Depuis 2017, je t’ai déjà fait découvrir un tas de chouettes endroits et de nombreuses facettes de cette Italie que j’aime désormais passionnément. Tu en veux encore? Pas de souci! Accroche-toi aux sangles de mon sac, cette fois on part faire le tour de la Sicile et on continuera en se posant sur certaines îles Eoliennes! Je scinderai ce périple en deux carnets.

Palermo: 1er jour.
L’atterrissage à Palermo (en langage “francisé”: Palerme) n’est pas dénué de charme: d’un côté, la mer aux reflets bleu et turquoise, de l’autre une barrière montagneuse imposante! Pour rallier Palerme, le bus met environ 50 minutes (5-6€) pour rejoindre la gare centrale. Me voilà donc en Sicile! Facile à situer sur la carte: c’est cette grande île (la plus grande des îles de la Méditerranée avec 25.710 km²) qui touche presque la pointe de la “botte” (la région de Calabre), séparés tous deux par le détroit de Messine et une petite dizaine de km de distance.
La Sicile est une région d’Italie, mais elle a son drapeau officiel, en même temps que son emblème: la Trinacria. L’image de ce drapeau est super connue, avec son triskèle et la tête de la gorgone Méduse.

De l’aéroport, un bus me conduit en 45 minutes dans le centre de Palerme, je descends à la stazione centrale. La circulation? Comme dans les autres grandes viles d’Italie: voitures, scooters qui zigzaguent entre celles-ci, 3 bandes de roulage alors qu’en principe il n’y en a que 2… Oui, ça se passe comme çà ici! Près de la gare, voilà même un Piaggio Ape chargé de cageots vides (il vient sûrement du marché), tout brinquebalant: normal, son pneu arrière gauche est à plat, et il roule ainsi!! Bienvenue à Palermo.
À 10 minutes à pied de la gare, ma chambre Airbnb m’attend au coeur de la vieille ville, sur la Piazza Santa Chiara. Mon hôtesse Lena sera un peu occupée de ces temps-ci, étant prof de maths elle corrige déjà les examens de fin d’année de ses chers élèves! Je suis à deux pas du marché de Ballarò (on s’y intéressera demain). Le temps de s’installer, on peut y aller pour le premier contact avec la ville!
En 10 minutes, je suis déjà au coeur d’un des points névralgiques de Palerme: les Quattro Canti. Ce carrefour orné de 4 fontaines rappelle furieusement les Quattro Fontane de Rome! Chouette, une bonne partie des alentours est piétonnier! Pas mal de monde, mais ça ne sature pas comme au Colisée de Rome ou au Rialto de Venise.




À deux pas, voici la sublime Piazza Pretoria et sa célèbre fontaine, aux statues d’hommes dénudés qui ont choqué plus d’un habitant ou d’une religieuse du couvent d’en face; à tel point que certains éléments anatomiques furent même cassés! Lesquels? Je vais quand-même pas te faire un dessin…




Jouxtant la Piazza Pretoria, la Piazza Bellini offre un ensemble de trois magnifiques églises: la chiesa Santa Maria de dell’Ammiraglio, la chiesa Santa Caterina (on peut accéder aux toits et jouir d’une super vue sur Palerme) et la curieuse chiesa San Caltaldo, avec ses trois dômes mauresques arrondis, exemple abouti de l’architecture arabo-normande; lors de mon passage, un mariage s’y célébrait.














La Via Maqueda et la Via Vittorio Emanuele se croisent aux Quattro Canti; une alternance de petits bars, de “tabacchi”, de glaciers, pas de boutiques de luxe tapageuses; ça fait du bien, c’est pas comme à Milan! Je flâne à l’aise sur la Via Maqueda, jusqu’au Teatro Massimo (un des plus grands d’Italie). Il y en a de l’animation, ce samedi! Voici une petite procession en musique , en l’honneur d’une nouvelle statue de Sant’Onofrio. Près du Teatro, un genre de meeting politique est en train de fédérer une foule grossissante; le gars au micro qui harangue son auditoire (et vocifère pas mal), c’est Sebastiano Musumeci, l’actuel président de la région Sicile (depuis 2017).




Mais je ne suis pas venu pour faire de la politique… Moi, c’est mon estomac qui commence à vociférer en ce début de soirée. Je vais donc découvrir la Cibo da Strada sicilienne (la “cuisine de rue”), en commençant par les arancine, ces petites boules de riz frites et fourrées au ragoût, au fromage, aux épinards, et bien d’autres bonnes choses! Croustillantes en dehors et fondantes à l’intérieur. C’est vraiment emblématique de la gastronomie sicilienne! Attention: à Palerme, c’est au féminin, arancina et non arancino! Pourquoi? Alors là…

Plus loin, en allant vers le port, un petit stand jouxtant un resto propose divers petits trucs locaux. Sans trop savoir je prends un pane e panelle, un petit pain garni avec une galette de pois chiches, avec une bière italienne Forst pour le faire descendre en douceur. Une petite glace pour finir en beauté? Bien sûr, mais “à la sicilienne”, fourrée à l’intérieur d’une brioche!

Je vais faire un tour en soirée du côté du port de plaisance. Bon dieu quel trafic! Heureusement au-delà du port commence le Foro Italico, cette vaste promenade de bord de mer agrémentée d’une longue pelouse, et rendez-vous en soirée des palermitain(e)s de toutes générations. On papote, on court, on écoute de la musique… Je m’assois et je regarde partir les ferries en partance pour la Sardaigne, la Tunisie… J’y retournerai chaque soir.


Palermo: 2ème jour.
Ce matin, je vais me balader au marché de Ballarò, d’autant plus que je n’ai que 2 minutes de marche depuis mon logement. Attention, immersion dans l’authenticité! Le “Ballarò” est le marché le plus ancien, le plus grand et le plus populaire de la ville, où tu peux encore te mêler à la vraie vie palermitaine sans encore trop croiser de touristes. Fruits, légumes, fromages, parfois même quelques vêtements et pièces de smartphones, ça s’interpelle, ça vibre, c’est une triple extase visuelle-auditive-oflactive! On sait pas où tourner la tête. Pour ne rien gâcher, le lacis de petites rues entourant le marché n’est pas désagréable à arpenter.









Un petit-déj’ à la sicilienne? Allons-y. Une petite caffetaria repérée près de la Piazza Bologni sera mon point de chute durant 2 jours. Ah, la granita sicilienne! Plus qu’un mets, un symbole! Ce mélange semi-congelé à base d’eau, de sucre est mélangé à des VRAIS fruits et ressemble à un sorbet à la texture “neigeuse”. Cette merveille se déguste avec de la crème par-dessus et une brioche. Ce sera pêche/fraise pour moi.
Caffeteria del Corso – Via Vittorio Emanuele, 370.
Les grands classiques de la granita: citron, amande, pistache, café, mûre… Chaque ville de Sicile a sa petite spécialité, comme la pistache à Catane (où elle est cultivée autour de l’Etna) ou la mûre (gelsi) côté ouest de l’île. Des parfums parfois moins courants, comme la granita au gelsomino (jasmin) ou aux figues sur l’île de Lipari…








Suivons la Via Vittorio Emanuele qui, quoique piétonnier, n’empêche pas les scooters de slalomer entre les gens; certains modèles sont même électriques, tu ne les entends plus débouler! Et ça arrive aussi d’apercevoir une antique fiat 500 ou un triporteur Piaggio au détour d’une ruelle.
Mais voici que se profile la cathédrale de Palermo! Che bella! Elle est du 12ème siècle, et offre un mix de différents styles, un dôme étincelant et des tours élancées… Monumental sans être grandiloquent. Coup d’oeil à l’intérieur, mais c’est dimanche, jour de messe. Ma visite sera rapide et discrète discret (pas le style de certains, malheureusement).








10 minutes à pied suffisent pour rallier l’autre marché populaire de Palerme: le “Capo”. Une petite rue qui part à gauche de la cathédrale permet de traverser un vieux quartier, avec le linge qui sèche, les papis assis sur des chaises en bois, les petits commerces (encore très présents en ville!) et les scooters qui évitent les nids-de-poule.




Le marché du Capo débute à la Porta Carini et suit la rue éponyme. Fruits et légumes sont aussi présents, mais il y a pas mal de stands de poissons. Au niveau des décibels de la voix, les vendeurs sont un cran au-dessus de leurs copains du Ballarò! Je trouve le Capo plus animé, voire plus joyeux que le Ballarò. De plus, il y a une foultitude de petits stands où tu peux te sustenter pour trois fois rien en piochant parmi tous ces p’tits délices qui ont fait la renommée de la “street-food” sicilienne. Justement, midi n’est pas loin: à table! Une poignée de chaises et deux petites tables bancales derrière une échoppe, ce sera top pour faire ripaille!Deux petits artichauts grillés et une grosse part de sfincione, la pizza locale à l’étrange texture un peu spongieuse et moelleuse, garnie de sauce tomate, d’oignon, d’anchois et de fromage. Très bon, et ça cale son homme pour l’aprem!!
Et tant qu’à faire, une petite douceur sucrée, pourquoi pas? Dans une minuscule boulangerie du Capo, sans fioritures ni étal prétentieux, je m’offre un délicieux cannolo, ce petit cylindre fourré d’une crème à la ricotta avec du sucre glace.








Retour du côté de la cathédrale, j’arpente un lacis de ruelles dallées où les gamins jouent au foot, certaines maisons sont un peu décaties, comme certains palais. Palerme a ce problème de laisser partie en décrépitude nombre de ses prestigieux anciens palais (la propriétaire du célèbre Palazzo Gangi, n’en pouvant plus des frais d’entretien pharaoniques, pensait même à quitter Palerme!). Mais je vais en visiter un, en bon état et encore habité: le Palazzo Conte Federico.
C’est Andrea, le fils du comte Federico, qui assure la visite et nous fait passer de pièce en pièce, somptueuses ou plus austères. La voiture de course à l’entrée symbolise la passion du papa pour les courses automobiles.





dans les rues palermitaines…




Une curiosité typique de Palerme: les “tours d’eau” ou castelletti, ces sortes de chateaux d’eau qui, jusqu’au début du 20ème siècle, utilisaient la pression hydraulique pour faire remonter l’eau des nappes phréatiques à la surface pour alimenter les habitants en eau. Il en subsiste quelques-uns, bien conservé comme celui de la Piazza Santa Chiara; d’autres, comme l’un d’entre eux pas loin de la gare, est sacrément détérioré.


Je vais souffler un peu avant de repartir en soirée vers le port et le Foro Italico, au hasard des petites rues; je m’arrête dans une focacceria pour expérimenter LE panino palermitain incontournable: le pane c’a meusa! C’est un pain à la rate de veau (*sa traduction en sicilien), avec du caciocavallo râpé et parfois, de la ricotta. Il me rappelle un peu le “lampredotto” florentin. Une bière Forst pour le faire glisser; bizarre que cette bière, indissociable de Palerme, soit produite… dans le Trentin-Haut-Adige!
Antica Focacceria San Francesco – Via Alessandro Paternostro, 58.

Palerme: 3ème jour.
Ce matin, après avoir savouré ma granita matinale (aux amandes), je vais excentrer mon exploration vers l’ouest, au-delà de la cathédrale et du Palais Des Normands (on y reviendra plus tard). Je t’emmène voir un endroit aussi insolite que déconseillé aux âmes sensibles: les catacombes du couvent des Capucins. Au départ prévues pour abriter les dépouilles des moines défunts, les catacombes ont accueilli au fil du temps les corps des familles “civiles” de l’aristocratie sicilienne.
Les corps sont regroupés par genres et par statuts dans des salles et de longs couloirs faiblement éclairés (ça fait son petit effet): hommes, femmes, moines, enfants (c’est très troublant), militaires… Il sont même habillés: robes de bure, vêtements d’apparat… Leur état de conservation est étonnant, bien que certains commencent à sérieusement bailler de la mâchoire… Les familles faisaient des dons aux moines pour l’entretien des corps de leurs défunts.
Le corps le mieux conservé est celui d’une petite fille, Rosalia Lombardo, décédée en 1920 à l’âge de deux ans. Son visage et son corps sont incroyablement préservés. On est comme hypnotisé davant la sépulture, on en vient presque à marcher tout doucement, car on dirait qu’elle dort…








(* image d’illustration).
La suite de la matinée restera un des grands moments “affectifs” de ce voyage en Sicile. Un monument, un musée? Non non. Simplement un quartier populaire et un jardin.
Le quartier Danisinni, encore récemment, avait mauvaise réputation à Palerme: insécurité, chômage… Les bus n’y passent pas, il n’y a pas de boutiques. Mais en 2015, la volonté des gens du quartier de s’en sortir et de CHANGER les choses a donné naissance à ce lieu incroyable, moitié jardin d’Eden moitié arche de Noé: le jardin et le “circo sociale” du Danisinni!
Les enfants apprennent l’art du cirque (sans animaux) dans le petit chapiteau, ou s’occupent des animaux de la petite ferme pédagogique: basse-cour, chèvres, même un cheval! Les adultes travaillent au potager ou à la petite vigne. J’y pénètre, un peu timide, lorsque Fabio vient à ma rencontre; il parle un peu français, m’explique tout sur ce paradis, on boit un soda ensemble. Les gosses en difficulté (décrochage scolaire, père en prison, comme le gamin avec qui j’ai parlé) renaissent en ce lieu! C’est comme une rédemption sociale mêlée à la capacité d’imaginer et de bâtir un avenir meilleur! Si je reviens à Palerme, je viendrai ici, mettre la main à la pâte quelques jours. Toute personne y est la bienvenue, mais il ne faut pas débouler ici en touriste, faire clic-clac-photo et déguerpir dans les cinq minutes; c’est un lieu qu’il faut comprendre, qu’il faut ressentir!











Après un moment aussi intense, la visite du Palais des Normands (Palazzo dei Normanni) est une activité plus “terre-à-terre”. Cette ancienne forteresse arabe, transformée en palais au 11ème siècle pour devenir une résidence royale, a vraiment des dimensions imposantes, quoique d’aspect assez austère. Le clou du spectacle: la Chapelle Palatine, un “mix” roman, byzantin et arabe, entièrement recouverte de décorations en marbre et de mosaïques byzantines. Les jardins du Palais abritent un ficus démesuré.












Petit rpas tout simple du midi: un panino et une part de cassata, ce joli dessert coloré à base de ricotta et de fruits confits.

En début d’après-midi, je me rends à l’exposition No Mafia Memorial, qui évoque l’histoire de la Cosa Nostra sicilienne, son évolution, son impact sur la société mais aussi la rébellion des citoyens. Attention, rien ne te prépare à la brutalité de certaines photos (arrestations, meurtres…), c’est du “sans-filtre”; hé oui… la “Pieuvre” est toujours là, mais des citoyens et des commerçants ont décidé d’y faire face. Respect et bravo.
http://www.slate.fr/story/181449/sicile-mafia-cosa-nostra-addiopizzo-association-antimafia



Palermo: 3ème jour… la suite!
Je repars vers la Via Roma pour arriver sur la Piazza San Domenico et son église. A côté commence le célèbre marché de la Vucciria. Fruits, légumes, poissons, animation dans la petite Via Maccheronai. Mais… les documentaires, les films ont fini par en faire une caricature de lui-même. C’est devenu une icône touristique. Et les prix sont devenus trop élevés. Je préfère franchement le Capo et le Ballarò!





Entre la Via Roma et le port se trouve un réseau de ruelles sombres, parfois inquiétantes, avec des immeubles tellement délabrés que certains sont déjà en partie livrés aux machines des démolisseurs. C’est la quartier de la Kalsa. Ah, il a bien morflé durant les bombardements de la Deuxième Guerre. Mais un renouveau s’installe çà et là, les maisons se réestaurent, parfois occupées par des artisans et petits commerçants. Celà crée à certains endroits d’étonnants contrastes!




17H30. J’ai maintenant rendez-vous avec un autre aspect des traditions siciliennes: les spectacles de marionnettes, les “Pupi”. A deux pas de la cathédrale, le “Teatro dei Pupi” de la famille Argento propose tous les jours des spectacles d’une heure. Attention, on n’est pas sur du “Guignol” qui donne ses p’tits coups de bâton en gesticulant. Les marionnettes sont parfois hautes d’un mètre, pesant 10 kg et manipulées avec deux tiges rigides, l’une fixée dans la tête, l’autre dans la main droite. En général, ce sont des chevaliers du Moyen Âge, richement habillés et décorés. Les manipulateurs se lancent dans des scènes de combat épiques et assourdissantes, ponctués par les cliquetis des épées et la voix du maître des lieux qui interprète plusieurs personnages, ainsi que du son aigrelet d’un orgue! Les pupi doivent être diablement solides quand on voit les chocs qu’elle encaissent! Quelques pointes d’humour parsèment le spectacle. Quand je dit “combat”, c’est avec des effets spéciaux qui tranchent un guerrier en deux ou lui coupent la tête!! Les plus petits sont interloqués, hypnotisés. Discutable? C’est la tradition sicilienne. Voilà.
Après le spectacle, on peut rencontrer les manipulateurs, voir la scène de plus près et la collection de pupi rangées au garde-à-vous à l’arrière de la scène.
Opera dei Pupi Teatro Argento – Via Pietro Novelli, n1/a. (* à deux pas de la cathédrale, et à côté d’un super petit stand à granite).









Repas de mon dernier soir à Palerme dans une petite trattoria pas loin du port, suivi d’une glace aux amandes à l’intérieur d’une brioche. Un tour sur le front de mer. Demain commence mon tour de l’île en voiture. Tu vas adorer, crois-moi.
BILAN: Je l’ai adoré, cette Palermo “multi-facettes”, qui force le respect aussi bien par le fait de faire bravement face à la mafia que pour la volonté de ressuciter un quartier presque moribond comme le Dannisini! Quelques ruelles un peu sales, des coins sombres à l’air craignos? Et alors quoi? Surprendre la chansonnette d’un maraîcher du Capo, croquer dans un cannolo en croisant un vieux scooter Vespa, ça rétablit l’équilibre! Elle me laissera de beaux et intenses souvenirs.
Le nord-ouest de la Sicile: entre mer et montagne…
Bon, tu viens, il est temps d’aller chercher la voiture de location qui nous attend à l’aéroport (ce sera une petite fiat 500, mais la version moderne), on va faire le “giro dell’isola” dans le sens inverse des aiguilles d’une montre.
Je quitte donc l’aéroport par l’autoroute, avec un petit arrêt pour acheter 2 packs d’eau (il fera chaud dans les jours qui vienent!),k ensuite direction 40 km vers l’ouest. Premier arrêt à Castellammare del Golfo, un gros et sympathique village de pêcheurs avec ses petites ruelles et son gros chateau fortifié qui s’avance vers la mer comme la proue (l’avant, quoi) d’un navire. Le petit port et le quai bordé de quelques petits bars et restos sont plutôt tranquilles ce matin; plus d’autochtones que de touristes. Continue un peu plus loin, puis retourne-toi: il est pas charmant ce petit bourg avec ses maisons surplombant ses petits remparts?
















Padre Pio, moine capucin originaire de Campanie mort en 1968, est devenu une icône dans toute l’Italie (on trouve sa photo à l’intérieur des voitures, accrochée à un guidon de Vespa, dans les magasins…) et fut canonisé par Jean-Paul II en 2002. Il est passé au rang de mythe pour avoir “reçu” les stigmates (les plaies de la crucifixion du Chrsit) et pour des dons d’ubiquité ou de guérison instantanée.

Pour quitter l’endroit, rien de tel que la petite route qui grimpe vers Scopello, et offre un super belvédère sur Castellammare, qui est tout riquiqui vu d’ici! Je passe bientôt près de la jolie plage de Guidaloca pour bifurquer vers le minuscule village de Scopello. C’est sommaire: la place centrale, une fontaine, un bar et quelques ruelles qui s’égarent. Mais sa taille est inversément proportionnelle au charme qui s’en dégage! Bon, moi je vais grignoter un truc; reste pas à l’écart, viens goûter avec moi une petite tuerie appelée le pane cunzatu: une grosse tartine coupée en deux, garnie de thon, ricotta, aubergines, olives… ou d’autres choses, ça peut varier.







Et en contrebas, en bord de mer, il y a la tonnara de Scopello: en fait c’est une conserverie, la pêche au thon et leur mise en conserve ont été une activité florissante en Sicile.



Partons maintenant 30 km vers le sud pour découvrir un monument qui pourrait faire croire que tu t’es soudainement téléporté en Grèce! Aïe, faudra-t-il dire “buongiorno” ou” kalimera” à la billeterie?? Je vais découvrir un des symboles historiques de l’île: le Temple de Segeste! Il domine fièrement une colline entourée d’une belle campagne verdoyante, et est sacrément bien conservé. Il en rayonne réellement une impression de puissance. Mais attention, quand on dit temple GREC, on se goure! Il fut bâti par les Elymes, une peuplade qui était là avant les grecs et les romains. Savaient-ils seulement que leur temple allait finir par illustrer des milliers de cartes postales?
Le parking est excentré, c’est un fait, mais un bus-navette le relie au site et c’est compris dans le prix du billet d’accès. Pas con! On peut voir aussi un superbe théâtre antique à quelques centaines de mètres.







L’après-midi passe vite. Pour rejoindre mon lieu de villégiature de cette nuit, ça va te paraître curieux mais je retourne vers l’est pour me trouver à 40 km au sud de Palerme. J’étais intrigué par cette colossale barrière montagneuse aperçue lors de l’atterrissage, j’ai voulu voir ce qui se cachait derrière en changeant un peu mon “planning”.
Après avoir sillonné de bucoliques chemins de campagne (beaucoup de céréales, la moisson bat déjà son plein!), le relief montagneux s’affirme. Après le village (plutôt banal) de San Giuseppe Jato, un chemin défoncé se transforme en piste pour me conduire à une grosse “masseria”, une grosse propriété agricole comme il y en a pas mal en Sicile ou dans la Pouille. Elles ont été construites entre les 17ème et 19ème siècles, et beaucoup sont désormais des lieux dédiés à l’hébergement. C’est dans ce cadre enchanteur que je pose mon sac.
Petite balade à pied en soirée, il y a plein de petits sentiers qui serpentent et grimpent sur les flancs de la montagne. Moitié campagne, moitié montagne: le tintement des cloches au cou des vaches se mêlent aux chants des oiseaux. Me voilà déjà loin des vrombissements des scooters et des décibels vocaux des poissonniers du Capo!!









Erice et Trapani.
C’est beaucoup plus chouette de passer par les routes secondaires: celà permet de parcourir de beaux paysages champêtres très diversifiés, composés de collines de champs, vignes et collines. En fin de matinée, Erice se rapproche. Pour y accéder et s’offrir une orgie de vues panoramiques, rien de tel, avant Trapani, que d’engager sa voiture dans une homérique grimpette de 8 km par la petite route SP-3, qui compte je ne sais combien de lacets trrèès serrés (attention aux croisements)! Oh oui il y a des “rambardes” dans les virages, mais elles n’ont pas l’air bien solides. Alors, vaut mieux stopper brièvement pour profiter des superbes vues sur la mer et Trapani, là-bas vers l’ouest. Quitter cette route des yeux une seconde n’est pas du tout conseillé…
Erice est un fameux nid d’aigle! De là-haut, la vue sur la côte est incroyable. Et toutes ces petites ruelles aux gros pavés, entrecoupées d’escaliers qui vont un peu où ils veulent, c’est un petit plongeon dans le passé! Pas trop de monde, c’est appréciable, sauf peut-être sur la “rue principale, où quelques boutiques de souvenirs ne peuvent s’empêcher de pointer le bout du nez. Curieusement, pour un si petit village, qu’est-ce qu’il compte de pâtisseries! J’en ai compté 4 ou 5, proposant plein de délices sucrés, aux amandes, au miel ou autres; allez, j’avale une petite sfoglie à la ricotta!
Quelques monuments à voir: la cathédrale del’Assunta et sa tour massive, le Castelo di Venere ou l’église San Salvatore. Et si tu aimes les téléphériques, il y en a un qui relie Erice à Trapani. Ah tiens, c’est là que je t’emmène par après!









Je n’ai pas à aller très loin, d’Erice je suis à 8 km de Trapani. Ne te laisse pas avoir par l’affligeante banalité de la “ville nouvelle” et gare-toi dans les environs du port, on dégote facilement des places gratuites. C’est la vieille ville de Trapani qui promet d’être intéressante.
Trapani est à l’ouest de la Sicile et sa vieille ville s’avance vers la mer, comme pour indiquer les îles Egades qui ne sont qu’à 20 km. Elle était active dans l’industrie de la pêche au thon, et l’extraction du sel est encore très représenté par les salines se trouvant dans ses environs.






Alors cette vieille ville, qu’est-ce qu’elle nous raconte? Elle n’est pas bien grande, en grande partie piétonnière et a pour colonne vertébrale le Corso Vittorio Emanuele, bordée d’un prestigieux cortège d’anciens palais et de la cathédrale. Tu remarqueras que la majorité des touristes se cantonnent presque uniquement à cette rue principale… un peu comme les colonnes de fourmis qui ne dévient en rien de leur trajectoire! Alors qu’il y a plein de petites rues, se coupant souvent à angle droit, qui sont bien plus calmes.




Mais nous somme en bord de mer, et la promenade préférée des habitants est celle du chemin de ronde des remparts au nord de la cité. Les vieilles maisons contemplent la mer, la petite plage côtoie des barques de pêche dansant sur l’eau… ça aurait tendance à me rappeler un peu Gallipoli, dans la Pouille. Le rempart poursuit ensuite son tracé le long d’une étroite langue de terre, avec à son extrémité, la Tour de Ligny.





Ah, les spécialités culinaires siciliennes! Une petite trattoria bien cachée, et en avant pour goûter la caponata, qui ressemble à une ratatouille d’aubergines, tomates, oignons, raisins secs… Ensuite, un couscous de poisson (Cùscusu en sicilien), avec de la rascasse, du poulpe et un bouillon de poisson à part. On sent bien l’influence de l’Afrique du Nord qui n’est finalement pas si loin que çà.
Trattoria del Corso – Corso Italia, 51.

De Trapani à realmonte.
Hier, je t’ai parlé de l’extraction du sel, dans les environs de Trapani. Les premières salines sont à moins de 10km de la ville. C’est là que je t’emmène ce matin. La transition est rapide: après la ville, quelques champs, puis ce quadrillage si particulier de bassins d’eau de divers coloris selon leur teneur en “or blanc”. Ce sont les salines de Nubia. En fait, la récolte se fait sur le principe d’évaporation (on voit bien les croûtes de sel au bord des bassins), et des petits monticules blancs s’alignent le long des pièces d’eau. Cela m’évoque les salines de Loix, sur l’île de Ré, où j’étais passé en 2008. Le petit moulin servait à pomper l’eau afin d’alimenter les bassins.









À 20km au sud, les salines Ettore e Infersa alignent 3 moulins et font face à la petite île de Mozia. Joli tableau, cependant je ne m’y attarde pas; quand tu vois le grand parking et que tu croises des autocars, t’as tout compris…




Le mot salaire provient du mot latin salarium, dérivé de sal qui veut dire “sel”. Les soldats de l’Empire Romain étaient en partie payés avec une ration de sel, une denrée déjà précieuse à l’époque car elle servait à conserver les aliments. Et plus tard, en France, l’idée inverse fut mise sur pied avec la gabelle, un “impôt royal” sur le sel. Et par extension, Le gabelou était le douanier chargé de la collecter, puis ce terme est resté pour désigner les douaniers!

avec ce petit goût de sel dans la bouche, l’idéal serait de boire un petit quelque chose. Justement, des vignobles commencent à parsemer le paysage. Je me rapproche de Marsala. Oh, tes papilles gustatives ont frétillé (dis pas non, je t’ai vu!). Et pour cause: on va faire connaissance avec LE vin liquoreux sicilien, le marsala! C’est un marchand anglais qui, en débarquant en 1773 en Sicile, découvrit ce vin fortifié; l’occasion était trop belle pour faire concurrence avec le porto et le xérès! 20 ans plus tard, la commercialisation et l’exportation à plus grande échelle commençait.






“Un bon vin est comme un bon film. Il dure un instant et vous laisse dans la bouche un goût de gloire; il est nouveau à chaque gorgée et, comme c’est le cas pour les films, naît et renaît dans chaque dégustateur”. (Federico Fellini)
La ville de Marsala n’est pas en reste, avec sa Piazza della Repubblica et le duomo, ou la Porta Garibaldi avec son aigle au sommet. La Via XI Maggio bordée de belles bâtisses se termine par la Porta Nova. Juste après cette porte, on contemple, un peu interloqué, le Cine Impero avec ses deux énormes colonnes, typiques du goût monumental de la période fasciste; le gars Mussolini ne faisait pas dans la modestie (on commence à la savoir…)!
Allez, deux arancini (ragù et épinards) suivis d’une glace au… vin de marsala, et on repart!








Je poursuis 20 km au sud pour atteindre Mazara del Vallo. Cette ville est clairement à vocation maritime (port de pêche important et chantiers navals). Voici déjà une curiosité avec avec la chiesa Sant’Ignazio, du moins ce qu’il en reste car son toit s’est effondrée dans les années 1930 et il n’en reste que le “squelette”! Le coeur de la ville, c’est la Piazza della Repubblica avec son Palazzo Vescoville et la cathédrale. Je pourrais dire qu’elle a un deuxième coeur (peut-être le vrai?) à travers le vieux quartier de la Casbah et son labyrinthe de ruelles sans nom et d’impasses incongrues. L’influence tunisienne est bien palpable, d’ailleurs nombre de travailleurs du secteur maritime sont des tunisiens. Depuis 2010, habitants et artistes enjolivent ces ruelles de bancs colorés, de céramiques peintes… Belle initiative!











Je suis maintenant au niveau de la côte sud de la Sicile et, continuant vers l’est, j’atteins bientôt les vestiges de Selinonte, imposante cité antique fondée par les grecs. Elle fut une des plus puissantes cités antiques, mais trop ambitieuse sans doute: elle voulut en découdre avec sa rivale Segeste; mauvaise idée! Cette dernière, alliée aux Cartahaginois, détruisit une bonne partie de Selinonte. Un tremblement de terre acheva de faire tomber le reste du mikado. Heureusement, quelques vestiges de temples ont résisté, comme le temple E, vraiment colossal! Et vu la taille des restes de colonnes du temple G , celui-là devait encore être plus “maousse”!





Attention, le site est très vaste, c’est autre chose qu’à Ségeste! Pour aller admirer l’Acropole, soit tu fais marcher tes guibolles, soit tu prends une genre de voiturette de golf (payante) ou tu rallies l’autre parking en voiture. Vu la chaleur, je te conseille cette variante. L’Acropole, c’était le coeur de la vie politique et sociale de Selinonte. La taille de l’ensemble laisse sans voix…aussi bien que le fait de voir cette opulente cité presque transformée en tas de légos!










La journée file vitesse grand V (c’est souvent ainsi quand on voyage), alors je décide d’outrepasser Sciacca pour rejoindre, sur la côte, Realmonte qui sera mon étape de cette nuit. Pas grand-chose en soi: quelques hôtels, 2 ou 3 snacks-bars, une plage et une route assez passante. alors pourquoi ça attire les foules? Pour la plage? En partie, oui, mais SURTOUT pour ce qui se trouve à côté, une curiosité géologique unique sur l’île: la Scala dei Turchi! C’est une formation calcaire en forme d’escalier (*scala) d’un blanc étincelant, qui tombe dans la mer turquoise. Ce nom (l’Escalier des Turcs) vient des incursions de pirates sarrasins, appelés “Turcs” par les locaux à l’époque. Ils y trouvaient un abri contre les tempêtes et un abordage plus sûr. C’est vraiment particulier, on dirait une immense sculpture de sel! J’ai la chance d’y être en soirée, car dans l’aprem, en plein cagnard, la chaleur et la réverbération en font une plaque chauffée à blanc. Vaut mieux apporter une serviette de sol… ou avoir une peau en kevlar 😁! En soirée il y a moins de monde, les marches sont plus faciles à gravir la pente douce y menant; attention quand-même, pas trop près du bord si tu as le vertige!





Agrigente – Aragona – Caltanissetta.
Aujourd’hui matin, à 10 km de Realmonte, je vais découvrir une autre “superstar” des sites antiques de Sicile: l’incroyable Vallée des Temples (Valle dei Templi) d’Agrigente. Au moins, à l’heure d’ouverture, les cars de touristes n’ont pas encore débarqué leur cargaison. Bon en fait, c’est pas vraiment une vallée mais un somptueux défilé de temples sur une crête, parallèle à la côte. Evidemment, la vue depuis le site est à tomber!
2 parkings (payants, sans être trop onéreux)); moi j’ai choisi celui près du Temple de Junon , le premier temple que tu croiseras. S’ensuit une très longue allée menant au Temple de la Concorde, superbement conservé; puis voici le Temple d’Hercule et le Temple de Zeus, inachevé et qui aurait dû être un des plus grands jamais bâtis. Vu la taille des colonnes, je veux bien le croire! A proximité, on aperçoit très bien Agrigente au loin. Ensuite, une passerelle franchit la route pour amener au “secteur ouest” du site, avec le Temple de Castor et Pollux.





Le soleil tape méchant aujourd’hui, et celà va s’accentuer encore dans les jours à venir; plus chaud que l’année précédente! Donc avec cette chaleur et le manque d’ombre, pas facile d’arpenter de telles distances, mais peu de visiteurs poussent jusqu’à cet oasis de fraicheur au fond de site: le jardin de la Kolymbethra. Cette ancienne carrière à l’abandon a été réaménagée, en 1999, en un jardin représentatif d’espèces typiques du maquis méditerranéen, disposant aussi d’un système d’irrigation (bassin, rigoles) pour la culture des légumes. Un petit paradis végétal à côté de l’aridité de la crête des temples! Attention, ticket d’entrée séparé. Ah, autre détail: pour regagner le parking, faut se retaper à pied ce que tu as fait à l’aller! Bon amusement…






Hé bien, comme Agrigente est toute proche, allons la voir de plus près! Mais j’aime autant te dire que la banlieue “moderne” que tu traverseras est vraiment une quintessence de mocheté. La vieille ville se rattrapera-t-elle? De ruelles en pente en escaliers discrets, elle nous fait découvrir des craquantes petites églises (entre autres la chiesa Santa Maria dei Greci) et tout en haut, la massive cathédrale fait coucou de loin à la Vallée des Temples. Pas vilaine, en somme, mais pas forcément la plus belle de Sicile (avis subjectif)…










À partir d’ici, je vais quitter la côte pour m’enfoncer à l’intérieur de l’île. Direction la petite ville d’Aragona, peu touristique et ambiance “locale”. Un petit bar d’habitués pour mon duo magique “panino-bière”, celà suffit à mon bonheur! Rien de particulier à voir par ici. Quoique… à quelques kilomètres, j’explore un endroit étrange qui n’est jamais noté dans les guides (c’est peut-être mieux d’ailleurs): la réserve naturelle des vulcaneli di Macalube. C’est une zone argileuse et désolée, parsemée de petits volcans qui de temps à autre, rejettent non pas de la lave, mais de la boue. On pourrait se croire sur une autre planète. Et Guy de Maupassant décrivait l’endroit comme “une terrible maladie de la nature”. Il faut être très prudent, d’ailleurs l’accès en est (en principe) interdit. Une éruption et une coulée de boue soudaine a causé un accident mortel en 2014. Alors n’imite pas la tête brûlée (ou le con 🤔) que je suis!




Direction nord-est pour rallier Caltanissetta, à travers une campagne plutôt monotone; mais les paysages changeront bientôt, tu verras. Voici donc une petite ville tranquille, davantage faite pour ses habitants que pour les touristes. Pas trop étendue, elle se visite vite: la belle Piazza Garibaldi compte une fontaine (où flottent quelques bouteilles plastique, dommage) et 2 églises qui se font face. Le Corso Umberto I n’est pas mal du tout, avec sa chiesa Sant’Agata et ses petites rues adjacentes.






Après Caltanissetta, la campagne se fait plus ondulante, les cultures alternant avec les prairies et de belles portions boisées, parsemées de hameaux et de grosses fermes. C’est une Sicile plus rurale, plus vraie que je sillonne à présent. Par des petites routes, j’arrive au fond d’un petit vallon où se cache un des joyaux de l’époque romaine en Sicile: la Villa Romana del Casale, immense villa du 3ème siècle, renommée pour ses nombreuses pièces recouvertes de fabuleuses (et c’est un euphémisme) mosaïques polychromes représentant des scènes de la mythologie, la vie quotidienne, des scènes de chasse… C’est hallucinant d’admirer un tel état de conservation malgré les vicissitudes du temps! Pour les protéger, la visite se fait par des passerelles offrant une vision en hauteur (pratique pour les photos!). Entre autres, le couloir de la Grande Chasse, long de 60 mètres, représente des animaux capturés pour être présentés aux jeux de cirque de Rome. Mais la salle la plus photographiée est celle des Jeunes filles en bikini, où on les voit pratiquer différents sports dans cette tenue légère. Représentation inédite de la société romaine… mais commentaires égrillards de certains abrutis bien contemporains!!









Piazza Armerina – Calascibetta – Caltagirone.
La petite ville de Piazza Armerina n’est pas désagréable, dommage qu’elle soit quelque peu éclipsée par la Villa Romana del Casale toute proche. À l’entrée sud de la ville, une grosse fontaine à 4 “sorties” (je sais pas si ça se dit) rejette de l’eau potable, ce dont les habitants profitent pleinement. J’y remplis ma bouteille. Je passe près du stade de foot, et là je te refile un bon plan: on a une super vue sur la ville!
J’avoue qu’il est très plaisant de déambuler dans les petites rues piétonnes de cette bourgade à taille humaine. La cathédrale au superbe dôme tient compagnie au Palazzo Trigona, et il y a un nombre pléthorique d’édifices religieux. On est loin du ballet d’autocars de la Villa Romana pourtant si proche!












Je roule maintenant en direction d’Enna, que j’outrepasse mais ce sera pour revenir la visiter demain matin. Comme l’après-midi est déjà bien entamé, je me dirige vers le petit village de Calascibetta, à 10 km, qui lui fait face sur son éperon rocheux. J’y passerai la nuit dans une petite maison d’hôtes. Vaut mieux laisser son carrosse sur le parking en bas (gratuit, faut-il le dire!) parce que Calascibetta n’est pas un village pour les voitures. En revanche, prépare bien tes mollets. Ruelles et escaliers se sont donné le mot (sans “s”, participe passé, souviens-toi l’école!!) pour boycotter la trajectoire plane. La petite rue qui longe au plus près le bord du promontoire offre une vue d’enfer sur la campagne aux alentours, et en quittant le village par un chemin rural, Enna s’étire sur sa falaise en face.
Peu de monde dans les rues, impression trompeuse car sur la place principale en soirée, quelque chose se prépare. Une scène est dressée et des musiciens grattent quelques accords. C’est là que les habitants se retrouvent, les vieux papotent, les gosses courent en tous sens, et deux “food-trucks” sont installés sur la place. Super, j’ai trouvé où et quoi manger pour ce soir: un gros panino chaud hamburger-patatine (*des frites) et une bière Moretti Limone, entouré de cette ambiance 100% sicilienne authentique. J’aime!





