Voyage en Sicile 2019 – 2ème partie: de l’Etna au Stromboli.

Dans le premier opus de ce voyage, je t’ai déjà montré un bel éventail des innombrables beautés qu’on peut découvrir à travers cette belle région d’Italie qu’est la Sicile. Mais notre exploration est loin d’être terminée! Des coins de Sicile moins connus, des trajets en bateau, des volcans et des îles… Reste bien avec moi, on va encore en prendre plein les yeux!

Sa Majesté l’Etna!

Au risque de te décevoir, j’ai choisi de ne pas aller à Messine. Voilà, c’est dit. Mais cet écart sera largement compensé par un grand moment de ce voyage. Tu le vois au loin, l’Etna? Oui, tu as compris où je veux t’embarquer! Je quitte donc Taormina et file vers l’ouest, en passant par Linguaglossa. C’est vrai que la meilleure approche du volcan se fait par le sud, mais le nord de l’Etna est nettement moins touristique, c’est ce que je recherche!

C’est dans le gros village médiéval de Randazzo que je poserai mon sac pour deux nuits. Rien que la route pour s’y rendre est un régal. Sur ma gauche le sommet du colosse est bien en vue, des fumerolles s’en échappent! Devant moi, au loin, commencent les reliefs montagneux du parc des Nebrodie. Ces amas rocheux qui touchent presque le bord de la route (il y en a des deux côtés!), ces sont des anciennes coulées de lave. Jusqu’ici?? C’est à la fois inexprimable et effarant …

Coulées de lave refroidie de l’Etna.

Randazzo est un gros bourg tranquille, avec ses petites rues qui offrent parfois une échappée sur l’Etna, et quelques églises intéressantes. En s’éloignant un peu à pied dans la campagne, on profite d’une vue de “ouf” sur l’Etna. C’est dimanche, et à première vue, c’est jour de fête. J’observe des petits stands de nourriture et des banderoles sur une placette, plus tard j’entends des détonations: on tire des feux d’artifice, mais en plein jour. Etonnant!

En début de soirée, des jeunes communiant(e)s sortent de la basilica Santa Maria et vont défiler dans les rues au son d’instruments traditionnels. Religion et tradition se mêlent, ce moment appartient aux habitants, ce n’est pas un show pour touristes. Je savoure cet instant, en restant discret… Je ne me couche pas tard; demain est une journée importante de ce voyage. Je pense que tu vois où je veux en venir?

Randazzo.
Randazzo: une curieuse formation nuageuse sur l’Etna.

Le lendemain matin, je démarre tôt, il est 06H30. Comme je suis basé au nord de l’Etna, pour rejoindre le Rifugio Sapienza au sud, pas d’autre choix que de le contourner. Ce sera par l’est, par Zafferana Etnea. Les paysages traversés ne sont pas forcément ceux qu’on croit! Car après les coulées de lave solidifiée entre Randazzo et Linguaglossa, voici que s’étalent de beaux vignobles au gré de petites routes bucoliques. On y produit les 3 robes de vins (rouge, rosé, blanc), et les cendres volcaniques associées à un microclimat sont tout bénéfice pour faire fructifier cette industrie!

Vignobles autour de l’Etna.

Après Zafferana Etnea, les choses deviennent plus sérieuses. La route commence à grimper, à se mettre en lacets, les panneaux “attention chutes de cendres” fleurissent. Le panorama se dégage de plus en plus. La route se faufile au milieu d’un paysage surréaliste d’amas de lave d’une épaisseur parfois telle qu’il faudrait se pincer au sang pour y croire. La végétation, mêlant maigres arbustes et conifères, a quand-même réussi à s’accrocher au sol volcanique.

Le Rifugio Sapienza est en vue. Soyons francs: le côté “mythique” de l’Etna s’effrite quelque peu : parkings XXL (payants, ben voyons), boutiques de souvenirs, snacks, matériel de rando… et j’en oublie. A cette heure, les autocars n’ont pas encore déversé leurs flots de touristes. Je grignote un truc vite fait, je trouve un endroit gratuit pour la voiture (un peu excentré, en cherchant bien ça existe).

Bon, c’est le moment de faire les présentations. L’Etna, 3330 mètres de haut, 250km de pourtour, le plus haut volcan actif d’Europe. Des accès de colère qui se traduisent en éruptions cauchemardesques et coulées de lave de plusieurs km. Des quintes de toux qui libèrent de telles quantités de cendres qu’il peut faire fermer l’aéroport de Catane. MAIS aussi un sol fertile aux alentours proches, permettant la culture de la vigne et des agrumes. Fascination, crainte, terreur, respect. Tout est dit.

L’Etna.

Je prends le téléphérique, qui m’amène à l’altitude de 2500m. Arrivé là-haut, attention il fait très venteux et frisquet! Coupe-vent, voire doudoune conseillés! Je continue en T-Shirt (j’ai une notion du froid assez particulière). Resto, boutique de souvenirs, et cette armada de véhicules 4X4, mi-camion mi-bus avec de gros pneus. Il sont là pour acheminer les touristes flemmards 400 m plus haut. Merci bien, j’y vais à pied! J’évolue au milieu d’un paysage lunaire, rocailleux, avec les traînées de poussière cendreuse laissées par les 4X4. Attention à la direction du vent, pour ne pas se bouffer la poussière soulevée par les véhicules! À pied, c’est bien, on peut s’écarter de la piste sans problème, s’approcher des petits cratères éteints et jouir d’une vue d’anthologie. Mais quand le vent violent s’amuse à propulser des grains de cendres à une vitesse folle en plein sur les mollets ou la nuque, ça picote plutôt fort sur la peau!

L’Etna.

J’atteins les 2900 mètres d’altitude, j’écarquille les yeux devant le sommet si proche crachant ses fumerolles, mais désolé je ne vais pas aux 3330 m. Cette concentration de camions, les tarifs un peu exagérés ne me tentent pas trop. Je redescends à pied jusqu’au téléphérique pour redescendre à Sapienza dans l’après-midi. Dans la descente, je n’avais pas remarqué tout de suite ces traces de blanc immaculé parfois cachées par les cendres; en grattant un peu du pied, je m’aperçois qu’en fait c’est de la neige!

L’Etna.
Traces de neige sur l’Etna.
La même chose, version “zoomée”.

Maintenant on va aller voir de l’autre côté, au pied du versant nord. De ce côté, le paysage se fait plus boisé, même si les couches de lave solidifiée nous rappellent que le volcan fait toujours la loi ici! En bord de route, j’aperçois un panneau discret Grotta delle Neve. Tiens, je vais aller voir ce que c’est. Après 5 minutes de sentier à travers un bois de bouleaux, j’atteins une cavité accessible via une petite volée de marches taillées dans la roche. Sensation étrange de passer, en quelques secondes, de 30°C à une fraicheur telle qu’on voit la “buée” de mon haleine! Hé bien, c’était autrefois une ancienne glacière à neige, celle-ci venant des versants du volcan, puis transformée en glace et revendue.

Grotta della Neve.

Je bifurque vers Piano Provenzana, au pied du versant nord de l’Etna. Le constat est très clair: c’est beaucoup plus sauvage, plus boisé et moins touristique! Il y a 4 ou 5 voitures maximum, et contrairement à la descente de la route “Etna sud”, je n’ai croisé aucun autocar! En tout cas, le décor est différent: les coulées de lave on tracé des sillons monstrueux et gigantesques à travers la forêt, laissant des arbres intacts à 10 mètres des chicots de bois complètement calcinés par le magma. Il y a même un ancien refuge entouré de blocs de lave, mais miraculeusement épargné. Atmosphère vraiment aux antipodes du carnaval commercial autour du Rifugio Sapienza!

Versant nord de l’Etna.
Versant nord de l’Etna.
Versant nord de l’Etna: ici on voit bien le contraste.

Je rentre à Randazzo en fin d’aprem, je profite de la soirée dans ce village paisible, avec une petite balade sur ses hauteurs. La région de l’Etna étant aussi connue pour la culture de la pistache (surtout du côté de Bronte), je ne pouvais manquer de déguster un granita composé avec ce fruit sec. En tous les cas, je suis enchanté de ma rencontre avec Sa Majesté l’Etna!

“Les volcans, c’est très simple: à six mètres, on ne sent rien. À quatre mètres, on a chaud. À deux mètres, on brûle”.
Haroun Tazieff (volcanologue, 1914 – 1998).
Randazzo.
Granita à la pistache.
Ecoutes-moi çà comme le vent souffle!

Nebrodi et Madonie, la Sicile côté nature.

Il est temps à présent de s’enfoncer dans cette région montagneuse, au nord de l’île, alternant bois de feuillus, terres céréalières et prairies: le parc des Monti Nebrodi. Cette jolie mosaïque de couleurs et son relief ondoyant pourraient évoquer la Toscane si il y avait des cyprès alignés, ce qui n’est pas le cas! C’est très agréable de rouler à travers ces petites routes bucoliques; peu de circulation, villages espacés… J’ai même croisé un petit village abandonné que j’ai exploré rapidement malgré les clôtures; oui je sais, je suis incorrigible avec les “interdits”!

Parc des Monti Nebrodi.

Je fais halte à Sperlinga, un petit village à l’ouest du parc, blotti près d’un énorme rocher et gardé par un massif chateau du 15ème siècle, en partie bâti dans la roche. Plus bas, on trouve encore des habitations troglodytiques.

Sperlinga.
Sperlinga.

Aux environs du village, en bord de route, un genre de panneau explicatif attire mon attention. Un truc historique, une curiosité naturelle? En fait, non. C’est à cet endroit qu’en 1943, l’illustre photographe Robert Capa prit le cliché d’un paysan du coin indiquant à un soldat américain la direction par où les troupes allemandes étaient parties.

La célèbre photo de Robert Capa.

J’approche du village de Gangi, et par la même occasion, pénètre dans le parc naturel des Madonie. En gros, les Madonie se situent au nord de l’île, entre Palerme et Cefalù. Côté paysages, le sud des Madonie, où on va, est plutôt la continuité de ceux des Nebrodi. Tu verras demain que le nord a un relief vraiment plus montagneux.

En attendant, je m’arrête à Gangi qui, vu de loin, a une apparence curieuse. Village perché? Pas réellement, car il recouvre toute la colline sur lequel il se pose, de façon homogène, très compacte. Même les édifices religieux se noient dans la masse. Ce n’est pas un village pour les voitures! Et même à pied, grimper jusqu’à la Piazza del Popolo se mérite, de ruelles pentues en escaliers étroits. Cette place est l’épicentre du village avec sa fontaine, son église, sa terrasse panoramique et son petit bar d’habitués. Petit bar où justement je vais m’envoyer un gros panino garni de charcuterie locale. Et je me rends compte que depuis le début du voyage, je me suis très peu sustenté dans des restaurants, tant la “street-food” sicilienne est délicieuse et pas chère!

Gangi.
Gangi.

Je passe la nuit dans un agriturismo (équivalent des chambres d’hôtes de France), perdu en pleine campagne aux alentours de Gangi, au milieu des champs et des vignes. Ce silence, cette sérénité… Un fameux contraste avec l’activité touristique virevoltante de Taormina!

http://www.agriturismocapuano.com/index.htm

L’agriturismo Capuano, sur la gauche. Je suis veinard, non?

Le matin suivant, après un gargantuesque petit-déj’ comme la Sicile rurale en a le secret, je vais poursuivre mes baguenaudages (pas mal trouvé, le mot…) dans le sud des Madonie. J’arrive à Geraci Siculo, un peu au nord de Gangi. La route pour y aller est superbe, tout en virages, et ce petit village est du même acabit, archétype d’un petit bourg de montagne où le touriste est une espèce rare.

Le gérant de l’agriturismo m’a suggéré de faire un tour à Blufi, m’expliquant qu’il y a un truc insolite là-bas. Le village est banal, mais à 3 km on trouve un petit monastère peu connu: le santuario della Madonna dell’Olio. Bon alors, qu’y a-t-il d’inhabituel ici? A 200 mètres du monastère, j’atteins une source dont la sortie est creusée dans la roche. Là tu dis “oui, de l’eau, et après?”. Attends, regardes bien… ce n’est pas de l’eau, c’est de l’huile minérale! Une source d’huile, comestible je sais pas, mais une longue perche finie par un genre de gobelet permet d’en recueillir. D’après la personne s’occupant du monastère, elle soignerait les maladies de peau. Tu comprends mieux le nom de “Madonna dell’Olio”?

Santuario della Madonna dell’Olio à Blufi.
La source d’huile minérale.
La source d’huile minérale.
Faire des frites? Non, je crois pas…

Ce coin de Sicile est vraiment magnifique et peu fréquenté. J’ai l’occasion de traverser plusieurs hameaux qui ont l’air de n’avoir pas bougé depuis des décennies, avec le marchand de fruits et légumes qui passe en fourgonnette, en klaxonnant au niveau de chaque client qui l’attend.

Paysage rural en Sicile.
Paysage rural en Sicile.

Plus au nord, voici les deux “Petralia”. En fait ce sont deux villages très proches l’un de l’autre, posés sur leur colline. Petralia Sottana, le plus bas, compte plusieurs églises dont la Chiesa Madre, avec son panneau de marbre répertoriant d’anciennes mesures agraires. Plus haut, Petralia Soprana, à l’allure nettement médiévale avec ses ruelles pavées et ses fontaines; il est le village le plus haut des Madonie, on peut voir l’Etna d’ici!

Dans le nord des Madonie, le paysage change, devient plus escarpé et montagneux. Les vaches et moutons se baladent sur la route (lève le pied!) et l’état de la route laisse parfois à désirer, avec des portions défoncées et des nids-de-poule. Les cultures laissent place à l’élevage, pour se substituer ensuite à de grands espaces boisés. Et ça grimpe, ça descend, ça tourne… Arrêt à Isnello, petit village accroché au versant de la montagne. La côte nord de la Sicile n’est plus qu’à 20 km au nord. En descendant les routes de montagne, apparaît bientôt au loin un liséré bleu: la mer! On va la voir? Alors, cap sur Cefalù!

Parc des Madonie.
Isnello.

Cefalù et Milazzo.

La route qui dévale vers la Méditerranée me fait déjà le cadeau d’une vue formidable sur les toits serrés de la vieille ville de Cefalù et de son gigantesque rocher (La Rocca), encore hérissé d’ancien remparts et d’une forteresse au sommet. en ayant l’imagination fertile, on pourrait penser à Rio de Janeiro et son Pain de Sucre! Pour se garer, c’est moins “fun” avec ces parkings payants à la pelle, mais j’ai trouvé un bon plan, à condition d’aimer la marche: le parking du cimetière est public, gratuit et sûr. Pour rallier la vieille ville tu en as pour 15-20 minutes de trotte. A toi de voir.

J’entre dans la ville par le Corso Ruggero, l’artère principale de Cefalù, en majorité piétonne même si quelques voiturses s’y risquent. Pour ma chambre Airbnb, j’ai tiré le jackpot: elle donne pile en face de la cathédrale! D’allure assez massive (la cathédrale, pas la chambre), elle fut érigée par les Normands (ils ont laissée des traces un peu partout sur l’île!).

Allons un peu explorer cette vieille ville de Cefalù. Je ne dirai pas que c’est un lacis de ruelles, celles-ci étant plutôt rectilignes et reliant le Corso Ruggero au bord de mer. Mais je t’avertis qu’on retombe dans le “touristique”: défilé de boutiques de souvenirs, davantage de foule que dans les petits villages des Madonie; mais c’est différent de Taormina, c’est plus populaire, moins guindé. T’es pas seul(e), mais ça ne t’étouffe pas. Enfin, faut voir en plein mois d’août aussi…

Sinon, en prenant des ruelles moins passantes, on retrouve plus d’authenticité; une vespa me dépasse, je vois des mini-autels dédié à la Vierge. Mais la mer est tout près, on n’irait pas la voir? La Porta Pescara, porche fortifié, donne accès à une petite plage et au “clou du spectacle” de Cefalù: le minuscule port et sa vue sans égale sur ces vieilles bâtisses collées les unes aux autres, les pieds dans l’eau (en fait, pourquoi on dit çà? Ça a des pieds une maison??). Ça me rappelle les bâtisses d’Erbalunga en Corse.

Cefalù.
Cefalù.

En quittant le port, planqué en contrebas d’une ruelle, voici un curieux lavoir médiéval alimenté par une rivière souterraine. Je me balade encore un peu dans les ruelles de la vieille ville. Mais le soir tombe, il est temps de chercher bonne pitance. Allez, pour une fois, un resto un peu à l’écart, pas trop touristique. Entrée: cacio argenteria (tranche de fromage caciocavallo avec ail, origan, huile et vinaigre), plat principal: pasta al taianu (grosses pâtes avec sauce tomate et viande) et un dessert au marsala.

Taverna Tinchite – Via XXV Novembre, 37. https://www.tavernatinchite.com/

Derniers pas sur la plage, retour au bercail avec la cathédrale et la Rocca illuminées en face.

Pasta al taianu.

Le lendemain, je pars vers… Milazzo? Hé non! Tu sais maintenant, si tu me suis, que mes itinéraires sont parfois décousus; en fait aujourd’hui je rends la voiture de location à l’aéroport de Palerme, puis je rejoins la gare centrale pour aller à Milazzo. J’aime toujours, à l’occasion, utiliser les transports locaux. Ce sera le train! Pas de rapide Frecciarossa ici, ce sont des trains régionaux qui ne sont pas pressés et qui font beaucoup d’arrêts. Des trains pour les siciliens, pas pour les touristes! La clim? On abaisse la vitre et on laisse entrer le vent. Il fait crevant de chaud aujourd’hui en plus (peut-être bien la journée la plus chaude du voyage…). 200 km pour 3 heures de trajet!

Si tu arrives à Milazzo en train, n’espères pas te retrouver au port 5 minutes après avoir débarqué: sache que la gare est à 4 km du centre-ville (non, c’est vraiment pas “Milazzo-centale”!). Alors, c’est taxi ou bus. Le bus marque l’arrêt près du port, d’où partent les bateaux pour les ïles Eoliennes. D’ailleurs, sur le trajet du train le long de la mer, on aperçoit bien Lipari et Salina. Ne trépignes pas, on y arrivera bientôt!

Milazzo, c’est une petite ville paisible, avec une belle promenade de bord de mer et un vieux quartier assez coloré, surplombé par un chateau fortifié d’où on a une jolie vue sur le golfe de Milazzo. Dommage que la raffinerie proche vienne pourrir le panorama!

Milazzo.
Milazzo.

Dans l’enceinte du chateau, l’ancienne cathédrale a la particularité d’avoir un dôme de faible hauteur, ceci afin de laisser passer à l’époque les boulets des canons du fort!

Milazzo: chateau.

Les rues de la ville sont assez calmes, on ne prend malheureusement pas le temps de découvrir la ville, Milazzo étant principalement un “tremplin” pour partir à la découverte des Îles Eoliennes. Et justement… me voici arrivé au principal “point-charnière” de mon périple: demain matin, je quitterai la Sicile proprement dite pour voguer vers les Îles Eoliennes!!

Coucher de soleil, au large de Milazzo…

Îles Eoliennes: Vulcano.

Je suis loin d’être tout seul ce matin sur le quai à Milazzo. C’est d’ici que partent les bateaux de la compagnie Liberty Lines, qui feront escale dans chaque île de l’archipel volcanique pour faire pareil au trajet retour. On est vendredi, veille du weekend, et il y a du monde!

Les Îles Eoliennes sont au nombre de sept: Vulcano, Lipari, Salina, Panarea, Stromboli, Alicudi et Filicudi. J’en visiterai quatre. Elles ont toutes une origine volcanique mais seules Vulcano et Stromboli ont encore un volcan actif. Inscrite à l’Unesco depuis 2000, ce qui n’a rien de surprenant!

Bon, ça y est, j’ai embarqué dans l’aliscafo… le quoi? Pardon, je t’explique: en français on dirait un “hydroptère”. En gros, c’est un bateau dont la coque quitte le contact avec l’eau à grande vitesse, pour se maintenir en équilibre à l’aide de… je sais pas trop comment ça se nomme, mais on dirait des skis géants. Voilà. Et c’est vrai que ça file!

Vulcano en vue! C’est l’île la plus proche de Milazzo. Le volcan m’attend, crachant placidement ses fumerolles de soufre. Le minuscule village de Vulcano Porto est entouré de roches. Mais pourquoi crispes-tu tes narines en descendant sur la quai? Oh, je t’ai pas dit: l’odeur d’oeuf pourri? C’est le soufre! Tu pensais quand-même pas que c’était moi, j’espère 😣💨🤢?! Il faut se dire qu’il ne dort pas, notre volcan! Il se dit même que lorsqu’il se réveillera, ce sera assez brutal et les gens présents sur l’île ne vont pas aimer du tout!

Outre le volcan, ce qui attire les touristes ici, ce sont les bains de boue sulfureuse, à deux pas du port. C’est payant, touristique, donc sans moi! Les “curistes” savent-ils qu’il leur faudra de multiples douches pour se défaire de la très tenace odeur du soufre?

Illustration 3D de Vulcano.
Bains de boue au soufre sur Vulcano.

Bon, je dépose mon sac à l’hôtel, le check-in n’étant qu’à 13h (je suis pas très “hôtel mais c’est pas pour une fois), et je fais déjà un petit repérage dans le village. Un mini-supermarché, c’est ce qu’il me faut. Je m’achète une bouteille d’eau, puis sans préambule, je suis la rue principale jusqu’au début du sentier qui marque le début de l’ascension du volcan. Comme la journée va encore être méchamment caliente aujourd’hui, je vais profiter de la matinée! Cette ascension dure une bonne heure, par une dénivelée pas trop éprouvante mais sur un terrain souvent meuble (les cendres) et rocailleux. C’est mieux de monter le matin, il fait (un peu!) moins chaud. Encore que ça tape déjà dru! Moi qui pensais avoir un peu de fraicheur sur les îles, suis-je naïf…

L’ascension – facile – du volcan.

On est loin des 3330 mètres de l’Etna; le sommet culmine ici à 500 m. La vue est néanmoins sublime: Lipari, toute proche, et en arrière-plan les deux mamelons caractéristiques de Salina, sur le fond bleu de la mer Tyrrhénienne. Un dernier effort, voici le sommet atteint, et l’immense cratère s’ouvre devant moi. Hallucinant et déroutant à la fois! On dirait presque un impact de météorite dans un film catastrophe! L’effet est accentué par ces fumerolles jaunes, qui ont l’air jolies comme çà, mais ne commets pas l’imprudence d’aller respirer ce poison: le soufre, mêlé à l’air et la vapeur d’eau, se change tout bonnement en acide sulfurique! Pas recommandé pour les bronches, crois-moi. Certains jouent aux Rambo en tentant de humer ce cocktail: ils s’en mordent les doigts jusqu’à l’os, pleurant, toussant et crachant. Non je ne l’ai pas fait (pour une fois que je suis raisonnable, hein)!

Vulcano: cratère du volcan.
Vulcano: cratère du volcan et fumerolles de soufre.

Allez, je redescends et mange un morceau au petit bar au pied du volcan, puis je rentre à l’hôtel où je vais un peu souffler cet après-midi; un peu de relâche, je pense l’avoir bien mérité! J’irai me balader en soirée dans le petit village aux maisons blanches, certains secteurs étant très touristiques mais certaines ruelles “de traverse” beaucoup plus paisibles et même très fleuries. Quelques pas les pieds dans l’eau sur la plage de sable noir, avant d’aller faire dodo. Demain, on a rendez-vous avec Lipari!

Vulcano Porto.
Vulcano Porto.

Îles eoliennes: Lipari.

Vulcano et Lipari sont si proches l’une de l’autre que la traversée dure à peine 10 minutes. Je débarque donc sur Lipari, l’île la plus grande de l’archipel des Eoliennes, la plus peuplée mais aussi la plus touristique. Heureusement, à la fin juin ce n’est pas encore trop saturé. Et c’est au coeur de la charmante vieille ville de Lipari que je passerai deux nuits, dans une maison d’hôtes située dans une ruelle au calme.

Les deux rues piétonnes principales, très commerçantes, sont la Via Garibaldi et le Corso Vittorio Emanuele II (je ne compte plus le nombre de rues en Italie portant ces noms!). Et les petites rues pavées de la vieille ville, bordées de maisons blanches ou ocres, souvent bien fleuries, ne sont pas trop asphyxiées par les commerces de souvenirs tape-à-l’oeil.

Lipari.
Lipari.

En surplomb de la ville, le Castello est en fait un genre d’ancien fort entouré de remparts posés sur un piton rocheux, relique de l’activité volcanique de Lipari. Dans l’enceinte du Castello, deux ou trois petites églises et surtout, la cathédrale San Bartolomeo, à laquelle on accède par un grand escalier. Le Castello est encore un coin préservé, loin de l’agitation de la ville et du port en contrebas.

Lipari: quartier du Castello.
Lipari: quartier du Castello.

Et justement, il est craquant ce petit port, étalé au pied du rocher du Castello, avec ses barques de pêche, son petit pont, ses vieilles maisons et sa petite chiesa San Giuseppe! Derrière l’église s’étend un petit dédale de venelles où les gamins se font un foot et les vieux, assis devant leur porte, s’échangent les potins du quartier. Les touristes ne s’y aventurent pas trop, préférant sans doute les restos du port aux tarifs parfois salés (qu’ils critiqueront ensuite sur Tripadvisor!). Moi j’ai trouvé un vrai magicien des panini pas loin du port; c’est la vérité: ils font partie des meilleurs que j’ai pu manger en Italie. J’ai pu ensuite savourer un granita aux figues, typique des îles Eoliennes.

Enopaninoteca Gilberto e Vera – Via giuseppe Garibaldi, 22.

Lipari: le port.
Lipari: le port.
Lipari: le port.

Le lendemain matin, je me rends au port principal (celui d’où partent les bateaux pour les autres îles), pour récupérer une voiture de location pour un jour. Celà sera suffisant, le tour de l’île faisant à peine 40km. J’hérite d’une Fiat Punto décapotable, pas de première jeunesse mais bon marché car c’est un loueur local. Alors en avant, les cheveux au vent!

Ma première halte sera Canneto, petite ville assez quelconque mais possédant une longue plage de galets. Au loin se profile l’île de Panarea, et derrière, à moitié caché, Stromboli (alors le volcan, on fait son timide?).

Canneto.

En suivant la côte, je longe bientôt un des témoignages de l’intense activité industrielle qui anima l’île autrefois. Les anciennes installations près de la plage de Porticello servaient à extraire la pierre ponce, cette roche très poreuse qui se permet le luxe de flotter sur l’eau! L’activité s’est arrêtée vers 2007, une clause de l’Unesco interdisant de continuer à “dénaturer” le site. Résultat: du matériel à l’abandon, et une centaine d’ouvriers se retrouvant sans travail! Patrimoine mondial OK, mais effets pervers…

Lipari: vestiges de l’exploitation de pierre ponce.
Lipari: vestiges de l’exploitation de pierre ponce –
tapis de chargement des bateaux.

Plus loin, on aperçoit les restes d’une veine d’exploitation d’obsidienne, une roche volcanique riche en silice provenant du refroidissement de la lave. Je croise des scooters et d’amusantes Mehari de location (tu sais, comme dans “le Gendarme” avec Louis de Funès!). Je m’arrête brièvement à Acquacalda, un autre petit village côtier.

Lipari: Acquacalda.

À partir d’Acquacalda, une petite route sinueuse monte vers l’intérieur de l’île, jusqu’au petit village dispersé de Quattropani, avec son sanctuaire et sa vieille église perdue dans la campagne. C’est la Lipari rurale, antithèse de l’agitation de la ville en contrebas. La vue sur les autres îles est éblouissante: Salina est si proche, et plus loin Alicudi et Filicudi se dessinent dans la brume de chaleur. Car il fait encore caniculaire aujourd’hui! Ce qui me vaudra d’ailleurs un “aahh!” de douleur en me rasseyant dans la voiture: hé oui, des sièges en cuir en plein soleil, ça donne ce genre d’onomatopée!!

Lipari: Quattropani.
Lipari: Quattropani.

Un petit resto de campagne, un plat typique (du lapin à la sauce aigre-douce) puis je me balade dans les vignes aux alentours de Quattropani. Paysage serein et de toute beauté!

Lipari: vignobles.

Je découvre maintenant un autre endroit insolite de l’île: des anciennes carrières de kaolin, une roche qui était ici utilisée dans la fabrication de la porcelaine; les nuances de blanc et rose de la roche sont du plus bel effet. En contrebas s’étirent les falaises abruptes de la côte ouest. Au loin se profile l’île Salina.

Lipari: anciennes carrières de kaolin.

4 km plus loin, voici le paisible village de Pianoconte et dans ses environs, les anciens thermes de San Calogero, qui ne sont pas d’un intérêt renversant. Avant de redescendre sur Lipari, dernier arrêt et pas des moindres au belvédère de Quattrocchi, avec ce panorama à tomber sur la côte et l’île Vulcano.

Lipari: Pianoconte.
Lipari: belvédère de Quattrocchi.
Commeçà tu as une idée de la vitesse d’un aliscafo…

Îles Eoliennes: Salina.

Pour rejoindre l’île Salina ce matin, je ne prendrai pas d’aliscafo. “Oh, tu y vas à la nage?”. Arrête tes bêtises, j’y vais par la mer, mais en ferry classique cette fois, histoire de comparer! C’est la compagnie Siremar qui gère les trajets en ferrys qui transportent passagers et véhicules sur les îles où la circulation est autorisée. Plus gros, moins rapides, il sont davantage faits pour les îliens que pour les touristes. Alors que les navires rapides de Liberty Lines sont bondés, il est étrange de voir l’immense salle des passagers du ferry vide ou peu s’en faut. On n’est que 4 ou 5, et quelques autres sur le pont. Le trajet dure 50 min contre 20 min pour les aliscafi qui nous dépassent à vive allure. Après avoir longé Lipari, je débarque au petit port de Santa Marina, le bourg principal de Salina.

Un ferry de la compagnie Siremar.
Débarquement imminent sur Salina.
L’occasion de voir un aliscafo en action et comparer à la vitesse du ferry!

Nous sommes sur la deuxième plus grande île de l’archipel, reconnaissable à ses deux anciens volcans presque jumeaux et recouverts de végétation. La première vue d’ensemble est très agréable; le petit port monte la garde devant le village blanc de santa Marina qui s’étale le long de la mer, avec ses deux églises. Au loin apparaissent Panarea, et surtout, ma prochaine destination: Stromboli! Mais une chose à la fois. Je dépose mon sac dans un petit B&B au coeur de cet adorable village, aux petites rues bordées de maisons aux coloris divers; l’environnement végétal rehausse encore la beauté de l’endroit: les bougainvilliers sont en fleur, je vois même quelques palmiers!

Salina: Santa Marina.
Salina: Santa Marina.

Pour visiter l’île, pas de voiture de location, je vais utiliser les bus qui sillonnent l’île: pas chers, horaires réguliers (à peu près toutes les heures), bref un service diablement efficace! Je me rends d’abord à Malfa, par une route tout en virages au sein d’une végétation plutôt luxuriante. Beaucoup de vignes aux alentours, qui partent à l’assaut des versants des vieux volcans. Car c’est sur Salina que l’on produit ce célèbre vin doux appelé malvasia. Et ce petit village de Malfa, il est carrément ravissant! Les maisons blanches, pas serrées les une contre les autres mais plutôt éparses, alternent avec des petites parcelles de vignes, avec le bleu de la mer en toile de fond. Le mini-port en contrebas est super mignon. Il y a peu de commerces et peu de touristes (après, au plus fort de l’été, c’est sans doute une autre musique). Un petit bar, un petit panino, une petite birra et c’est reparti par la route qui commence une petite grimpette jusqu’au hameau de Valdichiesa. Salina est vachement plus verdoyante que sa soeur Lipari, c’est ce qui accentue sa beauté par rapport aux autres. Avec la vigne, l’autre star de Salina c’est cet arbuste dont les petits boutons sont récoltés et mis en pot pour servir de condiment: les câpres!

Salina: Malfa.
Salina: Malfa.

Je descends (au hasard) près du sanctuaire della Madonna del Terzito et décide de faire le trajet à pied jusqu’à Leni. L’arrêt de bus est à moitié mangé par la végétation. Je me trouve ici dans la “vallée” qui passe entre les deux volcans; l’un des deux est même le point culminant de tout l’archipel éolien avec 961 mètres d’altitude (le Stromboli est battu de peu!).

Cette balade, au hasard des chemins de terre, au milieu de vignes et des agrumes avec çà et là quelques habitations rurales, est un régal. Le vis-à-vis des volcans et la mer qui dévoile sa frange bleue au loin me conforte dans mon ravissement. Mais me voilà à Leni. C’est un petit village empreint de sérénité, où quelques anciennes opulentes bâtisses bourgeoises se dorent au soleil. Aucun touriste ne s’aventure donc par ici? Oh mais c’est vrai, y a pas de boutiques de souvenirs “made in China” ici pour les tenter…

Salina: paysage rural.
Salina: sanctuaire della Madonna del Terzito.
Salina: petite chapelle à deux pas de l’arrêt de bus.

Salina: Leni.
Salina: Leni.
Salina: vue sur Rinella.
Salina: vue sur la côte.

Retour à Santa Marina pour profiter de la soirée, avec un petit resto pour se caler un petit plat de poisson, poulpe et oignons blancs, avec la dégustation d’un verre de malvasia. Les rues sont presque désertes, c’est peu fréquentation comparé à Vulcano et Lipari! J’ai le sentiment que Salina est un peu délaissée au profit de ces deux dernières, sans parler de Stromboli. Ça m’a permis de découvrir une île magnifique, encore sauvage, peu courue, où la nature a encore son mot à dire.

Verre de malvasia de Salina.

Je me promène un peu sur la plage, tout en ne pouvant détacher mon regard vers une certaine île au loin; le crépuscule s’installe. Je disais tout à l’heure “sans parler de Stromboli”, hé bien si justement, parlons-en! C’est vers le volcan que mon regard est attiré comme un aimant. Et si jamais…? Soudain, comme une réponse à mes pensées, je distingue une lueur rouge intense, ça dure quelques secondes; je discerne même des flashs d’appareils photos! C’est pas rien quand-même, à 40 km de distance, je viens d’apercevoir ce à quoi je vais assister en “direct live” dans 24 heures! Prépare-toi, c’est demain le jour J!

Îles eoliennes: Stromboli.

Je trépigne d’excitation ce matin. Voici enfin venu le moment de se rendre sur l’île Stromboli. Un trajet d’une heure et quart sera nécessaire, même en aliscafo, pour l’atteindre. Entre les deux, le bateau marque une halte à Panarea, la plus petite des îles Eoliennes, mais aussi la plus snob, la plus friquée. Les résidences de l’île appartiennent en grande majorité à des milanais fortunés. Pas intéressé, merci!

L’île Stromboli se rapproche, le volcan grossit à vue d’oeil et monopolise toute l’attention. Son panache de fumerolles, la place écrasante qu’il tient sur cette petite île suscite un mélange de sentiments: ravissement, crainte, euphorie, enfin c’est difficile à bien définir… Le Roi des Îles Eoliennes est très actif et capricieux: il tousse, crache sa lave plusieurs fois par heure depuis des siècles, et des fois malheureusement un “éternuement” plus violent fait des dégâts, comme en 1930: des habitation furent détruites à Ginostra et une nuée ardente tua 6 personnes. Les îliens ont appris à cohabiter avec le titan, ils le surnomment “Iddu”, “Lui” en sicilien, car ils le considèrent comme une personne à part entière.

Le voilà enfin, ce volcan Stromboli!
Illustration 3D de l’île Stromboli.

Je débarque enfin sur l’île la plus au nord et la plus excentrée de l’archipel. La plage noire, avec quelques barques de pêche, devance le petit village tout de blanc vêtu qui s’étire le long de la mer. Les ruelles en pente débordent de fleurs, et les petites maisons cubiques pourraient te donner l’illusion d’être sur une île grecque. Le volcan semble surveiller de haut tout ce petit monde, comme un instit’ surveille ses élèves dans la cour de récré.

Stromboli: le volcan domine sans partage.
Stromboli: plage de sable noir.

Malgré sa vocation 100% touristico-volcanique (ou volcano-touristique, question existentielle!), les bords de l’île sont très verdoyants. Dans ma chambre “chez l’habitant”, il m’a été permis de recueillir quelques fruits de leur parcelle de citronniers et de les passer au presse-agrumes; jus de citrons pressés fait main! Plein de vitamines pour tout à l’heure!

La petite place principale, avec sa petite chiesa San Vincenzo, offre un beau point de vue sur la mer et le Strombolicchio, ce petit îlot rocheux qui est une relique d’un très ancien volcan, et surmonté d’un phare. La zone est interdite d’accès. C’est justement sur la place que se trouve l’excellente agence de location de matériel pour l’ascension du volcan. Je loue ce qu’il faut: un sac à dos, des chaussures MONTANTES (point capital quand les pieds s’enfoncent entièrement dans la cendre!) et une lampe frontale (on descend de nuit). Sur le coup de midi je me sustente avec une pizza et une bière, puis je vais tremper mes pieds dans la mer sur la plage noire de Ficogrande. Quelle chaleur encore aujourd’hui! Mais je vais me reposer une partie de l’aprem, pour être au top quand j’irai faire connaissance avec “Il Signore” Stromboli… Sois pas jaloux, l’Etna!

Stromboli: chiesa San Vincenzo.
Il m’attend de pied ferme, ça se voit grave…

L’ascension du Stromboli!

Ça y est, il est 17 heures. Nous y voilà. Je me rends sur la place principale, j’ai le temps 5 minutes pour faire des petites emplettes: une bouteille d’eau et 3-4 bananes (ça a l’air de rien mais c’est super nourrissant). L’agence que j’ai sélectionné (oui, il y en a plusieurs sur l’île, tu t’en doutes) pour l’ascension s’appelle Magmatrek.

Ne t’attends pas à être seul(e): si la majorité des visiteurs viennent sur Stromboli, c’est justement pour grimper sur l’échine du Monstre! Des dizaines de randonneurs sont présents, en tenant compte, comme dit plus haut, qu’il y a plusieurs agences de guides sur l’île! Pour ma part je vais prendre possession de mon casque de sécurité (à mettre au sommet, sans discussion) et signe un genre de décharge comme quoi je reconnais les risques de l’ascension. Evidemment que j’en suis conscient, sans quoi je ne la ferais pas…

Alors, comment répartit-on tout ce joli monde? Simple: par critère linguistique. Voici donc notre groupe francophone constitué; on est une vingtaine, sous la houlette de notre guide Lorenzo. On démarre à partir de l’église, bien vite un sentier commence à zigzaguer en montant sans cesse. Difficile, la grimpette? Franchement, ça dépend de tout un chacun. Le guide adapte son rythme pour les personnes moins aguerries à ce genre d’effort, c’est plutôt une allure de sénateur, avec plusieurs arrêts ponctués ici d’une dégustation de citron, là d’explications instructives. Exemple: la vraie base du volcan s’enfonce encore à 200m sous la mer! Au niveau de la météo, la chaleur est encore élevée, mais nous sommes souvent à l’ombre, protégés par une végétation abondante. Ah, il y a même des câpriers!

Vue depuis les premières hauteurs du Stromboli.
Un caprier sur les basses pentes du volcan.
vue sur le rocher Strombolicchio.
Ce panneau indique aux gens présents sur l’île où
se regrouper en cas d’éruption.

Une fois atteints les 400 mètres d’altitude, la topographie change de façon brutale: bye bye la verdure, voici un décor minéral de roches et de cendres, dans lequel on va évoluer pour gagner le sommet. En contrebas, vus d’ici le village et les bateaux au large pourraient tenir dans une boîte Playmobil. C’est ici le “point de non-retour”; si on ne se sent pas taillé pour la suite de l’ascension, c’est ici qu’on peut encore rebrousser chemin; sinon, c’est trop tard, tu bois le calice jusqu’à la lie (mais son contenu en est si capiteux, ce serait dommage)!

De plus en plus haut…

La deuxième partie est beaucoup plus technique et demande un pied sûr: la déclivité est plus prononcée, les pierres roulent facilement sous les semelles et la montée dans les cendres te donne l’impression de faire du sur-place! Et le petit sentier serpente, prend son temps, laissant les différents groupes se suivre à la queue leu leu.

Le coucher du soleil s’amorçe.