’impression qu’elle se soit sacrifiée au dieu tourisme. Et toutes ces arcades, c’est pas banal! Les boutiques de parapluies ne doivent pas marcher très fort par ici… Mais voilà que j’aperçois enfin, côte à côte, les deux “stars” de la ville: les “due torri”, les deux tours! La plus petite c’est la torre Garisenda avec 47 mètres, elle est même un peu penchée et donc fermée au public (la Tour de Pise me fait savoir qu’après le “coup” de Burano, elle va porter plainte pour plagiat!). Sa grande soeur s’appelle la torre Asinelli avec 98 mètres, et on peut accéder à son sommet par un escalier de 498 marches; Pas de bol, elle était en restauration lors de mon passage. Décidemment…

Des tours, il en reste une vingtaine, mais au Moyen-Age on en comptait une centaine! A cette époque, les plus grandes familles de Bologne, pour bien afficher leur puissance, avaient trouvé le moyen de se concurrencer en “jouant” à celle qui bâtissait la tour la plus haute. On s’amusait comme on peut…

Un très bel après-midi passé à Bologne, une ville que j’ai trouvé passionnante et qui mériterait plus d’attention.

Ce soir, après avoir savouré un petit verre de vin rouge dans un antique bar bien planqué (banquettes en bois, une poignée d’anciens qui jouent aux cartes), je mange dans une petite trattoria à l’écart du flux touristique. Je vais enfin goûter la spécialité emblématique de la ville. “Ouaiis, des spaghetti bolognaise?”. Wow wow wow, attends… Je dois enfiler ma cape de redresseur de torts, pour clamer haut et fort que pour les bolonais (et les italiens de surcroît), ce plat n’existe pas et c’est une hérésie de le demander dans une trattoria! les Italiens sont des puristes en matière culinaire, et ils ont bien raison. Déjà, ce sont des tagliatelle, qui adhèrent mieux à la sauce. Ensuite, la sauce bolognaise s’appelle est dite en réalité “al ragù”, et ne contient pas de viande hachée mais des petits bouts de viande coupés au couteau. Tagliatelle al ragù, souviens-t-en si tu viens à Bologne! La petite trattoria où j’ai goûté ce plat ne paie pas de mine, peut-être, mais demander l’avis des habitants sur une bonne adresse, ç’est souvent mieux que de suivre aveuglément certains guides de voyage, crois-moi.

Trattoria Fantoni – Via del Pratello, 11.

Spécialité du coin: la piadina.
Les spaghett (mais non!!) tagliatelle alla ragù.

Un petit bar ancien et bien caché.

Je quitte Bologne le lendemain matin, pour un nouveau trajet en train d’une centaine de km vers le sud. On va encore changer de région, dont la ville principale, où je me rends, donne des frissons de plaisir aux amateurs d’art, de culture, de bonne bouffe aussi! Tu as deviné? Prochain arrêt: FLORENCE, chef-lieu de la TOSCANE!

Florence: 1er jour.

Après un trajet de 35 minutes et 80km (toujours en train), me voici à Florence (Firenze en italien), la fascinante capitale de la Toscane! La gare Santa Maria Novella en est la gare principale, elle a de plus l’avantage d’être proche du centre-ville et à deux pas du marché central (où j’avale vite fait un p’tit panino). Florence est traversée par le fleuve Arno. C’est dans le quartier de sa rive gauche, appelé “l’Oltrarno”, que je passerai 3 nuits sur la Piazza dei Pitti, avec le Palazzo du même nom face à moi. Mon hôte Airbnb Patricio sera une de mes plus belles rencontres de voyage, tous voyages confondus (c’est çà aussi airbnb). Patricio Estay est reporter, photographe et réalisateur depuis des décennies, il a collaboré avec des grands noms tels que Le Figaro, Libération ou Newsweek. Un grand monsieur, charismatique et haut en couleurs! Voici un exemple de ce qu’il a fait, entre autres avec ce documentaire sur le Tibet dans les années 80:

Trois jours pour découvrir Florence, c’est peu de temps; il faudra l’employer à bon escient! Je vais déjà traverser l’Arno par le pont florentin le plus célèbre: le Ponte Vecchio! C’est un peu le “cousin toscan” du Rialto de Venise, car il est piétonnier et comporte des habitations abritant des bijouteries. Autrefois il était occupé par des bouchers et des tanneurs, qui furent éloignés par les Médicis qui n’en supportaient plus les odeurs fétides (petites natures, va!).

Florence: le Ponte-Vecchio.
Florence: le Ponte-Vecchio.

J’entre à présent dans le quartier du Duomo, avec son lacis de petites rues piétonnes commerçantes. Voici déjà un premier monument qui attire le regard: la Loggia del Mercato Nuovo, avec ses puissants piliers et surtout sa fontaine “del Porcellino” (en fait c’est un sanglier); frotter le nez de l’animal est censé apporter la chance. Il suffit d’y croire, pas vrai? Et là, sur un coin du mercato, un petit stand, d’où s’échappe une délicieuse odeur, attire mon attention. Ces petits “kiosques”, qu’on trouve un peu partout dans la ville, proposent un casse-croûte emblématique: le sandwich au “lampredotto”, autrement dit des tripes d’estomac de bovin, agrémenté d’oignons et de persil. Un petit délice pour 3-4€! Ça m’a un peu rappelé le “sande de leitão” portugais.

Panino de lampredotto.
Un de ces petits stands où on peut goûter au lampredotto.
Des mini-commerces comme çà, y en a encore pas mal à Florence!
Une autre chaîne de supermarché: CRAI.

Je passe près de la chiesa Orsanmichele, datant du 14ème siècle et qui était au départ une halle aux grains. À deux pas, voici le premier choc visuel de cette découverte de Florence: la Piazza della Signoria! C’est clairement une des plus belles places florentines, mais aussi un épicentre touristique très fréquenté. Et pour cause, quand on voit ce foisonnement de monuments: la statue de Neptune, celle de Cosme Ier de Médicis à cheval, la loggia dei Lanzi, qui est un véritable musée de sculptures en plein air… Et surtout, le monumental Palazzo Vecchio, semblable à une forteresse avec ses créneaux, qui est aussi l’Hôtel de Ville de Florence. Il était le siège du pouvoir des Médicis, et s’appelait autrefois Palazzo della Signoria, en référence aux “Signori”, les membres des grandes familles florentines. D’où le nom de la piazza! Il se visite (intérieur magnifique, on s’en doute!) et on peut ensuite monter au sommet de la Torre de Arnolfo (94m de haut), d’où on a une super vue sur la ville… et oups, sur un orage qui arrive au loin!

Florence: Piazza della Signoria.
Florence: Piazza della Signoria – Palazzo Vecchio.

En me baladant, je me demandais d’où venaient ces “bip bip bip” qui faisaient s’écarter les piétons. Hé bien ce sont des taxis 100% électriques (des Toyota Prius) qui sillonnent la ville, une excellente initiative de la municipalité!

La soirée se profile, retour chez Patricio, 5 petites minutes après voici qu’un orage (bref mais intense) crève sur la ville. J’ai eu droit au même scénario à Venise il y a 2 jours! Pour manger ce soir, je vais me plier à une tradition bien ancrée en Italie: l’aperitivo! Chaque soir, entre 18h 19h, les Italiens se retrouvent dans les bars pour commander une bière ou un Spritz, et piocher des petits “antipasti” (pâtes, viande, légumes), sous forme de buffet… à volonté. Seules les boissons commandées sont facturées! Tu prends une assiette et tu vas te servir, à volonté. Sans exagérer, bien sûr! Moi, pour 7 euros, en plus de ma bière je me suis servi 3 fois. C’est à 5 minutes de la Piazza dei Pitti.

Cafè Cabiria – Piazza Santo Spirito, 4r

Florence: 2ème jour.

Ce matin, il y a nettement moins de monde sur le Ponte Vecchio. Quelques pratiquants d’aviron s’entraînent sur l’Arno. Je me dirige vers la Piazza del Duomo, où trône la star des édifices florentins, la cathédrale Santa Maria del Fiore! En la découvrant sans transition, face à moi, j’écarquille les yeux façon cartoon de Tex Avery durant quelques secondes! Bâti entre les 13ème et 15ème siècles, cet édifice est extraordinaire. Déjà par sa taille, avec plus de 150 m de long, puis par ses façades extérieures bigarrées, composées de marbre de couleur blanc, vert et rose, et cette richesse de mosaïques et de sculptures. Pourtant l’intérieur est relativement sobre. Tout l’effort semble avoir été mis sur la décoration extérieure.

Sa coupole à double voûte, construite par l’architecte Brunelleschi, est le plus grande du monde avec 45m de diamètre et 91m de haut. On peut grimper au sommet (attention, il faut réserver!). La montée dure 20 minutes pour 460 marches, elle n’est pas éprouvante mais en définitive, de l’intérieur il n’y a pas grand-chose à admirer! Il faut parfois baisser et “manœuvrer” pour croiser les gens qui descendent. Enfin, on arrive au dernier escalier abrupt qui se termine par une trappe à ciel ouvert. Récompense de l’effort: le panorama sur Florence est magnifique! L’intérieur du dôme abrite aussi l’incroyable fresque du “Jugement Dernier”.

Aux côtés du Duomo se dresse le campanile de 85m de haut, qui a le même “habillement” que sa voisine. On peut aussi accéder à son sommet. Effet “waouw” également pour la vue de là-haut! Le baptistère, de forme octogonale, est remarquable pour ses portes de bronze ornées de bas-reliefs. Il y a aussi un musée, mais faute de temps…

Cathédrale (Duomo) de Florence.
Cathédrale de Florence – le baptistère.
Cathédrale de Florence – le campanile.
Cathédrale de Florence: vue sur le campanile.
Un autre point de vue: depuis la Torre de Arnolfo.

A 11h, la Piazza est bondée, il est temps d’échapper à ces hordes par les petites rues aux alentours. Je constate que la ville reste plutôt propre, des agents quadrillent en permanence les coins les plus touristiques, effaçant ainsi les traces des touristes indélicats. Très bien, çà! Une petite trattoria sans fioritures pour m’envoyer un petit plat sympa: les trippa alla fiorentina: tripes, tomates, ail, vin blanc… Molto buono! En début d’aprem, je passe par la Piazza della Republica et son Arc de Triomphe, et un peu plus loin voici la basilica San Lorenzo, abritant les tombeaux de plusieurs membres de la famille des Médicis. Sa façade surprend quelque peu: Michel Ange l’avait dessinée mais elle est restée à l’état brut, en pierres irrégulières! Pas plus mal, ça lui donne un style…

Florence: Piazza della Republica.
Florence: basilica San Lorenzo.
“Tuerie” locale: Trippa alla fiorentina.
Le courrier n’attend pas!

Je visite ensuite la Galleria dell’Accademia, un des plus célèbres musées de Florence, connu pour exposer la colossale statue du “David” de Michel-Ange. 5 mètres de haut, quand-même, et la finesse, la précision des détails, on comprend son succès! La foule compacte et les regards langoureux de certaines visiteuses, sur un endroit précis de l’anatomie du beau mec, en dit long… Le musée abrite également d’autres œuvres d’art, telles que des statues, des peintures religieuses et des instruments de musique.

Pour info, il existe une “Firenze Card” qui coûte 85€ pour une durée de 72h (* 72€ en 2017, vive l’inflation), et donne accès à la grande majorité des musées de la ville. Ben non, je ne l’ai pas acheté. Chacun son idée, moi je trouve çà mal foutu, car pour bien l’amortir, il faudrait “bouffer du musée” non-stop durant 3 jours!! Et je peux t’assurer qu’une journée entière de visite de musées (expérience vécue à Paris) peut se révéler plus épuisante qu’une rando de montagne de 15km!

En allant vers le quartier Santa Croce, je passe près du Bargello, un ancien palais devenu un musée d’art, abritant une collection de sculptures gothiques et Renaissance. Mais voici que se profile la façade blanche de la basilica Santa Croce, un autre “poids lourd” des monuments florentins, celle qu’on pourrait dénommer le “Panthéon de Florence” car elle contient les tombes de nombreux Italiens illustres. Quelques noms? Michel-Ange, Rossini, Machiavel, Galilée… Ses cloîtres ne sont pas mal non plus. Et dans un contexte plus actuel, voici une actualité marrante à son sujet: c’est par ici.

Florence: musée du Bargello.
Florence: Piazza San Firenze.